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24 JUIN
FÊTE DE SAINT JEAN-BAPTISTE
Mirabilis Deus in sanctis suis.
Dieu est admirable dans ses saints.
(Ps. LXVII, 36.)
Tel fut le langage du Prophète-Roi, en considérant la grandeur des biens et des grâces que Dieu accorde à ceux qui l’aiment. Oui, sans doute, M.F., tout ce que Dieu a fait est admirable : tout nous annonce un Dieu infini en sagesse, en puissance, en miséricorde et en toute sorte de perfections. Mais, nous pouvons affirmer que dans ses saints il a fait quelque chose de plus particulier, ou, pour mieux dire, il a voulu retracer en eux toutes les vertus que Jésus-Christ son Fils a pratiquées pendant sa vie mortelle. En effet, voulons-nous connaître quelle a été sa vie cachée ? Allons trouver ces anciens solitaires dont les cheveux ont blanchi dans les forêts, et nous verrons en eux ses propres vertus. Voulons-nous connaître, du moins en partie, la beauté et l’estime qu’il a fait de la plus belle des vertus, la pureté ? Entrons dans les monastères, et nous verrons des personnes de l’un et de l’autre sexe crucifier sans cesse leur chair, pour conserver en eux une si belle vertu. Voulons-nous connaître sa vie apostolique ? Considérons tous ces apôtres et tous ces missionnaires, qui traversent les mers pour annoncer l’Évangile aux idolâtres, qui sacrifient leur santé et leur vie pour sauver ces pauvres âmes. Désirons-nous avoir une idée de la vie souffrante de Jésus-Christ ? Allons trouver ces foules de martyrs, voyons leurs supplices : les uns meurent sur des chevalets ou des brasiers ardents, les autres sont moulus entre les dents des lions, ou encore expirent au milieu des plus affreux tourments. Oui, M.F., il nous semble revoir en tous ces saints, la vie propre de Jésus–Christ. C’est précisément ce qui faisait dire d’avance au saint Roi Prophète : « O mon Dieu, que vous êtes admirable dans vos saints ! » Cependant, M.F., nous pouvons dire que saint Jean-Baptiste, dont nous faisons la fête, et que nous avons le bonheur d’avoir pour protecteur particulier, renferme en lui seul toutes les vertus des autres saints. La vie du Sauveur a été tout employée à plaire à son Père, à sauver les âmes et à faire pénitence : telle aussi a été la vie de saint Jean-Baptiste. La vie de Jésus-Christ a été pure ; pure a été celle de saint Jean-Baptiste. Dès l’âge le plus tendre, il se retira dans le désert, dont il ne sortit que pour combattre le péché et mourir pour son Dieu, avant que son Dieu ne mourût pour lui. Jésus-Christ est mort pour réparer la gloire de son Père : saint Jean est mort pour soutenir les droits de son Dieu. Oh ! M.F., que de vertus l’on découvre dans ce grand saint ! Il est vrai que Marie tient le premier rang après son Fils ; mais nous pouvons dire qu’après Marie, saint Jean-Baptiste tient le premier rang. Pour vous engager, M.F., à avoir une grande confiance à cet incomparable saint, je vais vous faire connaître quelques-unes des grâces que le bon Dieu lui a faites, de préférence aux autres élus.
Si nous voulons faire l’éloge de certains saints, nous commençons à montrer les vices auxquels ils se sont d’abord abandonnés ; puis nous tâchons de les noyer dans leurs larmes, et de les couvrir par les pénitences qu’ils ont pratiquées pendant le reste de leur vie. Nous voyons d’un côté la faiblesse humaine, et de l’autre la puissance de la grâce. Parlons-nous de sainte Madeleine ? Nous commençons par raconter sa misérable vie, ensuite les larmes qu’elle a versées et les pénitences qu’elle a faites pour apaiser la justice de Dieu. Vous parlons-nous de saint Pierre ? Nous vous disons qu’après avoir eu le malheur de renier son divin Maître, il pleura amèrement, et sa pénitence dura autant que sa vie. Leurs larmes et leurs pénitences nous consolent ; mais cependant leurs péchés nous affligent, parce qu’ils ont offensé un Dieu si bon et qui mérite tant d’être aimé ! Mais, M.F., chez notre bon et grand saint Jean-Baptiste, nous ne trouvons rien qui puisse nous attrister. Tout doit, au contraire, nous réjouir ; car nous ne voyons en lui que du bien et point de mal : il n’a que des vertus et point de péchés. On ne commence à compter les vertus des autres saints et leurs pénitences qu’à partir d’un certain âge ; mais, de saint Jean-Baptiste, nous pouvons commencer à dire des merveilles, même avant sa naissance. Oh ! M.F., qu’il fait bon louer un saint dans lequel nous ne voyons que les vertus les plus sublimes ! Mais la grande difficulté que nous trouvons à faire l’éloge de saint Jean-Baptiste, c’est que ses vertus sont portées à un si haut degré de perfection et tellement au-dessus des connaissances de l’homme, qu’il nous semble téméraire de vouloir entreprendre d’en dire quelque chose. Ne devrions-nous pas nous contenter de louer et de bénir le Seigneur, qui l’a distingué de tous les autres saints d’une manière si extraordinaire ? Saint Jean-Baptiste est le seul homme qui soit resté si peu de temps sous la tyrannie du péché ; il n’avait encore que six mois, lorsque Jésus-Christ vint lui-même le sanctifier dans le sein de sa mère : grâce qui n’a été accordée qu’à lui seul. L’on dit bien que le prophète Jérémie a été sanctifié dans le sein de sa mère, mais les saints Pères doutent que ce soit de la même manière.
Pour vous donner une idée de la grandeur de notre saint, je vous dirai qu’il fut l’ambassadeur du Père éternel, qui l’envoya pour annoncer la venue de son Fils sur la terre. Oui, M.F., ce grand saint fut comme cette belle étoile du matin, annonçant le lever du soleil qui doit réchauffer la terre et ranimer la nature. Le ciel fit tant de cas de saint Jean-Baptiste, qu’il employa tout ce qu’il y avait de plus grand dans sa cour, pour annoncer sa venue. Ce fut ce même ange qui annonça la conception du Sauveur et celle de saint Jean. Ce fut, nous pouvons le dire, un enfant tout céleste : il a été formé dans le sein d’une mère, la plus sainte que la terre ait jamais portée, après la sainte Vierge . Ce fut là plutôt l’ouvrage de la grâce que celui de la nature ; car ses parents étaient fort avancés en âge et hors d’état d’avoir des enfants.
Saint Augustin demande pourquoi l’on célèbre la naissance de saint Jean-Baptiste, tandis que, pour tous les autres saints, la fête ne se célèbre que le jour de leur mort ? « C’est, nous dit-il, que les autres saints n’ont pas été choisis de Dieu ni avant de naître, ni même en naissant, mais seulement dans le cours de leur vie, après bien des combats et des pénitences ; saint Jean-Baptiste, au contraire, a été choisi de Dieu, non seulement en naissant, mais même avant de naître ; avant de voir le jour, il est prophète ; il est encore dans le sein de sa mère, que déjà il reconnaît le Sauveur du monde, lui-même encore dans le sein de la très sainte Vierge. »
Oui, M.F., disons-le, avant que ses yeux fussent ouverts, il contemplait son Dieu et son Sauveur, promis depuis tant de siècles. Aussi voyons-nous que sa vie a été un prodige continuel. Sa naissance fut semblable à ce beau soleil qui paraît tous les jours, portant de toute part la joie et la fécondité. Son berceau fut comme une montagne de baume, qui répand ses parfums jusqu’aux extrémités de la terre. En effet, quand saint Jean vint au monde, tous ses parents, tous ceux des environs étaient ravis d’admiration ; on les entendait se dire les uns aux autres : « Que va devenir un jour cet enfant ? Vraiment, la main toute-puissante de Dieu est sur lui » Oui, M.F., de quelque côté que nous considérions ce saint, nous ne voyons rien en lui que de grand. 1° Il est grand par le nom de Jean qui lui fut donné ; 2° il est grand par les grâces dont le ciel l’a comblé ; 3° il est grand par la mission que Dieu lui a assignée ; 4° il est grand par les vertus sublimes qu’il a pratiquées ; 5° il est grand devant Dieu ; 6° il est grand devant les hommes ; 7° enfin, il est grand dans sa mort. N’est-ce pas un abîme de grandeurs ? N’ai-je pas raison de vous dire qu’on gagnerait tout autant de garder le silence, que de vouloir entreprendre l’éloge d’un si grand saint, tant ses vertus et ses privilèges sont au-dessus des connaissances d’un mortel ! Oh ! Que de grâces, M.F., nous pouvons obtenir du ciel par sa protection !
Je dis donc 1° que saint Jean est grand par le nom que l’ange lui a donné. Ce fut le Père éternel qui lui choisit ce nom, pour nous montrer que cet enfant serait tout céleste. Le nom de Jean signifie grâces, bénédiction, privilège extraordinaire. 2° Je dis qu’il est grand par les faveurs que le ciel lui accorda. Le bon Dieu, en effet, ne suivit point les lois ordinaires pour effacer en lui le péché originel : il fut sanctifié dans le sein de sa mère. Saint Ambroise nous dit que la grâce de Dieu l’anime, même avant d’avoir la vie, et saint Pierre Chrysologue, que Dieu le met dans le ciel avant que ses pieds ne touchent la terre ; il lui donne l’esprit divin avant l’esprit humain, et lui fait présent de sa grâce avant que la nature ait formé son corps. Oui, ajoute ce grand saint, Dieu le fait vivre en lui avant qu’il ne vive de la vie naturelle. Mais si nous voulons avoir de cette grandeur une idée encore plus sublime, il faut considérer que Jésus-Christ lui-même, comme homme, lui a mérité ces grâces, et que la sainte Vierge fut choisie par le Père éternel pour en être la dépositaire. Oh ! M.F., que de grâces, que de vertus, que de grandeurs renfermées dans un seul saint ! … A peine Jésus-Christ est-il conçu dans le sein de sa mère, qu’il part, ou plutôt il lui commande d’aller promptement trouver sa cousine Elisabeth, afin de sanctifier son précurseur. « Il semble, dit saint Pierre Damien, que le Fils de Dieu n’est venu sur la terre que pour celui-là seul : il laisse tous les autres hommes pour ne chercher que saint Jean. » Il donne une force extraordinaire à sa Mère pour traverser les montagnes de la Judée, ce qu’elle fait avec une vitesse incroyable. A l’arrivée de Marie, sainte Élisabeth et saint Jean-Baptiste sont saisis d’un doux ravissement. Elisabeth ouvre la bouche pour publier les faveurs que Dieu lui fait par la visite de Marie ; Jean-Baptiste tressaille de joie, et adore son Dieu et son Sauveur, avant même de le voir des yeux du corps. Ah ! Heureuse sanctification qui a été faite par Jésus-Christ lui-même avec tant de bienveillance et d’empressement !
Mais à cet amour prévenant de Jésus-Christ ajoutons, M.F., les prévenances de Marie, la dispensatrice de ses grâces. Oh ! quel bonheur pour saint Jean-Baptiste, qui, au sortir du sein de sa mère, fut mis entre les bras de la sainte Vierge ! Oh ! M.F., quelle effusion de grâces, pendant les trois mois qu’elle demeura chez sa cousine Elisabeth ! Que de fois n’a-t-elle pas pris cet enfant entre ses bras. Que de fois ne l’a-t-elle pas porté et baisé ? Saint Ambroise nous dit que la sainte Vierge avait tant de pureté et de sainteté, surtout depuis qu’elle avait conçu et enfanté le Fils de Dieu, qu’elle communiquait la pureté à tous ceux qui la voyaient. Il est impossible, dit ce Père, de la regarder sans se sentir brûler d’amour pour cette belle et précieuse vertu. Saint Denis l’Aréopagite dit que, même après l’Ascension de Jésus-Christ, elle avait tant de grâces, tant de charmes, tant d’attraits, tant de sainteté ; on voyait en elle tant de majesté et de rayons de la divinité, que tous l’auraient adorée comme une déesse, si la foi ne l’eût défendu . Si donc tous ceux qui la regardaient seulement se sentaient remplis d’une si grande pureté, quelle pureté n’aura-t-elle pas dû communiquer à saint Jean-Baptiste, en le caressant, en l’embrassant, en répandant sur ses lèvres l’esprit de la grâce par son haleine virginale ; car, en ce moment, Jésus et Marie n’étaient pour ainsi dire qu’une personne ? Jésus, dans ces temps heureux pour Marie, ne respirait que par la bouche de Marie ; le souffle et l’haleine de Marie n’étaient que la respiration de Jésus. Si Marie avait tant d’empire sur les âmes après l’Ascension de Jésus-Christ, quel torrent de grâces ne dut-elle pas répandre sur saint Jean, alors que Jésus-Christ était dans son sein ? O heureux enfant ! O heureuse mère ! Que de grâces la visite de Marie vous a procurées ! Ne devons-nous pas croire que le petit cur de saint Jean fut, dans ces moments heureux, un brasier de flammes de l’amour divin ? Mais si tant de grâces sont accordées à sa naissance, que sera–ce donc durant le cours de sa vie ? A chaque instant, Dieu lui donne de nouvelles faveurs ; il les lui donne dès le sein de sa mère, et il ne s’arrêtera que dans le moment où le roi Hérode lui fera trancher la tête, pour la faire porter à l’infâme Hérodiade.
3° Saint Jean-Baptiste est grand par la mission que Dieu le Père lui a assignée de toute éternité. Le Saint–Esprit n’en parle qu’avec des transports d’admiration : il nous apprend que le Père Éternel l’a choisi pour annoncer aux hommes la venue du Sauveur. Les prophètes et les figures l’ont désigné longtemps d’avance ; mais Jean-Baptiste est lui-même la voix de Dieu criant dans le désert, annonçant au peuple que le royaume des cieux est proche, que le Sauveur est déjà sur la terre. Voyant venir à lui le Fils de Dieu, Jean, tout ravi de joie, se tourne vers le peuple en disant : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui efface les péchés du monde » Voici le Rédempteur du monde, promis et attendu depuis quatre mille ans ; c’est lui-même qui vient racheter les hommes… « faites donc de dignes fruits de pénitence ! » Oui, M.F., cet office de précurseur est si relevé, que nous n’avons point de termes pour en parler dignement. Le Père éternel a voulu que saint Jean-Baptiste prit les intérêts de son Fils ; c’est à lui seul qu’il semble vouloir confier le soin de sa cause, comme étant le cur le plus pur et le plus digne. Mais ce qui augmente presque à l’infini la grandeur de saint Jean-Baptiste, c’est d’avoir eu l’honneur de baptiser son Dieu ; cette mission achève entièrement de mettre le comble à sa gloire. « O mon Dieu ! s’écrie saint Augustin avec des transports d’admiration, quelle plus grande gloire pour un serviteur, que celle de baptiser son Sauveur et son Maître ? Quel honneur pour une créature de voir à ses pieds son Créateur » « Mes enfants, nous dit Tertullien, pour toucher le corps adorable de Jésus-Christ, il fallait que saint Jean-Baptiste eût une pureté proportionnée à celle de la sainte Vierge, » ce qui semble le mettre presque au même rang.
4° Saint Jean-Baptiste est grand par les vertus sublimes qu’il a pratiquées. Je ne vous parlerai pas, M.F., de ses vertus intérieures ; c’est un chaos qui n’a point de fond, et que Dieu seul a pu sonder : tout au plus pouvons-nous parler de celles qui ont paru aux yeux des hommes, et qui ont rempli le monde d’étonnement. Si nous voulons considérer sa pénitence, son zèle infatigable, son détachement et sa grande humilité, nous ne saurons de quelle vertu il faut d’abord parler. Je dis d’abord qu’il sortit de la maison paternelle encore enfant, pour aller dans un désert où il vécut seul, dans la compagnie des bêtes sauvages ; il n’avait pour tout vêtement qu’une tunique grossière, faite de poils de chameau. Sa nourriture se composait d’un peu de miel sauvage et de sauterelles . L’eau seule lui suffisait pour boisson, encore en prenait-il si peu que Jésus-Christ nous dit « qu’il ne mangeait ni ne buvait » nous faisant ainsi comprendre qu’il prenait peu de chose pour soutenir sa vie. Nous voyons, il est vrai, beaucoup de saints aller passer le reste de leurs jours dans les bois ; mais ils avaient de quoi se loger et pourvoir à leurs besoins. Saint Jean, nous pouvons le dire, est le seul qui soit entré si jeune dans les forêts. En effet, il aurait eu à peine dix-huit mois, lorsque le roi Hérode conçut le barbare dessein de faire mourir tous les enfants au-dessous de deux ans. Son père, Zacharie, conseilla à Élisabeth, sa femme, de prendre l’enfant et de fuir, afin d’éviter le massacre. En effet, après toutes les merveilles dont on avait été témoin à sa naissance, il était à craindre qu’on ne le prit pour le Messie. Pour épargner la mort à son enfant, Elisabeth s’enfuit dans les bois en toute hâte, s’abandonnant ainsi aux mains de la Providence ; mais, hélas ! Quarante jours après, elle mourut ! Les officiers du roi étant venus trouver Zacharie, lui demandèrent où étaient l’enfant et sa mère ? Le père répondit qu’il ne pouvait le leur dire. Écumant de rage, ils l’assommèrent entre le vestibule et l’autel ; car il était alors à prier dans le temple . Mais que va devenir notre saint Jean, n’ayant pas encore deux ans, au milieu d’un bois, sans père, sans mère, sans espérance du moindre secours humain ? Cela vous étonne peut-être, mais ne craignez rien, tout ceci ne se fait que par un ordre exprès de la Providence. Quoique ses parents fussent de grands saints, ils n’étaient pas encore dignes cependant d’avoir soin de cet enfant incomparable ; c’était aux anges qu’était réservé cet honneur. A peine Élisabeth fut-elle morte, que le Père Éternel envoya, non pas seulement un ange, mais une foule d’anges, qui veillèrent à la conservation de cet enfant céleste, jusqu’au moment où il put se suffire à lui-même. Nous savons bien que le Seigneur envoya plusieurs fois à ses saints de quoi secourir leur misère aux uns, des corbeaux, tel qu’à un saint Paul, ermite ; aux autres, des chiens, comme à saint Roch ; des biches, comme à saint Gilles ; il commanda une fois à un ange d’aller porter de la nourriture au prophète Élie, dans le temps que la reine Jézabel le persécutait . Mais pour notre saint Jean, les animaux n’auraient osé approcher de l’ambassadeur du Père Éternel. Ce n’était pas assez d’un ange, il fallait que le ciel entier s’employât pour lui seul. Notre saint est donc privé des bras maternels ; mais tout aussitôt les anges viennent et l’entourent. « O mon Dieu ! s’écrie l’illustre cardinal Baronius, quel prodige de merveilles que cet enfant, qui, même en naissant, étonne le ciel et la terre ! »
Sa pénitence commence presque avec sa vie. Ah ! pauvre enfant, pourquoi faites-vous pénitence ? C’est vrai, il n’est pas le seul qui ait fait pénitence. Quand nous parcourons les vies des Saints, nous y trouvons des rigueurs qui font frémir et confondent notre lâcheté. Les uns passent sept ou huit jours sans boire ni manger ; d’autres, tel qu’un saint Siméon Stylite , vont même jusqu’à quarante jours ; ou bien ils endureront des tourments à faire mourir de frayeur, ici qu’un saint Venance, une sainte Reine, et bien d’autres encore. Néanmoins, nous voyons que tous avaient péché, et tous, par conséquent, avaient besoin de faire pénitence pour satisfaire à la justice divine. Mais notre saint Jean, pourquoi fait-il pénitence ? Sa voix n’est-elle pas la plus sainte et la plus pure de toutes les vies, après celle de la sainte Vierge ? En voici la raison. Étant l’ambassadeur du Père Éternel pour annoncer la venue de son Fils, il fallait qu’il fût orné des plus sublimes vertus, et que sa seule présence commençât à ébranler et à toucher les curs par l’exemple d’une vie si innocente et si pénitente. Les larmes et les gémissements sont toute sa nourriture et son occupation ; il n’est aucune vertu qu’il ne pratique au plus haut degré de perfection. Si, après tant d’années de larmes et, de pénitences, il quitte son désert, c’est pour annoncer au peuple et préparer la venue du Messie ; s’il eut tant de courage, c’est qu’il espérait donner sa vie pour son Sauveur, avant que son Sauveur ne la donnât pour lui.
Il fut grand par son zèle. Il parlait avec tant d’ardeur, avec un zèle si enflammé, qu’il étonnait tout le monde. L’on croyait voir en lui le prophète Élie revenu sur la terre et monté sur son char tout de feu, pour convertir les pécheurs les plus endurcis. Rien n’est capable de l’arrêter ; partout où il trouve le vice, il le combat avec un zèle inouï. Il reproche aux pécheurs leur vie honteuse, et les menaces de la colère de Dieu s’ils ne font pénitence : « Races de vipères, leur dit-il, qui vous a appris à fuir la colère du Seigneur prête à tomber sur vous ? Faites donc de dignes fruits de pénitence, ne retardez plus votre conversion ; car la cognée est au pied de l’arbre, et tout arbre qui ne porte pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu . » « Oui, s’écrie saint Bernard, il était tellement enflammé de l’amour de Dieu, que ses paroles étaient comme des charbons ardents, capables d’embraser les curs les plus glacés et de convertir les pécheurs les plus endurcis. » Si on lui demandait ce qu’il fallait faire pour se préparer à la venue du Messie « Que celui, leur disait-il, qui a deux habits en donne un aux pauvres. Que celui qui a du pain en donne à celui qui n’en a point . » Enfin, dans l’ardeur de son zèle, ayant appris que le roi s’abandonnait au vice infâme de l’impureté, il va à la cour, et lui reproche hardiment une vie si honteuse et si indigne. Cependant, il savait très bien que cette démarche lui coûterait la vie ; n’importe, la gloire de Dieu est attaquée, cela lui suffit pour que ni les menaces, ni les tourments ne puissent l’arrêter ; il foule tout sous ses pieds, il ne se croit au monde que pour défendre les intérêts de son Dieu, et, dès que l’occasion s’en présente, il la saisit. Ah ! plût à Dieu que ses ministres d’aujourd’hui fussent tous dans les mêmes dispositions, et que ni les promesses, ni les menaces ne fussent pour eux un sujet de trahir leur conscience ! Oui, M.F., ce grand saint brûlait du désir de donner sa vie pour son Sauveur. Oh ! si nous avions tous ce bonheur, et si nous faisions pour cela tout ce qui serait en notre pouvoir, que de péchés de moins, que de vertus et de bonnes uvres de plus ! …
Il est grand par son détachement des biens de ce monde et le mépris même de la vie. Il a, en quelque sorte, surpassé Jésus-Christ dans sa pauvreté. Si Jésus–Christ n’a pas voulu naître dans une maison qui appartînt à ses parents ; cependant, quelque temps après, il est revenu à Nazareth, dans la maison de sa mère. Saint Jean-Baptiste, au contraire, quitta la maison paternelle à l’âge de dix-huit mois environ, et il n’y revint jamais. Le Fils de Dieu fut bien pauvre dans ses vêtements et sa nourriture ; saint Jean-Baptiste, pour ainsi dire, l’a été encore davantage. Le Fils de Dieu avait des habits ordinaires ; lui, n’a qu’une peau de chameau toute hérissée de poils. La nourriture du Fils de Dieu est un peu de pain ordinaire ; celle de saint Jean-Baptiste est un peu de miel sauvage et quelques sauterelles. Le Fils de Dieu se reposait sur un bien mauvais lit ; saint Jean n’avait que la terre nue. Aussi Jésus-Christ lui-même dit que Jean-Baptiste ne mangeait ni ne buvait, pour nous montrer la grandeur de sa pénitence. Le Sauveur du monde avait encore la compagnie de ses parents ; saint Jean-Baptiste n’eut que la compagnie des bêtes sauvages. N’est-il pas vrai, M.F. ? nous sommes forcés de l’avouer, l’on ne peut trouver le fond de cet océan de vertus, et tout ce que nous pouvons en dire n’est rien.
Il est grand par son humilité. Jamais, M.F., la terre n’a eu le bonheur de voir un saint aussi humble. Il est, après la sainte Vierge, tout ce qu’il y a de plus grand, et il se compare à tout ce qu’il y a de plus vil et de plus faible sur la terre. Il jouit, aux yeux du monde, de la plus haute réputation : les uns le regardent comme un ange descendu du ciel, les autres le prennent pour le Messie lui-même. En effet, les pontifes et les premiers d’entre les Juifs avaient conçu de lui une si grande idée, qu’ils lui envoyèrent tout ce qu’il y avait de plus considérable dans leur nation, tel que les prêtres et les lévites, pour savoir de lui-même et de sa propre bouche, qui il était. On lui demanda d’abord s’il était le Messie ; car une vie remplie de tant de prodiges, si retirée et si pénitente, ne pouvait, à leurs yeux, convenir qu’au Messie. Cet abîme d’humilité leur répond sans détours : « Non. » Ne pouvant se persuader qu’il fût un homme ordinaire, ils lui demandent s’il est Elie ; sachant que ce prophète était un homme de miracles. II dit de nouveau : « Non, je ne le suis pas. » « Mais, lui disent-ils, si vous n’êtes ni le Messie, ni un prophète, dites-nous qui vous êtes, afin que nous rendions raison à ceux qui nous ont envoyés vers vous. » « Eh bien ! leur répond ce prodige d’humilité, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez les voies du Seigneur, faites pénitence » Pouvait-il mieux montrer son humilité, disant qu’il n’est que le son d’une voix retentissant dans le désert ? Peut-on trouver quelque chose de plus faible et de moindre valeur que le son de la voix ? « Celui qui vient après moi est infiniment plus grand que moi, je ne suis pas même digne de toucher le cordon de ses souliers. » O humilité incomparable ! Il pouvait très bien s’attribuer la qualité de prophète, puisqu’il est envoyé de Dieu pour annoncer la venue de son Fils ; mais, afin de détruire la bonne opinion que l’on avait de lui, il se sert des termes les plus capables de le faire confondre avec le commun des mortels. « Il est aisé, M.F., nous dit saint Augustin, de ne pas désirer les louanges quand on ne veut pas nous les donner ; mais il est difficile de ne pas prendre plaisir à les entendre lorsqu’on les publie devant nous. »
5° Saint Jean-Baptiste est grand devant Dieu, parce que Jésus-Christ lui-même a fait son panégyrique, et qu’il a loué toutes ses belles vertus. Assurément, il y a bien de la différence entre les louanges que donnent les hommes, et celles que Dieu donne lui-même. Tous les hommes sont sujets à se tromper, mais Dieu n’estime et ne loue que ce qui est digne d’être estimé ou loué. O quelle gloire pour notre saint d’avoir été grand devant Dieu ! C’est le plus grand des honneurs. Jésus-Christ en a fait tant d’estime, qu’il n’a pas voulu qu’un homme ordinaire, ni même un ange, fît l’éloge de ses vertus ; il a voulu le faire lui-même : montrant ainsi qu’il n’y avait nulle créature dans le ciel ni sur la terre, capable de le faire dignement. Nous lisons, il est vrai, dans l’Écriture sainte, que Dieu dit, parlant de Moïse, de Joseph, du prophète Nathan et du prophète Élie, qu’ils ont été grands devant les rois de la terre ; mais, pour être grand devant Dieu, saint Jean-Baptiste seul est mis à ce rang. Si j’osais, je dirais que Dieu semble vouloir l’égaler à lui-même. L’ange, messager de l’Incarnation, se sert des mêmes paroles, en parlant à Marie et en parlant à Elisabeth : « Le Fils qui naîtra de vous sera grand devant Dieu et devant les hommes. » D’après cela, M.F., n’avais-je pas raison de vous dire que nulle créature n’était capable de faire l’éloge de cet ange terrestre ? Jésus-Christ, il est vrai, a bien loué Madeleine pour avoir embrassé ses pieds ; il a bien loué le Centenier et la Chananéenne, en disant qu’il n’y avait point de foi si grande en tout Israël, mais cela n’est dit que pour quelques vertus particulières ; il prend, au contraire, un singulier plaisir à parler de chacune des perfections de notre saint. Écoutez-le quand, s’adressant aux Juifs, il leur parle de sa fermeté : « Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? » c’est-à-dire un homme ordinaire, qui a pour apanage l’inconstance et la faiblesse, qui plie à tous les vents. Mais non, c’est un homme inébranlable, et inviolablement attaché aux lois de son Dieu. Entendez-le parler de sa pénitence. Qui êtes- vous allé voir ? « Avez-vous vu un homme vêtu délicatement » comme les mondains ? « Non, ces personnes se tiennent dans les maisons des grands. » Enfin, pour porter ses louanges comme à l’infini, il dit que « nul d’entre les enfants des femmes ne peut l’égaler . » Que peut–on dire de plus, M.F. ? Quand Jésus-Christ a loué quelques vertus, il ne les a jamais mises au-dessus de celles d’autres saints ; mais, quand il loue Jean-Baptiste, il exalte sa sainteté au-dessus de celle de tous les autres hommes. Encore, il finit par assurer que « c’est un prophète, et plus qu’un prophète. » Oh ! M.F., que de grâces et que de bénédictions nous obtiendrions, si nous avions le bonheur d’avoir une vraie confiance en ce grand saint ! …
6° Saint Jean est grand devant les hommes. Plusieurs siècles avant, les prophètes ont annoncé sa naissance, et ils ont employé, en parlant de sa venue, toute l’éloquence que le Saint-Esprit leur avait donnée. Le prophète Isaïe le peint sous la figure d’une voix retentissante, qui se fera entendre dans tous les déserts de la Judée . Jérémie le compare à un mur d’airain et à une flèche embrasée, pour nous montrer sa constance et son zèle pour la gloire de Dieu . Malachie l’appelle un ange, pour nous montrer la beauté et la grandeur de sa pureté . « L’opinion que l’on avait de lui était si grande, dit saint Jean Damascène, que tout le peuple le suivait en le prenant pour le Messie. Quand il eut le bonheur de baptiser Jésus-Christ, on lui eût attribué ces paroles qu’on entendit descendre du ciel. « C’est ici mon Fils bien-aimé, » si le Saint-Esprit, qui parut alors sous la forme d’une colombe, n’eût fait connaître le Fils de Dieu en se reposant sur sa tête. » Après sa mort, on a cru voir en la personne de Jésus-Christ, Jean-Baptiste ressuscité. Les Pères de l’Église ne savent en quels termes parler de lui, tant ils trouvent ses mérites au–dessus de leur science. Saint Pierre Chrysologue l’appelle l’école de la vertu, le modèle de la sainteté, la règle de la justice, le martyr de la virginité, l’exemple de la chasteté, le prédicateur de la pénitence, la voix des apôtres, la lumière du monde, le témoin de Dieu et le sanctuaire de la sainte Trinité. Et pour vous donner une idée de l’estime que l’Église du ciel, et de la terre fait de notre saint, je vous dirai que Dieu avait inspiré à son Église la pensée de célébrer trois messes le jour de sa naissance, comme à la naissance du Sauveur ; tant sa vie a de conformité avec celle du divin Maître. Hé bien ! M.F., vous faisiez-vous une telle idée de la grandeur, de la dignité et de la sainteté de notre Jean-Baptiste ? Ah ! mes amis, pourquoi avons-nous si peu de dévotion et de confiance aux saints ? C’est que nous n’avons jamais pris la peine de connaître les vertus et les pénitences qu’ils ont pratiquées, et le pouvoir qu’ils ont auprès du bon Dieu.
7° Enfin, saint Jean-Baptiste est grand par sa mort. Elle est parfaitement conforme à celle de Jésus-Christ. Jésus-Christ a tracé 1e chemin du ciel à tous les saints, quant à saint Jean-Baptiste, il l’a fait marcher devant lui. Jean-Baptiste l’a précédé au désert, avant lui il a embrassé la pénitence extérieure, avant lui il a prêché, avant lui il est mort. Le Sauveur a été délaissé et abandonné de tous ses amis, excepté de sa sainte Mère ; saint Jean semble l’avoir été encore davantage. Jésus-Christ dans sa passion, est suivi de plusieurs saintes femmes en pleurs ; saint Jean n’est consolé de personne : à l’exemple de son divin Maître, il va mourir dans les tourments et l’abandon universel. Quand le bienheureux saint Étienne fut lapidé par les Juifs, il eut le bonheur d’être encouragé par le Seigneur lui-même, qui ouvrit les cieux, et, par cette brèche, se montra à lui. Saint Jean souffre une mort encore plus amère que saint Etienne, car si Jésus eût voulu consoler saint Jean, il n’aurait pas eu besoin d’ouvrir les cieux ; mais, seulement, de faire quelques pas pour venir de Galilée en Judée.
Il aurait pu au moins lui envoyer un ange pour le consoler comme il fit à saint Pierre, qui, ayant été mis en prison dans la même ville de Jérusalem par l’ordre d’Hérode, un ange lui fut envoyé qui brisa ses chaînes, et le rendit sain et sauf aux fidèles . Pourquoi donc, M.F., Jésus-Christ n’agit-il pas de la sorte envers son parent, le plus innocent de tous les saints, le plus austère de tous les confesseurs dans les rigueurs de la pénitence, le plus chaste parmi les vierges, le plus mortifié et le plus affligé des martyrs dans sa passion et dans sa mort ? Ne vous étonnez pas, M.F., de voir un si grand saint, dont Dieu lui-même a tant fait d’éloges, mourir sans consolation et abandonné à sa dernière heure ; après avoir été pendant toute sa vie une image vivante de Jésus-Christ, il fallait qu’il le fût encore dans sa mort. De même que le Fils de Dieu devait être, à son dernier moment, abandonné de son Père, de même aussi il fallait que notre saint fût abandonné de son propre parent. Le zèle que Jésus-Christ fit paraître pour la gloire de son Père, sa liberté de reprendre le vice, lui attirèrent des accusateurs et des faux témoins. Il en fut de même pour saint Jean-Baptiste . Hérode voyant sa liberté à le reprendre, le fit mettre en prison sur la demande d’Hérodiade, femme adultère. Ceux qui témoignèrent à faux contre Jésus-Christ étaient des gens méprisables ; ceux qui firent condamner saint Jean-Baptiste, étaient tout ce que la terre avait porté de plus infâme : un roi impudique, une femme adultère et sa fille qui n’était pas moins infâme. Pendant que le roi et toute sa cour étaient livrés à la débauche et à l’impudicité, celle-ci dansa avec tant de grâce, que le roi promit de lui donner ce qu’elle voudrait, quand ce serait la moitié de son royaume. L’infâme fille s’adressa à sa mère pour savoir ce qu’elle devait demander au roi. Cette mère adultère, ennemie du plus saint des hommes : « Allez, dit-elle, prenez ce plat, et apportez-moi la tête de Jean. » La malheureuse fille, digne d’une telle mère, va aussitôt trouver le roi. « Donnez-moi, dit-elle, dans ce plat, et sur-le-champ, la tête de Jean-Baptiste. » Le roi sembla avoir horreur de cette demande, mais, ne voulant passer pour inconstant, il commanda au bourreau d’aller trancher la tête à Jean. Cette fille criminelle, plus joyeuse de cette tête, que de la moitié du royaume d’Hérode, s’en va toute triomphante la porter à sa mère, qui, écumant de rage, ose porter ses mains impures sur la langue du plus saint des enfants des hommes, et, prenant le poinçon dont elle bouclait ses cheveux, la perce et reperce en mille endroits, pour se venger de la liberté qu’avait pris le saint de lui reprocher ses crimes. Hélas ! M.F., qui ne serait pas touché de compassion à la vue de tant de cruautés ! Jésus-Christ fut couvert de son sang à la flagellation ; saint Jean-Baptiste ne le fut pas moins dans sa passion, puisque son sang semblait lui avoir fait un second vêtement. Jésus-Christ ne fut plus persécuté après sa mort ; notre grand saint éprouva, même après sa mort, la fureur de ses ennemis. Qui de nous ne serait pas étonné de voir un si grand saint souffrir tant de supplices, sans que Jésus prenne sa défense ? Ah ! M.F., c’est que Dieu voulait élever Jean au plus haut degré de perfection et de gloire. Il voulut que sa vie et sa mort ne fussent qu’un martyre continuel. Dieu ne tarda pas à punir les auteurs de la mort de Jean. La fille impudique, traversant un jour une rivière, fut prise, dit-on, entre deux morceaux de glaces qui lui tranchèrent la tête. Quant à Hérode et à l’adultère Hérodiade, accusés par Agrippa d’avoir tramé une sédition, et forcés de s’exiler en Espagne, ils moururent l’un et l’autre en chemin, accablés de maux de toute espèce.
Tout ceci nous montre que les souffrances et les persécutions ont été et seront toujours le partage des saints et des bons chrétiens, et que nous devons nous réjouir lorsque nous sommes méprisés et persécutés des gens du monde. Demandons, M.F., au bon Dieu, pendant l’octave de cette belle fête, qu’il veuille nous accorder, par l’intercession de notre grand saint, les vertus qu’il a pratiquées pendant sa vie, et surtout son humilité, qu’il a portée à un si haut degré ; sa pureté, qu’il a défendue aux dépens de sa vie ; son détachement des biens terrestres et son mépris de la mort ; enfin, son union parfaite avec Dieu. Oui, allons nous adresser en toute confiance à saint Jean-Baptiste ; rappelons-nous qu’il est encore plus puissant dans le ciel que sur la terre, qu’il nous obtiendra des grâces pour le temps, et la gloire pour l’éternité. C’est le bonheur que je vous souhaite…