penser a la mort est tres utile

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15ème DIMANCHE APRÈS LA PENTE-CÔTE

lapensée de la mort

 

Cum appropinquaret porte civitatis, ecce defunctus efferebatur filius uni-cus matris suae : et haec vidua erat.

Jésus, étant près des portes de la ville de Naïm, trouva qu’on portait en terre le fils unique d’une mère qui était veuve.

(S. Luc, VII, 12.)

Non, M.F., rien n’est plus capable de nous détacher de la vie et des plaisirs du monde, et de nous porter à nous occuper de ce moment terrible qui doit décider de tout pour l’éternité, que la vue d’un cadavre que l’on conduit dans le tombeau. C’est pourquoi l’Église, qui est toujours attentive et occupée à nous fournir tous les moyens les plus capables de nous faire travailler à notre salut, nous met, trois fois par année, le souvenir de ces morts que Jésus-Christ ressuscita  ; afin de nous forcer, en quelque sorte, à nous en occuper pour nous préparer à ce voyage. Dans un endroit de l’Évangile , elle nous présente une jeune fille âgée seulement de douze ans, c’est-à-dire dans un âge où à peine l’on peut commencer à jouir des plaisirs. Quoiqu’elle fût fille unique, très riche et tendrement aimée de ses parents, malgré cela cependant, la mort la frappe et la fait disparaître pour jamais aux yeux des vivants. Dans un autre endroit , nous voyons un jeune homme d’environ vingt-cinq ans, qui était à la fleur de son âge, le seul appui et la seule consolation d’une mère veuve ; cependant, ni les larmes, ni la tendresse de cette mère désolée, ne peuvent empêcher que la mort, cette impitoyable mort, n’en fasse sa proie. Dans une autre partie de l’Évangile , nous voyons un autre jeune homme, qui est Lazare. Il tenait lieu de père à ses deux sœurs, Marthe et Madeleine ; il nous semble que la mort aurait dû au moins avoir égard à ce dernier ; mais, non, cette cruelle mort le moissonne, et le réduit au tombeau, pour en faire la pâture des vers. Il fallut que Jésus-Christ fît trois miracles pour leur rendre la vie. Ouvrons les yeux, M.F., et contemplons un instant ce touchant spectacle, qui va nous prouver, de la manière la plus forte, la caducité de la vie et la nécessité de nous en détacher, avant que cette mort inexorable nous en arrache malgré nous. « Jeune ou vieux, disait le saint roi David, je penserai souvent que je mourrai un jour, et je m’y préparerai de bonne heure. » Pour vous engager à faire de même, je vais vous montrer combien la pensée de la mort nous est nécessaire pour nous détacher de la vie et pour nous attacher à Dieu seul.

I. – Nous voyons, M.F., que malgré le degré d’impiété et d’incrédulité où les hommes sont parvenus dans le malheureux siècle où nous vivons, ils n’ont cependant pas encore osé nier la certitude de la mort ; mais seulement, ils font tout ce qu’ils peuvent pour en bannir la pensée, comme d’un voisin qui pourrait les inquiéter dans leurs plaisirs, et les troubler dans leurs débauches. Mais aussi, nous voyons dans l’Évangile, que Notre Seigneur Jésus-Christ veut que nous ne perdions jamais de vue la pensée de notre départ de ce monde pour l’éternité . Pour bien nous faire comprendre que nous pouvons mourir à tous les âges, nous voyons qu’il ne ressuscite ni des enfants qui sont encore insensibles aux plaisirs de la vie, ni des vieillards décrépits, qui, malgré leur attachement à la terre, ne peuvent pas douter que leur départ ne soit peu éloigné. Mais il ressuscite ceux qui sont dans un âge où nous oublions le plus ordinairement cette pensée salutaire : c’est-à-dire, depuis douze jusqu’aux environs de quarante ans. En effet, depuis quarante ans, la mort semble nous poursuivre rapidement ; nous perdons tous les jours quelque chose, qui nous annonce que nous devons bientôt sortir de ce monde ; nous sentons, chaque jour, nos forces diminuer, nous voyons nos cheveux blanchir, notre tête devenir chauve, nos dents tomber, notre vue s’affaiblir : tout cela nous dit adieu pour jamais, et nous avouons nous-mêmes que nous ne sommes plus ce que nous étions autrefois. Non, M.F., personne n’a le moindre doute là-dessus. Oui, M.F., il est certain qu’un jour viendra où nous ne serons plus du nombre des vivants, et que l’on ne pensera pas plus à nous que si nous n’avions jamais été au monde. Voilà donc cette jeune fille mondaine, qui a pris tant de soin et tant de peine à paraître aux yeux du monde : la voilà réduite à un peu de poussière, qui est foulée sous les pieds des passants. Voilà cet orgueilleux, qui faisait tant de cas de son esprit, de ses richesses, de son crédit et de sa charge, le voilà conduit dans un tombeau, mangé des vers, et mis en oubli jusqu’à la fin du monde ; c’est-à-dire, jusqu’à la résurrection générale, où nous le reverrons avec tout ce qu’il aura fait pendant les jours de sa malheureuse vie.

Mais, peut-être allez-vous me demander ce que c’est que, ce moment de la mort qui doit tant nous occuper, et qui est si capable de nous convertir ? – C’est, M.F., un instant qui, peu sensible dans sa durée, nous est peu connu, et qui, cependant, suffit pour nous faire faire le grand passage de ce monde à l’éternité. Moment formidable par lui-même, M.F., où tout ce qui est dans le monde meurt pour l’homme, où l’homme, en même temps, meurt pour tout ce qui est à lui sur la terre. Moment terrible, M.F., où l’âme, malgré l’union si intime qu’elle a avec son corps, en est arrachée par la violence de la maladie ; après quoi, l’homme étant dépouillé de tout, ne laisse aux yeux du monde qu’une figure hideuse de lui-même, des yeux éteints, une bouche muette, des mains sans action, des pieds sans mouvement, un visage défiguré, un corps qui commence à se corrompre et qui n’est plus qu’un objet d’horreur. Moment impitoyable, M.F., où les plus puissants et les plus riches perdent toutes leurs richesses et leur gloire, et où ils n’ont pour tout héritage que la poussière du tombeau. Moment bien humiliant, M.F., où le plus grand est confondu avec le plus misérable de la terre. Tout est confondu : plus d’honneurs, plus de distinctions, tous sont mis au même niveau. Mais moment, M.F., mille fois plus terrible encore par ses suites que par sa présence puisque les pertes en sont irréparables. « L’homme, nous dit le Saint-Esprit, parlant du mourant, ira dans la maison de son éternité . » Moment court, il est vrai, M.F., mais bien décisif ; après lequel le pécheur n’a plus de miséricorde à espérer, et le juste de mérites à acquérir. Moment dont la pensée a rempli les monastères de tant de grands du monde, qui ont tout quitté pour ne penser qu’à ce terrible passage de ce monde à l’autre. Moment, M.F., dont la pensée a peuplé les déserts de tant de saints, qui n’ont cessé de se livrer à toutes les rigueurs de la pénitence que leur amour pour le bon Dieu a pu leur inspirer. Moment terrible, M.F., mais bien court, qui, cependant, va décider de tout pour une éternité entière.

D’après cela, M.F., comment se peut-il faire que nous n’y pensions pas ou, du moins, que nous y pensions d’une manière si faible ? Hélas ! M.F., que d’âmes brûlent maintenant, pour avoir négligé cette pensée salutaire ! Laissons, M.F., laissons un peu le monde, ses biens et ses plaisirs, pour nous occuper de ce terrible moment. Imitons, M.F., les saints, qui en faisaient leur principale occupation ; laissons périr ce qui périt avec le temps, donnons nos soins à ce qui est éternel et permanent. Oui, M.F., rien n’est plus capable de nous détacher de la vie du péché, et de faire trembler les rois sur leurs trônes, les juges et les libertins au milieu de leurs plaisirs, que la pensée de la mort. En voici un exemple, M.F., qui va vous montrer que rien ne peut résister à cette pensée bien méditée. Saint Grégoire nous rapporte qu’un jeune homme, au salut de l’âme duquel il s’intéressait beaucoup, avait conçu une telle passion pour une jeune fille, que celle-ci étant morte, il ne pouvait plus s’en consoler. Saint Grégoire, pape, après bien des prières et des pénitences, alla trouver ce jeune homme : « Mon ami, lui dit-il, venez avec moi, et vous verrez encore une fois celle qui vous fait pousser tant de soupirs et verser tant de larmes. »

Le prenant par la main, il le conduit au tombeau de cette jeune fille. Quand il eut fait lever la planche qui couvrait son corps, ce jeune homme voyant un corps si horrible, si puant, si rempli de vers, n’étant plus qu’un amas de corruption, recule d’horreur : « Non, non, mon ami, lui dit saint Grégoire, avancez et soutenez un instant la vue de ce spectacle que la mort vous présente. Voyez, mon ami, considérez ce qu’est devenue cette beauté périssable, à laquelle vous étiez éperdument attaché. Voyez-vous cette tête toute décharnée, ces yeux éteints, ces ossements livides, cet amas horrible de cendres, de pourriture et de vers ? Voilà, mon ami, l’objet de votre passion, pour lequel vous avez poussé tant de soupirs, et sacrifié votre âme, votre salut, votre Dieu et votre éternité. » Des paroles si touchantes, un spectacle si effrayant firent une impression si vive sur le cœur de ce jeune homme, que, reconnaissant dès ce moment le néant de ce monde et la fragilité de toute beauté périssable, il renonça aussitôt à toutes les vanités de la terre, ne pensa plus qu’à se préparer à bien mourir en se retirant du monde, pour aller passer sa vie dans un monastère, y pleurer, le reste de ses jours, les égarements de sa jeunesse, et mourir en saint. Quel bonheur, M.. F., pour ce jeune homme ! Faisons de même, M.F., puisque rien n’est plus capable de nous détacher de la vie, et de nous déterminer à quitter le péché que cette heureuse pensée de la mort.

Ah ! M.F., à la mort, comme l’on pense bien autrement que pendant la vie ! En voici un bel exemple. Il est rapporté dans l’histoire, qu’une dame possédait toutes les qualités capables de plaire au monde, dont elle goûtait tous les plaisirs. Hélas ! M.F., cela ne l’empêcha pas d’arriver comme les autres à ses derniers moments, et bien plus tôt qu’elle n’aurait voulu. Au commencement de sa maladie, on lui dissimula le danger où elle se trouvait, comme on ne le fait que trop souvent à ces pauvres malades. Cependant le mal faisait chaque jour de nouveaux progrès ; il fallut l’avertir qu’elle devait penser à son départ pour l’éternité. Il lui fallait faire alors ce qu’elle n’avait jamais fait et penser ce qu’elle n’avait jamais pensé ; elle en fut extrêmement effrayée. « Je ne crois pas, dit-elle à ceux qui lui donnaient cette nouvelle, que ma maladie soit dangereuse, j’ai encore le temps ; » mais on la presse, en lui disant que le médecin la trouvait en danger. Elle pleure, elle se lamente de quitter la vie dans un temps où elle pouvait encore jouir de ses plaisirs. Mais, tandis qu’elle pleurait, on lui représente que personne n’étant immortel, si elle échappait à cette maladie, une autre l’emmènerait, que tout ce qu’elle avait à faire était de mettre ordre à sa conscience, afin de pouvoir paraître avec confiance devant le tribunal de Dieu. Peu à peu elle rentra en elle-même, et, comme elle était instruite, elle fut bientôt convaincue de cela ; ses larmes se tournèrent du côté de ses péchés ; elle demanda un confesseur pour lui faire l’aveu de ses fautes, qu’elle aurait bien voulu n’avoir jamais commises. Elle fait elle-même le sacrifice de sa vie ; elle confesse ses fautes avec une grande douleur, une abondance de larmes ; elle prie ses compagnes ou ses amies de venir la voir avant qu’elle ne sorte de ce monde, ce qu’el-les firent avec empressement. Quand elles furent autour de son lit, elle leur dit en pleurant : « Mes chères amies, vous voyez dans quel état je suis ; il me faut aller paraître devant Jésus-Christ, pour lui rendre compte de toutes les actions de ma vie ; vous savez vous-mêmes combien j’ai mal servi le bon Dieu et combien j’ai à craindre ; mais, cependant, je vais m’abandonner à ses miséricordes. Tout le conseil que j’ai à vous donner, mes bonnes amies, c’est de ne pas attendre, pour bien faire, ce moment où l’on ne peut rien, et où, malgré les larmes et le repentir, l’on est en si grand danger d’être perdu pour l’éternité. C’est pour la dernière fois que je vous vois ; je vous en conjure, ne perdez pas un moment du temps que le bon Dieu vous donne et que je n’ai pas moi-même. Adieu, mes amies, je vais partir pour l’éternité, ne m’oubliez pas dans vos prières, afin que, si j’ai le bonheur d’être pardonnée, vous m’aidiez à me tirer du purgatoire. » Toutes ses compagnes, qui ne s’attendaient nullement à ce langage, se retirèrent en versant des larmes, et remplies d’un grand désir de ne pas attendre ce moment, où nous avons tant de regrets d’avoir perdu un temps si précieux.

Oh ! M.F., que nous serions heureux, si la pensée de la mort et la présence d’un cadavre, nous faisaient la même impression, opéraient le même changement en nous ! Cependant nous avons une âme à sauver comme ces personnes, qui se convertirent à la vue de cette jeune dame qui allait mourir ; et, de plus, nous avons les mêmes grâces si nous voulons en profiter. Hélas ! mon Dieu, pourquoi s’attacher si fort à la vie, puisque nous n’y sommes que pour un instant, après lequel, nous laissons tout, pour n’emporter que le bien et le mal que nous avons fait ?… Pourquoi, M.F., nous attacher si peu, au bon Dieu, qui fait, même dès ce monde, notre bonheur, pour le continuer pendant l’éternité ? Comment pourrions-nous nous attacher aux biens et aux plaisirs de ce monde, si nous avions ces paroles bien gravées dans nos cœurs : « Nous venons au monde tout nus et nous en sortirons de même ? » Cependant nous savons et nous voyons tous les jours que le plus riche n’emporte pas plus que le plus pauvre. Le grand Saladin le reconnut bien avant de mourir, lui qui avait fait trembler l’univers par la grandeur de ses victoires. Se voyant près de mourir, reconnaissant alors, mieux que jamais, le vide des grandeurs humaines, il commanda à celui qui marchait ordinairement devant lui, portant son étendard, de prendre un morceau du drap dont il devait être enveloppé, de le mettre à la pointe d’une pique, et de marcher dans la ville en criant autant fort qu’il pourrait : « Voilà tout ce que le grand Saladin, vainqueur de l’Orient, et maître de l’Occident, emporte de tous ses trésors et de toutes ses victoires : un linceul. « Ô mon Dieu ! que nous serions sages, si cette pensée ne nous quittait jamais !

En effet, M.F., si cet avare, dans le moment où il n’épargne ni injustices, ni tromperies, pour amasser du bien, pensait que, dans peu de temps, il va tout quitter, pourrait-il bien s’attacher si fort à des objets qui vont le perdre pour l’éternité ? Mais, non, M.F., en voyant la manière dont nous vivons, l’on croirait que jamais nous ne devons quitter la vie. Hélas ! qu’il est à craindre que si nous vivons en aveugles, nous mourions de même ! en voici un exemple bien frappant.

Nous lisons dans l’histoire que le cardinal Bellarmin, de la Compagnie de Jésus, fut appelé vers un malade qui avait été procureur, et qui, malheureusement, avait préféré l’argent au salut de son âme. Croyant qu’il ne le mandait que pour ranger les affaires de sa conscience, il y courut avec empressement. En entrant, il commence à lui parler de l’état de son âme ; mais à peine eut-il commencé à parler que le malade lui dit : « Mon Père, ce n’est pas pour cela que je vous ai demandé ; mais seulement pour consoler ma femme qui se désole de me perdre ; car, pour moi, je m’en vais tout droit en enfer. » Le cardinal rapporte que cet homme était si endurci et si aveugle, qu’il prononça ces paroles avec autant de tranquillité et la même froideur que s’il eût dit qu’il allait prendre un moment de plaisir avec quelques-uns de ses amis. « Mon ami, lui dit le cardinal, qui se désolait de voir sa pauvre âme tomber en enfer, pensez donc à demander pardon au bon Dieu de vos péchés et confessez-vous ; le bon Dieu vous pardonnera. » Ce pauvre malheureux lui dit qu’il ne fallait pas perdre son temps, qu’il ne connaissait pas ses péchés, ni ne voulait les connaître ; qu’il avait bien le temps de les connaître en enfer. Le cardinal eut beau le prier, le conjurer, en grâce, de ne pas se perdre pour l’éternité, puisqu’il avait encore tous les moyens de gagner le ciel, lui promettant qu’il l’aiderait à satisfaire à la justice de Dieu, ajoutant qu’il était sûr que le bon Dieu aurait encore pitié de lui. Mais, non, rien ne fut capable de le toucher ; il mourut sans donner aucun sentiment de repentir.

Hélas ! M.F., celui qui ne pense pas à la mort pendant sa vie se met dans un grand danger de n’y jamais penser, ou de ne vouloir réparer le mal que quand il n’y aura plus de remèdes. Ô mon Dieu ! que ceux qui ne perdent jamais la pensée de la mort évitent de péchés pendant la vie et de regrets pour l’éternité ! Le même cardinal rapporte qu’étant allé visiter un de ses amis qui était malade par un excès de débauche, il voulut l’exhorter au repentir et à se confesser de ses péchés, ou du moins, à en faire un acte de contrition. Le malade lui répondit : « Mon père, que voulez-vous me dire par un acte de contrition ? Je n’ai jamais connu ce langage. » Le cardinal eut beau lui vouloir faire comprendre que c’était regretter les péchés qu’on avait commis, pour que le bon Dieu nous pardonne. – « Mon père, laissez-moi, vous me troublez, laissez-moi tranquille. » Il mourut sans vouloir produire un acte de contrition, tant il était aveuglé et endurci. O mon Dieu ! quel malheur pour une personne qui a perdu la foi ! hélas ! il n’y a plus de ressources ! Ah ! M.F., que l’on a bien raison de dire : Telle est la vie, telle est la mort. Hélas ! M. F, si cet ivrogne pensait un peu à ce moment de la mort, qui doit terminer toutes ses dissolutions et ses débauches, où son corps sera livré aux vers, pendant que sa pauvre âme brûlera en enfer ; ah ! M.F., aurait-il le courage de continuer ses excès ? Mais, non, si on lui en parle, il s’en moque, il ne pense qu’à se divertir, à contenter son corps, comme si tout devait finir avec lui, nous dit le prophète Isaïe.

Ah ! M.F., le démon a grand soin de nous en faire perdre le souvenir, parce qu’il sait bien mieux que nous combien il nous est salutaire pour nous tirer du péché et nous ramener au bon Dieu. Les saints, M.F., qui avaient tant à cœur le salut de leur âme, avaient soin de n’en perdre jamais le souvenir. Saint Guillaume, archevêque de Bourges, assistait aux enterrements autant qu’il le pouvait, afin de bien graver en lui la pensée de la mort. Il se re-présentait combien nous sommes misérables de nous attacher à la vie qui est si malheureuse, si remplie du danger de nous perdre pour l’éternité  ! Il y en a un autre qui alla passer un an dans un bois, pour avoir le loisir de se bien préparer à la mort : « parce que, disait-il, quand elle arrive, il n’est plus temps. » Ces saints avaient, sans doute, bien raison, M.F., parce que de cette heure dépend tout, et que, souvent, si nous attendons pour y penser le moment où la mort nous frappe, quelquefois cela ne sert à rien.

Oh ! que la pensée de la mort est puissante pour nous garantir du péché, et nous faire faire le bien ! Hélas ! M.F., si ce malheureux qui se traîne dans les ordures de ses impuretés, pensait bien au moment de la mort où son corps, qu’il prend tant de soin de contenter, sera pourri en terre ; ah ! s’il faisait la moindre réflexion sur ces os secs et arides, amoncelés dans le cimetière ; s’il prenait la peine d’aller sur ces tombeaux, pour y contempler ces cadavres puants et pourris, ces crânes à demi rongés par les vers, ne serait-il pas frappé d’un tel spectacle ? Aurait-il d’autre pensée que de pleurer ses péchés et son aveuglement, s’il pensait au regret qu’il aura à l’heure de la mort, d’avoir profané un corps qui est « le temple du Saint-Esprit et les membres de Jésus-Christ  ? »Voulez-vous, M.F., connaître la fin malheureuse d’un impudique qui n’a pas voulu voir la mort pendant sa vie ? Saint Pierre Damien rapporte qu’un Anglais, pour avoir de quoi satisfaire sa passion honteuse, se donna au démon, à condition qu’il l’avertirait trois jours avant sa mort, dans l’espérance qu’il aurait bien le temps de se convertir. Hélas ! que l’homme est aveugle, une fois dans le péché ! Mais, après qu’il se fut traîné, roulé et baigné dans le jus de ses impuretés, le moment de son départ arriva. Le démon, tout menteur qu’il est, tint parole à ce scélérat. Mais l’Anglais fut bien trompé dans son attente ; car, au grand étonnement de tous les assistants, dès qu’on lui parlait de son salut, il paraissait s’endormir, ne faisait aucune réponse ; mais si on lui parlait des affaires temporelles, il avait parfaitement sa connaissance ; de sorte qu’il mourut dans ses impuretés, comme il y avait vécu. Pour bien nous montrer qu’il était réprouvé, le bon Dieu permit que de gros chiens noirs parussent environner son lit, comme prêts à s’élancer sur leur proie ; on les vit encore sur son tombeau, comme pour garder ce dépôt abominable. Hélas ! M.F., que d’autres exemples aussi effrayants que ceux-là !…

Dites-moi, si cet ambitieux pensait bien à ce moment de la mort, qui lui fera voir tout le néant des grandeurs humaines, pourrait-il bien ne pas faire ces réflexions, que bientôt il sera couvert de terre et foulé aux pieds des passants, n’ayant pour toute marque de grandeur, que ces deux mots : « Ici repose un tel ? » O mon Dieu ! que l’homme est aveugle ! Nous lisons dans l’histoire, qu’un homme, pendant toute sa vie, n’avait nullement pensé à son salut ; mais seulement à se divertir et à amasser du bien. Étant près de mourir, il reconnut bien son aveuglement de n’avoir point travaillé à faire une bonne mort. Il recommanda que l’on mît sur sa tombe : « ici repose l’insensé, qui est sorti de ce monde sans savoir pourquoi le bon Dieu l’y avait mis. » Si, M.F., tous ces pécheurs qui se raillent de toutes les grâces que le bon Dieu leur fait pour sortir du péché et qui les méprisent ; s’ils pensaient bien que, dans le moment où ils sortiront de ce monde, ces grâces leur seront refusées, et que, le bon Dieu qu’ils ont fui, les fuira à son, tour, et les laissera mourir dans leurs péchés ; dites-moi, auraient-ils le courage de mépriser tant de grâces que le bon Dieu leur présente maintenant pour sauver leur pauvre âme ?

Ah ! M.F., que de péchés ne se commettraient pas, si l’on avait le bonheur de penser souvent à la mort. C’est pourquoi le Saint-Esprit nous recommande si fort de ne jamais perdre le souvenir de nos fins dernières, parce que nous ne pécherions jamais . Ce fut encore cette pensée, M.F., qui acheva de convertir saint François de Borgia. Étant encore dans le monde, il se trouvait à la cour d’Espagne, lorsque l’impératrice Élisabeth , femme de Charles-Quint, mourut. Comme on devait l’enterrer dans le tombeau de ses prédécesseurs, qui était à Grenade, l’on donna la conduite de ce corps à François de Borgia. A l’arrivée à Grenade, on voulut faire la cérémonie, et l’on ouvrit le cercueil où était le corps. François de Borgia devait protester que c’était bien le même que l’on avait mis dans le cercueil. Quand on eut découvert ce visage qui avait été si beau, il se trouva tout noir et à demi pourri ; les yeux étaient tout fondus ; il en sortait une odeur insupportable. Alors il dit : « Oui, je jure que c’est le corps qu’on a mis dans le cercueil, et que c’est celui de la princesse ; mais je ne le reconnais plus. » Dès ce moment, il fit réflexion sur le néant des grandeurs humaines et combien elles sont peu de chose ; il prit la résolution de quitter le monde, pour ne plus penser qu’à sauver son âme. « Ah ! disait-il, qu’est devenue la beauté de cette princesse, qui était la plus belle créature du monde ? O mon Dieu ! que l’homme est aveugle de s’attacher à de viles créatures en perdant son âme ! » Heureuse pensée, M.F., qui lui a valu le ciel !

Mais pourquoi est-ce, M.F., que nous oublions cette mort, qui nous ferait toujours tenir prêts à bien mourir ? Hélas ! l’on ne veut pas y penser, l’on meurt sans y avoir pensé, et nous regardons cette mort comme bien éloignée de nous. Le démon ne nous dit pas, comme autrefois, à nos premiers parents : « Vous ne mourrez pas  ; » parce que cette tentation serait trop grossière, elle ne tromperait personne ; « mais, nous dit-il, vous ne mourrez pas si tôt ; » et par cette illusion, nous renvoyons la pensée de nous convertir à notre dernière maladie, où nous ne serons plus en état de rien faire. C’est ainsi, M.F., que la mort en a tant surpris, et en surprendra tant jusqu’à la fin du monde. C’est cependant cette pensée qui en a tant tiré du péché ; en voici un exemple bien frappant. Il est rapporté dans l’histoire qu’un jeune homme et une jeune fille avaient eu ensemble un commerce infâme. Il arriva que ce jeune homme, passant dans un bois, fut égorgé. Un petit chien qui le suivait, voyant son maître tué, va trouver cette fille, la prend par son tablier, la tirant comme pour lui dire de le suivre. Étonnée de cela, elle suit ce petit chien, qui la mène au lieu où était son maître. Il s’arrêta auprès d’un tas de feuilles. Ayant re-gardé ce qu’il y avait, elle vit ce pauvre jeune homme tout ensanglanté : des voleurs l’avaient poignardé. Rentrant en elle-même, elle se mit à pleurer, se disant : « Ah ! malheureuse, si le même sort t’était arrivé, où serais-tu ? hélas ! tu brûlerais en enfer. Peut-être ce jeune homme brûle-t-il maintenant dans les abîmes à cause de toi !… Ah ! malheureuse, comment as-tu pu mener une vie si criminelle ? Ah ! dans quel état est ta pauvre âme !… Mon Dieu ! je vous remercie, de ne m’avoir pas fait servir d’exemple aux autres ! » Elle quitta le monde, alla s’ensevelir dans un monastère pour toute sa vie, et mourut comme une sainte. Ah ! M.F., combien y a-t-il de pécheurs que de semblables exemples ont convertis ! O mon Dieu ! qu’il faut que nos cœurs soient durs et insensibles pour n’être touchés de rien, et vivre dans le péché, peut-être, sans penser à en sortir !

Hélas ! M.F., il est à craindre que, dans le moment où nous voudrons revenir au bon Dieu, nous ne le puissions pas ; le bon Dieu, en punition de nos péchés, nous aura abandonnés. Je vais vous le montrer dans un exemple. Nous lisons dans l’histoire , qu’un homme avait vécu longtemps dans le désordre. S’étant converti, il retomba au bout de quelque temps dans ses anciens péchés. Ses amis, qui en étaient bien chagrinés, firent tout ce qu’ils purent pour le ramener au bon Dieu ; il leur promettait toujours et n’en faisait rien. Ils lui dirent qu’il y avait une retraite dans la paroisse voisine ; qu’ils l’y conduiraient avec eux, et qu’il devait s’y préparer. L’autre, qui depuis longtemps se moquait de Dieu et de tous leurs conseils, leur répondit en riant, que oui ; qu’ils n’avaient qu’à venir le prendre le matin du jour où elle devait commencer, et qu’ils partiraient tous ensemble. Les autres ne manquèrent pas d’aller le trouver, dans l’espérance de le ramener au bon Dieu ; mais en entrant, il le virent étendu au milieu de sa maison : il était mort, la nuit, de mort subite sans avoir eu le temps ni de se confesser, ni de donner le moindre signe de repentir. Hélas ! M.F., où alla cette pauvre âme qui avait tant méprisé les grâces du bon Dieu ?

II. – Nous avons dit qu’il est très utile de penser souvent à la mort : 1? pour nous faire éviter le péché et nous faire expier ceux que nous avons eu le malheur de commettre, et 2? pour nous détacher de la vie. Saint Augustin nous dit qu’il ne faut pas seulement penser à la mort des martyrs, chez qui, par une grâce admirable, la peine du péché est devenue comme un instrument de mérite, mais à la mort de tous les hommes. Cette pensée de la mort serait pour nous un des plus puissants moyens de salut, et un des plus grands remèdes à nos maux, si nous en savions tirer les avantages que la miséricorde divine veut nous procurer par le châtiment que sa justice exige de nous. Nous ne sommes condamnés à mourir que parce que nous avons péché  ; mais il nous suffirait, pour ne plus pécher, de bien penser à la mort ; comme nous dit l’Esprit Saint .

Nous disons, M.F., que la pensée de la mort produit en nous trois effets : 1? elle nous détache du monde 2? elle arrête nos passions ; 3? elle nous engage à mener une vie plus sainte. Si le monde, M.F., peut nous tromper pendant quelque temps, cela certainement ne durera pas toujours ; car il est sûr que toutes les choses du monde n’ont pas grande force contre la pensée de la mort. Si nous pensons que, dans quelques moments ; nous aurons dit adieu à la vie pour n’y reparaître jamais !  L’homme qui a la mort toujours présente à l’esprit ne peut se regarder que comme un voyageur sur la terre, qui ne fait qu’y passer, et qui laisse sans peine tout ce qu’il rencontre, parce qu’il tend à un autre terme et qu’il avance vers une autre patrie. Telle fut, M. F :, la disposition de saint Jérôme : comme il voyait qu’une fois mort il ne pourrait plus animer ses disciples par ses exemples de secrètes vertus, il voulut, en mourant, leur laisser de saintes instructions : « Mes enfants, leur dit-il, si vous voulez, comme moi, ne rien regretter à la mort, accoutumez-vous à vous détacher de tout pendant la vie. Voulez-vous encore ne rien craindre dans ce terrible moment ? N’aimez rien de ce, qu’il vous faudra quitter. Quand on est bien détrompé du monde et de toutes ses illusions, qu’on a méprisé ses biens, ses fausses douceurs et ses folles promesses ; quand on n’a pas mis sa félicité dans la jouissance des créatures, l’on n’a point de peine à les quitter et à s’en séparer pour toujours. » O heureux état, s’écriait ce grand saint, que celui d’un homme, qui, plein d’une juste confiance en Dieu, ne se trouve retenu par aucun attachement au monde et aux biens de la terre ! Voilà, M.F., les dispositions auxquelles nous conduit la pensée de la mort.

Le second effet que la pensée de la mort produit en nous, c’est d’arrêter nos passions. Oui, M.F., si nous sommes tentés, nous n’avons qu’à penser vite à la mort, et de suite, nous sentirons tomber la passion : c’était la pratique des saints. Saint Paul nous dit qu’il meurt tous les jours . Notre Seigneur étant encore sur la terre, parlait souvent de sa passion . Sainte Marie Égyptienne étant tentée, pensait vite à la mort ; et de suite, la tentation la quittait . Saint Jérôme ne perdait pas plus cette pensée que la respiration. Il est rapporté dans la Vie des Pères du désert, qu’un solitaire qui avait vécu quelque temps dans le grand monde, étant touché de la grâce, alla s’ensevelir dans un désert. Le démon ne cessa de lui rappeler la jeune personne pour laquelle il avait eu un amour criminel. Un moment avant qu’elle mourût, Dieu le lui fit connaître. Il sort de sa solitude, il va la voir : elle était prête à être mise en terre ; il s’approche du cercueil, lui découvre le visage, prend dans son mouchoir un abcès qui sortait de sa bouche. Après cela, il retourne dans son désert, et toutes les fois qu’il était tenté, il prenait ce mouchoir et se disait à lui-même, en se représentant les ordures de cette pauvre créature : « Insensé que tu es, voilà la douce faveur de l’objet que tu as tant aimé aux dépens de ton âme ; si à présent, tu ne peux supporter cette horrible puanteur qui est sortie du corps de cette créature, quelle n’a donc, pas été ta, folie de l’avoir aimée pendant sa vie, au préjudice de ton salut. ; mais quel serait ton aveuglement que d’y penser encore après sa mort ! » Saint Augustin nous dit que quand il se sentait violemment porté au mal, la seule chose qui le retenait, c’était de penser qu’un jour il mourrait, et qu’après sa mort, il serait jugé. « Je disais souvent à mon cher ami Alype, lorsque je m’entretenais avec lui de ce qui devait faire le différent partage des bons et des méchants, je lui avouais que, malgré tout ce que pouvaient me dire autrefois les impies, j’ai toujours cru, qu’à l’heure de notre mort, le bon Dieu nous fera rendre compte de tout le mal que nous aurons fait pendant notre vie . »

Il est rapporté dans l’histoire des Pères du désert, qu’un jeune solitaire disait à un ancien : « Mon père, que faut-il faire quand je suis tenté, surtout contre la sainte vertu de pureté ? » – « Mon fils, lui dit le saint, pensez vite à la mort et aux tourments réservés aux impudiques dans les enfers, et vous êtes sûr que cette pensée chassera le démon. » Saint Jean Climaque nous dit qu’un solitaire qui avait toujours la pensée de la mort gravée dans son esprit, quand le démon voulait le tenter pour le porter à se relâcher, s’écriait : « Ah ! malheureux, voilà que tu vas mourir, et tu n’as encore rien fait pour être présenté au bon Dieu. » Oui, M.F., une personne qui veut sauver son âme, ne doit jamais perdre le souvenir de la mort.

La pensée de la mort nous fournit encore de pieuses réflexions : elle nous met toute notre vie devant les yeux ; alors, nous pensons que tout ce qui nous réjouit selon le monde pendant notre vie, nous fera verser des larmes à l’heure de la mort ; tous nos péchés, qui ne doivent jamais s’effacer de notre mémoire, sont autant de serpents qui nous dévorent ; le temps que nous avons perdu, les grâces que nous avons méprisées : tout cela nous sera montré à la mort. D’après cela, il est impossible de ne pas travailler à mieux vivre et à cesser de faire le mal. Il est rapporté dans l’histoire, qu’un mourant, avant de rendre le dernier soupir, fit appeler son prince, à qui il avait été très fidèle pendant bien des années. Le prince s’y rendit avec empressement : « Demandez-moi, lui dit-il, tout ce que vous voudrez, et vous êtes sûr de l’obtenir. » – « Prince, lui dit ce pauvre mourant, je n’ai qu’une chose à vous demander, c’est un quart d’heure de vie. » – « Hélas, mon ami, lui reprit le prince, cela n’est pas en mon pouvoir, demandez-moi toute autre chose, afin que je puisse vous l’accorder. » –  « Hélas ! s’écria le malade, si j’avais servi le bon Dieu aussi bien que je vous ai servi, je n’aurais pas un quart d’heure de vie, mais une éternité. » Même regret éprouva un homme de loi, lorsqu’il fut près de sortir de la vie, sans avoir pensé à sauver son âme : « Ah ! insensé que je suis, moi qui ai tant écrit pour le monde ; et rien pour mon âme ; il me faut mourir, je n’ai rien fait qui puisse me rassurer, et il n’y a plus de remèdes ; je ne vois rien dans ma vie que je puisse présenter au bon Dieu. » Heureux, M.F., s’il profita lui-même de cela, c’est-à-dire, de ses bons sentiments.

3? Voici les réflexions que la pensée de la mort doit nous faire faire : Si nous négligeons de nous y préparer, nous serons séparés pendant toute l’éternité de la compagnie de Jésus-Christ, de la sainte Vierge, des anges et des saints, et nous serons, forcés d’aller passer notre éternité avec les démons, pour brûler avec eux. Nous lisons dans la vie de saint Jérôme, qu’une longue expérience l’avait rendu si savant dans la science du salut, qu’étant au lit de mort, il fut prié par ses disciples de leur laisser, comme par testament, de toutes les vérités de la morale chrétienne, celle dont il était le plus persuadé. Que pensez-vous, M.F., que leur répondit ce grand saint docteur ? « Je vais mourir, leur dit-il, mon âme est sur le bord de mes lèvres ; mais je vous déclare que de toutes les vérités de la morale chrétienne, celle dont je suis le plus convaincu, c’est, qu’à peine, sur cent mille personnes qui auront mal vécu, s’en trouvera-t-il une seule de sauvée en faisant une bonne mort, parce que, pour bien mourir, il faut y penser tous les jours de sa vie. Et ne croyez pas que ce soit un effet de ma maladie : je vous en parle avec l’expérience de plus de soixante ans. Oui, mes enfants, à peine de cent mille personnes qui auront mal vécu, y en aura-t-il une seul qui fasse une bonne mort ! Non, mes enfants, rien ne nous porte mieux à bien vivre que la pensée de la mort !

Que conclure de tout cela ? M.F., le voici : c’est que si nous pensons souvent à la mort, nous aurons un grand soin de conserver la grâce du bon Dieu ; si nous avons le malheur d’avoir perdu cette grâce, nous nous hâterons de la recouvrer, nous nous détacherons des biens et des plaisirs du monde, nous supporterons les misères de la vie en esprit de pénitence, nous reconnaîtrons que c’est le bon Dieu qui nous les envoie pour expier nos péchés. Hélas ! devons-nous dire en nous-mêmes, je cours à grands pas vers mon éternité, tout à l’heure, je ne serai plus de ce monde… Après ce monde, où vais-je aller passer mon éternité ?… Serai-je dans le ciel ou dans l’enfer ?… Cela dépend de la vie que je vais mener ; oui, jeune ou vieux, je penserai souvent à la mort, afin de m’y préparer de bonne heure.

Heureux, M.F., celui qui sera toujours prêt ! C’est le bonheur que je vous souhaite !…

 

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