Retour à la page des 20 mystères
Retour à lAccueil ( Rosaire-de-Marie.fr )
Troisieme mystere joyeux du Rosaire ( chapelet ) :
La Naissancede notre Seigneur Jésus Christ :
Naissance de notre seigneur Jésus Christ
1- daprès les visions et paroles de Jésus données à Maria Valtorta dans « lEvangile tel quil ma été révélé » :
2 – puis daprès les visions de Anne Catherine Emmerich , cliquez ici pour y accéder
Voilà des espèces de grottes, de caves, dirai-je, plutôt que des écuries, tant elles sont basses et humides. Les plus belles sont déjà occupées. Joseph est accablé.
« Ohé ! Galiléen ! » lui crie par derrière un vieil homme. « Là au fond, sous ces ruines, il y a une tanière. Peut-être n’y a-t-il encore personne. »
Ils s’approchent de cette « tanière. » C’est vraiment une tanière. Parmi les décombres d’un bâtiment en ruines, il y a un refuge, au-delà duquel se trouve une grotte, un trou dans la montagne plutôt qu’une grotte. On dirait que ce sont les fondations d’une ancienne construction auxquelles servent de toit les matériaux étayés par ces troncs d’arbre à peine équarris.
Pour y voir plus clair, car il y a très peu de jour, Joseph sort de l’amadou et un briquet, et allume une petite lampe qu’il sort de la besace qu’il porte en bandoulière. Il entre, Un mugissement le salue. « Viens. Marie, elle est vide, il n’y a qu’un buf. » Joseph sourit : « Ça vaut mieux que rien ! … »
Marie met pied à terre et entre.
Joseph a fixé la petite lampe à un clou dans l’un des troncs qui servent de pilier. On voit la voûte couverte de toiles d’araignées, le sol en terre battue et tout disloqué avec des trous, des cailloux, des détritus et des excréments et couvert de tiges de paille. Au fond, un buf se retourne et regarde avec ses grands yeux tranquilles pendant que du foin lui pend des lèvres. Il y a un siège grossier et deux pierres dans un coin, près d’une fente. Le noir de ce recoin indique que c’est là qu’on fait du feu.
168> Marie s’approche du buf. Elle a froid. Elle lui met les mains sur le cou pour en sentir la tiédeur. Le buf mugit et se laisse faire. Il semble comprendre. De même quand Joseph le pousse plus loin pour enlever beaucoup de foin au râtelier et faire un lit pour Marie. Le râtelier est double : celui où mange le buf et par-dessus une sorte d’étagère où se trouve une provision de foin. C’est celle-là que prend Joseph. Le buf laisse faire. Il fait aussi une place pour l’âne qui, fatigué et affamé, se met tout de suite à manger. Joseph découvre aussi un seau renversé tout cabossé. Il sort parce que dehors il y a un ruisseau et revient avec de l’eau pour l’âne. Puis il s’empare d’une botte formée de branches, déposée dans un coin et essaye de balayer le sol. Ensuite il étend du foin, en fait un lit, près du buf dans l’angle le plus sec et le plus abrité. Mais, il le trouve humide ce pauvre foin, et il soupire. Il allume le feu et, avec une patience de chartreux, il sèche le foin par poignées en le tenant près du feu.
Marie, assise sur un tabouret, fatiguée, regarde et sourit. C’est fini. Marie s’installe de son mieux sur le foin moelleux avec les épaules appuyées sur un tronc. Joseph complète… l’ameublement en étendant son manteau qui fait office de tente sur le trou qui sert d’entrée. Un abri très relatif. Puis il offre du pain et du fromage à la Vierge et lui donne à boire de l’eau d’une gourde. « Dors maintenant » lui dit-il après. « Moi, je veillerai pour que le feu ne s’éteigne pas. Il y a du bois, heureusement. Espérons qu’il dure et brûle. Je pourrai épargner l’huile de la lampe. »
Marie s’allonge, obéissante. Joseph la couvre avec le manteau même de Marie et la couverture qu’elle avait d’abord aux pieds.
« Mais toi… tu auras froid. »
« Non, Marie. Je reste près du feu. Tâche de te reposer. Demain ça ira mieux. »
Marie ferme les yeux sans se faire prier. Joseph se rencogne dans son coin sur le tabouret avec des brindilles à côté. Il y en a peu. Je ne pense pas qu’elles durent longtemps.
Voici comme ils sont situés : Marie à droite, avec les épaules tournées vers la porte, à moitié cachée par un tronc d’arbre et par le corps du buf qui s’est accroupi dans la litière. Joseph à gauche, tourné vers la porte et par conséquent en diagonale, avec le visage tourné vers le feu et les épaules vers Marie. 169> Il se retourne de temps en temps pour la regarder et la voit tranquille, comme si elle dormait. Il utilise peu à peu les branches et les jette une par une sur le feu pour qu’il ne s’éteigne pas, pour qu’il donne de la lumière et pour que ce peu de bois dure. Il n’y a plus que la lueur, tantôt plus vive, tantôt presque morte du feu, car la lampe est à bout de combustible et dans la pénombre se détache seulement la blancheur du buf, du visage et des mains de Joseph. Tout le reste n’est qu’une masse qui se fond dans l’épaisseur de la pénombre.
169> Je vois encore l’intérieur de ce pauvre refuge pierreux où, partageant le sort des animaux, Marie et Joseph ont trouvé asile.
Le petit feu sommeille ainsi que son gardien. Marie soulève doucement la tête de sa couche, et regarde. Elle voit Joseph, la tête inclinée sur la poitrine, comme s’il réfléchissait, et elle pense que la fatigue a triomphé de sa bonne volonté de rester éveillé. Elle sourit, d’un bon sourire. Faisant moins de bruit que ne peut en faire un papillon qui se pose sur une rose, elle s’assied, puis s’agenouille. Elle prie avec un sourire radieux sur le visage. Elle prie, les bras étendus non pas précisément en croix, mais presque, les paumes dirigées vers le haut et en avant, et elle ne paraît pas fatiguée de cette pose pénible. Puis, elle se prosterne, le visage contre le foin, dans une prière encore plus profonde. Une prière prolongée.
Joseph s’éveille. Il voit le feu presque mort et l’étable presque dans les ténèbres. Il jette une poignée de brindilles et la flamme se réveille. Il y ajoute des branches plus grosses, puis encore plus grosses car le froid doit être piquant, le froid de la nuit hivernale et tranquille qui pénètre partout dans ces ruines. 170> Le pauvre Joseph tout près comme il l’est de la porte – appelons ainsi l’ouverture que son manteau essaye d’obstruer – doit être gelé. Il approche les mains près de la flamme, défait ses sandales et approche ses pieds. Il se chauffe. Quand le feu est bien pris, et que sa clarté est assurée, il se tourne. Il ne voit rien, pas même cette blancheur du voile de Marie qui traçait une ligne claire sur le foin obscur. Il se lève et lentement s’approche de la couchette.
« Tu ne dors pas, Marie ? » demande-t-il. Il le demande trois fois, jusqu’à ce qu’elle en prenne conscience et réponde : « Je prie. »
« Tu n’as besoin de rien ? »
« Non, Joseph. »
« Essaie de dormir un peu, de reposer au moins. »
« J’essaierai, mais la prière ne me fatigue pas. »
« Adieu, Marie. »
« Adieu, Joseph. »
Marie reprend sa position. Joseph pour ne plus céder au sommeil s’agenouille près du feu et il prie. Il prie avec les mains qui lui couvrent le visage. Il ne les enlève que pour alimenter le feu et puis il revient à sa brûlante prière. A part les crépitements du bois et le bruit du sabot de l’âne, qui de temps en temps frappe le sol, on n’entend rien.
Un faisceau de lumière lunaire se glisse par une fissure du plafond et semble une lame immatérielle d’argent qui s’en va chercher Marie. Il s’allonge peu à peu à mesure que la lune s’élève dans le ciel et l’atteint finalement. Le voilà sur la tête de l’orante. Il la nimbe d’une blancheur éclatante.
Marie lève la tête comme pour un appel du ciel et elle s’agenouille de nouveau. Oh ! comme c’est beau ici ! Elle lève sa tête qui semble resplendir de la lumière blanche de la lune, et elle est transfigurée par un sourire qui n’est pas humain. Que voit-elle ? Qu’entend-elle ? Qu’éprouve-t-elle ? Il n’y a qu’elle qui pourrait dire ce qu’elle vit, entendit, éprouva à l’heure fulgurante de sa Maternité. Je me rends seulement compte qu’autour d’elle la lumière croit, croit, croit. On dirait qu’elle descends du Ciel, qu’elle émane des pauvres choses qui l’environnent, qu’elle émane d’elle surtout.
Son vêtement, d’azur foncé, a à présent la couleur d’un bleu d’une douceur céleste de myosotis, les mains et le visage semblent devenir azurés comme s’ils étaient sous le feu d’un immense et clair saphir. Cette couleur me rappelle, bien que plus légère, celle que je découvre dans la vision du saint Paradis et aussi celle de la vision de l’arrivée des Mages. 171> Elle se diffuse surtout toujours plus sur les choses, les revêt, les purifie, leur communique sa splendeur.
La lumière se dégage toujours plus du corps de Marie, absorbe celle de la lune, on dirait qu’elle attire en elle tout ce qui peut arriver du ciel. Désormais, c’est elle qui est la Dépositaire de la Lumière, celle qui doit donner cette Lumière au monde. Et cette radieuse, irrésistible, incommensurable, éternelle, divine Lumière qui va être donnée au monde, s’annonce avec une aube, une diane, un éveil de la lumière, un chur d’atomes lumineux qui grandit, s’étale comme une marée qui monte, monte en immenses volutes d’encens, qui descend comme un torrent, qui se déploie comme un voile…
La voûte, couverte de fissures, de toiles d’araignées, de décombres en saillie qui semblent miraculeusement équilibrées, noire, fumeuse, repoussante, semble la voûte d’une salle royale. Chaque pierre est un bloc d’argent, chaque fissure une clarté opaline, chaque toile d’araignée un baldaquin broché d’argent et de diamants. Un gros lézard, engourdi entre deux blocs de pierre, semble un collier d’émeraude oublié là, par une reine; une grappe de chauve-souris engourdies émettent une précieuse clarté d’onyx. Le foin qui pend de la mangeoire la plus haute n’est plus de l’herbe : ce sont des fils et des fils d’argent pur qui tremblent dans l’air avec la grâce d’une chevelure flottante.
La mangeoire inférieure, en bois grossier, est devenue un bloc d’argent bruni. Les murs sont couverts d’un brocart où la blancheur de la soie disparaît sous une broderie de perles en relief. Et le sol… qu’est-ce maintenant le sol ? Un cristal illuminé par une lumière blanche. Les saillies semblent des roses lumineuses jetées sur le sol en signe d’hommage; et les trous, des coupes précieuses, d’où se dégagent des arômes et des parfums.
Et la lumière croît de plus en plus. L’il ne peut la supporter. En elle, comme absorbée par un voile de lumière incandescente, disparaît la Vierge… et en émerge la Mère.
Oui, quand la lumière devient supportable pour mes yeux, je vois Marie avec son Fils nouveau-né dans ses bras. 172> Un petit Bébé rose et grassouillet qui s’agite et se débat avec ses mains grosses comme un bouton de rose et des petits pieds qui iraient bien dans le cur d’une rose; qui vagit d’une voix tremblotante exactement comme celle d’un petit agneau qui vient de naître, ouvrant la bouche, rouge comme une petite fraise de bois, montrant sa petite langue qui bat contre son palais couleur de rose; qui remue sa petite tête si blonde qu’on la croirait sans cheveux, une petite tête ronde que la Maman soutient dans le creux de l’une de ses mains pendant qu’elle regarde son Bébé et l’adore, pleurant et riant tout ensemble et qu’elle s’incline pour y déposer un baiser, non pas sur la tête innocente, mais sur le milieu de la poitrine sous lequel se trouve le petit cur, qui bat, qui bat pour nous… là où un jour sera la blessure. Elle la panse d’avance, cette blessure, sa Maman, avec son pur baiser d’Immaculée.
Le buf éveillé par la clarté se dresse avec un grand bruit de sabots et il mugit. L’âne relève la tête et brait. C’est la lumière qui les réveille, mais j’aime penser qu’ils ont voulu saluer leur Créateur pour eux-mêmes et pour tous les animaux.
Joseph aussi, qui comme extasié priait avec autant d’intensité qu’il s’était abstrait de tout ce qui l’entourait, se secoue et entre ses doigts dont il se couvre le visage, il voit filtrer la lumière étrange. Il découvre le visage, lève la tête, se retourne. Le buf debout, lui cache Marie, mais elle l’appelle : « Joseph, viens. »
Joseph accourt et devant le spectacle s’arrête comme foudroyé de révérence, il va tomber à genoux là où il se trouve. Mais Marie insiste : « Viens, Joseph. » Elle appuie la main gauche sur le foin et tenant de la main droite l’Enfant qu’Elle serre sur son cur, elle se lève et se dirige vers Joseph qui marche hésitant, pris entre le désir d’avancer et la peur d’être irrespectueux.
Au pied de la couche les deux époux se rencontrent et se regardent en pleurant de bonheur.
« Viens » dit Marie « offrons Jésus au Père. »
Pendant que Joseph s’agenouille, elle, debout, entre les deux poutres qui soutiennent la voûte, élève sa Créature entre ses bras et dit : « Me voici. C’est pour Lui, ô Dieu, que je te dis cette parole. Me voici pour faire ta volonté. Et avec Lui, moi, Marie et Joseph mon époux. Voici tes serviteurs, Seigneur. Que soit accomplie par nous, à toute heure et en toute occasion, ta volonté pour ta gloire et ton amour. » Puis Marie se penche et dit : « Prends, Joseph » et Elle offre l’Enfant.
« Moi ! A Moi ! Oh ! Non ! Je ne suis pas digne ! » Joseph est tout effrayé, anéanti à l’idée de devoir toucher Dieu.
Mais Marie insiste en souriant : « Tu en es bien digne. Personne ne l’est plus que toi. C’est pour cela que Dieu t’a choisi. Prends-le, Joseph, et tiens-le pendant que je cherche les langes. »
173> Joseph, rouge comme la pourpre, avance les bras et prend le petit bourgeon de chair qui crie parce qu’il a froid. Quand il l’a entre les bras, il ne persiste pas dans l’intention de le tenir par respect éloigné de lui. Il le serre contre son cur et éclatant en sanglots : « Oh ! Seigneur ! Mon Dieu ! » et il se penche pour baiser ses petits pieds et les sent glacés. Alors, il s’assoit sur le sol, le serre sur son sein. Avec son habit marron, avec ses mains il s’ingénie à le couvrir, à le réchauffer, à le défendre contre la bise nocturne. Il voudrait bien aller du côté du feu, mais là il y a un courant d’air qui entre par la porte. Mieux vaut rester où il est. Il vaut mieux même aller entre les deux animaux qui les protégeront du courant d’air et donneront un peu de chaleur. Il va se mettre entre le buf et l’âne avec les épaules tournées vers la porte, penché sur le Nouveau-né pour lui faire de sa poitrine une niche dont les parois sont une tête grise aux longues oreilles et un grand museau blanc aux naseaux fumants et aux bons yeux humides.
Marie a ouvert le coffre et en a tiré les linges et les langes. Elle est allée près du feu pour les réchauffer. La voilà qui va vers Joseph et enveloppe le Bébé dans les linges tiédis, puis elle protège la petite tête avec son voile. « Où allons-nous le mettre maintenant ? » dit-elle.
Joseph regarde autour, réfléchit… « Attends » dit-il. « Poussons plus loin les deux animaux et leur foin. Tirons en bas le foin de la mangeoire qui est plus haut et mettons-le ici à l’intérieur. Le bord de cette mangeoire le protégera de l’air, le foin lui fera un oreiller et le buf par son souffle le réchauffera un peu. » Et Joseph se met à l’ouvrage, pendant que Marie berce son Petit en le serrant sur son cur et en appuyant sa joue sur la petite tête pour la réchauffer.
Joseph ravive le feu sans épargner le bois pour faire une belle flamme. Il réchauffe le foin et peu à peu le sèche et le met sur le sein pour l’empêcher de refroidir. Puis, quand il en a assez amoncelé pour faire un petit matelas à l’Enfant, il va à la mangeoire et l’arrange pour en faire un berceau. « C’est prêt » dit-il. « Maintenant il faudrait bien une couverture pour empêcher le foin de le piquer, et pour le couvrir… »
« Prends mon manteau » dit Marie.
« Tu auras froid. »
174> « Oh ! cela ne fait rien ! La couverture est trop rugueuse. Le manteau est doux et chaud. Je n’ai pas du tout froid. Mais que Lui ne souffre plus. »
Joseph prend l’ample manteau de moelleuse laine bleue sombre et l’arrange en double sur le foin, avec un pli qui penche hors de la crèche. Le premier lit du Sauveur est prêt.
Et la Mère, de sa douce démarche ondoyante, le porte et le dépose, le recouvre avec le pli du manteau qu’elle amène aussi autour de la tête nue qui enfonce dans le foin, à peine protégé des piqûres par le mince voile de Marie. Il ne reste à découvert que le petit visage gros comme le poing, et les deux, penchés sur la crèche, radieux, le regardent dormir son premier sommeil. La chaleur des langes et du foin a arrêté ses pleurs et apporté le sommeil au doux Jésus
<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<
La Naissancede notre Seigneur Jésus Christ :
( Daprès les visions de Anne Catherine Emmerich )
LII – La sainte Famille entre dans la Grotte de la Crèche.
(Le vendredi, 23 novembre.) il était déjà tard quand ils arrivèrent devant l’entrée de la grotte. La jeune ânesse. qui, depuis qu’ils étaient entrés dans la maison paternelle de Joseph, avait couru de côté et d’autre autour de la ville, vint alors à leur rencontre et se mit à sauter joyeusement auprès d’eux. Alors la sainte Vierge dit à Joseph : » voyez, c’est certainement la volonté de Dieu que nous entrions ici « . Joseph mit l’âne sous l’espèce de toit qui était en avant de l’entrée de la grotte ; il prépara un siège pour la sainte Vierge, et elle s’y assit pendant qu’il se procurait de la lumière et entrait dans la grotte. L’entrée était un peu obstruée par des bottes de paille et des nattes posées contre les parois. Il y avait aussi dans la grotte même divers objets qui l’encombraient, Joseph la débarrassa de manière à préparer à la sainte Vierge une place commode du côté oriental de la grotte. Il attacha une lampe allumée à la paroi, et fit entrer Marie, qui se plaça sur le lit de repos qu’il lui avait préparé avec des couvertures et quelques paquets. Il s’excusa humblement de n’avoir pu lui procurer qu’un si mauvais gîte ; mais Marie, intérieurement, était contente et joyeuse.
Quand elle se fut installée, Joseph sortit avec une outre de cuir qu’il portait avec lui, et alla derrière la colline, dans la prairie où coulait un petit ruisseau ; il remplit l’outre d’eau et la rapporta dans la grotte. Il alla ensuite dans la ville, où il se procura de petits plats et du charbon. Le sabbat était proche, et, à cause des nombreux étrangers auxquels manquaient les choses les plus indispensables, on avait dressé au coin des rues des tables sur lesquelles étaient les aliments dont ils pouvaient avoir besoin. Je crois qu’il y avait là des gens qui n’étaient pas Juifs.
Joseph revint, portant des charbons allumés dans une espèce de botte grillée, il les plaça à l’entrée de la grotte, et alluma du feu avec un petit fagot de morceaux de bois sec ; il apprêta ensuite un repas, qui se composait de petits pains et de quelques fruits cuits. Quand ils eurent mangé et prié, Joseph prépara une couche pour la sainte Vierge. Il étendit sur une litière de jonc une couverture semblable à celles que j’avais vues dans la maison de sainte Anne, et plaça une autre couverture roulée pour appuyer la tête. Après avoir fait entrer l’âne et l’avoir attaché dans un endroit où il ne pouvait pas gêner, il boucha les ouvertures de la voûte par où l’air venait, et disposa la place où lui-même devait reposer dans l’entrée de la grotte.
Quand le sabbat commença, il se tint avec la sainte Vierge sous la lampe, et récita avec elle les prières dur sabbat ; il quitta ensuite la grotte et s’en alla à la ville. Marie s’enveloppa pour se livrer au repos. Pendant l’absence de Joseph, je vis la sainte Vierge prier à genoux. Elle s’agenouilla sur sa couche ; puis elle s’étendit sur la couverture, couchée sur le côté. Sa tête reposait sur son bras, qui était posé sur l’oreiller. Joseph revint tard. Il pria encore, et se plaça humblement sur sa couche à l’entrée de la grotte.
(Le samedi, 24 novembre.) Ce jour-là la soeur était très malade et ne put dire que peu de choses ; elle communiqua pourtant ce qui suit :
La sainte Vierge passa le sabbat dans la grotte de la Crèche, priant et méditant avec une grande ferveur. Joseph sortit plusieurs fois ; il alla probablement à la synagogue de Bethléhem. Je les vis manger des aliments prépares les jours précédents et prier ensemble. Dans l’après-midi, temps où les Juifs font ordinairement leur promenade le jour du sabbat, Joseph conduisit la sainte Vierge à la grotte du tombeau de Maraha, nourrice d’Abraham. Elle resta quelque temps dans cette grotte, qui était plus spacieuse que celle de la crèche, et où Joseph lui arrangea un siège ; elle se tint aussi sous l’arbre qui était auprès, toujours priant et méditant jusqu’après la clôture du sabbat. Joseph alors la ramena. Marie avait dit à son époux que la naissance de l’enfant aurait lieu ce jour même, à minuit ; car c’était à cette heure que se terminaient les neuf mois écoulés depuis que l’ange du Seigneur l’avait saluée. Elle l’avait prié de faire en sorte qu’ils pussent honorer de leur mieux, à son entrée dans le monde, l’enfant promis par Dieu et conçu surnaturellement. Elle lui demanda aussi de prier avec elle pour les gens au coeur dur qui n’avaient pas voulu lui donner l’hospitalité. Joseph offrit à la sainte Vierge de faire venir pour l’assister deux pieuses femmes de Bethléhem qu’il connaissait. Elle ne le voulut pas, et lui dit qu’elle n’avait besoin du secours de personne.
Joseph alla à Bethléhem avant la fin du` sabbat, et aussitôt que le soleil fut couché, il acheta quelques objets nécessaires, une écuelle, une petite table basse, des fruits et des raisins secs, qu’il rapporta à la grotte de la Crèche ; il alla de là à la grotte de Maraha, et ramena la sainte Vierge à celle de la crèche, où elle s’assit sur la couverture. Joseph prépara encore des aliments. Ils mangèrent et prièrent ensemble. Il établit alors une séparation entre la place qu’il avait choisie pour y dormir et le reste de la grotte, à l’aide de quelques perches auxquelles il suspendit des nattes qu’il avait trouvées là ; il donna à manger à l’âne qui était à gauche de l’entrée, attaché à la paroi de la grotte ; il remplit ensuite la mangeoire de la crèche de roseaux et d’herbe ou de mousse, et il étendit par-dessus une couverture.
Comme alors la sainte Vierge lui dit que son terme approchait et l’engagea à se mettre en prières dans sa chambre, il suspendit à la voûte plusieurs lampes allumées, et sortit de la grotte parce qu’il avait entendu du bruit devant l’entrée. Il trouva là la jeune ânesse qui, jusqu’alors, avait erré en liberté dans la vallée des bergers ; elle paraissait toute joyeuse, et jouait et bondissait autour de lui Il l’attacha sous l’auvent qui était devant la grotte et lui donna du fourrage.
Quand il revint dans la grotte, et qu’avant d’entrer dans son réduit, il jeta les yeux sur la sainte Vierge, il la vit qui priait à genoux sur sa couche ; elle lui tournait le des et regardait du côté de l’orient. Elle lui parut comme entourée de flammes, et toute la grotte semblait éclairée d’une lumière surnaturelle. Il regarda comme Moise lorsqu’il vit le buisson ardent ; puis, saisi d’un saint effroi, il entra dans sa cellule et s’y prosterna la face contre terre.
LIII – Naissance du Christ.
Je vis la lumière qui environnait la sainte Vierge devenir de plus en plus éclatante ; la lueur de la lampe allumée par Joseph n’était plus visible. Marie, sa large robe sans ceinture étalée autour d’elle, était à genoux sur sa couche, le visage tourné vers l’orient.
Quand vint l’heure de minuit, elle fut ravie en extase. Je la vis élevée de terre à une certaine hauteur. Elle avait les mains croisées sur la poitrine. La splendeur allait croissant autour d’elle ; tout semblait ressentir une émotion joyeuse, même les êtres inanimés. Le roc qui formait le sol et les parvis de la grotte étaient comme vivants dans la lumière. Mais bientôt je ne vis plus la voûte ; une voie lumineuse, dont l’éclat augmentait sans cesse, allait de Marie jusqu’au plus haut des cieux. Il y avait là un mouvement merveilleux de gloires célestes, qui, s’approchant de plus en plus, se montrèrent distinctement sous la l’orme de choeurs angéliques. La sainte Vierge, élevée de terre dans son extase, priait et abaissait ses regards sur son Dieu dont elle était devenue ta mère, et qui, faible enfant nouveau-né, était couché sur la terre devant elle.
Je vis notre Sauveur comme un petit enfant lumineux, dont l’éclat éclipsait toute la splendeur environnante, couché sur le tapis devant les genoux de la sainte Vierge. Il me semblait qu’il était tout petit et grandissait sous mes yeux ; mais tout cela n’était que le rayonnement d’une lumière tellement éblouissante que je ne puis dire comment j’ai pu la voir.
La sainte Vierge resta encore quelque temps dans son extase Puis, je la vis mettre un linge sur l’enfant, mais elle ne le toucha pas et ne le prit pas encore dans ses bras. Après un certain intervalle, je vis l’Enfant-Jésus se mouvoir et je l’entendis pleurer ; ce fut alors que Marie sembla reprendre l’usage de ses sens. Elle prit l’enfant, l’enveloppa dans le linge dont elle l’avait recouvert et le tint dans ses bras contre sa poitrine. Elle s’assit ensuite, s’enveloppa tout entière avec l’enfant dans son voile, et je crois qu’elle l’allaita. Je vis alors autour d’elle des anges, sous forme humaine, se prosterner devant le nouveau-né et l’adorer.
Il s’était bien écoulé une heure depuis la naissance de l’enfant, lorsque Marie appela saint Joseph, qui priait encore la face contre terre. s’étant approché, il se prosterna plein de joie, d’humilité et de ferveur. Ce ne fut que lorsque Marie l’eut engagé à presser contre son coeur le don sacré du Très-Haut, qu’il se leva, reçut l’Enfant-Jésus dans ses bras et remercia Dieu avec des larmes de joie.
Alors la sainte Vierge emmaillota l’Enfant-Jésus. Marie n’avait que quatre langes avec elle. Je vis ensuite Marie et Joseph s’asseoir par terre l’un près de l’autre. Ils ne disaient rien et semblaient tous deux absorbés dans la contemplation. Devant Marie, emmailloté ainsi qu’un enfant ordinaire, était couché Jésus nouveau né, beau et brillant comme un éclair. « Ah! me disais-je, ce lieu contient le salut du monde entier, et personne ne s’en doute.’
Ils placèrent ensuite l’enfant dans la crèche. Ils l’avaient remplie de roseaux et de jolies plantes sur lesquels était étendue une couverture ; elle était au-dessus de l’auge creusée dans le roc, à droite de l’entrée de la grotte, qui s’élargissait là dans la direction du midi. Quand ils eurent mis l’enfant dans la crèche, tous deux se tiennent à côté de lui versant des larmes de joie et chantant des cantiques de louange. Joseph arrangea alors le lit de repos et le siège de la sainte Vierge à côté de la crèche. Je la vis avant et après la naissance de Jésus habillée d’un vêtement blanc qui l’enveloppait tout entière Je la vis là pendant les premiers jours, assise, agenouillée, debout ou même couchée sur le côte et dormant, mais jamais malade ni fatiguée.