L’Assomption de la sainte vierge Marie au Ciel

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Quatrieme mystere glorieux du Rosaire ( chapelet ) :

 

 

L’Assomption de la Sainte Vierge Marie au Ciel :

 

Assomption

Assomption de la sainte vierge Marie au Ciel

 

 

1 – d’après les visions de Anne Catherine Emmerich  ( le texte qui suit )

2 – d’apres les visions  de Maria Valtorta, cliquez ici pour y accéder

3 – explications de la vierge Marie sur sa « mort » et son assomption

 

Pierre s’approcha d’elle et lui administra l’extrême-onction, à peu près de la même manière qu’on le fait aujourd’hui. Il l’oignit avec les saintes huiles prises dans les boites que tenait Jean, sur je visage, sur les mains’ sur les pieds et sur le côté, où son vêtement avait une ouverture ; en sorte qu’on ne la découvrit pas le moins du monde. Pendant ce temps les apôtres récitaient des prières, comme on le fait au choeur. Ensuite Pierre lui présenta le saint sacrement. Elle se redressa, sans s’appuyer, pour le recevoir ; puis elle retomba. Les apôtres prièrent pendant quelque temps, et, s’étant un peu soulevée, elle reçut le calice de la main de Jean. Je vis, lors de la réception de la sainte Eucharistie, une lumière éclatante entrer dans Marie ; après elle retomba comme ravie en extase, et ne dit plus rien. Les apôtres portant les vases sacrés retournèrent en procession à l’autel où ils continuèrent le service divin, et alors Philippe reçut aussi la sainte communion. Il n’était resté que deux femmes près de la sainte Vierge.

Plus tard, je vis de nouveau les apôtres et les disciples en prière autour de la couche de la sainte Vierge. Je visage de Marie était épanoui et souriant comme dans sa jeunesse. Ses yeux, pleins d’une sainte joie, étaient tournés vers le ciel. Je vis alors un tableau merveilleusement touchant. Le toit de la cellule de Marie avait disparu ; la lampe était suspendue en plein air ; je vis à travers le ciel ouvert l’intérieur de la Jérusalem céleste. Il en descendit comme deux nuées éclatantes, où se montraient d’innombrables figures d’anges, et entre lesquelles une voie lumineuse se dirigea vers la sainte Vierge. Je vis, à partir de Marie, comme une montagne lumineuse s’élever jusque dans la Jérusalem céleste. Elle étendit les bras de ce côté avec un désir infini, et je vis son corps soulevé en l’air et planant au-dessus de sa couche, de manière qu’on pouvait voir par-dessous. Je vis son âme, comme une petite figure lumineuse infiniment pure, sortir de son corps, les bras étendus, et s’élever sur la voie lumineuse qui montait jusqu’au ciel. Les deux choeurs d’anges qui étaient dans les nuées se réunirent au-dessous de son âme et la séparèrent du corps, qui, au moment de cette séparation, retomba sur la couche, les bras croisés sur la poitrine. Mon regard, suivant l’âme de Marie, la vit entrer dans la Jérusalem céleste, et arriver jusqu’au trône de la très sainte Trinité. Je vis un grand nombre d’âmes, parmi lesquelles je reconnus plusieurs patriarches, ainsi que Joachim, Anne, Joseph, Elisabeth, Zacharie et Jean-Baptiste, aller à sa rencontre avec une joie respectueuse. Elle prit son essor à travers eux tous jusqu’au trône de Dieu et de son Fils, qui, faisant éclater au-dessus de tout le reste la lumière qui sortait de ses blessures, la reçut avec un amour tout divin, lui présenta comme un sceptre et lui montra la terre au-dessous d’elle comme s’il lui conférait un pouvoir particulier. Je la vis ainsi entrer dans la gloire, et j’oubliai tout ce qui se montrait autour d’elle sur la terre. Quelques-uns des apôtres, notamment Jean et Pierre, durent voir tout cela, car ils avaient les yeux levés au ciel. Les autres étaient pour la plupart prosternés vers la terre. Tout était plein de lumière et de splendeur. C’était comme lors de l’ascension de Jésus-Christ.

Je vis, ce qui me réjouit beaucoup, un grand nombre d’âmes délivrées du purgatoire suivre l’âme de Marie quand elle entra dans le ciel. Aujourd’hui aussi, au jour de la commémoration qu’en fait l’Église, je vis entrer au ciel beaucoup de ces pauvres âmes, parmi lesquelles plusieurs que Je connaissais. Je reçus l’assurance consolante que, tous les ans, le jour anniversaire de la mort de Marie, beaucoup d’âmes de ceux qui lui ont rendu un culte particulier participent aux effets de cette grâce.

Quand je regardai de nouveau sur la terre, je vis le corps de la sainte Vierge resplendissant. Il reposait sur sa couche, je visage rayonnant, les yeux fermés, les bras croisés sur la poitrine Les apôtres, les disciples et les saintes femmes étaient agenouillés autour et priaient. Pendant que je regardais tout cela, il y avait dans toute la nature un concert harmonieux et une émotion semblable à celle que j’avais aperçue pendant la nuit de Noël. Je connus que l’heure de sa mort avait été la neuvième heure, comme celle de la mort du Sauveur.

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L’Assomption de la Sainte Vierge Marie au Ciel :

 

( D’apres les visions de Maria Valtorta )

 

 

Combien de jours sont-il passés ? Il est difficile de l’établir sûrement. Si on en juge par les fleurs qui font une couronne autour du corps inanimé, on devrait dire qu’il est passé quelques heures. Mais si on en juge d’après le feuillage d’olivier sur lequel sont posées les fleurs fraîches, et dont les feuilles sont déjà fanées, et d’après les autres fleurs flétries, mises comme autant de reliques sur le couvercle du coffre, on doit conclure qu’il est passé déjà des journées.

Mais le corps de Marie est tel qu’il était quand elle venait d’expirer. Il n’y a aucun signe de mort sur son visage, sur ses petites mains. Il n’y a dans la pièce aucune odeur désagréable. Au contraire il y flotte un parfum indéfinissable qui rappelle l’encens, les lys, les roses, le muguet, les plantes de montagne, mélangés.

Jean, qui sait depuis combien de jours il veille, s’est endormi, vaincu par la lassitude. Il est toujours assis sur le tabouret, le dos appuyé au mur, près de la porte ouverte qui donne sur la terrasse. La lumière de la lanterne, posée sur le sol, l’éclaire par en dessous et permet de voir son visage, fatigué, très pâle, sauf autour des yeux rougis par les pleurs.

L’aube doit maintenant être commencée car sa faible clarté permet de voir la terrasse et les oliviers qui entourent la maison. Cette clarté se fait toujours plus forte et, pénétrant par la porte, elle rend plus distincts les objets mêmes de la chambre, ceux qui, étant éloignés de la lampe, pouvaient à peine être entrevus.

Tout d’un coup une grande lumière remplit la pièce, une lumière argentée, nuancée d’azur, presque phosphorique, et qui croît de plus en plus, qui fait disparaître celle de l’aube et de la lampe. C’est une lumière pareille à celle qui inonda la Grotte de Bethléem au moment de la Nativité divine. Puis, dans cette lumière paradisiaque, deviennent visibles des créatures angéliques, lumière encore plus splendide dans la lumière déjà si puissante apparue d’abord. Comme il était déjà arrivé quand les anges apparurent aux bergers, une danse d’étincelles de toutes couleurs se dégage de leurs ailes doucement mises en mouvement d’où il vient une sorte de murmure harmonieux, arpégé, très doux.

 284> Les créatures angéliques forment une couronne autour du petit lit, se penchent sur lui, soulèvent le corps immobile et, en agitant plus fortement leurs ailes, ce qui augmente le son qui existait d’abord, par un vide qui s’est par prodige ouvert dans le toit, comme par prodige s’était ouvert le Tombeau de Jésus, elles s’en vont, emportant avec eux le corps de leur Reine, son corps très Saint, c’est vrai, mais pas encore glorifié et encore soumis aux lois de la matière, soumission à laquelle n’était plus soumis le Christ parce qu’il était déjà glorifié quand il ressuscita.

Le son produit par les ailes angéliques est maintenant puissant comme celui d’un orgue. Jean, qui tout en restant endormi s’était déjà remué deux ou trois fois sur son tabouret, comme s’il était troublé par la grande lumière et par le son des voix angéliques, est complètement réveillé par ce son puissant et par un fort courant d’air qui, descendant par le toit découvert et sortant par la porte ouverte, forme une sorte de tourbillon qui agite les couvertures du lit désormais vide et les vêtements de Jean, et qui éteint la lampe et ferme violemment la porte ouverte.

L’apôtre regarde autour de lui, encore à moitié endormi, pour se rendre compte de ce qui arrive. Il s’aperçoit que le lit est vide et que le toit est découvert. Il se rend compte qu’il est arrivé un prodige. Il court dehors sur la terrasse et, comme par un instinct spirituel, ou un appel céleste, il lève la tête, en protégeant ses yeux avec sa main pour regarder, sans avoir la vue gênée par le soleil qui se lève.

Et il voit. Il voit le corps de Marie, encore privé de vie et qui est en tout pareil à celui d’une personne qui dort, qui monte de plus en plus haut, soutenu par une troupe angélique. Comme pour un dernier adieu, un pan du manteau et du voile s’agitent, peut-être par l’action du vent produit par l’assomption rapide et le mouvement des ailes angéliques. Des fleurs, celles que Jean avait disposées et renouvelées autour du corps de Marie, et certainement restées dans les plis des vêtements, pleuvent sur la terrasse et sur le domaine du Gethsémani, pendant que l’hosanna puissant de la troupe angélique se fait toujours plus lointain et donc plus léger.

 Jean continue à fixer ce corps qui monte vers le Ciel et, certainement par un prodige qui lui est accordé par Dieu, pour le consoler et le récompenser de son amour pour sa Mère adoptive, il voit distinctement que Marie, enveloppée maintenant par les rayons du soleil qui s’est levé, sort de l’extase qui a séparé son âme de son corps, redevient vivante, se dresse debout, car maintenant elle aussi jouit des dons propres aux corps déjà glorifiés.

Jean regarde, regarde. 285> Le miracle que Dieu lui accorde lui donne de pouvoir, contre toutes les lois naturelles, voir Marie qui maintenant qu’elle monte rapidement vers le Ciel est entourée, sans qu’on l’aide à monter, par les anges qui chantent des hosannas. Jean est ravi par cette vision de beauté qu’aucune plume d’homme, qu’aucune parole humaine, qu’aucune œuvre d’artiste ne pourra jamais décrire ou reproduire, car c’est d’une beauté indescriptible.

 Jean, en restant toujours appuyé au muret de la terrasse, continue de fixer cette splendide et resplendissante forme de Dieu – car réellement on peut parler ainsi de Marie, formée d’une manière unique par Dieu, qui l’a voulue immaculée, pour qu’elle fût une forme pour le Verbe Incarné — qui monte toujours plus haut. Et c’est un dernier et suprême prodige que Dieu-Amour accorde à celui qui est son parfait aimant : celui de voir la rencontre de la Mère très Sainte avec son Fils très Saint qui, Lui aussi splendide et resplendissant, beau d’une beauté indescriptible, descend rapidement du Ciel, rejoint sa Mère et la serre sur son cœur et ensemble, plus brillants que deux astres, s’en vont là d’où Lui est venu. La vision de Jean est finie.

 

 

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La sainte vierge Marie dit :

 

« Ai-je été morte ? Oui, si on veut appeler mort la séparation d’avec le corps de la partie noble de l’esprit. Non, si par mort on entend la séparation d’avec le corps de l’âme qui le vivifie, la corruption de la matière qui n’est plus vivifiée par l’âme, et d’abord le caractère lugubre du tombeau et, d’abord parmi toutes ces choses, la douleur de la mort.

Comment je suis morte, ou plutôt comment je suis passée de la Terre au Ciel, d’abord avec la partie immortelle, puis avec celle qui est périssable ? Comme il était juste pour Celle qui n’a pas connu la tache de la faute.

Ce soir-là, avait déjà commencé le repos du sabbat, je parlais avec Jean. De Jésus, de ses affaires. La soirée était pleine de paix. Le sabbat avait éteint tout bruit de travaux humains et l’heure éteignait toute voix d’homme ou d’oiseau. Seuls autour de la maison les oliviers bruissaient au vent du soir, et il semblait qu’un vol d’anges effleurait les murs de la maisonnette solitaire.

 Nous parlions de Jésus, du Père, du Royaume des Cieux. Parler de la Charité et du Royaume de la Charité, c’est s’enflammer d’un feu vivant, consumer les liens de la matière afin de libérer l’esprit pour ses vols mystiques. Et si le feu est retenu dans les limites que Dieu met pour conserver les créatures sur la Terre à son service, on peut vivre et brûler, en trouvant dans son ardeur non pas un épuisement mais un achèvement de vie. Mais quand Dieu enlève les limites et laisse au Feu divin la liberté de pénétrer et d’attirer à Lui l’esprit sans aucune mesure, alors l’esprit, à son tour en répondant sans mesure à l’Amour, se sépare de la matière et il vole là où l’Amour le pousse et l’invite. Et c’est la fin de l’exil et le retour à la Patrie.

Ce soir-là, à l’ardeur irrésistible, à la vitalité sans mesure de mon esprit, s’unit une douce langueur, un mystérieux sentiment d’éloignement de la matière, de ce qui l’entourait, comme si le corps s’endormait par lassitude, alors que l’intellect, encore plus vivant dans son raisonnement, s’abîmait dans les divines splendeurs. Jean, témoin affectueux et prudent de toute ma conduite depuis qu’il était devenu mon fils adoptif, selon la volonté de mon Unique, me persuada doucement de me reposer sur mon lit et me veilla en priant.

289> Le dernier son que j’entendis sur la Terre ce fut le murmure des paroles de Jean, l’apôtre vierge. Ce fut pour moi comme la berceuse d’une mère près d’un berceau. Elles accompagnèrent mon esprit dans la dernière extase, trop sublime pour être dite. Elles l’accompagnèrent jusqu’au Ciel.

Jean, unique témoin de ce suave mystère, m’arrangea seul, en m’enveloppant dans mon manteau blanc, sans changer le vêtement et le voile, sans me laver ni m’embaumer. L’esprit de Jean, comme on le voit clairement par ses paroles du second épisode de ce cycle qui va de la Pentecôte à mon Assomption, savait déjà que mon corps ne serait pas corrompu et instruisit l’Apôtre de ce qu’il fallait faire. Et lui, chaste, affectueux, prudent à l’égard des mystères de Dieu et de ses compagnons éloignés, pensa qu’il fallait garder le secret et attendre les autres serviteurs de Dieu, pour qu’ils me voient encore et tirent de cette vue réconfort et aide pour les peines et les fatigues de leurs missions. Il attendit, comme s’il était sûr de leur venue.

Mais différent était le décret de Dieu, bon comme toujours pour le Préféré, juste comme toujours pour tous les croyants. Au premier Il alourdit ses paupières pour que le sommeil empêcha le déchirement de se voir enlever aussi mon corps.  Il a donné aux croyants une vérité de plus pour les porter à croire en la résurrection de la chair, à la récompense d’une vie éternelle et bienheureuse accordée aux justes, dans les vérités les plus puissantes et les plus douces du Nouveau Testament : mon Immaculée Conception, ma divine Maternité virginale, dans la Nature divine et humaine de mon Fils, vrai Dieu et vrai Homme, né non par une volonté charnelle mais par des épousailles divines et une semence divine déposée dans mon sein, et enfin pour qu’ils croient qu’au Ciel se trouve mon Cœur de Mère des hommes, palpitant d’un amour anxieux pour tous : justes et pécheurs, désireux de vous avoir tous avec lui, dans la Patrie bienheureuse, pour l’éternité.

 Quand les anges m’enlevèrent de la maisonnette, mon esprit était-il déjà revenu en moi ? Non. Mon esprit ne devait plus redescendre sur la Terre. Il était en adoration devant le Trône de Dieu. Mais quand la Terre, l’exil, le temps et le lieu de la séparation d’avec mon Seigneur Un et Trin furent abandonnés pour toujours, mon esprit revint resplendir au centre de mon âme en tirant la chair de sa dormition. Il est donc juste de dire que je suis montée au Ciel en corps et en âme, non par mes propres moyens, comme il est arrivé pour Jésus, mais avec l’aide des anges. 290> Je me suis réveillée de cette mystérieuse et mystique dormition, je me suis levée, j’ai volé enfin parce que ma chair avait obtenu la perfection des corps glorifiés. Et j’aimai. J’aimai mon Fils retrouvé et mon Seigneur Un et Trin, je l’aimai comme c’est le destin de tous les éternels vivants. »

 II.
« Quand fut venue sa dernière heure, comme un lys épuisé qui, après avoir exhalé tous ses parfums, se penche sous les étoiles et ferme son blanc calice, Marie, ma Mère, s’étendit sur son lit et ferma les yeux à tout ce qui l’entourait pour se recueillir dans une dernière et sereine contemplation de Dieu.

Penché sur son repos, l’ange de Marie attendait anxieusement que l’urgence de l’extase sépare de la chair cet esprit, au temps marqué par le décret de Dieu, et le sépare pour toujours de la Terre pendant que déjà descendait des Cieux le doux et attrayant commandement de Dieu.

Penché, de son côté, sur ce mystérieux repos, Jean, ange de la Terre, veillait aussi la Mère qui allait le quitter. Et quand il la vit éteinte, il la veilla encore pour qu’à l’abri des regards profanes et curieux, elle restât même au-delà de la mort l’Immaculée Epouse et Mère de Dieu qui dormait si belle et tranquille.

Une tradition dit que dans l’urne de Marie, rouverte par Thomas, on ne trouva que des fleurs. Pure légende. Aucun tombeau n’a englouti la dépouille de Marie, car, au sens humain, il n’y a jamais eu une dépouille de Marie, car Marie n’est pas morte comme meurt quiconque a eu la vie.

Elle s’était seulement, par décret divin, séparée de l’esprit et avec lui, qui l’avait précédée, se réunit sa chair très sainte. Inversant les lois habituelles, selon lesquelles l’extase finit quand cesse le ravissement, c’est-à-dire quand l’esprit revient à l’état normal, ce fut le corps de Marie qui revint s’unir à l’esprit après le long arrêt sur le lit funèbre.

Tout est possible à Dieu. Je suis sorti du Tombeau sans d’autre aide que ma puissance. Marie est venue à Moi, à Dieu, au Ciel, sans connaître le tombeau avec sa pourriture horrible et lugubre. C’est un des miracles les plus éclatants de Dieu. Pas unique, en vérité, si on se rappelle Hénoch et Élie qui, étant chers au Seigneur, furent enlevés à la Terre sans connaître la mort et furent transportés autre part en un lieu connu de Dieu seul et des célestes habitants des Cieux. Ils étaient justes, mais toujours un rien par rapport à ma Mère, inférieure, en sainteté, seulement à Dieu.

291> C’est pour cela qu’il n’y a pas de reliques du corps et du tombeau de Marie, car Marie n’a pas eu de tombeau et son corps a été élevé au Ciel. »

 III.
« Ce fut une extase la conception de mon Fils. Une plus grande extase de le mettre au jour. L’extase des extases mon passage de la Terre au Ciel. C’est seulement durant la Passion qu’aucune extase ne rendit supportable mon atroce souffrance.

La maison, d’où je suis montée au Ciel, était une des innombrables générosités de Lazare, pour Jésus et sa Mère. La petite maison du Gethsémani, près du lieu de son Ascension. Inutile d’en chercher les restes. Dans la destruction de Jérusalem par les romains, elle fut dévastée et ses ruines furent dispersées au cours des siècles . »

 IV.
« Comme fut pour moi une extase la naissance de mon Fils, et comment du ravissement en Dieu, qui me prit à cette heure, je revins présente à moi-même et à la Terre, avec mon enfant dans les bras, ainsi ce qu’on appelle improprement ma mort, ce fut un ravissement en Dieu.

Me fiant à la promesse que j’avais eue dans la splendeur du matin de la Pentecôte, j’ai pensé que l’approche du moment de la dernière venue de l’Amour, pour me ravir en Lui, devrait se manifester par un accroissement du feu d’amour qui toujours me brûlait. Et je ne me suis pas trompée.

De mon côté plus la vie avançait, plus grandissait en moi le désir de me fondre dans l’Éternelle Charité. J’y étais poussée par le désir de me réunir à mon Fils, et la certitude que je n’aurais jamais fait autant pour les hommes que quand j’aurais été, orante et opérante pour eux, au pied du Trône de Dieu. Et avec un mouvement toujours plus enflammé et plus rapide, avec toutes les forces de mon âme, je criais au Ciel : “Viens, Seigneur Jésus ! Viens, Éternel Amour !”[1][1]

 L’Eucharistie, qui était pour moi comme la rosée pour une fleur assoiffée, était vie pour moi, oui, mais plus le temps passait plus elle devenait insuffisante pour satisfaire l’irrésistible anxiété de mon cœur. Il ne me suffisait plus de recevoir en moi mon Fils Divin et de le porter au dedans de moi dans les Espèces Sacrées comme je l’avais porté dans ma chair virginale. Tout moi-même voulait le Dieu Un et Trin, mais pas sous les voiles choisis par mon Jésus pour cacher l’ineffable mystère de la Foi, mais tel qu’il était, est, et sera au centre du Ciel.

292> Mon Fils Lui-même, dans ses transports eucharistiques, me brûlait par des embrassements de désir infini et chaque fois qu’il venait en moi avec la puissance de son amour, il m’arrachait pour ainsi l’âme dans son premier élan, puis il restait avec une tendresse infinie en m’appelant “Maman !”, et je le sentais anxieux de m’avoir avec Lui.

Je ne désirais plus autre chose. Je n’avais même plus le désir de protéger l’Église naissante, dans les derniers temps de ma vie mortelle. Tout était disparu dans le désir de posséder Dieu par la conviction que j’avais de tout pouvoir quand on le possède.  Arrivez, ô chrétiens, à ce total amour. Tout ce qui est terrestre perd sa valeur. Ne regardez que Dieu. Quand vous serez riches de cette pauvreté de désir, qui est une richesse incommensurable, Dieu se penchera sur votre esprit pour l’instruire d’abord, pour le prendre ensuite, et vous monterez avec lui vers le Père, le Fils, l’Esprit-Saint, pour les Connaître et les aimer pendant la bienheureuse éternité, et pour posséder leurs richesses de grâces pour vos frères. On n’est jamais si actif pour les frères que quand on n’est plus parmi eux, mais que l’on est des lumières réunies à la Divine Lumière.

L’approche de l’Amour Éternel fut marquée par ce que je pensais. Tout perdit lumière et couleur, voix et présence sous la splendeur et la Voix qui, en descendant des Cieux Ouverts à mon regard spirituel, s’abaissaient sur moi pour cueillir mon âme. On dit que j’aurais jubilé d’être assistée à cette heure par mon Fils. Mais mon doux Jésus était bien présent avec le Père quand l’Amour, c’est-à-dire l’Esprit-Saint, troisième Personne de la Trinité Eternelle, me donna le troisième baiser de ma vie, ce baiser si puissamment divin que mon âme s’exhala en lui, en se perdant dans la contemplation comme une goutte de rosée aspirée par le soleil dans le calice d’un lys.

Et je suis montée avec mon esprit et ses hosannas aux pieds des Trois que j’avais toujours adorés. Puis, au moment voulu, comme une perle dans un chaton de feu, aidée d’abord, puis suivie par la troupe des esprits angéliques venus pour m’assister dans le jour éternel de ma naissance céleste, attendue déjà dès le seuil des Cieux par mon Jésus, et sur leur seuil par mon juste époux de la Terre, par les Rois et Patriarches de ma race, par les premiers saints et martyrs, je suis entrée comme Reine, après tant de douleur et tant d’humilité de pauvre servante de Dieu, dans le Royaume de la joie sans limite. 293> Et le Ciel s’est refermé sur la joie de me posséder, d’avoir sa Reine dont la chair, unique entre toutes les chairs mortelles, connaissait la glorification avant la Résurrection finale et le dernier jugement. »

 V.
« Mon humilité ne pouvait me permettre de penser qu’il m’était réservée tant de gloire au Ciel. Il y avait dans ma pensée la quasi certitude que ma chair humaine, sanctifiée pour avoir porté Dieu, n’aurait pas connu la corruption, puisque Dieu est Vie et quand Il sature et emplit de Lui-même une créature, son action est comme les aromates qui préservent de la corruption de la mort.

Moi, non seulement j’étais restée Immaculée, non seulement j’avais été unie à Dieu par un chaste et fécond embrassement, mais je m’étais saturée, jusque dans mes plus secrètes profondeurs, des émanations de la Divinité cachée dans mon sein et occupée à se voiler de chair mortelle. Mais que la bonté de l’Éternel aurait réservé à sa servante la joie de sentir de nouveau sur mes membres le contact de la main de mon Fils, son embrassement, son baiser et d’entendre de nouveau sa voix de mes oreilles, de voir de mes yeux son visage, je ne pensais pas que cela me serait accordé et je ne le désirais pas. Il m’aurait suffi que ces béatitudes soient accordées à mon esprit et de cela aurait déjà été empli de félicité mon moi.

Mais, c’est pour témoigner de sa première pensée créatrice en ce qui concerne l’homme destiné par Lui, Créateur, à vivre en passant sans mourir du Paradis terrestre au céleste, dans le Royaume éternel, que Dieu m’a voulue, moi, Immaculée, au Ciel en âme et en corps sitôt finie ma vie terrestre.

 Moi, je suis le témoignage de ce que Dieu avait pensé et voulu pour l’homme : une vie innocente et ignorant les fautes, un tranquille passage de cette vie à la Vie éternelle comme quelqu’un qui franchit le seuil d’une maison pour entrer dans un palais, l’homme avec son être complet fait d’un corps matériel et d’une âme spirituelle serait passé de la Terre au Ciel, en augmentant la perfection de son moi que lui a donnée Dieu, de la perfection complète à la fois de la chair et de l’esprit qui était, dans la pensée divine, destinée à toute créature qui serait restée fidèle à Dieu et à la Grâce. Cette perfection, l’homme l’aurait atteinte dans la pleine lumière qui existe aux Cieux et les remplit, venant de Dieu, Soleil éternel qui les illumine.

Devant les Patriarches, les Prophètes et les Saints, devant les Anges et les Martyrs, Dieu m’a mise, montée en corps et en âme à la gloire des Cieux, et Il a dit :

294>  « Voici l’œuvre parfaite du Créateur. Voici ce que J’ai créé à ma plus véritable image et ressemblance entre tous les fils de l’homme, fruit d’un chef-d’œuvre de création divine, merveille de l’Univers qui voit renfermé en un seul être le divin dans son esprit éternel comme Dieu et comme Lui spirituel, intelligent, libre et saint, et la créature matérielle dans la plus sainte et la plus innocente des chairs, devant laquelle tout autre vivant, dans les trois règnes de la création, est obligé de s’incliner. Voilà le témoignage de mon amour pour l’homme pour lequel j’ai voulu un organisme parfait et le sort bienheureux d’une vie éternelle dans mon Royaume. Voilà le témoignage de mon pardon pour l’homme auquel, par la volonté d’un Trine Amour, J’ai accordé de se réhabiliter et de se recréer à mes yeux. C’est la mystique pierre de touche, c’est l’anneau qui unit l’homme à Dieu, c’est Celle qui ramène les temps aux premiers jours et donne à mes yeux divins la joie de contempler une Eve telle que Je l’ai créée, et maintenant devenue encore plus belle et plus sainte parce qu’elle est la Mère de mon Verbe, et la Martyre du plus grand pardon. Pour son Cœur Immaculé qui n’a jamais connu aucune tache, même la plus légère, J’ouvre les trésors du Ciel, et pour sa tête qui n’a jamais connu l’orgueil, Je fais de ma splendeur un diadème et Je la couronne puisqu’elle est pour Moi la plus sainte, pour qu’elle soit votre Reine ».

Dans le Ciel il n’y a pas de larmes. Mais au lieu des larmes de joie qu’auraient eu les esprits s’il leur avait été accordé de pleurer, liquide qui coule par suite d’une émotion, il y eut, après ces divines paroles, un rayonnement de lumières, un changement de splendeurs en de plus vives splendeurs, une ardeur de flammes de charité en un feu plus ardent, un son insurpassable et indescriptible d’harmonies célestes auxquelles s’unit la voix de mon Fils pour louer Dieu le Père et sa Servante éternellement bienheureuse. »

 VI.
« Il y a une différence entre la séparation de l’âme d’avec le corps pour une vraie mort, et la séparation momentanée de l’esprit d’avec le corps et d’avec l’âme qui le vivifie par extase ou ravissement contemplatif.

Alors que la séparation de l’âme d’avec le corps provoque la mort vraie, la contemplation extatique, c’est-à-dire l’évasion temporaire de l’esprit hors des barrières des sens et de la matière, ne provoque pas la mort. Et cela parce que l’âme ne se détache pas et ne se sépare pas totalement d’avec le corps, mais le fait seulement avec sa partie la plus excellente qui se plonge dans les feux de la contemplation.

295> Tous les hommes, tant qu’ils sont en vie, ont en eux l’âme morte par suite du péché ou vivante par la justice, mais seuls les grands aimants de Dieu atteignent la contemplation vraie.

 Cela tend à montrer que l’âme, qui conserve l’existence tant qu’elle est unie au corps – et cette particularité est pareille en tous les hommes – possède en elle-même une partie plus excellente : l’âme de l’âme, ou l’esprit de l’esprit, qui chez les justes sont très forts, alors que chez ceux qui ont cessé d’aimer Dieu et sa Loi, ne serait-ce que par la tiédeur ou les péchés véniels, ils deviennent faibles, privant la créature de la capacité de contempler et de connaître, autant que peut le faire une créature humaine, selon le degré de perfection qu’elle a atteint, Dieu et ses éternelles vérités.

Plus la créature aime Dieu et le sert de toutes ses forces et possibilités, et plus la partie la plus excellente de son esprit augmente sa capacité de connaître, de contempler, de pénétrer les éternelles vérités.

L’homme, doué d’une âme rationnelle, est une capacité que Dieu emplit de Lui-même. Marie, étant la plus sainte de toutes les créatures après le Christ, a été une capacité comble, jusqu’à déborder sur ses frères dans le Christ de tous les siècles, et pendant les siècles des siècles, de Dieu, de ses grâces, de sa charité et de ses miséricordes.

Elle a trépassé, submergée par les flots de l’amour. Maintenant, au Ciel, devenue un océan d’amour, elle déborde sur les fils qui lui sont fidèles, et aussi sur les fils prodigues, ses flots de charité pour le salut universel, elle qui est la Mère universelle de tous les hommes. »

 

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