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Abbé Berlioux
Un Mois avec nos amies :
les âmes du Purgatoire
les connaître, les prier, les délivrer
Pourquoi des lectures et des prières pendant un mois ?
Soulager les morts et être utile aux vivants, tel est le double but que nous avons voulu atteindre en composant ce petit opuscule. On sait bien dans le monde chrétien, que la prière des vivants est utile aux morts, mais on ne sait pas assez que les suffrages pour les morts sont utiles aux vivants. Oui, la puissance et la gratitude des saintes âmes du purgatoire sont trop peu connues et appréciées, et lon ne se préoccupe pas assez de recourir à leur intercession. Et pourtant, leur crédit est si grand que si lexpérience de chaque jour nétait là pour en rendre témoignage, à peine pourrait-on le croire. A la vérité, ces âmes bénies ne peuvent plus gagner de mérites, mais elles ont la faculté de faire valoir leurs mérites antérieurs en notre faveur. Elles ne peuvent rien obtenir pour elles -même mais les prières quelles font pour nous et les souffrances quelles endurent touchent vivement le Cur de Dieu. Et si elles peuvent déjà nous être grandement utiles pendant quelles sont dans le lieu de lexpiation, que ne feront-elles pas pour nous lorsquelles seront au Ciel ! Comme elles seront reconnaissantes envers leurs bienfaiteurs !
Aussi, le plus grand nombre des théologiens, entre autre les saints Liguori, Bellarmin, Suarez enseignent que lon peut légitimement et très utilement invoquer les âmes du purgatoire, pour obtenir de Dieu les grâces et les faveurs dont on a besoin, soit pour lâme, soit pour le corps. Ste Thérèse avait coutume de dire que tout ce quelle demandait à Dieu par lintermédiaire des fidèles trépassés, elle lobtenait. « Quand je veux obtenir sûrement une grâce, disait Ste Catherine de Bologne, jai recours à ces âmes souffrantes, afin quelles présentent ma requête au Seigneur, et la grâce est toujours accordée. » Elle assurait même quelle avait reçu par leur entremise bien des faveurs qui ne lui avaient pas été accordées par lintercession des Saints.
Il y a notamment certaines faveurs temporelles qui semblent être plus particulièrement réservées à ces âmes : la guérison dune maladie grave, la préservation dun danger physique, moral ou spirituel, le mariage et lentente dans les foyers, trouver un travail Dieu, sachant combien les hommes attachent de prix à ces biens de second ordre, les a mis, pour ainsi dire, à la disposition des âmes souffrantes, afin de nous inciter par là à leur procurer les plus abondants suffrages.
Il y a donc tout à gagner pour nous à échanger ainsi nos prières contre celles de nos frères les morts. Admirable don de la Providence et mystère de la Communion des Saints ! En même temps que nous les soulageons par nos prières et que nous les délivrons du purgatoire, ils offrent à Dieu pour nous, leurs mérites acquis sur la terre et nous recevons ainsi, des bénédictions spirituelles et temporelles. Que davantages, que de consolations de toutes sortes dans la pratique de la charité chrétienne à légard des membres de lEglise souffrante ! Connaître les âmes du purgatoire, les délivrer, les prier : voilà les trois raisons de ce livret. Qui pourrait affirmer quil ny a personne de sa famille ou de ses proches au purgatoire ?
Vous pouvez commencer ces lectures et prières
Soit : début novembre pour le mois qui leur est concerné
Soit : le 25 novembre pour terminer le plus grand jour de la libération des âmes du purgatoire : NOËL
Soit : à partir du moment où vous recevrez ce livre
Soit : au décès dune personne aimée
Soit : lorsque vous vous y sentirez appelé
Abbé Berlioux
Premier jour
Prière Seigneur, exaucez les prières que nous vous adresserons chaque jour de ce mois pour la consolation de nos frères les morts, et procurez leur un lieu de rafraîchissement, de lumière et de paix ! Ecoutez aussi la prière que ces âmes du purgatoire vous adresserons pour nous, afin que nous obtenions désormais, par leur entremise, les grâces que nous vous aurons demandées.
1. Motifs de sanctifier ce mois
Lorigine du mois des morts remonte jusquà la loi ancienne, jusquau peuple dIsraël. Ce peuple, en effet, qui seul possédait alors le véritable esprit de Dieu, ne se contentait pas de proclamer dans ses livres inspirés que cétait une simple et salutaire pensée de prier pour les morts, mais il voulut encore régler le temps et la durée de cette prière. Cest pourquoi il fut établi que le deuil ne serait achevé, dans chaque famille, que lorsque chaque mort aurait été pleuré pendant un mois entier. Ainsi, après le trépas du patriarche Jacob, ses fils le pleurèrent et firent des prières pendant trente jours.
Encouragés par une pratique si ancienne et si autorisée, la piété des fidèles a consacré un mois entier au soulagement des âmes du purgatoire. Et comme lEglise célèbre la commémoration de tous les fidèles trépassés le deuxième jour de novembre, ce mois a semblé le plus convenable pour cette dévotion. Le mois des âmes du purgatoire, recommandés par les Souverains Pontifes, enrichi de faveurs spirituelles, est célébré publiquement par un grand nombre de communautés religieuses et de paroisses chrétiennes.
Saluez avec bonheur laurore de ce mois qui répond admirablement aux besoins de votre cur. Il va nous rappeler les souvenirs les plus tendres de la famille, les promesses les plus sacrées, les adieux les plus touchants. Il va développer votre compassion en faveur de frères et damis qui doivent vous être dautant plus chers, quils sont souffrants et malheureux. Oui, la dignité de ces âmes infortunées, la rigueur de leurs peines, leur impuissance à se secourir elles mêmes, la Gloire de Dieu, votre intérêt personnel enfin, tout vous presse de les visiter et de leur venir en aide, chaque jour de ce mois. Cest par excellence le mois de la charité et de la reconnaissance, le mois des vivants et des morts, le mois véritablement libérateur ! Enthousiasmée par ces motifs, une Sainte sécriait en commençant les exercices du mois de novembre : « vidons le purgatoire ! » Ayez à cur de soulager beaucoup dâmes du purgatoire pendant ce mois de bénédictions qui leur est consacré ! Noubliez pas ce devoir.
2. Moyen de bien le sanctifier
Pour bien célébrer le mois des morts, prenez aujourdhui les résolutions suivantes, auxquelles vous serez fermement fidèle. Chaque jour, dès le matin, offrez à Dieu pour les âmes du purgatoire, les mérites de vos travaux, de vos souffrances, tout pour le soulagement de vos parents défunts. Ayez une heure fixe dans la journée pour lire attentivement votre mois des âmes du purgatoire. Cette lecture éclairera votre esprit, attendrira votre cur : ne lomettez jamais. Allez quelquefois au cimetière déposer sur la tombe de tous ceux qui vous ont été chers, vos prières qui les consoleront. Il fait bon prier ! Chaque semaine, consacrez un jour plus spécial aux âmes du purgatoire, le mercredi par ex, et assistez à la Messe à cette intention. Dans le courant du mois, faites célébrer des messes, confessez vous et communiez avec ferveur. Oui, faîtes cela, et à la fin du mois, vous aurez envoyé vers lEglise triomphante du Ciel un grand nombre de vos frères qui gémissent et pleurent dans les flammes purifiantes de lEglise souffrante. Quel sujet de consolation ! Quel gage despérance ! « Allons, levez vous, disait St Bernard, volez au secours des âmes des défunts, appelez sur elles la clémence divine par vos participations aux messes, implorez la miséricorde divine par vos pénitences et intercédez par vos prières ».
3. Exemple
Voici comment une personne digne de foi raconte sa guérison extraordinaire, obtenue par lentremise des âmes du purgatoire, durant le mois de novembre :
« Jétais depuis plusieurs années, atteinte dune cruelle maladie qui faisait de mon corps un squelette, de ma vie un martyre, et me conduisait vers la tombe. Javais consulté plusieurs médecins spécialistes ; mais tous les remèdes quils me prescrivaient, après quelques rares instants de soulagement, me laissaient plus faible et plus oppressée. Ne pouvant rien obtenir des ressources de la médecine, jai laissé de côté tous les médicaments et jai eu recours aux âmes du purgatoire qui comprennent bien le mystère de la souffrance. Le mois de novembre, qui leur est spécialement consacré, allait commencer. Je pris la résolution de le célébrer avec toute la ferveur possible. Mes parents et les personnes ferventes de ma connaissance unirent leurs prières aux miennes. Chaque soir, assemblés dans ma chambre au pied dune statue de St Joseph, nous demandions avec confiance deux choses : la délivrance des âmes du purgatoire et ma guérison. Vers la fin de la première semaine, jéprouvais une amélioration sensible, et chose admirable, le jour de la clôture du mois, jétais à léglise. Ma guérison était complète. Il ne restait plus trace de la maladie qui mavait torturée si longtemps et qui, au dire même des médecins, était incurable. Ils ont été singulièrement surpris dapprendre que javais échappé à la mort. Grâces soient rendues aux saintes âmes du purgatoire dont la protection sest manifestée dune manière si visible à mon égard ! »
Que de faveurs nous obtiendrons aussi si nous prions pendant un bon mois pour les saintes âmes du purgatoire ! Courage donc et confiance !
Prions Dieu bon et miséricordieux, daignez exaucer les prières ferventes que nous vous adresserons durant ce mois de bénédictions. Nous en consacrerons tous les jours et toutes les heures au soulagement et à la délivrance de ces âmes captives qui crient vers vous et vers nous du fond de leurs ténèbres. Seigneur, appelez vos enfants et nos frères au repos éternel, et que la lumière qui ne séteint plus, luise sur eux ! Quils reposent en paix.
Dîtes ensuite chaque jour
– une dizaine de chapelet
– les litanies des fidèles défunts
– le Credo
– le Salve Regina
– la prière pour les âmes du purgatoire
– le De Profundis
( prières ci-dessous en fin de livret p. 40-41 )
Deuxième Jour Le Purgatoire
1. Quest ce – que le purgatoire ?
La foi nous apprend que le purgatoire, comme létymologie de ce mot lindique, est un lieu de douleur et dexpiation, où la Justice divine achève de purifier les âmes pas assez pures pour être admises au Ciel. Ce nest pas le Paradis, où rien de souillé ne peut pénétrer ; ce nest pas lEnfer où il ny a plus de Rédemption ; cest un lieu intermédiaire entre le séjour des joies infinies et le séjour des infinies douleurs. Il tient de lenfer par la rigueur de ses supplices, il tient du Ciel par la sainteté de ceux qui y gémissent. Cest un feu dévorant mais qui purifie ; cest un séjour de larmes, mais ce nest pas le lieu des « pleurs éternels » dont parle lEvangile. Le travail de purification terminé, Dieu appellera près de Lui, ces âmes affranchies par la souffrance, pour les associer à son propre bonheur. Le purgatoire est donc une peine temporaire, et il nexistera plus après le Jugement dernier.
Tel est le purgatoire. Cest là que souffrent et gémissent la plupart des âmes qui ont terminé leur pèlerinage dici-bas. Car lentrée immédiate dans le Paradis nest la privilège que dun petit nombre. Cest là que certains de nos parents, de nos bienfaiteurs, de nos amis sont peut-être encore. Cest là que nous même serons vraisemblablement un jour ! Et peut être bientôt ! Et qui pourrait se flatter de mourir assez pur pour ne rien avoir à expier ? Il importe donc de bien connaître létat de ces pauvres âmes pour compatir à leurs douleurs et pour mériter dêtre soulagés à notre tour !
2. Pourquoi le purgatoire ?
Lorsquune âme paraît devant le Souverain Juge, si elle est exempte de toute souillure, Jésus lui ouvre le Ciel et lui décerne la couronne promise aux justes. Mais, si cette âme ne porte sur la robe de son innocence que quelques légères souillures, que deviendra t elle ? Où ira t elle ? Que deviendront tant dautres âmes pas assez pures pour monter au Ciel, pas assez obscures pour choisir lenfer ? Ne verront elles donc jamais la face de Dieu ?
Bénissons le Seigneur qui a trouvé le moyen de concilier les droits de sa Justice et de sa Miséricorde, en plaçant le purgatoire comme un jalon entre le Ciel et lenfer. Là, ces âmes sépurent comme lor dans le creuset. Là, seffacent la rouille et les traces du péché. Aussi Tertullien, faisant allusion aux souffrances quon y endure, les appelle les tourments de la Miséricorde.
Considérez donc que le Purgatoire a sa raison dêtre. Oui, il est nécessaire pour compléter la pénitence que nous naurons pas faite en ce monde pour satisfaire à la Justice divine, et mériter par lexpiation, une immense gloire. Cest une invention de la bénignité du Sauveur, que nous pourrions appeler un huitième sacrement, le sacrement du feu, pour les âmes auxquelles les sacrements véritables de lEglise, nont pas suffi à conférer une pureté parfaite. Gloire donc à la Miséricorde divine qui sauve par le purgatoire ceux que nous avons aimés, et nous fournit les moyens dabréger leurs souffrances et de leur ouvrir le Ciel.
3. Exemple
Un prêtre prêchant sur le purgatoire, terminait ainsi son instruction : « Ces derniers jours, jai reçu la nouvelle que mon père venait de mourir. Etant éloigné de ma famille, cette nouvelle ma brisé le cur. Je nai pas eu le bonheur de lembrasser pour la dernière fois ; je nai pas pu lui fermer les yeux de ma main quil aimait tant à baiser lorsquelle reçut lonction du sacerdoce. Dans la peine que je ressens, dans la douleur qui maccable, lunique consolation que jéprouve, cest de pouvoir le recommander à vos prières à vous tous qui êtes si bons et si indulgents pour moi. Lorsque dans cette pensée, je monte à lautel, afin doffrir le saint sacrifice pour le repos de lâme de mon père, il me semble que je ne lai pas perdu ; il me semble enfin que ma prière adoucit, abrège ses peines, le délivre du purgatoire et lui ouvre le Ciel, où il ma donné rendez vous dans la maison de Dieu. Cest une pensée sainte et salutaire de prier pour les morts ! Oh que le purgatoire est bien une invention de la Miséricorde de Dieu ! »
Prions – Jadore, ô mon Dieu, vos éternels décrets ; je confesse que le purgatoire, en conciliant votre Justice et votre Miséricorde, est une uvre de votre Amour. Faites, Seigneur, que jévite par la pénitence, ce lieu de peines et de privations, et que ma prière obtienne de votre indulgence paternelle, la fin de lexil de ces âmes souffrantes qui vous appellent avec tant dardeur. Ô Jésus, soyez leur propice ! Appelez vos enfants et nos frères au repos éternel, et que la lumière qui ne séteint plus luise sur eux. Quils reposent en paix !
Troisième jour Existence du purgatoire (1)
1. La Parole de Dieu
Lexistence du Purgatoire nest pas seulement une pieuse croyance, que nous sommes libres daccepter ou de rejeter, cest un dogme formel enseigné par la foi et que nous devons professer sous peine danathème. Cest une sainte et salutaire pensée, dit lAncien Testament, de prier pour les morts, afin quils soient délivrés de leurs péchés. Les Juifs étaient tellement convaincus de cette vérité quils avaient dans leur rituel une prière spéciale, que le chef de famille devait faire, pour la délivrance des trépassés, avant de se mettre à table. Jésus Christ lui même enseignait : « Réglez vos comptes avec votre adversaire pendant que vous êtes dans la vie ; car autrement votre adversaire vous remettra entre les mains du juge, et le juge vous livrera à son ministre qui vous jettera dans une prison, doù vous ne sortirez que lorsque vous aurez payé votre dette jusquà la dernière obole ». Or cet adversaire, disait St Augustin, cest Dieu lui même, lennemi irréconciliable du péché. Ce juge inexorable, cest Jésus Christ qui sappelle dans lEcriture, le juge des vivants et des morts. Enfin, cette prison redoutable, cest le purgatoire doù lon ne peut sortir quaprès avoir entièrement satisfait à la Justice divine, après avoir éliminé tous les ténèbres qui nous obscurcissent.
Jésus ne sest pas contenté de graver dans nos curs le souvenir du purgatoire. Il nous a donné lexemple en descendant dans les limbes après sa mort. Il a entraîné dans la joie immense du Ciel ouvert à jamais, les âmes qui attendaient là depuis la chute dAdam, cette chute qui avait fermé laccès du Paradis.
Mon Dieu, je crois au purgatoire, jadore léquité de vos jugements, même dans les rigueurs de votre Justice !
2. Lenseignement de lEglise
La foi de lEglise nest pas moins explicite. Voici comment la formulé le Concile de Trente :
« Quil soit anathème celui qui affirmerait que, après avoir reçu la grâce de la justification, tout pécheur obtient tellement la rémission de sa faute et lacquittement de la peine éternelle, quil ne lui reste aucune dette temporelle à payer, ou en ce monde ou en lautre, dans le purgatoire, avant que lui soit ouverte lentrée du Royaume des Cieux ». Tous les docteurs grecs et latins, tous les peuples anciens et modernes, ont professé la même croyance.
Daprès ce point de foi, lEglise, mère tendre et compatissante, prie tous les jours au cours de la messe pour les âmes du purgatoire. Elle recommande à ses enfants doffrir souvent à Dieu, prières, sacrifices, souffrances et messes pour la délivrance de leurs frères décédés. Enfin, elle a un solennel anniversaire, où elle appelle la chrétienté entière au secours des fidèles trépassés. Il est consolant de penser quaprès notre mort, lEglise priera pour nous, Elle invitera tous ses fidèles à demander à Dieu notre délivrance, Elle ne cessera de prier que lorsquelle nous aura introduit dans le sein de lEglise triomphante. Notre Eglise catholique est comme une bonne mère, elle connaît la faiblesse de ses enfants !
3. Exemple
Judas Macchabée, cet homme de foi et de cur, à qui le Seigneur avait confié le soin de défendre Israël et sa loi, Jérusalem et son temple, venait de remporter une grande victoire et de mettre en fuite les ennemis de Dieu et de sa patrie. Le premier mouvement de ce guerrier aussi pieux que brave fut de ployer le genou pour rendre grâce au Dieu des armées. Puis se relevant avec les siens, il vit autour de lui les corps de ses compagnons darmes qui étaient morts, ensevelis dans leur triomphe. Pénétré alors dun sain respect pour les restes inanimés de ces braves, Judas les recueillit avec soin pour les déposer dans le sépulcre de leurs pères. Enfin, songeant aux âmes de ces martyrs de la religion et de la patrie, il fit faire une collecte et envoya à Jérusalem douze mille drachmes dargent, afin dobtenir un sacrifice pour les péchés des morts. Car il pensait avec sagesse et piété à la résurrection, considérant que ceux qui étaient endormis dans la foi avaient en réserve une récompense précieuse. Voilà ce qui se passait il y a plus de deux mille ans, et confirmant toutes ces choses à la fois graves et touchantes, lEsprit de Dieu répétait par la bouche de lhistorien sacré : « Cest donc une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts afin quils soient délivrés de leurs péchés. »
Prions Enfant soumis de votre Eglise, je crois fermement, ô mon Dieu, à lexistence du purgatoire. Jy crois parce que votre Esprit de vérité la révélé, parce que vos saints et vos docteurs lenseignent. Augmentez ma foi afin que grandisse ma charité envers les âmes captives. Soyez leur propice, ô Jésus ! Seigneur, appelez vos enfants et nos frères au repos éternel, et que la lumière qui ne séteint plus, luise sur eux ! Quils reposent en paix !
Quatrième jour Existence du purgatoire (2)
1. Témoignage de notre raison
Daccord avec la foi, la raison proclame aussi lexistence du purgatoire ; sa voix nous parle comme lEglise et les Ecritures. Elle nous dit dabord que Dieu, étant la sainteté même, rien dimpur ne peut entrer dans son Royaume ; quil y a une éternelle, une invincible répulsion entre le moindre mal et le bien par excellence, et quune âme, ne fut elle souillée que dune légère tache, est indigne de sunir à Lui tant quelle ne sera pas purifiée. Car pour la première fois, elle introduirait le péché dans le Ciel. « Seigneur, sécrie le Roi Prophète, qui habitera votre tabernacle et qui se reposera sur votre montagne sainte ? Celui là seul qui est sans péché, et qui possède la perfection de la Justice. »
La raison nous dit encore que Dieu, étant infiniment Juste, exige une réparation, Il ne peut pas davantage laisser sans purification le plus léger péché, quIl ne peut laisser sans récompense le plus petit acte de vertu. Donc, celui qui naura pas réparé ses fautes en ce monde, les réparera infailliblement dans lautre. Les satisfactions que nous naurons pas rendues à la Justice de Dieu pendant cette vie, la Justice de Dieu se les rendra elle même après notre mort. Et où se les rendra t elle ? Dans le purgatoire.
Prouvons notre foi au dogme du purgatoire par une tendre charité pour les âmes qui en subissent les rigueurs, et en évitant des fautes légères qui peuvent nous y conduire nous même. Que celui qui est juste devienne plus juste encore, et que celui qui est saint devienne encore plus saint.
2. Témoignage de notre cur
« Il ny a pas de dogme catholique qui nait ses racines dans les profondeurs du cur humain » disait Joseph de Maistre. Cest pourquoi nous somme naturellement enclins à embrasser certaines vérités révélées. De ce nombre est le purgatoire. Les impies eux même, qui ont abjuré toute croyance, tout sentiment religieux, avouent avec sincérité, quils ne peuvent, en ces graves circonstances, retenir des prières secrètes qui séchappent de leur cur, pour des personnes auxquelles de tendres liens les unissent étroitement. Preuve évidente que cest là un sentiment imprimé dans le cur de lhomme par le Doigt de Dieu. Aussi le retrouve t on dans tous les pays et chez tous les peuples du monde. Quy a-t-il en effet de plus suave au cur que cette croyance et ce culte pieux, qui nous rattachent à la mémoire et aux souffrances des morts ? Oui, nous avons besoin de croire quil existe au delà des rives du temps, un lieu dexpiation, qui nest pas lenfer, mais la Voie du Ciel. Nous avons besoin de croire, et nous devons croire, que nos parents et amis qui sont emprisonnés, sont soulagés par nos prières et nos bonnes uvres, quils nous voient et nous entendent. Nous avons besoin de croire que nous même, un jour, nous serons soulagés à notre tour. Cette pensée est douce et consolante !
3. Exemple
Un jeune Ecossais, luthérien, avait un frère unique, quil aimait tendrement. Une apoplexie foudroyante le lui enleva subitement au milieu dune fête mondaine, où lon ne sattendait guère à une aussi lugubre catastrophe. A partir de ce moment, il fut en proie à une angoisse profonde et incessante. Il pensait constamment à ce passage si brusque dun festin au redoutable jugement de Dieu. Il craignait que son frère ne fut pas trouvé assez pur pour entrer immédiatement au Ciel. Sa religion protestante ne lui enseignait pas de lieu purificateur entre les parvis célestes et les profondeurs de labîme. Pour se distraire, on lui ordonna de voyager et il vint en France. Il y rencontra un prêtre et lui fit part de son chagrin : « Mon ami, lui dit lhomme de Dieu, il est nécessaire pour tout homme dexpier ses péchés, même dans lau delà. Notre foi catholique nous dit quil y a entre le Ciel et lenfer, un lieu intermédiaire, où les âmes achèvent de se purifier, et où nous pouvons les secourir par nos prières. » Il accepta lenseignement de lEglise catholique, qui lui demandait de prier pour son frère, afin quil entre dans le bonheur éternel tant il est vrai que la croyance au purgatoire est un besoin du cur humain !
Prions Mon Dieu, que mes prières, mes sacrifices, mes souffrances servent à toucher votre bonté et à hâter linstant de la délivrance des âmes de nos chers défunts. Soyez béni, ô mon Jésus, pour vos consolations ! Appelez nos frères dans ce séjour éternel ! Quils reposent en paix.
Cinquième jour Souffrances du purgatoire peine du feu
1. Feu véritable
La grande Tradition de lEglise nous dit que les âmes ne sont admises dans le séjour de la gloire quaprès avoir été purifiées par le feu. Evidemment, ce nest pas celui de lenfer qui ne séteindra jamais ; cest donc celui qui fera ressentir ses rigueurs en purgatoire. Telle est laffirmation unanime de tous les grands docteurs de lEglise. Saint Augustin et Saint Thomas appelaient cela : le supplice du feu ! Ce seul mot fait frémir. Etre tout entier dans le feu, dans un feu actif, pénétrant, qui atteint lintime même de lêtre, quel cruel supplice ! Le feu matériel nagit que sur le corps, et combien ses effets sont horribles ! Qui pourrait soutenir un charbon ardent sur sa main, une seule minute ? Mais le feu du purgatoire agit sur lâme elle-même ; il atteint lintelligence, la mémoire, la sensibilité : toutes les facultés en sont saisies et pénétrées. Devant ce supplice que nous pouvons à peine imaginer et que nous avons si souvent mérité par nos fautes journalières, posons nous cette question : qui parmi nous pourra habiter dans ce feu dévorant ?
Mon Dieu, préservez nous du feu du purgatoire ! Cest le souffle de la Justice de Dieu qui lallume et lentretient. Il nagit pas comme élément, mais comme instrument de la puissance divine, il purifie les âmes sans les détruire. Le feu de ce monde nest rien comparé à celui du purgatoire. Le feu de ce monde est un don de la Providence, celui du purgatoire est une création de Sa Justice. « Non, disait St Thomas, les fournaises les plus ardentes, les feux les plus cuisants auxquels on condamnait les martyrs, ne sont quune ombre légère, en comparaison des flammes dévorantes quon souffre au purgatoire ». « Ce feu, ajoutait un Saint Père, est égal en tout à celui de lenfer, moins la durée. Les peines de cette vie quelles quelles soient, ne peuvent entrer en comparaison avec celles du purgatoire. Qui serait donc assez inhumain pour ne pas écouter les cris déchirants de ces êtres infortunés, qui du fond de leur prison où ils brûlent nuit et jour, implorent notre assistance ? Si vous étiez à leur place et que tout le monde eût pour vous aussi peu de charité que vous en avez pour eux, comment qualifieriez vous une pareille cruauté ? Réfléchissez sérieusement et prenez des résolutions en conséquence. »
2. Exemples
Le vénérable Stanislas Kostka, Jésuite polonais, vit apparaître une âme du purgatoire, toute enveloppée de flammes et poussant des cris lamentables. Il lui demanda si ce feu était comparable à celui de la terre. Lâme lui répondit que le feu de la terre, à côté de celui du purgatoire, était un doux zéphir. Mais le bon religieux, ayant de la peine à le croire, lui dit quil voudrait bien en sentir lardeur, si cela était possible. « Ah ! lui répondit lâme du purgatoire, un homme encore vivant nest pas capable den sentir même une petite partie. Cependant, pour vous convaincre, étendez la main vers moi et vous en aurez une idée. »
Stanislas étendit la main sur laquelle le défunt laissa tomber une goutte de sueur. La douleur fut si vive que le vénérable Stanislas poussa un grand cri et tomba sans connaissance, comme sil allait mourir. Aussitôt les religieux accoururent ; quand il fut revenu à lui, ils sinformèrent de la cause de ce mal subit et du cri
Au récit de lévènement, ils furent tous remplis de crainte, et prirent la résolution de multiplier leurs pénitences, de fuir les plaisirs du monde et de raconter partout ce prodige, afin déviter aux fidèles le terrible feu du purgatoire !
Saint Stanislas Kostka vécut encore un an, toujours en proie aux plus vives douleurs de sa plaie qui ne se ferma pas
Le Père Ferdinand de Castille rapporte cet autre fait qui se réalisa dans le couvent St Dominique, à Zamora, en Espagne. Dans ce couvent vivait un Dominicain très vertueux, uni damitié avec père Franciscain non moins saint. Sentretenant souvent des mystères de lau delà, ils sétaient promis de ne pas soublier après la mort. Ce fut le Franciscain qui mourut le premier. Peu de temps après sa mort, il apparut au Dominicain. Après lavoir salué affectueusement, il lui apprit quil lui restait beaucoup à souffrir pour des choses légères quil navait pas expiées Pour exciter son ami à travailler à sa délivrance, il lui fit voir les flammes dont il était dévoré. « Rien sur la terre, lui dit il, ne peut vous donner une idée de lardeur de ce feu. En voulez vous une preuve ? » Il posa sa main sur une table et elle sy enfonça profondément. Cette table, témoin du feu du purgatoire, est toujours conservée à Zamora, province de Léon en Espagne.
Ecoutez ce que Ste Catherine de Gènes nous disait dans sa biographie : « De ce Divin Amour, je vois jaillir de lâme certains rayons et flammes brûlantes, si pénétrants et si forts, quils sembleraient capables de réduire au néant non seulement le corps, mais lâme elle même sil était possible. Ces rayons opèrent de deux manières : lune est de purifier, lautre danéantir. »
Telle est leffet du feu dans les choses matérielles. Il y a cette différence que lâme ne peut sanéantir en Dieu, mais uniquement dans son être propre. Plus elle se purifie, plus aussi elle sanéantit en elle même et pour finir elle est toute purifiée en Dieu. Lor, purifié à vingt quatre carats, ne se consume plus, quel que soit le feu par où il passe. Ce qui peut être consumé en lui, ce nest que sa propre imperfection. Ainsi sopère dans lâme, le Feu Divin. Dieu la maintient dans le feu jusquà ce que toute imperfection soit consumée. Il la conduit à la pureté totale de vingt-quatre carats, chaque âme cependant selon son degré. Quand elle est purifiée, elle reste toute entière en Dieu, sans rien en elle qui lui soit propre, et son être est Dieu. Une fois que Dieu a ramené à Lui lâme purifiée, celle ci, nayant plus rien à consumer, ne peut plus souffrir. Dans cet état de pureté, lâme ne peut plus sentir que le Feu du Divin Amour de la Vie Eternelle, sans rien de pénible.
Prions O mon Dieu, combien je redoute votre feu divin, quand je me rappelle ma vie sensuelle, mes innombrables péchés, le peu que jai fait pour vous ! Ayez pitié de moi, Seigneur ! Mais ayez aussi pitié des âmes de mes frères, qui mont précédé dans léternité, et qui sont maintenant sous lempire de votre Justice. O Jésus, soyez – leur propice, et placez – les près de vous, au séjour de la gloire ! Quils reposent en paix !
Sixième jour Peine du dam
1. Privation de Dieu
La principale peine du purgatoire nest pas celle du feu, si terrible soit elle. Une peine plus grande est celle que les théologiens appellent la peine du dam. En ce monde, nous ne comprenons pas lintensité de ce supplice de privation de Dieu parce que nous ne le voyons pas directement, nous ne laimons pas de tout notre cur, nous ne pensons pas souvent à Lui. Mais les âmes du purgatoire ont entrevu Dieu au jour du Jugement, et « un grand spectacle, selon lexpression de St Ambroise, sest offert à leurs regards. » Dieu sest découvert à elles avec toutes ses perfections adorables. Il a imprimé si vivement son image dans leur esprit, il les a tellement investies de léclat de Sa Majesté Infinie, quelles pensent continuellement à Lui et Laiment dun amour pur et sans mélange. Cet amour insatiable, cette privation, cette faim, cette soif de Dieu les accablent et les torturent. Elles sont sans cesse mourantes sans mourir, expirantes sans expirer, et lEglise appelle avec raison cet état, une mort : « Seigneur, dit-elle, délivrez-les de la mort ».
Pour vous faire une idée de ce supplice, supposez un homme qui se meurt faute dair. Voyez quelle oppression, quels efforts il fait pour respirer ! Comme sa poitrine se soulève, se gonfle ! Cest une lutte affreuse entre la vie et la mort. Mais quest-ce quun peu dair en comparaison de Dieu ? Quest ce que mourir à tout moment, privé de Dieu, qui est la respiration de lâme ? Quelle faim vivante, quelle douloureuse agonie !
Oh, Seigneur, délivrez les de cette mort perpétuelle, montrez leur votre face adorable. O Père qui êtes aux Cieux, attirez près de vous vos enfants exilés !
2. Privation du Ciel
Lâme dans le purgatoire, est exilée non de sa patrie de la terre, mais de sa patrie véritable, le Ciel. Elle a entrevu de loin les splendeurs de cette patrie bienheureuse, quand au sortir de cette vallée de larmes, elle parut devant Jésus Christ qui fait la joie et le bonheur des élus. Elle la pressentie, lorsque condamnée au purgatoire, elle sest rappelée cette invitation, adressée aux âmes justes : « venez, les bénis de mon Père, possédez le Royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde. » Elle en a aperçu, elle en a entrevu toutes les magnificences. Or ne pouvoir se lancer vers cette patrie tant désirée, attendre un jour, des années, des siècles avant de se plonger au torrent de ses voluptés, mon Dieu, quel exil ! Quelle cruelle attente !
Aussi quelles sont attendrissantes les souffrances de cette âme infortunée, « pauvre exilée, quand donc verrai-je ma patrie, ma famille qui est aux cieux ? Pauvre orpheline, quand serai-je réunie à mes parents, à mes frères, à mes surs qui sont dans la gloire et me tendent les mains ? Quand me sera t il donné de munir à Jésus, mon céleste époux ? O portes éternelles, ouvrez vous, ouvrez vous ! »
Mais hélas ! Une voix mystérieuse lui répondit : « pas encore, plus tard ! »
Ames, vous pouvez les ouvrir, ces portes. Ne savez vous pas que la prière, les aumônes, sont les clés dor qui ouvrent le Ciel ?
Priez et donnez beaucoup, et ces âmes exilées du purgatoire monteront dans la patrie bienheureuse, pour y chanter éternellement les miséricordes du Seigneur.
Exemple
Quand les enfants dIsraël, emmenés captifs loin de la patrie, ne voyaient plus que les rivages de lEuphrate, ils sasseyaient, tristes, sur cette terre étrangère, et ils pleuraient au souvenir de Jérusalem absente : il ny avait ni paroles de joie, ni cantiques dallégresse, leurs harpes, suspendues aux saules du rivage, étaient silencieuses.
Enfants dIsraël, pourquoi pleurez-vous ?" leur demandaient les Babyloniens
"Cest que nous nous souvenons de Sion, notre patrie ! Nous nous souvenons et nous regrettons !"
"Mais, fils exilés de Sion, si vous chantiez pour calme votre douleur et distraire votre tristesse !… Chantez quelques uns des cantiques de la patrie ! Chantez le chant national ! Chantez !"
"Lexilé peut-il chanter les hymnes de la patrie sur les rives étrangères ? Loin delle on se souvient, on regrette, on soupire, on pleure, et on attend dans les larmes, la consolation du retour. O Jérusalem ! Que notre langue sattache à notre palais, si nous devions toublier un jour !"
Les âmes de nos frères sont retenues par la Justice, loin de la Patrie que leur amour appelle. Au bord de labime où lexpiation les condamne à un douloureux exil, elles sarrêtent sur ces rivages mille fois plus désolés que ceux de la terre. Là, en pensant à la céleste patrie, elles se prennent elles aussi à pleurer son absence. Mais leurs larmes diffèrent des nôtres, comme le ciel diffère de la terre et le temps de léternité.
Lhomme, à moins dêtre malade, à linstinct naturel de manger. Sil venait à ne plus manger tout en étant préservé de la maladie et de la mort, sentirait sa faim grandir continuellement, puisque son instinct ne diminuerait jamais.
Supposons quil existerait au monde un seul pain capable denlever la faim à toute créature, lhomme resterait dans un tourment intolérable de ne pouvoir le posséder, sa faim ne passant pas. Supposons aussi que la seule vue de ce pain suffirait pour être rassasié, son instinct le pousserait au seul désir de le voir afin dêtre contenté. Mais il apprendrait avec certitude, que jamais il ne serait donné de voir ce pain, à ce moment là alors, ce serait pour lui lenfer. Il serait dans létat des âmes damnées qui sont privées de toute espérance de voir Dieu, Pain Véritable, leur vrai Sauveur.
Mais les âmes du purgatoire ont lespérance de contempler le pain et de sen rassasier pleinement. Par suite, elles souffrent la faim et restent dans leur tourment aussi longtemps quelles ne peuvent se rassasier de ce pain, Jésus-Christ, vrai Dieu Sauveur, notre Amour.
PRIONS Dieu miséricordieux, Dieu si Saint, Dieu si juste, laissez-vous fléchir par lamour de ces saintes âmes. Ne vous dérobez pas plus longtemps à lardeur de leurs désirs, ne les repoussez plus : ouvrez leur votre sein et laissez-les se perdre et sabîmer en vous. O Jésus ! Appelez vos enfants et nos frères au bonheur éternel et que la lumière qui ne séteint plus, luise sur eux ! Quils reposent en paix !
SEPTIEME JOUR
LE PEINE DU REMORDS
- Le mal quil fallait éviter
- Les tourments dont nous venons de parler ne sont pas les seuls qui torturent les âmes
retenues dans le lieu dexpiation. Elles éprouvent encore la tristesse, la désolation, les regrets amers, les reproches cuisants de la conscience coupable, mille fois plus insupportables pour elles que les plus fortes doleurs du feu matériel qui les fait souffrir sans les consumer. "En enfer, dit lEvangile, le ver qui ronge les réprouvés ne meurt jamais". Dans cette cité du purgatoire, il mourra certainement un jour ; mais tant quil est vivant, il mord cruellement et déchire dune manière affreuse les victimes infortunées dont il est devenu le bourreau. Ah ! Elle est terrible la lutte dune âme aux prises avec le remords ! Du fond de son lieu de souffrance, cette âme captive jette un regard douloureux sur toute son existence dici-bas, et à la lueur des flammes qui lenveloppent, elle voit distinctement tout le mal quelle a commis et quelle pouvait facilement éviter avec la grâce de Dieu et dont elle ne sest jamais confessée. Elle découvre des milliers de fautes inaperçues jusqualors, ou quelle jugeait sans gravité du fait du manque de confession et dexamen de conscience. Forcée de se reconnaître coupable, tandis quil naurait tenu quà elle de faire leffort daimer plus et dêtre juste en tout, cette pauvre me safflige profondément et sécrie dans le délire de sa douleur : "mon Dieu, vous êtes juste, et vos jugements sont équitables. Je suis seul lauteur de ma souffrance. Ah, si je pouvais recommencer ma vie sur terre, comme je vous servirais, Seigneur, et avec quel soin je me préserverais du purgatoire". Regrets vains et stériles. Hélas ! Cest trop tard !
Instruisons-nous, âmes de foi, fuyons le péché, faisons pénitence ici-bas, afin déviter cet aiguillon douloureux, ce ver rongeur du purgatoire. Mon Dieu ! Frappez, brûlez, broyez en ce monde, pourvu que vous nous épargnez dans lautre
- Le bien quil fallait pratiquer
Ce qui augmente encore la peine de cette âme exilée, cest la vue de tout le bien quelle pouvait pratiquer et quelle a souvent omis ; de tous les bienfaits quelle a reçus de la bonté de Dieu et dont elle na pas toujours fait un saint usage. En effet, que pouvait de plus le Seigneur pour lui faire porter des fruits de salut ? Il lavait nourrie de ses sacrements, fortifiée par sa grâce, encouragée par lexemple des bons. Aidée de tant de secours, elle devait parcourir à pas de géant la carrière de la sainteté et arriver, comme tant dautres, à la plus haute perfection. Mais, malgré tout, elle sest arrêtée souvent dans la voie, souvent elle a marché avec lenteur. Ah ! Si elle avait été généreuse pour sinfliger quelques pénitences, quelques mortifications ; si même elle avait accepté avec résignation les peines inévitables de la vie, elle aurait fait son purgatoire sur la terre, et éventuellement elle jouirait de la vision béatifique. Et maintenant, elle endure par sa faute, et sans mérite, des peines incomparablement plus grandes. Au lieu dune couronne de gloire quelle pourrait avoir dans le Ciel, elle est torturée par une couronne de flammes en purgatoire. Oh ! que ce souvenir est affligeant.
Ames, navons-nous pas, nous aussi fait peu de bien ? Avons-nous prié pour le soulagement de nos parents défunts ? Prenons la résolution de faire mieux à lavenir, avec laide de Dieu et le secours de Marie.
Exemple
Gerson, chancelier de lUniversité de Paris, aussi distingué par ses vertus que par son
éloquence, rapporte dans un de ses ouvrages, quune pauvre mère, oubliée depuis longtemps par son enfant, re4ut de Dieu la permission de lui apparaître pour lui dire de ses peines et solliciter des prières. "Mon fils, sécria-t-elle, mon cher fils ! Pense un peu à ta pauvre mère qui souffre tant. Considère les affreux supplices au milieu desquels la Justice de Dieu me fait expier les autres de ma vie mortelle. Le plus insupportable de tous est le remords, le regret davoir si peu aimé Dieu qui mavait accordé tant de grâces. Quoi ! Avoir offensé un Dieu si grand, si saint, si juste, si éclairé, un Père si tendre, un bienfaiteur si généreux ! Ah ! Cette pensée maccable et me tue à chaque instant ; ce ver rongeur est comme un poignard aigu qui me transperce sans pouvoir me donner la mort. Qui me torture jour et nuit et marrache des larmes de sang. Néanmoins, je suis forcée de mécrier, en frappant sans cesse la poitrine : mon Dieu, vous êtes juste et équitable ; si je souffre cruellement, cest par ma faute, ma très grande faute ! O mon fils, si tu maimes encore, aie pitié de moi, arrache ce poignard, délivre-moi de ce ver rongeur, ouvre-moi le ciel. Je te demande encore, mon cher enfant, de servir Dieu mieux que ta mère, de mourir la contrition dans le cur !"
Fidèle à ces avertissements, lenfant pria beaucoup pour sa mère et mourut lui-même en sainteté.
PRIONS : Faites-moi la grâce, ô mon Dieu ! De devenir saint et parfait, comme vous le désirez. Les âmes du purgatoire, pour sêtre un peu négligées, en sont sévèrement punies par les regrets qui les déchirent sans relâche. Apaisez leurs remords, Seigneur, en leur pardonnant leurs fautes. Car, il est trop aigu le glaive qui les transperce. O, Jésus ! Soyez-leur propice ! Appelez vos enfants et nos frères au sein de la gloire ! Quils reposent en paix !
Huitième jour Durée des peines du purgatoire
1. Quelle est cette durée ?
LEglise na rien défini sur la durée des peines du purgatoire, mais elle nous montre assez ce quelle en pense, en célébrant des messes anniversaires, des trentains pour le repos de lâme des défunts. Elle croit donc que lexpiation peut donc être longue et peut même se prolonger pendant des siècles. Cest aussi le sentiment des saints Pères. Le cardinal Bellarmin disait que pour certaines âmes, la durée des peines du purgatoire, daprès des révélations très dignes de foi, pourrait se prolonger jusquau Jour du Jugement Dernier, si lEglise ne venait pas à leur secours. Hélas ! Il y en a qui y gémissent depuis de longues années. Qui nous dira la mesure de temps et de peine quil faut pour expier nos péchés ? Pour enlever la rouille que laissent à lâme les suites de nos péchés et lui rendre léclat de la beauté des Anges ! O insondable mystère des jugements de Dieu
Combien la durée najoute t elle pas à la rigueur des peines ! Souffrir horriblement et longtemps
Attendre
Attendre indéfiniment
Quelle douleur, quel martyre pour ces âmes ! Ajoutez que lintensité des maux quelles endurent leur fait paraître les moments comme des mois, et les mois comme des siècles.
Seigneur, abrégez ces souffrances, mettez un terme à lintensité, à la durée des douleurs de nos amies, de nos surs, de celles surtout qui doivent rester le plus longtemps dans ce lieu dexpiation.
2. Quelles en sont les causes ?
Ne nous étonnons pas de la terrible durée des supplices du purgatoire. Une des plus saintes religieuses de la Visitation, sur Marie Denise, que toutes les histoires de cet ordre reconnaissent comme ayant été favorisée de grâces extraordinaires pour le soulagement des morts, disait que plusieurs causes rendaient inévitable la longue durée des peines de ce lieu dexpiation :
– la véritable pureté que lâme doit avoir avant de posséder Dieu
– la multitude de nos péchés véniels
– le peu de regret que nous avons et le peu de pénitence que nous faisons pour nos péchés confessés
– limpuissance absolue où sont les âmes des défunts de se soulager elles mêmes
– loubli, létrange oubli des morts, notre coupable négligence à les soulager.
Ces réflexions sont sérieuses et malheureusement trop fondées.
Donc à lavenir, ne soyons pas pressés de canoniser nos chers défunts. Nous avons tant besoin de les croire dans le lieu de la paix et de la béatitude, que nous nous hâtons de nous dire que certainement ils y sont parvenus. Alors, nous cessons de prier pour eux. Voyez les saints, comme ils pensaient et agissaient autrement. Toute leur vie, ils priaient pour ceux que le trépas leur avait ravis. Faisons de même.
Nous ne saurions tenir un doigt dans le feu pendant une minute, sans pousser des cris de détresse. Pourquoi souffririons nous que des âmes que nous avons tant aimées, soient plongées dans le feu dévorant du purgatoire, des années entières, par notre négligence ? Ce serait trop cruel ! Ames aimées, non, jamais nous ne vous oublierons ! Jésus, Marie, Joseph, aidez nous à prier !
3. Exemples
Un homme enfermé depuis des années dans une prison, las de souffrir, sadressa à une femme puissante. Elle avait assez de crédit et la main assez forte pour briser les fers du prisonnier et mettre fin à ses souffrances. Voici en quels termes, le malheureux lui adressait sa supplique :
« Madame, le 25 de ce mois de mars 1760, il y aura cent mille heures que je souffre, et il me restera deux cents mille heures à souffrir encore. O Madame, soyez touchée dun si long et si douloureux martyre ! »
Le cur de cette femme se trouva t il assez dur pour résister à cette éloquence ? Je lignore ; mais il me semble quon ne peut mettre davantage en si peu de mots : il y a cent mille heures que je souffre, et il men reste deux cents mille à souffrir. Il les avait donc comptées !…
Dans un monastère, deux Pères étaient dun très grand zèle pour leur sanctification et pour le soulagement des âmes du purgatoire. Ils sétaient promis quaprès la mort du premier dentre eux, lautre dirait la messe du lendemain pour le défunt Lun des deux Pères mourut. Son confrère ne manqua pas de dire la messe promise, dès le matin suivant. Sa messe terminée, pendant son action de grâce, le Père vit soudain apparaître son ami défunt, rayonnant de bonheur et de gloire Puis lâme glorieuse prit un visage sévère pour dire à son ami : « Mon frère, où donc est votre promesse ? Vous mériteriez que Dieu nait pas beaucoup de pitié de vous ! Ne mavez vous pas laissé en purgatoire plus dune année, sans dire la messe promise ? » – « Vous me surprenez ! sécria le moine, votre corps nest pas encore enseveli ! Vous avez quitté notre monde il y a quelques heures et je viens juste de terminer la Messe promise !?… » Alors, lâme du défunt dit avec un douloureux soupir : « Oh !!! qu elles sont épouvantables les souffrances du purgatoire Je vole au Ciel où je supplierai le bon Dieu de vous rendre ce que vous venez de faire pour moi. Car cette Messe métait nécessaire pour quitter le purgatoire, dans les délais les plus courts. »
Cest ainsi que les âmes bénies du purgatoire calculent la durée de leurs souffrances. Mais ce nest ni par heure ni par jour quelles comptent, cest par années, par siècles peut être. Et ces années, et ces siècles leur paraissent éternels. Mon Seigneur, pardon et miséricorde ! Par les mérites de Vos Saintes Plaies, délivrez les âmes de nos défunts !
Prions Saisi deffroi à la pensée de redoutables tourments, longs et intenses, endurées par les âmes du purgatoire, je tombe à vos Pieds, ô mon Dieu. Et plein de compassion pour ces prisonnières infortunées, je viens vous supplier, au nom de Jésus Christ, de jeter sur elles un regard de miséricorde et de mettre un terme à leur martyre ! O Marie ! Douce consolatrice des affligés, soyez leur propice ! Délivrez vos enfants de la captivité ! Quils reposent en paix près de vous, dans le Ciel !
Neuvième jour Impuissance des âmes du purgatoire
1. Impuissance de leurs souffrances
Considérez quà la mort cesse tout mérite, parce que lâme na plus son libre choix entre le bien et le mal. Le purgatoire est cette nuit dont parle Jésus Christ, durant laquelle nul ne peut agir ; ceux qui y gémissent sont comme ce fermier de lEvangile auquel le père de famille ne permet plus de cultiver son champ. Voilà pourquoi nos chers défunts ne peuvent rien pour adoucir leurs souffrances. Leur résignation parfaite, leur amour pour Dieu, la grandeur de leurs tourments, nen abrègeront pas dun instant la durée. La plus petite des souffrances du purgatoire leur aurait acquis sur la terre un poids immense de gloire céleste ; dans ce lieu dexpiation, ces souffrances sont stériles pour eux, stériles pour le Ciel ; elles sont simplement lacquis dune dette.
Hélas, souffrir pendant des siècles, peut-être sans profit pour elles même ! Combien cette pensée est désolante pour ces âmes et combien najoute t elle pas à leurs tourments ! Aussi est ce de nous quelles attendent secours et soulagement. Oui, nous sommes la ressource des morts, nous sommes leur providence libératrice. Le Ciel les console, nous, nous les soulageons ; le Ciel les encourage, nous, nous les délivrons : les saints leur ouvrent leurs bras pour les y recevoir, nous, nous les introduisons dans le séjour du bonheur. Telle est notre puissance, tel est notre devoir. Y pensons nous ?
2. Impuissance de leurs prières
Les âmes du purgatoire sont aussi impuissantes à se soulager par leurs prières que par leurs souffrances. Cest en vain que du fond de leurs brûlants abîmes, elles font monter vers Dieu le cri de leur douleur, cest en vain quelles essaient de fléchir sa Justice et quelles lui disent avec David : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi mavez vous abandonnée ? Je crie vers vous pendant le jour, et vous ne mexaucez pas. La nuit, je gémis et personne ne me répond. Souvenez vous, Seigneur, de Votre Miséricorde. Rompez les liens qui me retiennent loin de Vous, délivrez moi des tourments que jendure. Miséricorde, Seigneur, Miséricorde ! »
Au Purgatoire, le temps de la Miséricorde nest plus. Le règne de la Justice a commencé. Les supplications réitérées nont aucune efficacité. Lorsque la dette aura été entièrement acquittée par la souffrance, lâme senvolera dans le Ciel.
Mais si les prières nont aucun crédit pour eux, les nôtres sont toutes puissantes sur le cur de Dieu. A mesure quelles montent vers le Ciel, la miséricorde descend dans le purgatoire en torrents de grâces, de pardon, de liberté et de gloire. Cest par la prière que Marthe et Marie obtinrent la résurrection de Lazare. Cest par elle aussi que nous obtiendrons la délivrance de nos parents défunts. Oh ! Prions de tout cur, prions sans cesse pour eux. Disons souvent : « Bon et Miséricordieux Jésus, donnez leur le repos éternel. O Marie, Mère et consolatrice des affligés, hâtez vous de les secourir ! Saints et saintes du Paradis, intercédez pour eux ! »
3. Exemple
Le Sauveur traversant la Judée, rencontra un jour un homme qui était paralytique, et qui attendait tristement assis près de la piscine de Siloé. Certains jours, lange descendait dans la piscine, en remuait leau, et le premier malade qui pouvait ensuite sy laver, était guéri. Il y avait cependant bien longtemps que le pauvre paralytique de lévangile était là, attendant toujours sans jamais pouvoir descendre à temps. Touché de compassion, le doux Sauveur sapproche de lui et lui demande avec bonté pourquoi il ne va pas se laver avec les autres. « Seigneur, répond ce malheureux, cest que je suis perclus de tous mes membres et incapable de tout mouvement, et je nai personne pour me jeter le premier dans la piscine salutaire. Ma guérison tant désirée ne dépend pas de moi, pauvre paralytique, il me faut un ami généreux, qui me prête son aide et me donne la main ! »
Tel est le triste sort des saintes âmes du purgatoire ; elles restent presque immobiles dans les flammes, incapables par elles même de se secourir, incapables de se jeter dans la piscine salutaire du Sang Précieux de Jésus qui a sauvé le monde. Elles attendent quun ami secourable les y plonge. Soyez cet ami charitable, lange libérateur des pauvres paralytiques du purgatoire !
Prions Mon Dieu, je vous recommande ces pauvres âmes quune nuit terrible enveloppe aujourdhui dans ses ombres. Hélas ! Elles ne peuvent plus rien. Permettez moi dêtre leur médiateur et de minterposer entre votre Justice et elles. Je vous en supplie, abrégez leur douloureux exil ! O Jésus, soyez leur propice ! Appelez vers Vous vos enfants et nos frères ! Quils reposent en paix.
Dixième jour Les deux chemins qui conduisent en purgatoire
1. Le chemin des fautes mortelles
De par sa nature, le péché mortel conduit plus loin que le purgatoire : il précipite dans labîme de lenfer. Les âmes, obscurcies par le mal qui a fini par les pénétrer, sengouffrent vers les ténèbres. Elles ne supportent pas la lumière de Dieu qui leur apparaît au moment de la mort. Mais si le pécheur se repend et se confesse, le pardon du Seigneur descend sur lui par la grâce sacramentelle. Quarrive t il alors ? Les fautes sont pardonnées, lamitié de Dieu est rendue. Il reste la peine faite au Bon Dieu quil faut expier : ou en ce monde par la pénitence, la prière, les messes
ou dans lautre, par les souffrances du purgatoire. Après de longues années dégarement, quel effroyable, quel long purgatoire lattend ! Quelle énorme dette il devra solder à la Justice Divine ! Il est vrai que la pénitence sacramentelle réduit notre dette. Mais elle est ordinairement si légère, et faite avec si peu de ferveur !
Il est vrai aussi que les mortifications et les indulgences peuvent nous préserver ou nous délivrer du purgatoire. Mais il y a si peu de chrétiens qui se mortifient et qui jeûnent. Ceux qui sont les plus coupables sont précisément ceux qui font le moins de pénitences
Enfin, combien nont pas la contrition suffisante pour gagner des indulgences ! Quil y en a peu qui évitent cet effroyable abîme ! Tant de péchés et si peu dexpiation !
Si notre vie passée a été ternie par des fautes graves, cette considération doit nous faire réfléchir et nous arracher des désirs de pénitence. Elle doit aussi nous inciter à prier pour les âmes les plus coupables de ce lieu dexpiation. O mon Dieu ! Pénétrez mon esprit dune crainte salutaire, à la pensée de vos redoutables jugements.
2. Le chemin des fautes vénielles
Est-ce que vous faites pénitence ? Chrétiens, que vous soyez innocents ou que vous ayez conservés la pureté de votre baptême, comme saint Louis, combien navez-vous pas à vous reprocher de fautes vénielles qui vous constituent débiteurs envers Dieu ? En vérité, ces fautes sont innombrables. Votre vie nest peut être quun tissu de péchés véniels. Ainsi que de pensées inutiles, de paroles oiseuses ! Que de jugements téméraires, de distractions, de médisances ! Que de vanités, de temps perdu inutilement ! Noffensez vous pas Dieu très souvent, tous les jours, sous le futile prétexte que vos fautes ne sont que légères ? Ne vous rendez vous pas souvent coupables de certaines fautes vénielles quon pourrait appeler graves parce quelles avoisinent le péché mortel ? Faites vous pénitence ? Or si votre vie est pleine de dettes et vide de satisfactions, il est bien évident que vous êtes dans la seconde voie qui conduit directement en purgatoire. Alors, que de jours, que de mois, que dannées, vous aurez à gémir dans ce terrible lieu dexpiation. Que votre purgatoire sera long et rigoureux ! Réfléchissez sérieusement et dîtes vous : « Je veux enfin régler mes comptes avec Dieu, je veux profiter du temps que me laisse sa Miséricorde pour satisfaire à sa Justice ; je veux acquitter les dettes quil est si facile de solder avec un peu de générosité et damour. Ames du purgatoire, venez à mon aide. Demandez moi lesprit de pénitence, je demanderai pour vous soulagement et consolation. »
3. Exemple
En 1848, vivait à Londres une veuve de 29 ans, qui était fort riche et passablement mondaine. Parmi les habitués qui fréquentaient sa demeure, on remarquait un jeune lord dune conduite peu édifiante. Un soir, près de minuit, cette dame lisait un roman pour appeler le sommeil. A peine venait elle déteindre la lumière, quapparut une lumière étrange, venant du côté de la porte et se répandant dans la chambre en augmentant dintensité. Etonnée, inquiète, elle vit la porte souvrir lentement, laissant apparaître le jeune lord, complice de ses désordres. Avant quelle nait pu proférer une parole, il était à ses côtés ; il la saisissait au poignet lui disant : « Il y a un enfer où lon brûle, sache le
»
La douleur que la malheureuse ressentit au poignet était si aigue quelle sévanouit. Revenue à elle une demi heure après, elle appela sa femme de chambre. Celle ci, en entrant dans la pièce, sentit une forte odeur dobjets brûlés
Elle constata que sa maîtresse avait au poignet une brûlure qui laissait apparaître los ; et cette plaie montrait lempreinte dune main dhomme. Elle remarqua encore que de la porte au lit, et du lit à la porte, le tapis portait les marques de pas dhomme et que, à lendroit des pas, le tissu du tapis était calciné de part en part !
Le jour suivant, la dame apprit que le jeune lord était mort, cette nuit là même
Prions Que de fautes, ô mon Dieu, je me permets à moi même sans regrets, comme si cétait autant de bagatelles ! Ah, si je pensais aux comptes que jen rendrai un jour à Votre Justice, combien je serais plus vigilant. Daignez soutenir ma faiblesse et ranimer mon courage languissant. Daignez aussi faire miséricorde à mes frères de lEglise triomphante. Quils reposent en paix !
Onzième jour Sainteté des âmes du purgatoire
1. Elles aiment Dieu
« Toute âme, disait Ste Catherine de Gênes, dès quelle est en purgatoire, se trouve élevée à un état de perfection et dunion divine qui pourrait servir de modèle aux plus grands saints dici bas. » Il y a là, en effet, une multitude dâmes prédestinées qui ont triomphé de leurs passions, qui ont vaincu le monde et le démon, qui ont pratiqué les vertus les plus héroïques et sont sorties de ce lieu dexil chargées de mérites. Elles brilleraient comme des étoiles aux firmaments, si la robe de leur innocence navait été ternie par quelques grains de la poussière de la terre. Oui, ce sont des âmes belles, saintes, mortes à toutes imperfections. La moins précieuse vaut mieux que tout lunivers physique. Elles aiment leur Dieu, souverainement, totalement. Cet amour leur fait aimer leurs souffrances et la justice qui les retient dans le lieu de lexpiation. Leur ouvrirait on les portes du Ciel, quelles préféreraient rester dans les flammes purificatrices plutôt que de rentrer dans la gloire avec de légères imperfections. Elles ne peuvent assez remercier leur Bien Aimé de leur avoir préparé un lieu dexpiation pour leur permettre dacquérir cet éclat de beauté qui convient à ses épouses. Et mieux que Job, au milieu de leurs douleurs, elles redisent sans cesse : « Que le Saint Nom de Dieu soit béni ! »
Soyez donc compatissant pour ces saintes âmes, puisquelles ont, plus que jamais, besoin de notre assistance. Un jour, les rôles changeront, elles deviendront nos protections dans le Ciel, nos médiatrices auprès de Dieu, et alors, elles nous rendront avec bonheur, ce que nous aurons fait pour elles, au jour de leur affliction.
2. Elles sont aimées de Dieu
« Si Dieu, dit un auteur, nous aime, nous, pauvres pécheurs, si imparfaits, si dépourvus de vertus et de mérites, combien plus il aime ces saintes âmes du purgatoire, elles qui sont à lui pour toujours, et en qui Il voit resplendir la beauté de ses élus. » Elles lui sont infiniment plus chères. Ce sont Ses épouses, Ses enfants chéris, les héritières de Sa gloire, appelées à le bénir éternellement dans le Ciel. Toutes sont des pierres vivantes destinées à lédifice de la divine Jérusalem, et que le ciseau du divin sculpteur achève de tailler et de polir, avant de les faire entrer dans la place quIl leur a destinée de toute éternité. Il les aime tendrement, Il les contemple avec amour, Il désire vivement sunir à elles. Son Cur Paternel souffre de leur triste exil, mais Sa justice qui a ses droits aussi bien que Sa bonté, les retient dans la prison jusquà ce quelles aient payé toutes leurs dettes. Aussi, quelle joie pour ce Père bon et tendre, si un ami, un médiateur, sinterposant entre le châtiment et la faute, vient désarmer sa rigueur et la réconcilier avec lenfant de son amour ! Que de raisons daimer ces âmes bénies, et dexercer largement la miséricorde envers elles ! Elles sont si dignes de notre affection ! Quand nous faisons laumône à un pauvre, nous ne savons pas sil le mérite, sil nen sera pas plus coupable, plus ingrat. Mais ici, nous travaillons à coup sûr. La terre où nous semons est invariablement fidèle : pour chaque grain quon y jette, le Ciel récolte un fruit, et nous une bénédiction.
3. Exemple
Ste Gertrude, dans un ravissement, vit lâme dune religieuse qui avait passé sa vie dans lexercice des plus grandes vertus. Elle se tenait en présence de Notre Seigneur, revêtue des insignes de la charité, mais nosant porter ses regards sur la face adorable du Sauveur. Elle demeurait les yeux baissés, dans lattitude dun criminel, témoignant par ses gestes, lenvie de séloigner du divin Maître. Gertrude, étonnée dune conduite aussi étrange voulut en connaître la raison : « Dieu de bonté, dit elle, pourquoi ne recevez vous pas cette âme auprès de vous ? » A ces mots, Notre Seigneur étendit les bras avec amour, comme pour attirer cette âme vers Lui ; mais celle ci sen alla dans une respectueuse humilité. La Sainte, de plus en plus surprise, demanda à lâme de la religieuse pourquoi elle fuyait ainsi les embrassements dun aussi tendre époux : « Parce que je ne suis pas encore purifiée des souillures que mes fautes mont laissées et si Dieu maccordait dans létat où je suis, la libre entrée du Ciel, je ny consentirais pas, quelque brillante que je paraisse à ses yeux, je sais que je ne suis point encore une épouse digne de mon Sauveur. »
Ainsi ces saintes âmes endurent leurs souffrances de très bon cur, dans une résignation parfaite. Elles sont tellement transformées en Dieu, quelles ne voudraient pas, quand elles le pourraient, se soustraire à la moindre partie de leurs tourments. Elles les acceptent avec une joie qui grandit toujours à mesure quelles se rapprochent du terme de leur expiation. Quelles sont dignes de notre amour, de nos sympathies, de toute notre charité !
Prions Ô Dieu, qui pardonnez aux pécheurs et qui voulez le salut de tous les hommes, jetez un regard de bonté sur les âmes du purgatoire. Elles sont vos épouses, vos enfants de prédilection ; elles vous ont aimé tendrement et servi courageusement. Montrez leur votre divine Face. Ô Jésus, soyez leur propice ! Seigneur, appelez vos enfants et nos surs au séjour éternel, et que la lumière qui ne séteint pas, luise sur eux ! Quils reposent en paix !
Douzième jour Etat des âmes du purgatoire vis-à-vis de nous
1. Elles nous sont unies par les liens de la charité
Souvenez vous que nous somme unies à ces saintes âmes par les anneaux dune chaîne spirituelle et toute divine. Comme nous, elles ont été créées à limage de Dieu, rachetées par le sang de Jésus Christ, régénérées par les eaux du baptême, et nous pouvons dire en vérité que le même sein, celui de lEglise, nous a portés : que nous sommes enfants de la même mère. Comme nous aussi, et peut être à côté de nous, elles ont pris place à la table des Anges et elles ont reçu ce gage sacré de la vie éternelle. Elles ont emporté dans le monde futur les mêmes espérances qui adoucissent maintenant les amertumes de notre pèlerinage. Membres du même corps, héritières du même royaume, elles seront un jour nos compagnes déternité. Mais entre elles et nous, il y a cette différence, quelles sont malheureuses, captives, prisonnières, martyres, impuissantes à se secourir elles même, et quelles attendent de nous aide et consolation. Nous leur devons assistance. Ne sont ce pas les droits incontestables à notre compassion et à notre amour ? Si les enfants dune même famille saiment tendrement entre eux, si les peines de lun deviennent les peines de tous, ne doit il pas en être de même des enfants de lEglise ? Où serait notre charité, si nous naimions pas ces pauvres âmes, abîmées dans la douleur ? Serait il possible quétant homme, et surtout chrétien, nous fussions insensibles à leurs maux ? Aimons les comme nous même, aimons les comme Jésus Christ nous a aimés. Alors nous les soulagerons, nous les délivrerons.
« Mes petits enfants, écrivait lapôtre St Jean, peu de temps avant de mourir, naimons pas seulement en paroles, mais véritablement en le prouvant par des actes. »
2. Elles nous sont unies par les liens de la fraternité
Parmi ces voix qui appellent, ne retrouvez vous pas la voix dun frère, dune sur, dun enfant chéri, dun époux, dune épouse bien aimée, que lamour avait unis et que la mort a séparés, la voix dun père, dune mère dont le sang coule dans nos veines ? Ce cri du sans, cette voix de la famille, que vous dit elle ?
« Viens, viens à mon secours : il y a si longtemps que je tappelle, je nai que toi et tu ne viens pas. Viens donc avec ton cur, avec ta prière, avec tes bonnes uvres, avec ton dévouement ; viens marracher à ces brûlants abîmes, viens me donner le Ciel, Dieu, lEternité, viens ! »
Comment résister à ce cri de détresse ? Savons nous si nous navons pas contribué à augmenter le purgatoire de ceux qui nous ont tant aimés ?
3. Exemple
En 1864, un artiste juif, converti pendant un sermon sur lEucharistie, avait quitté le monde après avoir reçu le baptême et sétait retiré dans un ordre religieux très austère ; il passait chaque jour plusieurs heures à adorer le Saint Sacrement, et dans ses effusions de ferveur, il demandait à Jésus Christ surtout la conversion de sa mère quil entourait de la plus filiale tendresse. Il ne lobtint point cependant, sa mère mourut. Pénétré dune amère douleur, ce bon fils va se prosterner devant le Tabernacle, et donnant libre cours à ses plaintes : « Seigneur, disait il, je vous dois tout il est vrai, mais que vous ai je refusé ? Ma jeunesse, mes espérances dans le monde, le bien être, les joies de la famille, un repos peut être légitime, jai tout sacrifié dès que vous mavez appelé. Mon sang, je leusse donné de même. Et Vous, Seigneur, Vous lEternelle Bonté, qui avez promis de rendre au centuple, vous mavez refusé lâme de ma mère ! Mon Dieu, je succombe à ce martyre, le murmure va sexhaler de mes lèvres. » Les sanglots étouffaient ce pauvre cur. Tout à coup une voix mystérieuse frappe ses oreilles et dit : « Homme de peu de foi, ta mère est sauvée. Sache que la prière a tout pouvoir auprès de Moi, jai recueilli toutes celles que tu mas adressées pour ta mère, et ma Providence lui en a tenu compte, à son heure dernière. Au moment où elle expirait, je me suis présenté à elle, et à ma vue elle sest écriée : Mon Seigneur et mon Dieu ! Relève donc ton courage : ta mère a évité la damnation et tes supplications ferventes délivreront bientôt son âme de la prison du purgatoire. »
Le père Hermann apprit bientôt, par une seconde apparition, que sa mère montait au ciel. Prions beaucoup pour nos parents défunts !
Prions Miséricorde, Seigneur, pour les âmes auxquelles vous mavez uni par des liens si doux, si étroits, et que vous me faisiez un devoir daimer. Oui, Miséricorde pour les âmes de mes parents, de mes bienfaiteurs, de mes amis. Seigneur, laissez vous fléchir par les prières et les larmes que je vous offre par elles. O Jésus ! O Marie ! Soyez leur propice ! Appelez vos enfants et nos frères dans le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix.
Treizième jour Les âmes délaissées
1. Délaissées par leurs amis
Considérez quil y a au purgatoire des âmes entièrement délaissées, auxquelles personne ne sintéresse, et qui souffrent sans consolations. LEglise, il est vrai, noublie aucun de ses enfants et les âmes dont nous parlons ont droit comme les autres aux prières que cette tendre Mère adresse tous les jours au Seigneur en faveur des défunts ; mais à part ces prières communes, il ne leur vient de la terre aucun secours particulier. Elles sont abandonnées de leurs amis qui leur avaient promis et juré une affection impérissable. Mais comme cette affection était purement humaine et souvent égoïste, elle sest éteinte avec le dernier son de la cloche.
Quel surcroît daffliction ne cause pas à ces pauvres prisonnières ce délaissement si inattendu ! Ecoutez ces justes reproches quelles adressent à ceux qui ont si tôt oublié les devoirs de lamitié : « Ayez donc pitié de nous, vous du moins qui êtes nos amis. Nous vous avons donné tant de gages de notre affection et de notre dévouement, à vous qui nous aimiez si tendrement ! Vous aviez promis, à notre heure dernière, en nous disant adieu, que vous ne nous oublieriez jamais ! Et vous ne pensez plus à nous : pas une prière, pas une aumône, pas une larme, pas un soupir. Parce que nous sommes loin des yeux, vous nous avez bannies de votre cur. » O inconstance des affections humaines qui sen vont, comme dit Bossuet, avec les années et les intérêts !
Ces reproches ne sadressent ils pas à vous ? Pensez vous quelque fois aux amis de votre enfance, de votre jeunesse, que la mort vous a ravis ? « Ces chers morts, nous les oublions beaucoup trop, disait St François de Sales, et pourtant ils nous ont tant aimés pendant leur vie ! » Craignons dêtre délaissé à notre tour, car il est écrit que celui qui oublie sera oublié.
2. Délaissées par leurs parents
Délaissées de leurs amis, ces pauvres âmes dont nous parlons le sont aussi de leurs parents, soit quils nexistent plus en ce monde, soit quils aient abjuré tout sentiment de charité et de reconnaissance. Oui, leur père, mère, frères, surs, ou héritiers les ont abandonnées. Où quelles portent leurs regards, elles ne rencontrent que loubli, le délaissement. Loubli sur toute vie quaucune parole ne rappelle plus ; loubli sur leur nom que personne ne prononce ; loubli sur leur tombeau qui ne reçoit ni visite ni prière ; loubli sur leurs souffrances doutre tombe que personne ne cherche à soulager ; loubli partout et toujours. Pauvres âmes ! Qui sait combien dureront leurs douleurs, leur séjour dans ce terrible purgatoire où elles ne reçoivent aucun secours ? Comme ce cruel isolement doit ajouter à leurs souffrances ! Elles ont le droit de sécrier avec le Prophète : « Mes proches se sont éloignés de moi et ma famille ma jetée dans loubli ; mon père et ma mère mont abandonnée, je suis devenue pour eux tous comme un vase brisé quon laisse de côté et auquel personne ne pense plus. »
Comme Jésus, abandonné de tout le monde au jardin de Gethsémani, elles peuvent dire : « Jai cherché un consolateur et je nen ai point trouvé ! »
Priez souvent, allez à la Messe en semaine pour les morts les plus délaissés. Devenez leur père, leur mère, leur frère, leur sur, leur ami. Est il une uvre plus digne de votre zèle, et de votre charité ? Un jour, ils prieront pour vous, si, ce qui est probable, vos parents et vos héritiers vous oublient et vous délaissent.
3. Exemple
Dans une paroisse de campagne, un crime affreux était venu consterner les curs. Un jeune homme, endurci par ces passions qui rendent le cur féroce avait eu la cruauté de conspirer avec un infâme, lassassinat de sa propre mère. Ces deux bourreaux lavaient jeté dans une mare deau boueuse. La pauvre mère se débattait dans les flots et tendaient les bras vers ses assassins. Létranger, de sa main barbare, repoussait la malheureuse femme, qui essayait de se ratt acher à la rive. Mais le fils, tout scélérat quil était, quand il vit sa mère tendre vers lui ces bras qui lavaient porté, fut vaincu par la nature et sa férocité tomba. Il lui tendit la main pour la retirer de labîme, mais son complice la repoussa et la plongea dans la mort.
Le purgatoire est comme un lac invisible où des amis, des proches, des parents nous tendent les bras pour que nous les secourions. Peut être avons-nous participé à les plonger dans cet effroyable supplice. Et pendant que nous poursuivons follement nos plaisirs, ils souffrent et nous appellent. Ne les délivrerons nous pas ? Saintes âmes ! Nous serons votre famille, vos amis, vos sauveurs. Et un jour, vous viendrez aussi à notre aide.
Prions O Jésus ! Abandonné de tout le monde et même de vos apôtres, dans le jardin de Gethsémani, ayez pitié de toutes les saintes âmes du purgatoire, en particulier de celles qui ne reçoivent ni prières ni consolations de la part des vivants . Soyez leur consolateur, leur libérateur. O Jésus, appelez enfin ces enfants délaissés au sein de leur famille du Ciel. Quils reposent en paix.
Quatorzième jour Soulagement des âmes du purgatoire
1. Nous pouvons les soulager
« Nous croyons, définit le Concile de Trente, que les âmes détenues en purgatoire sont soulagées par les suffrages des fidèles. » Cest ainsi que dans sa magnifique et divine unité, lEglise comprend les chrétiens de tous les temps et de tous les états. La charité qui les unit et rend commun leurs biens spirituels, ne sétend pas seulement aux vivants, elle passe au delà du tombeau avec ceux qui sont morts dans la paix du Seigneur. « La charité, disait St Paul, nest pas comme la foi et lespérance, qui séteignent pour nous, à notre dernier soupir, elle survit à la mort et ne périt jamais. » Ainsi les justes, après leur trépas, ne sont pas séparés de lEglise, ni retranchés de la communion des saints, ils sont toujours nos frères, nos amis, notre prochain. Comme les anges et les élus du Ciel, nous pouvons aussi délivrer ces âmes de leur prison. Bien plus, les anges et les saints ne le peuvent que par leurs prières, et nous le pouvons, nous, par toutes sortes dactes damour, de bonnes intentions, de prières et de charité. « Dieu nous a donné une telle puissance sur le sort de ces âmes, dit le père Faber, quil semble plus dépendre de la terre que du Ciel. Telle est la consolante doctrine de lEglise ! Telle est la touchante économie de la Communion des Saints. »
Quelle joie pour vous qui pleurez un père, une mère, un époux, un enfant ! Consolez vous, vous pouvez encore leur donner des preuves de votre amour, de votre dévouement ; vous pouvez être leur ange libérateur. Hâtez vous donc, venez briser leurs chaînes, venez solder leurs dettes, afin que ces chères âmes puissent senvoler dans le sein de lEglise Triomphante.
2. Nous pouvons les soulager
Non seulement nous pouvons, mais encore nous devons venir au secours de ces âmes malheureuses. Nous le devons à Dieu. Père bon et tendre, il les aime comme ses épouses et désire vivement leur ouvrir la porte du Ciel, mais sa justice sy oppose. Alors, Il se tourne vers nous et nous supplie de les aider ; Il nous en fournit les moyens et regarde comme fait à Lui même ce que nous ferons pour la plus coupable et la plus souffrante dentre elles.
Nous le devons à ces pauvres exilées. Quelques unes, ou un grand nombre peut être, souffrent en purgatoire par notre faute, par suite de notre négligence, de nos mauvais conseils, de nos scandales. Et nous ne ferions rien pour les soulager ! Et nous oserions dire : je suis innocent des larmes de sang répandues par ce juste !
Enfin nous le devons à nous même. Noublions pas que nous aurons besoin un jour, peut-être bientôt, quon exerce envers nous, la charité que nous pouvons maintenant exercer envers les autres.
« Tout ce que la piété nous inspire de faire pour nos défunts, disait St Ambroise, se change en uvres méritoires pour nous et à la fin de notre vie, nous recevrons au centuple ce que nous aurons donné. » Interrogez votre conscience. Avez vous bien compris et pratiqué jusquà ce jour, cet important devoir ? Pensez vous souvent, pensez vous chaque jour aux âmes souffrantes du purgatoire ? Ayez donc à lavenir cette charité que Dieu commande et bénit ; cette charité qui ouvre le Ciel à celui qui lexerce et à celui qui en est lobjet ; cette charité qui est le passeport du chrétien pour lautre monde.
3. Exemple
Catherine de Cortone était issue dune famille ducale. Petite enfant, sa piété et sa ferveur étaient celles dun ange. Elle navait pas encore atteint sa huitième année lorsquelle perdit son père. Un jour, il lui apparut tout enveloppé des flammes du purgatoire. « Ma fille, lui dit il, je serai dans le feu jusquà ce que tu aies fait pénitence pour moi. » Le cur empli de compassion, Catherine séleva avec un courage viril au-dessus de la faiblesse de son âge. Elle préluda dès ce jour à ces austérités étonnantes qui ont fait delle un prodige de pénitence. Ses larmes, ses prières, ses mortifications eurent bientôt désarmé la Justice Divine et acquitté la dette paternelle. Son père, rayonnant de léclat des bienheureux, lui apparut de nouveau et lui adressa ces paroles : « Dieu a accepté tes actes damour, tes prières, ma fille ; je vais jouir de la Gloire. Continue toute ta vie de timmoler en victime pour le salut des âmes souffrantes, cest la Volonté Divine. » Lhéroïque vierge fut fidèle à sa mission sublime. Toute sa vie, elle pria et pratiqua des austérités effrayantes pour le soulagement des morts. Ses pieuses compagnes voulurent lengager à diminuer un peu ses pénitences. Elle répondit par ses remarquables paroles qui trahissent tout le secret de sa vie : « Quand on a vu comme moi ce que sont le purgatoire et lenfer, on nen fera jamais trop pour tirer les âmes de lun et les préserver de lautre. Je ne dois donc pas mépargner, parce que je me suis offerte en sacrifice pour elles. »
Et nous aussi, nous avons la mission et le devoir de secourir les âmes que Jésus a rachetées ; ne loublions jamais.
Prions Soyez béni, Ô mon Dieu, davoir bien voulu me confier le soulagement de ces âmes que vous aimez et qui ont tant de titres à ma compassion. Quil mest doux de pouvoir essuyer leurs larmes et leur ouvrir le Ciel ! Rappelez-moi souvent ce grand devoir de la charité et aidez-moi à laccomplir. O Jésus, soyez propice à nos chers défunts. Appelez vos enfants et nos frères au Bonheur Eternel, et que la lumière qui ne séteint plus luise sur eux ! Quils reposent en paix.
Quinzième jour Loubli des morts
1. Il dénote une grande insensibilité
Un pauvre appelé Lazare, couvert dulcères et de haillons, gisait à la porte dun homme riche et opulent ; il demandait peu : les miettes seulement qui tombaient de la table du riche. Mais celui ci les refusait impitoyablement. Quelle insensibilité, quelle dureté ! Faut il sétonner si ce mauvais riche, après sa mort, descendit en enfer, pendant que Lazare montait dans le sein dAbraham ?
Le souvenir de nos parents défunts est sans cesse présent à notre esprit et à nos curs. La maison que nous habitons, le nom que nous portons, les biens dont nous jouissons, tout nous rappelle leur image. Pourtant ils ne crient pas, leur tombe est muette, mais lEglise, leur mère commune, ne nous dit elle pas sans cesse : « Ayez pitié de vos morts. Laissez tomber de votre table quelques miettes pour apaiser leur faim, quelques gouttes pour étancher leur soif. Méchant serviteur, ne dois tu pas prendre pitié de ton frère ? »
Quoi donc, il a vécu, il a travaillé pour vous dans sa vie, et maintenant quil vous demande quelques miettes de lhéritage quil vous a laissé, vous les lui refusez ?… Si comme le mauvais riche, nous sommes insensibles aux cris de détresse de nos frères, Dieu sera insensible aux nôtres. Comment pourrait il nous accueillir en son sein ?
2. Il révèle une noire ingratitude
Un officier de Pharaon ayant encouru la disgrâce du roi fut jeté en prison avec Joseph. Homme doux et compatissant, Joseph se lia damitié avec son compagnon dinfortune, adoucit son chagrin, interpréta ses songes et lui donna lassurance dun prompt rétablissement. Pour toute récompense de ses services, il lui demanda seulement de se souvenir de lui auprès du roi. Hélas ! Cet ingrat, enivré des douceurs de ses nouvelles prospérités, oublia entièrement son bienfaiteur, et linfortuné Joseph languit encore deux années dans les fers.
Ce cruel oubli nest il pas révoltant ? Et comment pouvez vous oublier vous même tant de parents, tant de bienfaiteurs dont vous avez reçu la vie, dont vous possédez les biens, à qui vous devez votre fortune, votre réussite ? Naguère, quand ils vous disaient adieu, et vous priaient de ne pas les oublier, vous répondiez en pleurant. Mais le temps a séché vos larmes et vous les avez bientôt oubliés. Vous navez plus pour eux ni regret, ni tendresse ni reconnaissance. Vous vous repaissez, comme lofficier de Pharaon, du bien être quils vous ont acquis, à la sueur de leur front, et vous lez laissez gémir comme Joseph, dans la prison du purgatoire. Où sont donc votre foi, votre conscience, votre cur, votre mémoire ? « Seigneur, Seigneur, réparez cet étrange oubli, et donnez à nos frères souffrants et abandonnés le repos et la gloire éternelle. »
3. Exemple
Chaganus, ayant mis en fuite larmée de Maurice, exigea de lempereur une somme dargent considérable pour le rachat des nombreux prisonniers quil avait faits. Maurice refusa. Le vainqueur demanda alors une somme moins forte qui ne lui fut pas accordée. Après avoir réduit à bien peu de choses la rançon quil désirait sans pouvoir lobtenir, le barbare irrité fit couper la tête à tous les soldats impériaux quil avait eus en son pouvoir. Peu de jours après, Maurice eut une épouvantable vision. Il vit une multitude desclaves qui portaient des chaînes pesantes. Ces infortunés, avec des accents horribles, criaient vengeance contre lui. Le Juge Souverain, irrité, lui disait : « Aimes tu mieux être puni en monde ou en lautre ? » « Ah Seigneur ! Je préfère être châtié en ce monde. » répondit lempereur consterné. « Et bien, en punition de ta cruauté envers ces pauvres soldats, dont tu nas pas voulu sauver la vie, lorsque tu le pouvais à si peu de frais, lun deux tenlèvera ta couronne, ta réputation et ta vie, et toute ta famille te suivra dans ta chute ! » En effet, peu de jours après, larmée sinsurgea et proclama Phocas empereur. Maurice, fugitif, senfuit sur un petit navire ; mais ce fut en vain. Les partisans de Phocas se saisirent de lui, et le chargèrent de chaînes. Ce malheureux père eut la douleur de voir massacrer ses cinq fils et il mourut lui même ignominieusement.
Ame chrétienne, qui lisez ces lignes, pensez y : ce ne sont pas de pauvres soldats, ce sont vos propres frères, vos chers parents qui gémissent, devenus prisonniers aimants de la Justice Divine. Dieu miséricordieux vous demande pour leur rachat une prière, une communion, une aumône. Serez vous assez dur ou assez insensible pour les refuser ?
Prions Comment pourrais je oublier, Seigneur, ces âmes auxquelles la mienne était liée par les liens de laffection et de la parenté ? Comment pourrais je abandonner dans leurs cruelles souffrances ces êtres chéris, qui mont donné pendant leur vie des preuves si nombreuses dune affection toute tendre et dévouée ? Tous les jours de ma vie et jusquà mon dernier soupir, je prierai pour eux. O Jésus, soyez leur propice. Appelez vos enfants et nos frères dans la Cité Sainte. Quils reposent dans la paix éternelle !
Seizième Jour Premier motif de soulager les âmes du purgatoire : la gloire de Dieu
1. Cette dévotion glorifie Dieu
Le premier motif qui doit nous engager à hâter par tous les moyens possibles la délivrance des saintes âmes du purgatoire, est la gloire qui en revient à Dieu. En effet, rien ne glorifie le Très Haut, ne fait bénir son nom, ne dilate son cur paternel, rien ne contribue davantage à laccomplissement de Sa Volonté adorable, que le soulagement des morts. Comprenons le bien, en leur ouvrant le Ciel, nous donnons à Dieu des voix pour Le louer, des curs pour Laimer et Le bénir ; nous lui donnons des âmes qui vont se consumer au pied du trône de son éternité, dans les ardeurs dun amour si pur, si parfait et si grand, quil ne nous est pas même donné de le comprendre dans le lieu de notre exil.
« Il nest rien de plus agréable à Dieu, disait Saint Augustin, que le soulagement et la délivrance des fidèles trépassés. » « Cest, ajoutait Bourdaloue, un apostolat plus beau, plus grand et plus méritoire, que la conversion des pécheurs, des infidèles, des païens. »
Hâtons nous donc de satisfaire aux droits de la Justice Divine pour procurer cette Glorification. Ces âmes feront pour nous dans le Ciel ce que nous faisons si mal dans ce monde. Ce sont des voix pures, angéliques, qui diront pour nous ce cantique de la patrie que nous ne pouvons pas chanter sur une terre étrangère. Cest par leurs chants de triomphe que nous glorifierons le Dieu de toute gloire et de toute majesté. Et ce Dieu, qui a promis de ne point laisser sans récompense un verre deau froide, donné à un pauvre en Son Nom, comblera de largesses ceux qui se dévouent pour Lui donner des âmes quIl aime tendrement.
2. Elle réjouit Ses Saints
Souvenons nous quen délivrant ces âmes par nos actes damour, non seulement nous glorifions Dieu, mais nous réjouissons le Ciel tout entier. Lentrée dun nouvel élu dans cette belle patrie est une fête de famille pour tous ses heureux habitants ; chacun deux laccueille et le félicite avec une joie fraternelle. Marie, la Mère de Miséricorde, la Consolatrice de lEglise Souffrante tressaille dune sainte allégresse, sunit à Jésus pour déposer sur son front la couronne de gloire et dimmortalité promise aux vainqueurs. Son Ange Gardien et son Saint Patron le saluent avec une joie ineffable et le félicitent de sa délivrance et de son bonheur. Toute la Cour Céleste, qui se réjouit à la conversion d un pécheur, se réjouit davantage encore en voyant augmenter le nombre des élus ; elle entonne de nouvelles hymnes à la gloire de lAgneau Divin dont la grâce, victorieuse de la faiblesse humaine, élève les fils dAdam sur les trônes des anges déchus.
Attachons nous à une dévotion si agréable à Dieu et à tous ses amis. Prêtons loreille, non plus aux gémissements des âmes du purgatoire, mais aux pressantes invitations de Jésus Christ, de la Sainte Vierge et des Saints qui nous supplient dintroduire près deux, dans la Cité du Bonheur, nos frères qui pleurent dans le purgatoire. Rendons ces orphelins à leur Père qui est au Ciel, ces pauvres exilés à leur Patrie Eternelle. Un jour bientôt, nous irons les rejoindre et partager leur félicité.
3. Exemple
Il est raconté au Livre de Daniel, que le roi de Perse, Darius, avait fait une loi dont la violation comportait la peine dêtre exposé aux lions et dévoré par eux. Le prophète Daniel, adorateur du vrai Dieu, ne pouvant se soumettre à cette loi païenne, fut accusé comme violateur de la volonté royale. Le roi qui aimait Daniel fur désolé de savoir quil venait dêtre accusé dun crime le faisant condamner à la fosse aux lions. Mais pour ne pas se mettre en opposition avec la loi quil venait de porter, il consentit à ce que le prophète fut précipité dans cette épouvantable fosse. Cependant en le laissant partir, il lui dit : « Daniel, Serviteur de Dieu, va tranquille ; ce que je ne puis pas faire moi, sans blesser ma justice, jai confiance que le Dieu que tu adores le fera, et Il te délivrera dans Sa Miséricorde. » EN effet, Dieu veilla miraculeusement sur Daniel. Il ferma dabord la gueule des lions qui, au lieu dêtre ses bourreaux, étaient devenus ses gardiens. Ensuite, il envoya son Ange pour lui porter à manger.
Voilà limage de ce qui arrive aux âmes du purgatoire. Dieu, en les voyant entachées de péchés, endettées envers Sa Justice, ne peut pas les admettre dans Son Royaume, Il est obligé de les laisser aller dans la prison de lexpiation, et Il leur dit : « Allez avec confiance, car ce que Je ne puis pas faire à cause de Ma Justice, vous âmes chrétiennes, vous le ferez, vous serez les ministres de Ma Miséricorde, vous êtes constituées libératrices du purgatoire, comme Moïse fut libérateur du peuple Israël en Egypte. A vous de soulager et délivrer ces pauvres prisonnières ; à vous de leur porter la nourriture spirituelle quelles attendent avec impatience. » Quelle noble et sainte mission !
Prions O Dieu infiniment Bon et infiniment Aimable, oubliez, je vous en supplie, les droits de Votre Justice pour ne Vous souvenir que de ceux de Votre Miséricorde ; exercez la dans toute son étendue sur ces âmes qui Vous sont si chères. Ouvrez leur Votre sein Paternel et permettez leur de Vous glorifier dans le Ciel par leurs actions de grâce et leurs éternelles louanges. Douce Marie, Saintes et Saints du Ciel, intercédez pour elles. O Jésus, soyez leur propice. Montrez leur Votre Face dans la Jérusalem céleste ! Quelles reposent en paix.
Dix-septième jour Deuxième motif : lamour de Notre Seigneur
1. Combien Il aime les âmes du purgatoire
Considérez que NSJC a pour les âmes du purgatoire, comme pour toutes les âmes rachetées au prix de son sang, un amour infini. Chacune peut dire : « Il ma aimé et sest livré pour moi » Et sil y a des mesures et des degrés dans linfini, Il doit les aimer plus que nous, parce que confirmées en grâce, ne pouvant plus pécher, elles ne Loffenseront jamais plus, et parce -quelles Le bénissent et Le chérissent plus tendrement que nous. Oui, nen doutons pas, les yeux et le cur du Miséricordieux Jésus, sont sans cesse attachés sur ces martyrs doutre tombe, sur nos frères les morts. Loin de les oublier, de les délaisser dans les souffrances, on peut dire quIl souffre en quelque sorte en eux. Il souffre comme Rédempteur dans ces âmes quIl a rachetées par tant de sacrifices ; comme Père, comme Epoux, comme Chef, dans les membres de Son Corps Mystique. Leurs douleurs lui rappellent Ses propres douleurs, leur amour appelle Son Amour. SIl pouvait mourir, Il mourrait encore pour payer leurs dettes et leur ouvrir la porte du Paradis ; et pour retenir la force de Son Amour, il faut toute la Sagesse et toute la Miséricordieuse Justice dun Dieu qui a horreur de la moindre tâche.
Ayons les sentiments du Cur de NSJC. Comme Lui, aimons nos frères de lEglise Souffrante, aimons les tendrement à cause de leur sainteté et de la durée de leurs tourments. Aimons les comme nous même pour lamour de Dieu. Alors, nous prendrons une large part à leurs peines et nous leur tendrons une main secourable.
2. Combien NS désire que nous soulagions les âmes du purgatoire
NSJC ne peut pas délivrer lui même les âmes du purgatoire ; la Justice Divine sy oppose, mais du Tabernacle, où lAmour le rend captif, il incite tous les fidèles de la terre à prier pour elles, à faire descendre le rafraîchissement et la paix dans le lieu de lexpiation. Il dit un jour à Ste Gertrude : « Toutes les fois que vous délivrez une prisonnière, cela mest aussi agréable que si vous me rachetiez moi même de la captivité, et je saurai bien vous en récompenser. » A lautel où il simmole, Il ne veut pas que Son Sacrifice soit offert une seule fois, sans que le prêtre et les assistants aient un souvenir pour lEglise Souffrante. Enfin, Il réunit en un seul trésor tous Ses Mérites, tous ceux de sa Divine Mère et des saints et Il demande à tous les fidèles dy puiser à pleines mains, afin dacquitter les âmes du purgatoire ; la Justice Divine sy oppose mais du Tabernacle, Il sécrie : « Rendez moi mes enfants, délivrez les par la prière, par le St Sacrifice, par les indulgences ; hâtez le moment où il Me sera donné de les couronner dans la gloire et de les inonder dun torrent de délices. »
Pour exciter notre charité, Il ne cesse de nous répéter ce quIl disait à Ses disciples en leur parlant des pauvres : « Tout ce que vous ferez pour le moindre dentre eux, je le regarderai comme fait à Moi même. » Et Il nous récompensera un jour, comme si Lui même eût été délivré. Chers amis, quel puissant motif, pour nous enflammer de zèle en faveur dune uvre si grande, si facile à accomplir ! Quelle joie de pouvoir si aisément satisfaire les désirs brûlants du Cur de NSJC. Le Divin Sauveur dit un jour à la Vénérable Marie Lataste : « Vous ne sauriez rien faire de plus agréable à Dieu que de venir au secours de ces âmes » Parmi les âmes du purgatoire ne sont pas assez recommandées à la prière des fidèles. Et cependant combien sont grands et nombreux les bienfaits que nous devons aux prêtres ! La plupart des biens et des bénédictions de la religion nous arrivent par le prêtre. Du berceau jusquà la tombe, il est pour nous le distributeur de grâces, le consolateur, le soutien, le conseiller. NS lui disait un jour : « Ma fille, priez beaucoup, beaucoup pour mes prêtres, car on ne prie pas assez pour eux ; les fidèles oublient trop quil est de leur devoir de prier pour les prêtres, qui sont leurs pères par rapport à leur salut. » Plus grande est la dignité dune personne, plus grande aussi sa responsabilité, plus le jugement sera sévère. Voilà pourquoi, nombre de prêtres doivent aussi passer par le purgatoire. Prions donc pour leur libération, afin que parvenus dans la gloire du Paradis, ils soient nos intercesseurs puissants auprès de Dieu !
3. Exemple
Dans une lettre écrite à une dame du monde, le Père Lacordaire racontait quun paysan de Pologne venant à mourir, fut placé par la Justice Divine dans les flammes de lexpiation. Sa pieuse épouse ne cessait de prier pour le repos de son âme. Ne croyant pas ses prières assez efficaces, elle désira sadresser au Cur de NSJC et faire célébrer le Saint Sacrifice de la Messe en son honneur, pour la délivrance de celui quelle pleurait. Mais elle était pauvre et ne possédait pas le modeste honoraire quil est dusage doffrir pour la célébration de loffice divin. Elle se présenta devant un riche personnage qui était philosophe, incrédule, et lui exposa humblement lobjet de sa demande. Celui ci se laissant attendrir lui donna loffrande quelle sollicitait. La veuve aussitôt fit célébrer la Sainte Messe, à la Chapelle du Sacré Cur, pour la délivrance de son cher époux, et y assista avec toute la ferveur possible. Dieu permit que quelques jours après, le paysan défunt apparut au riche bienfaiteur : « Je vous remercie, lui dit il, de laumône que vous avez faite pour loffrande du Divin Sacrifice : cette oblation a délivré mon âme du purgatoire où elle était détenue, et maintenant en reconnaissance de votre charité, je viens de la part du Seigneur vous annoncer que votre mort est prochaine, et que vous devez vous réconcilier avec Lui. » Et ce riche incrédule se convertit et mourut en effet dans les sentiments les plus chrétiens. Amour, reconnaissance au Cur de NSJC !
Prions O Jésus, plein de Miséricorde et de bonté, Vous qui avez tant aimé les hommes, qui les justifiez par la foi, les glorifiez par la grâce, je vous en prie, par la vertu de la blessure de Votre Côté Sacré, ouvert par la lance sur la croix, délivrez les trépassés du feu du purgatoire et rendez les dignes de la gloire de vos saints. Soyez leur propice Ô Jésus. Appelez vos enfants et nos frères au séjour Eternel. Quils reposent en paix.
Dix huitième jour Troisième motif : lamour de Marie
1. Elle console les âmes du purgatoire
Marie ne se contente pas dencourager et de consoler ses chers enfants de la terre, elle est aussi la Consolatrice de ceux que la Justice et lAmour retiennent dans le lieu de lexpiation. Quelle mère voyant son enfant tombé dans un brasier ardent et pouvant le secourir, ne volerait pas à son secours ? Et Marie, la plus aimante des mères, resterait insensible aux tortures de ses enfants tombés dans les flammes expiatrices de la Justice Divine ? Oh non, mille fois non ! Pleine de compassion pour eux, elle soccupe de les soulager. Il ny a pas de peine dans cette sombre prison quelle nadoucisse ; il ny a pas dheure pendant laquelle elle ne verse sur ce feu purificateur, une pluie rafraîchissante. « Oh, comme Marie est bonne, sécrie St Vincent Ferrier, pour ces âmes captives qui gémissent dans le purgatoire ! Par son entremise, elles sont à chaque instant soulagées et secourues. » La Ste Vierge disait à Ste Brigitte : « Je suis la mère de tous ceux qui sont au purgatoire, et toutes les peines qui sont infligées aux morts, pour lexpiation de leurs fautes, sont allégées par mes prières. »
Heureux sont les vrais enfants de Marie. Sa protection ne les accompagne pas seulement en ce monde, mais elle va les chercher pour consoler leurs misères invisibles, impalpables, quon pourrait appeler misères doutre tombe. Que cette pensée est douce et consolante. Quil est agréable despérer lassistance de la Ste Vierge à notre heure dernière, de savoir quelle viendra nous visiter, nous consoler, si malheureusement nous tombons dans labîme du purgatoire. Quel puissant motif de laimer tendrement en ce monde ! O Marie ! Mère de Miséricorde ! Consolatrice des affligés, préservez nous, délivrez nous du purgatoire.
2. Elle les délivre
La Très Ste Vierge ne se borne pas à visiter, à soulager les âmes captives, elle les délivre par son intercession. Pour hâter la fin de leurs peines, elle inspire aux vivants de les aider de leurs suffrages, et elle supplie son Divin Fils de les admettre dans le séjour de la Paix. Or, ce que Marie demande, elle lobtient toujours. Aussi combien dâmes oubliées ou insuffisamment secourues gémiraient pendant des siècles dans ce lieu dindicibles tourments si la Vierge clémente ne hâtait lheure de leur délivrance ! Combien senvolent dans le Ciel sur les ailes de son amour, surtout lorsque lEglise célèbre ses touchantes solennités. Gerson assurait que le jour où elle monta au Paradis, une multitude dâmes qui étaient en purgatoire furent délivrées par son intercession.
St Louis Marie Grignon de Montfort, lui, affirmait quà ce moment là, la joie dans le Ciel augmentait de moitié ! Cest aussi une pieuse croyance que tous les samedis et les jours de ses fêtes, cette Bonne Mère descend dans le lieu de la Justice Divine pour en retirer un grand nombre de prisonnières dont elle a obtenu la grâce, heureuse demmener ses enfants avec elle pour les associer au bonheur de sa famille du Ciel. Oui, il y a là haut un nombre incalculable de bienheureux qui doivent leur délivrance du purgatoire à lAuguste Reine du Ciel.
Ames chrétiennes, priez tous les jours Marie en faveur de vos chers défunts, demandez lui leur soulagement. A cette fin, offrez lui de temps à autres quelque mortification, une communion, une visite à la chapelle où elle est spécialement honorée. La Mère de Dieu déclara à Ste Brigitte : « Je suis la mère de toutes les âmes du purgatoire et toutes les peines quelles ont méritées sont à toute heure plus ou moins adoucies par mon intercession. » Les dévots de Marie ne sont pas malheureux en purgatoire, ils ne sont pas abandonnés ; Marie est puissante pour les secourir ; mais nous devons la prier, surtout en récitant le Rosaire. St Alphonse de Liguori disait : « Si nous désirons secourir efficacement les âmes du purgatoire, nous devons toujours les recommander dans nos prières à la Très Ste Vierge, et surtout offrir pour elles le chapelet ou le Rosaire par lequel elles sont soulagées. »
Bonne Mère, ayez pitié de mes frères souffrants, procurez leur le repos éternel. Souvenez vous quils sont vos enfants et que vous êtes toujours leur mère.
3. Exemple
Une sainte religieuse avait donné pendant quelques temps ses soins à une pauvre fille qui était dans un état déplorable tant pour lâme que pour le corps. Après avoir menée une vie scandaleuse, elle avait été frappée dune maladie honteuse qui la rendait un objet de dégoût et de mépris pour tout le monde. Linfection quelle répandait autour delle était telle que ses voisines lavait contrainte de chercher un gîte dans une vieille masure isolée. Son caractère était si acariâtre que, seule notre religieuse, surmontant le dégoût quelle lui inspirait, venait comme un ange du Ciel de quoi supporter sa malheureuse existence. Toutefois, ses services nétaient payés que par des injures. Lorsque la Sur lui parlait de Dieu, cette créature ne répondait que par des blasphèmes.
Un jour, survint une crise épouvantable, et linfortunée malade mourut presque subitement. Sur le point de paraître devant le Souverain Juge, elle se souvint des miséricordes de Marie, quelle avait quelquefois invoquée dans sa jeunesse, et elle lui dit : « O vous qui nabandonnez pas ceux que tout le monde repousse, Mère pleine de tendresse, venez à mon secours ! Si vous mes laissez, je suis perdue ! » Et Marie vint au secours de la pécheresse, lui inspira des actes de repentir et la préserva de lenfer.
Le lendemain, on trouva le cadavre hideux étendu par terre, et chacun de sécrier que lâme était réprouvée. La sur en était elle même si convaincue, quelle leffaça de son souvenir. Cependant, un jour, celle quelle croyait damnée, lui apparut par la permission de Dieu, et lui dit : « Vous qui priez pour tout le monde, moubliez vous ? » « Quoi ? sécria la sainte religieuse, vous ? en purgatoire ??? » La pauvre pécheresse lui raconta le miracle de salut qui sétait opéré en elle, à son agonie, la suppliant de prier la Ste Vierge de la délivrer du purgatoire comme elle lavait préservée de lenfer. La Sur pria Marie de tout cur et bientôt, elle apprit par une seconde apparition que ses supplications étaient exaucées, que la Bonne Mère avait ouvert la porte du Ciel à cette âme pénitente.
Merci Marie, pour votre bonté.
Prions Nous vous saluons, Ô Reine de Miséricorde, notre Vie, notre Douceur, notre Espérance, non seulement dans cette vallée de larmes, mais aussi dans le lieu dexpiation, nous vous saluons. Nous crions vers Vous, consolatrice des affligés ; nous soupirons et gémissons, pour nos frères souffrants du purgatoire. Tournez vers eux, ô notre Avocate, vos regards miséricordieux. Faites leur voir Jésus, le fruit de vos entrailles. Cest ce que nous vous demandons instamment pour eux, ô Reine pieuse et douce Vierge Marie.
Dix neuvième jour quatrième motif : la reconnaissance des défunts
1. Dans le purgatoire
Cest une opinion bien reçue parmi les théologiens, que les âmes souffrantes intercèdent même dans le purgatoire pour ceux qui les assistent. Elles ne peuvent rien obtenir pour elles même et leurs prières sont sans fruit, quand elles demandent la fin de leurs tourments ; mais il nen nest pas de même des prières quelles font pour leurs bienfaiteurs. Ces supplications sont dans lordre de la Providence, elles touchent le Cur de Dieu, et ne sont point accompagnées des défauts qui rendent les nôtres trop souvent infructueuses. Ces bonnes âmes sont pures et saintes, chéries du Seigneur et toujours parfaitement unies à lui. Elles prient sans distractions, avec ferveur, avec persévérance, et leur crédit est si grand que, si lexpérience de chaque jour nétait là pour en rendre témoignage, à peine pourrait on le croire. Il y a donc tout à gagner pour nous à échanger ainsi nos prières contre celles de nos frères les morts, et le meilleur moyen dobtenir de Dieu ce que nous sollicitons, cest de les intéresser à notre cause, en leur confiant et en offrant pour eux, à cette intention, nos bonnes uvres, le Saint Sacrifice de la Messe, et toutes le indulgences que nous pouvons leur appliquer. Prions donc souvent, prions beaucoup pour les âmes bénies et reconnaissantes du purgatoire, et elles prieront efficacement pour nous ! Elles offriront à Dieu pour nous tout le mérite de leurs indicibles souffrances. Cest une occupation sainte et salutaire que la pensée des morts, nous dit lEcriture.
2. Dans le Ciel
Le Ciel est la patrie de la reconnaissance, et délivrées par nos actes damour et nos prières, les âmes nous resteront attachées par les liens dune gratitude éternelle. Pourront elles nous oublier lorsque nous les auront mises en possession des richesses éternelles ? Lorsque nous leur aurons rendu leur place au banquet de lAgneau, où elles pourront enfin manger le pain des Anges dont elles sont affamées ? Non, assurément, elles ne nous oublierons jamais : elles seront attentives à tous nos besoins, elles veillerons sur nous comme dautres anges gardiens. Du haut de leurs trônes, elles jetteront les yeux sur nos périls et sur nos maux, supplieront Dieu sans cesse de nous épargner les épreuves, déloigner de nous toutes les tentations et les dangers, et uniront leurs supplications aux nôtres, pour faire une sainte violence au Cur de Dieu. Quel soulagement dans nos peines ! Quels auxiliaires précieux ! A notre agonie, quels consolateurs et quels soutiens ! Quels avocats puissants au Jour redoutable de la Rencontre avec Dieu ! Et si nous allons dans le purgatoire, ces âmes que nous aurons délivrées, ne viendront elles pas à leur tour nous visiter, nous consoler, jusquà ce que nous soyons parvenues auprès delles, dans les splendeurs de la béatitude éternelle ?
Mon Dieu, que davantages, que de consolations de toutes sortes dans la dévotion aux fidèles trépassés ! Heureux donc et bienheureux ceux qui prient pour les morts ! « Tout ce que nous leur donnons par charité, disait St Ambroise, se change en grâces, et après notre mort, nous en trouvons le mérite cent fois doublé. »
3. Exemple
Une personne pieuse et digne de foi a écrit les lignes suivantes, qui sont une preuve de lefficacité des prières des âmes du purgatoire : « Je désirais le rétablissement de ma pauvre santé bien compromise, et je métais adressée à Notre Dame de Lourdes, à LEnfant Jésus, à St Joseph, sans rien obtenir. Ce nest quaprès avoir supplié les saintes âmes du purgatoire de prier pour moi, que jai été exaucée. Je leur avais donné jusquà Noël, leur promettant des prières et des messes, si à cette époque je pouvais remplir mes devoirs religieux et reprendre mes occupations. Bénies et remerciées soient ces chères protectrices : je suis radicalement guérie ! Aussi, me suis je empressée daccomplir ce que je leur avais promis. Vous voyez combien le Bon Dieu désire la délivrance des âmes captives du purgatoire, puisquIl force pour ainsi dire à recourir à elles, à prier pour elles, pour obtenir une foule de grâces quIl veut faire passer par leurs mains. Quant à moi, je suis convaincue de cette vérité car jaffirme que toutes les faveurs que Dieu maccorde, je les dois à la prière de mes bonnes amies du purgatoire. Avec elles, je ne désespère de rien, jespère même contre toute espérance. »
Instruisez vous par cet exemple, et soyez convaincus que vous pourrez tout obtenir par lentremise de vos frères les morts.
Prions Saintes âmes du purgatoire, je prie le Seigneur Jésus qui est mort pour vous, davoir pitié de vos douleurs. Puisse t il, par laspersion de Son Sang, vous rafraîchir au milieu de vos tourments ! A votre tour, âmes charitables, daignez intercéder pour moi. Vos prières seront entendues, car vous êtes dans la grâce. Demandez donc pour moi les faveurs spirituelles et temporelles qui me sont le plus nécessaire ; demandez que je fasse une sainte mort et que je sois un jour au Ciel avec vous.
Vingtième jour Premier moyen de soulager les âmes du purgatoire : la prière
1. Moyen facile
Après avoir étudié les motifs qui nous pressent de soulager les âmes du purgatoire, examinons maintenant les moyens les plus efficaces de leur venir en aide. Le premier de ces moyens est la prière ; il est à la portée de tous, des pauvres et des riches, des faibles comme des forts, des petits enfants comme des vieillards ; personne ne peut alléguer de motifs raisonnables pour sen dispenser. Vous ne pouvez pas faire pénitence par le jeûne ? Vous ne pouvez pas faire beaucoup la charité ? Priez alors, priez souvent pour vos frères les trépassés ; priez le matin, priez le soir ; priez le jour, priez même la nuit. Qui donc ne peut la faire, cette charité de la prière qui rachète la douleur ? Qui ne peut trouver dans son cur un cri de supplication pour ces incomparables misères ? Qui, parmi nous, pleurant la mort des siens, ne peut supplier Dieu ? Nous verrions souffrir un saint, un ami, un parent quune prière pourrait soulager et rendre heureux, et nous ne la ferions pas ? Prions pour des frères malheureux ! Cest non seulement aisé et facile, mais consolant et agréable ! Il est si doux de parler de ceux quon aime, de soccuper de ceux que lon chérit !
Prenez la résolution de ne laisser passer aucun jour sans prier pour vos parents qui ne sont plus. Offrez en leur faveur la peine que vous causent les distractions, ou laridité de votre cur pendant ce saint exercice. Du moins, répétez souvent ces courtes invocations : « Doux Jésus, soyez leur propice ! Seigneur, donnez leur le repos éternel ! Mon Dieu, quils reposent en paix ! »
2. Moyen efficace
« La prière, cest la clé dor qui ouvre le Ciel » disait St Augustin. Plus puissante que toutes choses, elle jaillit du cur de lhomme, sélève sur laile des anges, monte jusquau trône de Dieu, va droit à Son Cur, Le touche, Lattendrit, fait taire la Justice pour ne plus laisser parler que lAmour. Vaincue par la prière, la Justice Divine cède, fléchit, pardonne et revêtue du pardon, la prière descend du trône de Dieu dans labîme ; là, elle sépanche sur ces pauvres âmes qui attendent lheure de la délivrance, éteint le feu purificateur qui les embrase, et brisant à jamais les liens de leur captivité, les rend à la liberté et au bonheur. La prière pour les morts ne connaît pas dobstacles, pas de distances, pas de durée ; le Ciel souvre devant elle, labîme se ferme derrière elle, elle obtient tout, elle triomphe de tout. Et St Thomas assurait que Dieu accueille avec plus de ferveur la prière pour les morts que celle que nous lui adressons pour les vivants. Le Divin Sauveur la révélé à Ste Gertrude en ces termes : « Ma tendresse acceptera un pas, un brin de paille ramassé par terre, une parole, un salut, une prière pour les pécheurs ou pour les justes, pourvu quon y joigne la bonne intention. » Faisons souvent des actes damour pour Dieu : ces actes intérieurs ont une valeur inexprimable comme le déclarait le Père Faber dans son livre : Tout pour Jésus. Chaque acte damour mérite la vie éternelle. Or il est aisé de dire et de penser : « Mon Dieu et mon Père, je Vous aime
Je veux Vous aimer
» De tels actes damour procurent secours et soulagement aux âmes par tous ces moyens. Nous obtiendrons ainsi des biens ineffables et notre récompense sera éternelle. « Il nest pas doccupation plus pieuse et plus sainte que de prier pour les fidèles trépassés. » affirmait St Augustin.
LEglise a consacré le psaume De Profundis comme prière spéciale pour les défunts, et Elle nous engage à le réciter souvent à leur intention. Les paroles de ce psaume sont en effet autant de voix qui expriment tour à tour, dune manière vive et saisissante la douleur, la résignation, lamour, lespérance des pauvres âmes qui brûlent dans les profondeurs de labîme. Prenons la résolution de la réciter à la fin de notre prière habituelle.
3. Exemples
Sur le point de mourir, Ste Monique appela près de son lit son fils Augustin : « Mon enfant, lui dit elle, je meurs contente, jai obtenu de mon Dieu ce que jai désiré pendant toute ma vie. Oh oui ! Je meurs contente ! Mon fils, mon cher Augustin, quand jaurai rendu mon dernier soupir, noubliez pas dans vos prières, noubliez pas à lautel celle qui a été doublement votre mère. Souvenez vous toujours de lâme de Monique. » Augustin, attendri, ne put répondre que par ses larmes, et sa mère expira dans la joie du Seigneur. Pendant les vingt années quil vécut encore, il ne cessa de prier et de célébrer la messe pour le repos de celle qui lavait tant aimé. Il fit plus : il demanda instamment à tous les prêtres de sa connaissance, à tous ceux qui liraient ses ouvrages dans la suite des siècles, de se souvenir, au saint autel, de Monique sa mère, afin, ajoute t il que cette multitude de supplications lui ouvre la porte du Ciel.
Un des exemples les plus touchants de lefficacité de la prière pour les défunts est rapporté dans les Actes du martyre de Sainte Perpétue, cette sainte dAfrique qui subit la mort pour le Christ au commencement du troisième siècle. Pendant que Perpétue était en prison, elle eut une vision : elle vit son jeune frère Dinocrate, mort à sept ans, sortir dun lieu ténébreux et sapprocher dun puits rempli deau jusquau bord. Mais ce bord était trop haut pour la taille de lenfant qui ny pouvait puiser, et tout triste, il regardait sa sur. Celle ci comprit que Dinocrate souffrait pour expier des fautes commises sur la terre. Elle offrit alors ses souffrances et ses prières pour cette jeune âme. Peu après, Perpétue fut favorisée dune nouvelle vision : elle revit Dinocrate. Mais cette fois ci, il était tout joyeux, il puisait avec plaisir leau du puits mystérieux, dont le bord sétait abaissé à sa portée ; et les ténèbres avaient fait place autour de lui à une lumière éclatante. Il venait donc dêtre délivré de sa peine par les prières et les souffrances offertes par sa sur Perpétue, et il jouissait du bonheur du Ciel symbolisé par le breuvage vers lequel il avait aspiré dans le purgatoire et dont il pouvait maintenant étancher sa soif. Limage de cette vision se trouve exprimée par lEglise, lorsquelle demande à Dieu daccorder aux âmes des défunts « le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix ».
A lexemple de St Augustin, prions beaucoup, prions sans cesse et toujours pour nos chers parents défunts. Et si notre mère est décédée, ne loublions jamais ! Même si elle est au Ciel, nos prières lui seront bienfaisantes dans son intercession près de Dieu pour nos intentions.
Prions Seigneur Jésus qui avez dit : « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira » je vous prie, je vous implore, par les mérites de vos saintes plaies et par votre grande Miséricorde, davoir pitié des pauvres âmes qui gémissent dans le purgatoire. Ne rejetez pas, doux et tendre Sauveur, mes prières ; entendez mes gémissements et ouvrez à mes amis, à mes parents infortunés, les portes du Céleste Séjour. Que la lumière qui ne séteint pas luise sur eux ! Quils reposent dans la paix éternelle !
Vingt-et-unième jour second moyen de soulager les âmes du purgatoire : la charité
1. La charité corporelle
La charité est une des vérités qui nous sont le plus souvent et le plus fortement recommandées dans lEvangile. Elle possède même, daprès St Thomas, une puissance de satisfaction plus grande que la prière ; ou plutôt elle double la force de nos prières et en assure le succès. Lange disait à Tobie : « La charité sauve de la mort ; cest elle qui efface les péchés ; elle retire lâme des ténèbres, lui fait trouver grâce devant Dieu et lui assure la Vie Eternelle.» Quel moyen plus efficace pour soulager les âmes souffrantes ? Si en leur nom, nous exerçons la charité, les cris de reconnaissance des pauvres montent vers Dieu et triomphent de tout auprès de Lui. Cest une douce rosée qui tombe dans les flammes du purgatoire et en tempère les ardeurs. Le denier qui donne le pain du moment à un misérable de ce monde, donne peut être à une âme délivrée une place éternelle, à la table du Seigneur. Soyons donc miséricordieux autant que nous pouvons lêtre ; si nous avons beaucoup, donnons beaucoup ; si nous avons peu, donnons peu, mais donnons de bon cur. « Heureux, sécriait le psalmiste, celui qui comprend la douleur du pauvre et du délaissé : le Seigneur le délivrera au jour mauvais, Il lassistera sur son lit dangoisse et le récompensera éternellement. »
A luvre donc, secourez les affligés de la terre, et vous soulagerez en même temps ceux qui pleurent. Mettez lobole de la veuve dans la main du pauvre ; les captifs deviendront libres.
2. La charité spirituelle
Si les biens nous manquent, si largent nous fait défaut, il nous reste la charité spirituelle qui fait du bien à lâme et au cur qui souffrent et gémissent. « Elle surpasse, suivant lexpression de St Thomas, la charité corporelle, comme lesprit surpasse le corps » Les misères spirituelles sont bien plus nombreuses et plus déplorables que les misères corporelles. Or, la Divine Bonté permette que rejaillissent sur nos frères aimés du purgatoire les mérites que nous pouvons obtenir ainsi. Donc pour eux, soignons les pauvres malades. Pour eux, veillons au chevet des agonisants. Pour eux, protégeons les orphelins. Pour eux, consolons les veuves. Pour eux, essuyons les larmes de ceux qui pleurent. Ainsi notre charité diminuera les souffrances de ce monde, qui est un purgatoire de lautre vie. Quest ce – qui nous arrête quand il sagit du soulagement et de la délivrance de ces chères âmes ? Quest ce qui pourrait nous servir dexcuse si nous les oublions, quand il nous est si facile de leur venir en aide ? Et qui viendra un jour à notre aide, si nous ne faisons rien pour les autres ??
3. Exemple
A Bologne, en Italie, une veuve avait un fils unique qui avait coutume de jouer sur la place publique avec les enfants de son âge. Un jour, un étranger troubla ses jeux, avec un mauvais vouloir évident. Lenfant lui cria de rester tranquille. Linconnu, vexé, tira son épée et le transperça. Saisi de crainte, et surpris par la violence du geste imprévu quil venait deffectuer, son épée sanglante à la main, il se mit à courir et se précipita dans une maison pour sy cacher. Or, il se trouve que cétait la maison de lenfant assassiné
Il arriva dans lappartement de la veuve quil ne connaissait pas. A la vue de cet homme, de cette épée couverte de sang, elle demeura interdite. Mais entendant létranger lui demander « Au nom de Dieu » asile contre ceux qui le poursuivaient, elle promit de le cacher et de ne le point le livrer. Cependant, les gendarmes apprenant quil était entré dans cette maison, le cherchèrent partout, sans le trouver. Comme ils allaient repartir, ils demandèrent à la dame si elle savait que son fils avait été tué par cet assassin
A ces paroles, la mère tomba évanouie. Quand elle revint à elle, on crut quil serait impossible de la sauver, tant ce coup lavait abattue. Mais sen remettant en la Divine Providence, elle retrouva une grande énergie et résolut de pardonner au meurtrier de son fils, et plus encore, de le traiter avec charité. Elle alla à la cachette de lassassin, ne lui fit pas de reproche, lui remit une bourse et lui indiqua une issue discrète, au bout de laquelle lattendait un cheval sellé, prêt à partir. Sur ce, elle se mit en prière pour lâme de son fils. A peine sétait elle agenouillée, les bras en croix, devant un crucifix, pour supplier Jésus de prendre pitié de lâme de son enfant, que son fils lui apparut, le visage heureux, rayonnant comme le soleil, et lui dit : « Chère Maman, ne pleure pas ! Il ne faut pas me plaindre, mais envier mon sort. Car la charité chrétienne dont tu as fait preuve envers mon meurtrier, ma tiré immédiatement du purgatoire. La Justice Divine mavait condamné à de longues années de souffrance, mais ton pardon a terminé, en un instant, toute mon expiation, et je suis auprès de Dieu où je resterai pour léternité. » Puis il disparut, laissant sa mère dans la joie, malgré son chagrin.
Prions Confiant en vos paroles, O mon Sauveur, je ne verrai plus désormais que votre Personne adorable, cachée sous celle du mendiant qui implorera ma pitié. Je pratiquerai la charité à celui qui me la demandera comme si je devais la faire à Vous même. Mais ma charité ne se bornera pas aux vivants. Je veux quelle sétende jusquaux morts et que celle que je ferai pour les pauvres de la terre serve aux pauvres du purgatoire et attire sur eux leffusion de Votre Miséricorde. Doux Jésus, donnez leur le repos éternel !
Vingt-deuxième jour Troisième moyen de soulager les âmes du purgatoire : la Ste communion.
1. Communion sacramentelle
Quand nous avons le bonheur de communier, nous sommes unis à NSJC dune manière si intime que chacun de nous peut sécrier avec lApôtre : « Non, ce nest plus moi qui vis, cest Jésus Christ qui vit en moi » Alors notre chair devient sa propre chair, son cur fait palpiter le nôtre, son sang coule dans nos veines, sa divinité réside en nous, Il regarde avec nos yeux, Il dilate notre cur. Dans cet heureux instant envié des anges, même sans parole, il nous est facile de parler à Dieu, pour lui dire avec plus de confiance encore que le roi prophète : « O Dieu protecteur des affligés, jetez les yeux sur moi, vous y verrez la face de votre Christ : ce nest plus moi qui parle et qui prie : cest Jésus, Votre propre Fils, qui parle et prie pour moi ; cest lui qui demande pour moi la délivrance de ma mère, la délivrance des pauvres âmes abandonnées. Je suis sûr, ô Père Miséricordieux, qui vous ne rejetterez pas ces justes supplications car le visage, les larmes, le sang de Jésus Christ ont une voix toute – puissante pour apaiser Votre Justice et obtenir le pardon. »
Communions souvent pour ces âmes tant aimées qui nont plus le bonheur de participer au Banquet Eucharistique. Avec quelle ardeur elles attendent que nous répandions sur elles la rosée rafraîchissante et libératrice du Sang du Christ. Bientôt léternelle communion commencera pour elles et elles iront contempler dans le Ciel, le Sauveur, Pain de Vie, ladoreront, le béniront et le loueront sans fin.
2. Communion spirituelle
Si vous ne pouvez pas faire souvent la communion sacramentelle, cest à dire recevoir réellement Notre Seigneur Jésus Christ dans votre cur à la Messe, faites du moins la communion spirituelle. Elle consiste dans un désir ardent de sunir au Divin Sauveur et de recevoir son esprit et ses grâces. Cest une pratique si salutaire aux vivants et aux morts que St Alphonse de Liguori allait jusquà dire quon peut en tirer autant et plus de fruit si on la fait avec ferveur, que de la communion sacramentelle faite avec tiédeur. Elle a en outre, cet avantage quon peut la faire tous les jours, à tous les moments du jour et de la nuit, et en tout lieu, soit profane soit sacré. Cest un moyen simple, facile, puissant de soulager nos chers défunts. Faites donc cette communion spirituelle à chaque visite du Saint Sacrement. Voici la formule que vous pouvez employer :
« Mon Jésus ! Je vous crois ici présent ; je vous aime, je vous désire, je munis desprit et de cur, en attendant que je puisse vous recevoir réellement. Bénissez moi, bénissez aussi les pauvres âmes si souffrantes du purgatoire. Oui, Seigneur, appelez vos enfants et nos frères au repos éternel et que la lumière qui ne séteint plus luise sur eux ! Quils reposent en paix ! »
3. Exemple
Louis de Bois, célèbre maître de la vie spirituelle et homme dune remarquable sagesse, rapporte quun pieux serviteur de Dieu, quil connaissait et aimait, fut visité par une âme du purgatoire, et que celle ci lui fit voir tout ce quelle endurait de tourments. Elle était punie pour avoir reçu la Divine Eucharistie avec une préparation insuffisante, et beaucoup de tiédeur. Cest pourquoi la Divine Justice lavait condamné au supplice dun feu dévorant qui la consumait. « Je vous demande, vous qui avez été mon ami intime et fidèle, et qui devez lêtre encore, de communier une fois en mon nom et de le faire avec toute lardeur et toute la charité dont vous êtes capable. Je suis sûre que cette fervente communion suffira pour ma délivrance et que par ce moyen seront compensées mes coupables froideurs. » Celui ci sempressa de participer à la Sainte Messe et de communier pieusement pour le repos de lâme de son ami. Après laction de grâces, lâme lui apparut de nouveau, parée dune lumière incomparable, heureuse et pleine de reconnaissance. « Soyez béni, ô le meilleur des amis, votre communion ma délivrée et je vais voir face à face mon Adorable Maître. »
Rappelons le conseil de St Bonaventure : « Que la charité vous porte à communier, car il ny a rien de plus efficace pour le repos éternel des défunts. »
Prions Vous retenez, ô mon Dieu, les âmes de mes proches dans votre Justice, mais vous voulez quen mangeant le Pain des Anges, je puisse leur ouvrir le Paradis. Soyez donc béni, Père Miséricordieux, et je promets que désormais je communierai souvent en faveur de ces saintes âmes du purgatoire. Vous ne verrez plus ainsi en moi que Votre Fils, et ma voix, couverte par la sienne, parviendra ainsi jusquà vous et mobtiendra plus sûrement la grâce que je sollicite. O Jésus, soyez propice à nos chers défunts. Quils reposent en paix !
Vingt troisième jour Quatrième moyen de soulager les âmes du purgatoire : le sacrifice de la Messe
1. Il est offert par Jésus Christ
De tous les moyens que nous avons indiqués jusquici, pour le soulagement des âmes du purgatoire, aucun nest aussi puissant, aussi efficace que le Saint Sacrifice de la Messe : cest un article bien consolant de notre foi. La raison en est que toute lefficacité du Divin Sacrifice vient de ce quil est offert en la personne et au nom de Notre Seigneur Jésus Christ. A lautel comme au calvaire, même victime, même sacrificateur, et par conséquent même efficacité. Là, Jésus Hostie offre à son Père tout ce quIl est et tout ce quil a. Il offre toute lEglise Militante et toute lEglise Souffrante.
Quelle joie dans ce royaume des pleurs, pour ces âmes victimes de la Justice Divine lorsque Jésus les embrasse et les offre toutes à son Père ! Et le Père reçoit loblation du Fils ; à travers les flammes expiatrices, il reconnaît en elles, même dans leur disgrâce, les traits de ce Fils adorable, et Il pardonne en considération des mérites de cet Agneau sans tache. Comment se fait il quen un moment si solennel toutes ces âmes ne soient pas délivrées ? Nous ne le savons pas, nous ne pouvons pénétrer les secrets de lInfinie Justice et Sainteté de Dieu. Mais il est certain que toutes sont soulagées. Un saint docteur de lEglise affirme même quaprès chaque messe beaucoup dâmes quittent le purgatoire et senvolent vers le Paradis.
A Rome dans un monastère, une peinture représente St Bernard disant la messe et des âmes qui sortent du purgatoire et montent au Ciel à mesure que le Sacrifice continue. Pourquoi pensons nous si peu à ces grâces exceptionnelles ? Dans la plupart des familles chrétiennes, on fait célébrer une messe de huitaine et des messes anniversaires chaque année. Y pensez vous ?
2. Nous loffrons avec Lui
Si vos ressources ne vous permettent pas de faire célébrer souvent des messes, noubliez pas que vous pouvez les offrir vous même dune certaine manière, en y assistant avec dévotion, en unissant vos prières à celle du prêtre, à celle de Notre Seigneur. Oui, quand vous êtes là, près de lautel, vous disposez des mérites de lAgneau sans tache, vous pouvez les appliquer à tous ceux qui vous sont chers, et de même que Marie et Joseph réglaient les actes et les démarches de lEnfant Dieu, vous exercez une autorité sur Jésus Eucharistie, vous devenez le maître, le distributeur de ses mérites. Vous pouvez donc prendre son Sang Divin et le répandre à profusion sur les âmes bénies du purgatoire. Vous pouvez leur appliquer le fruit du Sacrifice, ainsi que la part qui vous revient de droit, de toutes les messes qui se disent dans lunivers. Cest là un trésor auquel nous ne pensons pas assez ; un trésor avec lequel nous pouvons solder la rançon de nos parents et de nos amis et leur ouvrir la porte du Ciel. Nous sommes coupables dexiger un moyen si facile et si efficace de mettre un terme aux tourments de ces chères âmes qui nous demandent par les mérites du Sauveur, de penser à elles, au St Sacrifice, pendant le Mémento des morts.
3. Exemple
Le St Curé dArs racontait un jour, dans son catéchisme, à ses paroissiens, le trait suivant :
« Mes enfants, un bon prêtre avait eu le malheur de perdre un ami quil chérissait tendrement, aussi priait il beaucoup pour le repos de son âme. Un jour, Dieu lui fit connaître quil était en purgatoire et quil souffrait horriblement. Ce saint prêtre ne crut rien faire de mieux que doffrir le Saint Sacrifice de la messe pour son cher défunt. Au moment de la Consécration, il prit lHostie entre ses doigts et dit : Père Saint et Eternel, faisons un échange, vous tenez lâme de mon ami qui est en purgatoire, et moi je tiens le Corps de Votre Fils qui est entre mes mains. Eh bien, Père Bon et Miséricordieux, délivrez mon ami et je Vous offre Votre Fils avec tous les mérites de sa mort et de sa passion. Sa demande fut exaucée, en effet au moment de lélévation, il vit lâme de son ami toute rayonnante de gloire, qui montait au Ciel. Dieu avait accepté léchange. Eh bien, mes enfants, ajoutait le curé dArs, quand nous voulons délivrer du purgatoire une âme qui nous est chère, faisons de même. Offrons à Dieu, par le Saint Sacrifice Son Fils bien aimé avec tous les mérites de sa mort et de sa passion. Il ne pourra rien nous refuser. »
Suivons le conseil du Saint Curé dArs.
Autre exemple des messes pour les défunts
Ste Elisabeth, reine du Portugal, venait de perdre sa fille Constance, reine de Castille. Elle se rendait à Santarem. Comme elle passait près dun bois, un ermite en sortit et se mit à courir derrière le cortège royal, criant quil voulait parler à la reine. Les gardes le repoussaient mais la reine layant entendu, ordonna quon le lui amenât. Il lui expliqua que plusieurs fois, pendant quil priait dans son ermitage, la reine Constance lui était apparue et lavait conjuré de faire savoir à sa mère quelle gémissait dans le purgatoire et quil fallait dire la messe pour elle tous les jours, pendant un an
Lermite se retira et lon ne le revit plus
Les courtisans qui lavaient entendu sen moquaient et le traitait de visionnaire, de fou et même dintriguant. La reine Elisabeth trouva quil était plus sage de faire ce qui lui était demandé par cet homme si peu ordinaire. « Après tout, se dit elle, faire dire des messes pour notre chère fille défunte est dans la logique chrétienne. » Le Père Ferdinand Mendez, réputé pour sa piété, fut chargé de célébrer les 365 messes pour le soulagement de lâme de Constance
Sainte Elisabeth priait pour sa fille ; mais elle avait complètement oublié la consigne, donnée à ce bon prêtre
Un jour, Constance apparut à sa mère, vêtue de blanc, éclatante de lumière, et lui dit ; « Maintenant, je menvole vers la béatitude éternelle ! » Le lendemain Elisabeth alla à léglise pour remercier le Bon Dieu de la délivrance de sa fille. Le père Mendez ly aperçut et vint lui dire quil venait de terminer la veille, la série des 365 messes
Juste au moment de lapparition de sa fille délivrée
Elisabeth se souvint de lermite !
Prions Aussi coupables que soient à vos yeux les âmes du purgatoire, laissez vous apaiser Ô Dieu de miséricorde et pardonnez leur en voyant le Sang Précieux de Votre Fils répandu chaque jour sur lautel pour les laver de leurs souillures. Ecoutez la voix de ce Sang Adorable qui ne crie pas pour demander vengeance, mais grâce et miséricorde. O Jésus, Agneau sans tache qui effacez les péchés du monde, soyez propice à mes frères défunts. Quils soient délivrés et quils reposent en paix près de Vous !
Vingt quatrième jour Cinquième moyen : la souffrance
1. Souffrance volontaire
« Soulageons les âmes du purgatoire, disait St Jean Chrysostome, soulageons les par tout ce qui nous peine. Car Dieu a soin dappliquer aux morts les mérites des vivants. » La souffrance ! Cest la grande satisfaction que le Seigneur demande à leur amour débiteur de Sa Justice. Nous souffrons donc pour eux afin quils souffrent moins. Si nous avions une fois plus vive, une charité plus ardente, quelles mortifications ne nous imposerions nous pas pour soulager et délivrer des parents, des amis qui nous ont tant aimés et qui souffrent maintenant dune manière si horrible ? La pénitence, le jeûne, les austérités seraient nos exercices ordinaires. Mais au moins ayons le courage daccomplir quelques légers sacrifices : celui dun plaisir, dune affection dangereuse, dune lecture mauvaise, sacrifice dune habitude coupable, dun objet de luxe ou de pure vanité. « Choisissez la meilleure victime, disait le Père Félix, choisissez la surtout au fond de votre cur pour ceux que vous aimez le plus, sacrifiez ce que vous avez de plus cher ; sacrifiez vous vous même et que le prix du sacrifice personnel devienne le rachat de la souffrance paternelle. » Ces âmes bienheureuses sélèvent vers le Ciel sur les ailes de nos sacrifices, de nos austérités, de nos souffrances. Elles senvolent triomphantes et elles nous remercient de notre générosité et quand elles seront dans la gloire, elles nous rendrons surabondamment ce que nous aurons fait pour elles. Quel sujet de consolation et despérance ! O Jésus crucifié, faites nous comprendre le prix de la souffrance !
2. Souffrance involontaire
Mais si la souffrance volontaire déconcerte notre courage, la Providence nous impose des souffrances plus méritoires pour nous et pour nos défunts parce quelles ne sont pas de notre choix. Ce sont les afflictions, les peines de lesprit, du cur et du corps, inévitables en ce monde. Nous le savons, on en trouve partout, dans tous les états, dans toutes les conditions. Notre vie sur la terre est un combat de tous les jours, un long et pénible martyre. Devons nous nous en plaindre ? Non, puisque toutes nos peines peuvent devenir un moyen de salut pour nous et pour les autres. Puisque nous pouvons nous en servir pour soulager les plus cruelles de toutes les douleurs, celles que subissent les saintes âmes du purgatoire. Avec cette croix que la Providence jette sur nos épaules, avec cette épine qui ensanglante notre cur, avec une larme, avec un soupir, avec un acte de résignation, nous pouvons soulager ces grandes misères du purgatoire et sécher les pleurs de nos parents aimés.
Courage donc, endurons un peu de froid, nous rafraîchirons des victimes qui brûlent au milieu du feu de la colère de Dieu. Souffrons un peu de chaleur, nous changerons les ardeurs de ce feu en une douce rosée. Supportons une incommodité, nous arracherons des âmes au plus profond des abîmes. Acceptons une fatigue, une lassitude, nous les porterons sur des trônes de gloire dans le Ciel : pour nous un moment de peine, pour elles une éternité de bonheur !
3. Exemple
Un malade, rapportait St Antonin, était en proie aux plus excessives souffrances et demandait à Dieu avec des larmes, la délivrance de ses maux. Un ange lui apparut et lui dit : « Le Seigneur menvoie vers vous pour vous donner le choix dune année de souffrances sur la terre ou un seul jour dans le purgatoire. »
Le malade nhésita pas. Un seul jour dans le purgatoire, se dit il, je verrai du moins un terme à mes douleurs. Il expira aussitôt et son âme fut précipitée dans labîme de lexpiation. Alors lange, compatissant, vint soffrir à lui pour le consoler. A cette vue, le malheureux poussa une clameur déchirante, semblable à un rugissement et sécria : « Ange séducteur, vous mavez trompé ! Vous mavez assuré que je ne serai quun jour dans le purgatoire et voilà déjà 20 ans que je suis livré aux plus affreux supplices ! »
« Détrompez vous ; à peine quelques minutes se sont écoulées depuis votre trépas, et votre cadavre nest pas encore froid sur votre lit de mort. » lui répondit lAnge.
« Alors obtenez que je retourne sur la terre pour y souffrir pendant un an, tout ce quil plaira à Dieu »
Sa demande lui ayant été accordée, le malade incitait tous ceux qui venaient le voir à accepter de bon cur toutes les peines de ce monde, plutôt que de sexposer aux tourments de lautre.
« La patience dans les peines, disait il souvent, est la clé dor du Paradis. Profitons en donc pour offrir nos souffrances. »
Et il mourut au terme de lannée, comme convenu
Prions Soyez béni, O mon Dieu, qui avez bien voulu que les souffrances et les peines dont ma vie est semée, deviennent pour moi une source abondante de mérites, et un moyen de satisfaire à Votre Justice pour les âmes qui me sont chères. Désormais, loin de me plaindre de la pesanteur de mes croix, je les supporterai avec patience et résignation, et vous abaisserez sur moi et sur mes parents défunts, un regard de miséricorde. O Jésus, soyez leur propice ! Appelez près de vous vos enfants et nos frères, quils reposent en paix !
Vingt cinquième jour Sixième moyen, le chemin de croix
1. Cest le chemin du Ciel pour les vivants
Cette dévotion si grande pour les souvenirs quelle réveille, si précieuse pour les avantages quelle procure, est le moyen le plus efficace pour vaincre nos passions et la route la plus sûre pour arriver rapidement au sommet de la perfection. A chaque pas du chemin de croix, nous comprenons ce qui a causé tant de douleurs à NSJC. Nous devons craindre de pécher pour ne pas renouveler les souffrances de Sa Passion et chercher lesprit dimmolation et de pénitence pour devenir semblable, le zèle du salut des âmes, lamour de lhumilité et de la pureté, le pardon des injures, la patience dans les épreuves et le renoncement au monde.
Si vous voulez croître dans la foi, disait St Bonaventure, attirer à vous grâces sur grâces, et devenir semblable, non seulement aux anges mais au Fils de Dieu, livrez vous souvent à cet exercice : le Chemin de la Croix, et vous prendrez le chemin royal qui conduit au Paradis. Il ny a pas de méthode plus sûre pour avancer dans la vertu et pour imiter le divin exemple qui est montré dans la voie du Calvaire. Faites souvent le chemin de croix, à lexemple de la Ste Vierge, des premiers disciples, des saints et chaque fois, vous vous sentirez meilleur, plus chrétien, plus près du Ciel, dans le Cur de Jésus.
2. Cest le chemin du Ciel pour les morts
Le chemin de croix est aussi une pratique très salutaire à nos chers défunts. En suivant Jésus dans la voie du calvaire, nous recueillons chacune des gouttes de son Précieux Sang, chacun des mérites de son précieux martyre et nous les offrons à la Justice de Dieu pour éteindre la dette des âmes du purgatoire ; cest un soupir de joie, de soulagement. Le chemin de croix est surtout salutaire aux morts à cause des précieuses indulgences qui y sont attachées et qui sont toutes applicables aux défunts. Elles sont si nombreuses que nous ne pouvons les préciser ainsi que lenseigne Benoît XIV, et il suffit pour les gagner dêtre en état de grâce. On peut accomplir cet exercice plusieurs fois dans la même journée.
Si vous désirez soulager et délivrer beaucoup dâmes du purgatoire, pratiquez pour elles cette dévotion. Vous trouverez sur cette voie douloureuse, consacrée par les souffrances et la mort de NSJC, la consolation dont votre cur a besoin pour supportez les pertes des personnes que vous pleurez encore et le moyen de leur ouvrir le Ciel. Quel trésor pour vous et pour vos chers absents ! Prenez donc aujourdhui la résolution de faire le chemin de croix chaque semaine, jour mémorable, qui parle si bien à notre reconnaissance.
3. Exemple
Une Mission avait lieu dans une petite paroisse ; les paroissiens venaient en foule entendre la parole de Dieu et solliciter son pardon. Trois hommes seulement refusaient avec obstination den profiter. Ils avaient juré de ne pas mettre les pieds à léglise et sétaient surtout promis de ne pas se confesser. La femme de lun deux vint en parler à lun des missionnaires. « Avez-vous des enfants ? lui demanda lhomme de Dieu. « Jen ai deux, jeunes encore » « Eh bien, amenez les à léglise, faîtes dévotement avec eux le Chemin de Croix pour les âmes les plus délaissées du purgatoire ; demandez par lentremise de ces âmes que vous aurez soulagées, la conversion de votre époux, et je vous assure que vous lobtiendrez. Car lexpérience ma appris deux choses : que lexercice du Chemin de Croix est le moyen le plus efficace pour soulager nos défunts et pour obtenir par leur intercession les secours dont nous avons besoin. » Chaque jour à midi, lépouse venait sagenouiller au pied du Tabernacle avec ses deux jeunes enfants et faisait avec eux le Chemin de Croix. A chaque station, les enfants disaient du fond du cur : « O Jésus, donnez le repos aux morts et convertissez mon père ! » La veille de la clôture de la Mission, le pécheur sagenouillait aux pieds du prêtre, et le lendemain, il recevait joyeux aux côtés de son épouse, le Sauveur Notre Seigneur Jésus Christ. Après la messe, il pressait sur son cur et bénissait ses deux enfants. O Chemin précieux de la Croix ! Utile à tous mais surtout aux pécheurs et aux âmes souffrantes du purgatoire !
Prions O Marie, Mère des douleurs ! Vous qui avez si souvent médité le Mystère de la Passion de votre Divin Fils, vous qui avez parcouru la première les lieux consacrés par ses douleurs, enseignez nous à méditer et à pratiquer comme vous cette sainte et salutaire dévotion. Faites que nous y trouvions des grâces de conversion pour les pécheurs, de persévérance pour les justes, de consolation pour les âmes du purgatoire. Doux Jésus, donnez à ces âmes bénies le repos éternel.
Vingt sixième jour septième moyen : les indulgences
1. Combien elles sont précieuses
Nos péchés sont si nombreux et si graves, nos réparations si légères, que nous nous acquitterions difficilement en ce monde de la peine temporelle due à nos iniquités, si lEglise ne suppléait à notre faiblesse en ouvrant le trésor des indulgences. Trésor immense, inépuisable, qui se compose des mérites surabondants de NSJC, de la bienheureuse Vierge Marie et des Saints. La clé en est confiée au Souverain Pontife. Après la Ste Messe et la Ste Communion, il ny a rien de plus admirable, de plus riche, soit pour les vivants soit pour les morts. Cest si lont peut ainsi parler, le dernier effort de la Miséricorde Divine pour le salut des âmes.
Par les indulgences qui sont nombreuses, faciles à gagner, à la portée de tout le monde, nous avons le moyen de contenter la Justice Divine, de racheter des âmes qui nous sont chères et qui expient dans les flammes, les fautes et les torts de leur vie passée. Nous pouvons considérer cette multitude dindulgences que lEglise nous prodigue avec tant de libéralité, comme une pluie merveilleuse qui devient le rafraîchissement de ceux qui sont altérés, la consolation de ceux qui pleurent, le bonheur béatifique de ceux qui sont en captivité. Admirable et paternelle invention ! Quel trésor !
Empressons nous donc dacquérir ces richesses spirituelles, plus précieuses que lor, plus abondantes, plus multipliées que jamais. Gagnons en beaucoup, gagnons en souvent. Quel encouragement dans cette pensée : cest pour mes parents bien aimés ; cest pour elle ; cest pour lui ; cest pour lâme la plus délaissée ; cest pour lâme qui souffre le plus ; ils seront secourus ceux que jaime et que je pleure !
2. Comment il faut les gagner
Trois conditions sont requises pour gagner les indulgences :
Dabord il faut être en état de grâce. Dieu veut quavant de secourir les autres, nous fermions dabord lenfer sous nos pas. Dailleurs toutes les uvres faites en état de péché mortel sont des uvres mortes et dépourvues de mérites.
Ensuite il faut avoir lintention, au moins générale, de gagner lindulgence. Il est donc à propos de renouveler chaque jour à la prière du matin, le désir de gagner des indulgences attachées aux pratiques de piété que lon peut faire dans la journée.
Enfin, il faut accomplir intégralement les uvres prescrites. Ce sont ordinairement des actes très faciles à accomplir, qui durent peu et qui sont à la portée de tous les fidèles : une courte prière, une légère offrande, une mortification, une communion
De grâce, âmes chrétiennes, ne négligez pas de procurer aux fidèles trépassés des trésors si faciles à gagner. Votre insouciance serait elle excusable aujourdhui surtout, alors que les indulgences qui leur sont applicables sont si nombreuses et à la portée de tous ? Il dépend de vous de venir en aide à vos frères souffrants et il vous en coûte peu. Si vous gagnez pour eux une indulgence partielle, vous abrégez le temps de leur expiation ; si vous êtes assez généreuse pour en gagner une plénière, lâme à laquelle vous lappliquez, est probablement libérée de toute sa dette, le Ciel souvre pour elle, elle sy envole radieuse, emportant aux pieds du Seigneur la reconnaissance quelle voue éternellement à son bienfaiteur. « Mon fils, disait St Louis à la fin de son testament, souvenez vous de gagner les indulgences de lEglise ».
(Nous avons la possibilité de gagner aux conditions requises une indulgence plénière lors de visites sur certains lieux de pèlerinage comme à Ste Marie des Anges près dAssise à Collevalenza, à la Scala Santa à Rome, et au cours des années saintes, lorsque le Saint Père laccorde)
3. Exemple
Un prédicateur de lordre de St François venait de faire un sermon sur la charité et il avait accordé à ses auditeurs 10 jours dindulgence, selon le pouvoir quil avait reçu du Souverain Pontife. Une dame de condition, qui navait conservé de son ancien rang que la crainte davouer sa misère présente, vint la lui exposer secrètement. Le bon Père lui fit la même réponse quautrefois St Pierre au boiteux de Jérusalem : « Je nai ni argent ni or, mais ce que jai, je vous le donne. Je vous renouvelle lassurance que vous avez gagné 10 jours dindulgence en assistant à ma prédication ce matin. Allez donc chez tel banquier lequel na guère eu souci jusquà présent des trésors spirituels et offrez lui en retour de laumône quil vous fera, de lui céder votre mérite, afin que les peines qui lattendent en purgatoire en soient diminuées. Jai tout lieu de croire quil vous donnera quelque secours. »
La pauvre femme sy rendit en toute simplicité et avec beaucoup de bonne foi. Lhomme laccueillit avec bonté. Il lui demanda, amusé, combien elle prétendait recevoir, en échange de ses 10 jours dindulgences. « Autant quils pèsent dans la balance ». « Eh bien, reprit le banquier, voici une balance. Ecrivez sur un papier vos dix jours, et mettez le dans un des plateaux, je pose sur lautre, une pièce
» Prodige ! Le premier plateau ne séleva pas, mais au contraire, enleva celui de largent. Etonné, le banquier ajouta une pièce, qui ne changea rien à ce poids. Il en mit cinq, dix, trente, cent, autant quil en fallait à la suppliante dans sa nécessité actuelle ; alors seulement les deux plateaux séquilibrèrent. Ce fut une leçon précieuse pour lui, car il comprit enfin la valeur des intérêts célestes. Mais les pauvres âmes la comprennent bien mieux encore ; pour la plus légère indulgence, elles donneraient tout lor du monde. A nous de leur en procurer le plus possible !
Prions Vous connaissez mon indigence, O mon Jésus ! Et dans lexcès de votre miséricorde, vous avez voulu que je trouve dans le trésor de vos mérites et de vos satisfactions le moyen de suppléer à tout ce qui me manque. Chaque jour je viendrai puiser dans ce trésor toujours ouvert de précieuses indulgences qui acquitteront la dette de mes frères trépassés. O Jésus, soyez leur propice ! Quils reposent en paix !
Vingt-septième jour huitième moyen : lacte héroïque de charité
1. Sa nature
Lacte héroïque consiste dans labandon, entre les mains de Marie, au profit des âmes du purgatoire, de toutes les bonnes uvres, même de celles que dautres feront pour nous, avant ou après notre mort. Le Pape Pie IX dans son décret du 20 novembre 1864, a recommandé cet acte à tous les fidèles et lui a accordé des indulgences spéciales. Toutes les indulgences que les fidèles gagnent, profitent aux âmes du purgatoire sans quon ait besoin de former lintention de les gagner pour elles. Pie IX appelle cet acte la plus grande consolation des âmes du purgatoire. Par un tel acte, toutes nos bonnes uvres, toutes nos souffrances, toutes nos peines, tous nos actes intérieurs, semblables à un grand fleuve intarissable, coulent vers les âmes du purgatoire. On peut donc dire que lacte héroïque est luvre de Miséricorde par excellence, lacte de charité le plus salutaire.
Il est incontestable que lon ne perd rien en abandonnant quelque chose à Dieu. Notre Seigneur regarde ce que nous faisons pour les âmes du purgatoire, comme si nous lavions fait à Lui-même, comme si nous lavions délivré dune prison de feu, ainsi quIl la révélé à Ste Gertrude. Cet acte de charité est pour Marie aussi un grand honneur et une grande joie, parce que nous remettons tous entre ses mains, afin quelle puisse délivrer ses enfants souffrants.
Remarque : Bien que cet acte soit appelé parfois du nom de vu, il nen nest pas un en réalité. Il nest pas non plus nécessaire de prononcer pour le faire, une formule déterminée. Un acte de volonté et loffrande faite du cur suffisent pour donner droit aux indulgences et aux privilèges. Dailleurs cet acte de volonté peut être révoqué au gré de celui qui la fait.
2. Les avantages de lacte héroïque de charité
Cette pratique est très utile aux saintes âmes du purgatoire. Quels secours ne reçoivent elles pas tous les jours, à chaque instant du jour, de toutes nos uvres satisfactoires, et surtout de celles qui nous seront appliquées durant notre vie, à notre mort, et après notre passage à léternité ? Cest une douce et continuelle rosée de suffrages et dindulgences qui tombe sans interruption sur les âmes brûlantes du lieu de lexpiation, adoucit leur peine et les console.
Cette donation héroïque nest pas moins avantageuse pour nous. Dieu qui est si bon ne nous rendra-t-il pas au centuple tout ce que nous faisons pour ses enfants souffrants ? « Donnez et on vous donnera, et vous recevrez une mesure bonne, pressée et abondante ». La Ste Vierge à qui nous aurons confié tous nos trésors spirituels pour soulager ses enfants, ne viendra-t-elle pas à notre secours ? Cet abandon filial ne nous donnera-t-il pas droit aux largesses de sa miséricorde ? Enfin, ne pouvons nous pas compter sur la reconnaissance des âmes que nous aurons soulagées ? Aussi croit on généralement que celui qui a fait le vu héroïque, na pas beaucoup à craindre le purgatoire ; Dieu lui fournira le moyen de léviter ou du moins il ne le laissera pas souffrir longtemps dans les flammes.
Je vous conseille de faire aujourdhui même le vu de charité héroïque, si vous ne lavez déjà fait. Suivez lexemple dun nombre très considérable de personnages illustres en dignité, en science, en sainteté. Suivez les conseils du vénéré Pie IX qui recommandait souvent le vu héroïque et qui la enrichi dindulgences.
Vingt-huitième jour comment pouvons nous éviter le purgatoire ?
1. En pensant souvent au purgatoire
La pensée du purgatoire ramène tout naturellement à notre esprit celle de la mort et du jugement, et par là -même ne peut que nous inspirer de salutaires réflexions. « Pensez à vos fins dernières, dit le St Esprit, et vous ne pécherez pas »
Elle a pour second avantage dinspirer lesprit de pénitence et de mortification. A la vue de ces souffrances et de ces angoisses si cruelles et si longues, à la vue de ces innombrables victimes qui exhalent des plaintes, lâme rentre en elle même et sécrie : « Je veux enfin expier et racheter, profiter des jours que me laisse la Miséricorde de Dieu ; je veux racheter mes péchés avec un peu de générosité et damour. Je veux à tout prix éviter les tourments du purgatoire. Je réussirai avec ma bonne volonté et la grâce dEn Haut ! »
Si avec la grâce de Dieu, nous avions toujours cette vérité devant les yeux ! Il serait impossible que nous ne devenions pas des saints et de grands saints. La pensée constante du purgatoire retrancherait de notre vie une multitude de fautes légères, nous inspirerait la pratique des plus sublimes vertus, et à notre heure dernière, ornée de mérites, notre âme senvolerait vers les Demeures Eternelles, sans avoir à être purifiée au purgatoire.
2. En priant souvent pour les âmes du purgatoire
Les Pères et les Docteurs de lEglise pensent que ceux qui sintéressent vivement aux âmes du purgatoire échappent au purgatoire, ou ny séjournent pas longtemps. Car, disent-ils, la marque la plus infaillible de prédestination est de sauver des âmes puisque Dieu a promis de nous faire le même bien que nous ferions aux autres. Bienheureux les miséricordieux, parce – quils obtiendront eux -même Miséricorde.
Nous ne pouvons quespérer la reconnaissance des âmes que nous aurons délivrées. Pourraient elles se montrer moins sensibles et moins charitables que nous ? A lheure de notre mort et de notre jugement, elles accourront et seront là comme des protecteurs, des témoins à décharge, pour faire pencher la balance du côté de la Miséricorde. Elles déjoueront les pièges de lesprit infernal et nous obtiendront la plus précieuses des grâces : celle dune sainte mort. « Je ne me souviens pas, disait St Augustin, davoir jamais lu que celui qui prie volontiers pour les trépassés, ait eu une mort mauvaise ou douteuse. »
Quel moyen presque assuré déviter les rigueurs du purgatoire ! Suivons donc le conseil de lEvangile : « Faisons nous des amis afin quau moment de notre mort, ceux que nous aurons soulagés nous introduisent dans les Tabernacles Eternels »
Nos frères les morts sont maintenant dans le besoin, mais pour peu que nous les aidions, ils montreront au Ciel et nous ouvrirons eux -même la porte. Délivrons les du purgatoire et ils nous empêcherons dy tomber. Il est rapporté de Ste Catherine de Cortone, quà sa mort, toutes les âmes quelle avait contribuées à délivrer vinrent la recevoir en triomphe.
3. Exemple
On raconte quune personne particulièrement amie des âmes du purgatoire avait consacré sa vie à les soulager. Etant arrivée à lheure de sa mort, elle fut assaillie avec fureur par le démon qui la voyait sur le point de lui échapper. Il semblait que labîme tout entier ligué contre elle lentourât de ses infernales cohortes. La mourante luttait depuis quelques temps au milieu des plus pénibles efforts, lorsque tout à coup elle vit entrer dans son appartement une foule de personnages inconnus, mais resplendissants de beauté, qui mirent en fuite le démon, et sapprochant de son lit, lui adressèrent des encouragements et des consolations toutes célestes. Poussant alors un profond soupir et transporté de joie, elle sécria : « Qui êtes vous, qui êtes vous de grâce, vous qui me faites tant de bien ? » « Nous sommes des habitants du Ciel, que votre aide a conduit à la béatitude, et nous venons à notre tour et par reconnaissance, vous aider à franchir le seuil de ce lieu dangoisses pour vous introduire dans les joies de la Sainte Cité. » A ces paroles, un sourire éclaira le visage de la mourante, ses yeux se fermèrent et elle sendormit dans la paix du Seigneur. Son âme, blanche et pure comme une colombe, se présentant au Seigneur trouva autant de protecteurs et davocats quelle avait délivré dâmes, et reconnue digne de la gloire, elle y entra comme en triomphe, au milieu des applaudissements et des bénédictions de tous ceux quelle avait tiré du purgatoire. Puissions nous avoir un jour le même bonheur !
Au profit des âmes du purgatoire, il est aussi possible doffrir : une visite à léglise, un pèlerinage, lusage de leau bénite, messes, neuvaines, prières, sacrifices, actes damour, humiliations, jeûnes
Lusage de leau bénite plaît au Divin Sauveur. Chaque fois que le prêtre impose sa bénédiction à leau, il agit en qualité de représentant de lEglise dont le Sauveur accueille toujours les prières avec complaisance, quelque soit celui pour qui lEglise lui adresse des prières « Quand vous prenez de leau bénite, faites tomber quelques gouttes à terre pour les âmes du purgatoire en faisant le signe de la croix » nous dit Maria Simma.
Prions Ne permettez pas ô mon Dieu, que jéloigne de mon esprit, par une fausse sensibilité, la pensée si salutaire du purgatoire. Gravez la profondément dans mon cur comme un puissant moyen de me préserver moi même du purgatoire et de venir en aide aux âmes qui y séjournent. Aidez moi à mettre un terme à leur exil et à leur ouvrir la porte du Ciel.
Vingt-neuvième jour Les apparitions
1. Dieu permet-il aux âmes du purgatoire de revenir sur la terre ?
Un des amis de St Augustin, évêque dUsale, lui posa un jour cette question : « Que faut il penser de ce quon a vu plusieurs personnes apparaître après leur mort, aller et venir dans les maisons comme auparavant ? Que faut il penser encore de ce que, dans certains lieux où il y a des corps enterrés, on entend souvent du bruit, à une certaine heure de la nuit ? »
« Je ne suis pas loin de croire, répond le grand docteur, que ces sortes dapparitions soient fréquentes et naturelles aux morts ; car si cela dépendait deux, il ny a pas de nuits où je ne devrais voir apparaître ma pieuse mère, elle qui pendant sa vie ne se séparait jamais de moi, et qui ma suivi par terre et par mer, jusque dans les contrées les plus lointaines. Mais je suis convaincu que la Toute Puissance Divine peut leur permettre et leur permet quelquefois dapparaître pour des raisons pleines de sagesse et que nous devons respecter. »
Pourquoi Dieu en effet ne permettrait il pas aux âmes suppliantes qui nous sont chères et qui souffrent encore, de nous parler elles mêmes, de nous dire leurs douleurs, dimplorer notre pitié ? En fait, la Ste Ecriture, la Vie de Saints, lHistoire nous montrent des apparitions bien constatées, à toutes les époques, dans tous les pays, devant toutes sortes de témoins.
Sans doute, il faut vous tenir en garde contre la crédulité trop facile de ces personnes qui pensent à chaque instant voir paraître et revenir les morts, et qui prennent pour une réalité les vains fantômes dune imagination exaltée par la douleur ou par les souvenirs. Mais gardez vous de nier la possibilité des apparitions, puisque la raison dit que Dieu peut les autoriser et que lexpérience démontre quIl les a en effet autorisées plus dune fois. Elles sont rares mais possibles.
2. Pourquoi Dieu le permet il ?
LEcriture Ste nous apprend que Samuel après sa mort, apparut à Saül pour lui adresser de justes et sévères reproches. Pour moi je ne crains pas de dire hautement quune des raisons qui paraissent les plus fortes pour déterminer Dieu daccorder aux morts une semblable permission, cest sans contredit lingratitude de ceux qui les oublient sur la terre, eux qui uniquement occupés à senrichir de leurs dépouilles, les laissent souffrir indéfiniment dans le purgatoire, sans penser à leur soulagement et à leur délivrance. Aussi ces pauvres âmes apparaissent elles ordinairement aux vivants sous une forme et dans une attitude qui excitent la pitié et la commisération. Souvent leur visage est triste, des flammes ardentes les environnent, elles poussent de profonds soupirs, des cris plaintifs, elles exhalent des reproches. Quelquefois elles révèlent leur présence par un bruit retentissant, par des symboles extraordinaires : cest toujours un signe matériel qui nous étonne et éveille en nous leur souvenir, en nous poussant à prier avec plus de ferveur pour leur délivrance.
3. Exemple
Un jeune homme, issu dune famille chrétienne, fidèle à ses pratiques de piété, se mettait cependant peu en peine de secourir les âmes du purgatoire. Il ne priait jamais ou presque jamais pour ses parents défunts. Non content de ne pas pratiquer cette salutaire dévotion par lui même, il en dissuadait les autres, sous prétexte dune charité mieux placée. Pourquoi, disait il tant soccuper du sort des trépassés, puisquils sont assurés de leur salut et quils ne peuvent ni offenser Dieu ni le perdre ? Il ne croyait pas non plus aux apparitions, quil tournait souvent en ridicule.
Pour le corriger, Dieu permit à ces âmes affligées de sortir de leur prison et dapparaître sous des formes effrayantes à celui qui leur causait un si grand dommage. Elles lassiégèrent en tout lieu et à toute heure, poussant des cris déchirants, remplissant ses yeux de fantômes étranges, glaçant son âme de stupeur, ne la laissant reposer ni le jour ni la nuit.
Le moyen fut efficace. Le jeune homme changea entièrement de conduite et de langage. Il quitta le monde et entra dans lordre de St Dominique. Devenu prêtre, il voua aux âmes du purgatoire un culte si éloquent en leur faveur, quil inspira à beaucoup le désir de les soulager et on lappelait amicalement : lavocat des morts. Il létait en effet. Jamais on entendit de raisons si fortes, si convaincantes, si nombreuses, que celles qui sortaient de sa bouche, pour prouver que la charité la plus éminente que lon puisse exercer en ce monde envers le prochain est de prier pour les défunts. Il mourut en odeur de sainteté et son âme sans doute senvola au Ciel, près de celles quil avait lui même délivrées par ses suffrages. Imitons un si bel exemple de charité.
Prions Mon Dieu, Vous êtes assez puissant et assez bon pour nous envoyer des messagers extraordinaires, afin de nous rappeler le souvenir et les besoins de lEglise Souffrante. Vous désirez que nous venions à leur aide. Soyez leur propice, Seigneur. Appelez vos enfants au séjour éternel et que la lumière qui ne séteint plus, luise sur eux ! Quils reposent en paix.
Trentième jour Les dernières volontés des défunts
1. Il faut les exécuter fidèlement
Les dernières volontés des mourants sont sacrées ! Nous sommes obligés de les respecter. Le Concile de Trente recommande aux évêques de veiller attentivement à laccomplissement des legs pieux faits par les fidèles défunts. Dautres conciles vont jusquà priver de la communion ceux qui sapproprient les dons des mourants ou qui diffèrent daccomplir leurs dernières volontés. Des lois si sévères nous font assez comprendre à quel point on se rend coupable, en privant les défunts des suffrages quils ont voulu sassurer après leur mort. Malheur donc à ceux qui profitent de la substance des pauvres âmes du purgatoire ! Ils les privent du soulagement quelles auraient reçu, se constituent en quelque sorte leurs bourreaux et deviennent responsables de leurs souffrances. Dieu ne les absoudra pas aussi facilement, quils le sachent bien, et le jour viendra où Il leur demandera un compte rigoureux des ces injustices quils ne songent pas même à se reprocher. Ils seront probablement punis, même dès ce monde, par des châtiments temporels, et qui nous dira la longueur et la rigueur des peines quils auront à endurer dans lautre ?
Ame chrétienne, réfléchissez ; vos parents, vos amis, vos bienfaiteurs, ne vous ont-ils pas fait en mourant de pieuses recommandations ? Ne vous ont-ils pas demandé de vive voix ou par testament, des prières et des messes ? Ne vous ont-ils pas au moins suppliés avec des larmes de penser souvent à eux devant le Seigneur ? Avez-vous justifié la confiance quils avaient en vous ? Avez-vous satisfait pleinement et consciencieusement à toutes les obligations quils vous ont laissées ? Si vous ne lavez pas fait, hâtez vous donc dacquitter cette dette sacrée de justice !
2. Il faut les exécuter promptement
Non seulement il faut accomplir avec fidélité les suprêmes volontés des morts mais on doit le faire le plus tôt possible, afin de ne pas priver ces âmes du soulagement que leur obtiendront soit les messes qui seront célébrées pour elles, soit les dons aux nécessiteux en prenant soin de les engager à prier pour leurs bienfaiteurs. Chaque jour de retard est une faute dont nous sommes responsables.
Si nous comprenions ce que sont ces terribles expiations du purgatoire ! Au lieu de différer laccomplissement de ce qui peut les adoucir, nous nous empresserions dapporter de prompts et efficaces secours à ces âmes si dignes de notre compassion, et dont certaines nous ont été si chères. Que dhéritiers peu consciencieux ont de graves reproches à se faire, à cause de leur négligence à remplir les engagements sacrés quils ont contractés envers leurs frères les morts !
Instruisez vous et ne donnez quà des personnes de confiance le soin dexécuter vos dernières volontés. Déposez entre des mains bien sûres les sommes que vous destinez à de bonnes uvres, ou à faire célébrer des messes pour votre délivrance, après votre décès. Cest le seul moyen dêtre certain que vos volontés dernières seront accomplies, à moins que vous nayez le bonheur dappartenir à une de ces familles chrétiennes qui avec la foi, ont conservé le respect dû au souvenir des morts.
3. Exemple
Ce trait montre à que point sont punis parfois, ceux qui nexécutent pas les volontés dernières des mourants. Il est rapporté dans « les gestes de Charlemagne » quun vaillant capitaine dont tout le monde vantait la bravoure, touchait au terme de sa carrière. Il fit appeler alors un de ses parents quil avait souvent obligé et lui dit : « Jai passé soixante ans au service de mon roi sans jamais acquérir autre chose que ma solde habituelle. Il ne me reste en mourant que mon fidèle cheval qui ma rendu tant de services. Quand jaurai rendu le dernier soupir, vous le vendrez et vous en donnerez le prix aux pauvres pour le soulagement de mon âme. » Le parent promit. Quand le capitaine eût rendu son âme à Dieu, cet homme séduit par la beauté et les qualités du cheval, le garda pour lui sans faire aux pauvres laumône convenue. La moitié de lannée sétait à peine écoulée que lâme du défunt apparut à ce parent égoïste si peu fidèle à sa promesse : « Malheureux ! Tu nas point tenu tes engagements ! Aussi tu es la cause de tous les tourments que jai endurés, car mon aumône men aurait préservé. Et bien sache que ta conduite sera punie par une prompte mort et quun châtiment tout particulier test réservé ; tu porteras la peine due à tes propres fautes et tu souffriras à ma place toutes celles que je devrais encore souffrir pour satisfaire à la Justice Divine. »
Le coupable fut accablé par cette menace et voulant mettre ordre à sa conscience, il se hâta de remplir les dernières volontés du défunt, il fit tout ce quil put pour éviter les foudres. Il ne put cependant éviter la mort du corps qui lui avait été annoncée et qui lenleva aussitôt après avoir accompli les volontés du défunt.
Linjustice et lingratitude envers les morts sont détestées de Dieu et encourent Sa Sainte Colère dans ce monde et dans lautre. Empressons nous nous même, de réparer nos injustices envers des défunts, si nous en avons commis.
Prions Ne permettez pas, ô mon Dieu, quune coupable négligence me fasse manquer à mes devoirs de justice envers les morts. Leurs droits sont sacrés, leurs dernières volontés seront également sacrées pour moi. Je satisferai pleinement à toutes les obligations quils mont laissées, et si je puis, je vais accomplir dès maintenant celles que jai pu négliger, par mon empressement, par mes prières, pour hâter lheure de leur délivrance. Jésus Miséricordieux ; Marie, reine du purgatoire, soyez leur propice et quils reposent dans la paix du Ciel.
Exemple à méditer
Un homme avait trois amis et deux surtout quil aimait dun amour de prédilection. Un jour, il fut accusé devant la justice dun grand crime bien quil fût innocent. Qui de vous, dit il à ses amis, veut maccompagner jusquau Tribunal et protester énergiquement en faveur de mon innocence ? Le premier sexcusa prétextant des occupations. Le second laccompagna jusquà la porte du tribunal, il sy arrêta et revint bientôt chez lui tremblant, redoutant la colère du juge. Le troisième, celui sur lequel laccusé comptait le moins, entra, parla en sa faveur, attesta son honorabilité et son innocence avec une telle conviction que le juge lui rendit non seulement la liberté mais lui accorda réparations.
En ce monde, lhomme a trois amis. Quand Dieu lappelle, à lheure de la mort pour le juger :
– largent, son ami de prédilection, ne va pas avec lui, il labandonne complètement et ne lui sert plus à rien
– ses parents, et ses proches laccompagnent jusquà la tombe, lui jettent un peu deau bénite au dernier adieu, et retournent tranquillement chez eux
– ses bonnes uvres, le troisième ami, celui dont il sest peut être le moins préoccupé durant sa vie. Cest tout le bien quil aura accompli pour lamour de Dieu. Seules ses bonnes uvres lui restent fidèles, laccompagnent devant le Seigneur, le précèdent, parlent en sa faveur et obtiennent pour lui Pardon et Miséricorde.
Ames chrétiennes, dans votre testament, nhésitez pas à effectuer des dons pour des uvres déglise et vous aurez des amis dévoués qui vous ouvriront les portes du Ciel.
Quelques « révélations » sur le purgatoire
Avant daccéder au Paradis, les âmes des élus passent en moyenne 30 à 40 ans dans le purgatoire.
Après la mort, chaque âme subit le jugement particulier. En un instant défilent devant elles tous les détails de sa vie terrestre. A moins dune rare préparation et si elle est morte en amitié avec Dieu, elle se sauvera delle même dans ce lieu de purification En effet, elle ne peut accepter le face à face avec la Majesté Divine si elle nest pas absolument pure ou purifiée.
Lors du jugement particulier, certains ne voient que St Michel et leur Ange Gardien, mais cest déjà un morceau du Ciel si merveilleux Et limpatience de jouir enfin de la vision de Dieu et de son Paradis se transforme en un véritable martyre.
Il est certain que dans le purgatoire, les âmes gardent une forme humaine ; et les parties du corps humain qui ont été souillées par des péchés non expiés, deviennent incandescentes dans le feu de la purification.
Au fur et à mesure de leur purification, les âmes du purgatoire sélèvent dans des lieux moins douloureux.
Il existe trois étages dans le purgatoire et à lintérieur de chacun, de nombreux degrés. Le purgatoire inférieur ou grand purgatoire est très proche de lEnfer.
La différence avec lEnfer est que lâme ne se révolte pas contre Dieu, elle ne désespère pas et ne souhaite pas son malheur aux autres Au contraire elle remercie Dieu de lavoir sauvée, malgré ses fautes et elle prie pour que ses proches se convertissent.
Pendant cet éventuel séjour dans le grand purgatoire, les âmes des élus ne peuvent pas profiter des soulagements que leur offrent leurs parents ou amis de la terre (sauf au « jour des morts »). Par contre dans le purgatoire ordinaire, les âmes profitent des rafraîchissements offerts par la terre mais à la condition expresse, que de leur vivant, elles aient été elles même charitables envers les pauvres âmes du purgatoire
Justice oblige
Offrez des messes pour les âmes du purgatoire
A Cologne, deux dominicains étaient réunis par une grande piété et une égale dévotion aux âmes du purgatoire. Ils vinrent à se promettre que le premier qui mourrait serait secouru par lautre, de deux Messes par semaine, toute une année. Un jour, lun des deux, le bienheureux Suzo, apprit que son ami venait de mourir. Il sempressa de beaucoup prier pour lui, de simposer de grandes pénitences, mais il avait totalement oublié les Messes promises
Un matin où Suzo priait à la chapelle, il vit tout à coup son ami lui apparaître ; le cher défunt lui reprocha son infidélité
Suzo cherchait à sexcuser en lui rappelant les nombreuses prières et les bonnes uvres quil avait faites pour lui. Mais le défunt sécria : « Oh non non ! Cela nest rien comparé à la Sainte Messe pour éteindre les flammes qui me brûlent ! »
Et il disparut.
Suzo, très impressionné, se promit de réparer cet oubli au plus vite. Il alerta plusieurs prêtres pour laider à soulager son cher défunt par de nombreuses messes. Au bout de quelques jours de ce charitable secours, le défunt apparut à Suzo environné dune grande lumière, le visage rayonnant de bonheur et lui dit : « Je vous remercie, mon fidèle ami, de la délivrance que je vous dois. Grâces aux Saintes Messes qui ont été dites pour moi, je suis sorti du purgatoire et je monte au Ciel où je verrai, face à face le Bon Dieu que nous avons adoré si souvent ensemble. » Et il disparut.
Grâce à cet évènement et jusquà sa mort, le bienheureux Suzo offrit le St Sacrifice de la Messe avec une ferveur renouvelée en faveur des âmes du purgatoire.
Faisons dire des Messes
Offrons à Dieu le sang de Jésus
St Jean Chrysostome recommandait cette pieuse pratique : « Ayez dans votre maison à une place apparente, une boîte où chacun puisse y déposer lobole des morts. Employez ces offrandes à faire dire des messes pour vos défunts. »
Prières + une dizaine de chapelet – à dire chaque jour
1. Litanies pour les âmes du purgatoire
Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus Christ, écoutez nous
Jésus Christ, exaucez nous
Père Céleste qui êtes Dieu, ayez pitié des âmes du purgatoire
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié des âmes du purgatoire
Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié des âmes du purgatoire
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié des âmes du purgatoire
Sainte Marie, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Mère de Dieu, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Vierge des vierges, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Michel, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les Anges et les Archanges, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les churs des Esprits Bienheureux, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Patriarches et prophètes, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Jean – Baptiste, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Joseph, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Pierre, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Jean, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Apôtres et Evangélistes, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Etienne, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Laurent, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Martyrs, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Grégoire, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Ambroise, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Augustin, priez pour les âmes du purgatoire
Saint Jérôme, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Pontifes et Confesseurs, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Docteurs, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Prêtres et Lévites, priez pour les âmes du purgatoire
Tous les saints Moines et Ermites, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Marie – Madeleine, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Catherine, priez pour les âmes du purgatoire
Sainte Barbe, priez pour les âmes du purgatoire
Toutes les saintes Vierges et Veuves, priez pour les âmes du purgatoire
Toutes les saints de Dieu, priez pour les âmes du purgatoire
Soyez leur propice, pardonnez leur, Seigneur
Soyez leur propice, exaucez nous, Seigneur
De tout mal, délivrez les, Seigneur
De votre colère, délivrez les, Seigneur
De la sévérité de votre justice, délivrez les, Seigneur
Du ver rongeur de la conscience, délivrez les, Seigneur
Des ténèbres effroyables, délivrez les, Seigneur
De leurs pleurs et gémissements, délivrez les, Seigneur
Par votre Incarnation, délivrez les, Seigneur
Par votre Sainte Nativité, délivrez les, Seigneur
Par votre Nom très doux, délivrez les, Seigneur
Par votre Baptême et votre Saint Jeûne, délivrez les, Seigneur
Par votre profonde humilité, délivrez les, Seigneur
Par votre grande obéissance, délivrez les, Seigneur
Par votre amour infini, délivrez les, Seigneur
Par vos angoisses et vos souffrances, délivrez les, Seigneur
Par votre sueur de sang, délivrez les, Seigneur
Par vos liens et vos chaînes, délivrez les, Seigneur
Par votre couronne dépines, délivrez les, Seigneur
Par vos très saintes plaies, délivrez les, Seigneur
Par votre Croix et votre passion, délivrez les, Seigneur
Par votre mort ignominieuse, délivrez les, Seigneur
Par votre sainte Résurrection, délivrez les, Seigneur
Par votre admirable Ascension, délivrez les, Seigneur
Par lavènement du Saint Esprit Consolateur, délivrez les, Seigneur
Tout pécheur que nous sommes, nous vous en prions, écoutez- nous
Vous qui avez pardonné à la pécheresse et exaucé le Bon Larron, nous vous en prions,
Vous qui sauvez par votre Grâce, nous vous en prions,
Quil vous plaise de délivrer nos parents, amis et bienfaiteurs des flammes expiatrices, nous vous en prions,
Quil vous plaise de délivrer tous les fidèles trépassés de leurs souffrances, nous vous en prions,
Quil vous plaise de prendre en pitié ceux qui nont point en ce monde dintercesseurs particuliers, nous vous en prions,
Quil vous plaise de faire grâce à tous et de les délivrer de leurs peines, nous vous en prions,
Quil vous plaise dexaucer leurs désirs, nous vous en prions,
Quil vous plaise de les admettre au Ciel parmi les élus, nous vous en prions,
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, donnez leur le repos
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, donnez leur le repos
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, donnez leur le repos éternel
Jésus Christ, écoutez nous
Jésus Christ, exaucez nous
Seigneur, écoutez ma prière
Et que ma supplication parvienne jusquà Vous.
2. Credo
Je crois en Dieu le Père Tout Puissant
.
3. De Profundis
Des profondeurs de labîme, jai crié vers Vous, Seigneur : écoutez ma prière
Que Vos oreilles soient attentives à la voix de ma supplication
Si vous tenez compte de nos iniquités, Seigneur, Seigneur, qui pourra subsister devant Vous ?
Mais Vous êtes plein de miséricorde, et jespère en Vous Seigneur, à cause de Votre Loi.
Mon âme sest appuyée sur Votre Parole, mon âme a mis toute sa confiance dans le Seigneur.
Depuis le matin jusquau soir, Israël espère dans le Seigneur ;
Car dans le Seigneur est la Miséricorde et une abondante rédemption.
Cest Lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités.
Donnez- leur Seigneur le repos éternel
Et que la lumière éternelle les éclaire.
4. Salve Regina
Salut, ô Reine, notre vie, notre consolation, notre espoir, salut. Enfants dEve, nous crions vers vous. Vers vous, nous soupirons gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. Ô vous, notre avocate, tournez vers nous, vos regards compatissants, et après lexil de cette terre, obtenez nous de contempler Jésus, le fruit béni de vos entrailles, ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie.
Priez pour nous, Sainte Mère de Dieu, afin que nous soyons dignes des promesses de NSJC.
5. Prière pour les âmes du Purgatoire
Seigneur Jésus, prenez en pitié les âmes détenues en purgatoire, pour le salut desquelles Vous avez daigné prendre notre nature humaine et subir la mort la plus douloureuse. Ayez pitié de leurs aspirations brûlantes à vous voir, ayez pitié de leurs larmes de repentir, et par la vertu de Votre Passion, remettez leur les peines encourues par leurs offenses. Très doux Jésus, que Votre Sang descende sur ces chères âmes ! Quil abrège leur temps dexpiation et quelles puissent bientôt être appelées auprès de Vous dans lEternel bonheur ! Amen
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