L’Annonciation

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Premier mystere joyeux du Rosaire ( chapelet ) :

 

L’Annonciation de l’Ange Gabriel à la Sainte Vierge Marie :

 

Annonciation

Annonciation de l’ange Gabriel à la Sainte Vierge Marie

 

1-  d’après les visions et paroles de Jésus données à Maria Valtorta dans  « l’Evangile tel qu’il m’a été révélé » :

2 –  puis d’après les visions de Anne Catherine Emmerich , cliquez ici pour y accéder

 

Voici ce que je vois : Marie, une très jeune adolescente – quinze ans au plus à la voir – est dans une petite pièce rectangulaire. Une vraie chambre de jeune fille.

Contre le plus long des deux murs, se trouve le lit : une couchette basse, sans rebords couverte de nattes ou de tapis. On les dirait étendus sur une table ou une claie à roseaux. Ils sont en effet rigides et ne forment pas de courbes comme il arrive sur nos lits. Sur l’autre mur, une étagère avec une lampe à huile, des rouleaux de parchemin, un travail de couture soigneusement plié que l’on dirait de la broderie. À côté, vers la porte qui est ouverte sur le jardin, mais couverte d’un rideau qu’un vent léger remue, est assise sur un tabouret bas la Vierge.

Elle file du lin très blanc et doux comme de la soie. Ses petites mains, un peu moins claires que le lin, font tourner agilement le fuseau. 99> Le petit visage, jeune est si beau, si beau, légèrement courbé, avec un léger sourire, comme si elle caressait ou suivait quelque douce pensée.

Un profond silence, dans la petite maison et le jardin. Une paix profonde, tant sur le visage de Marie que dans son environnement. La paix et l’ordre. Tout est propre et en ordre et le milieu très humble en son aspect et dans l’ameublement, presque comme une cellule, a quelque chose d’austère et en même temps de royal à cause de la netteté et du soin avec lequel sont disposées les étoffes sur le lit, les rouleaux, la lumière, le petit broc de cuivre près de la lumière et, avec dedans un faisceau de branches fleuries, branches de pêchers ou de poiriers, je ne sais, mais ce sont certainement des arbres à fruit avec des fleurs légèrement rosées.

Marie se met à chanter à voix basse et puis elle élève un peu la voix. Ce n’est pas du grand « chant », mais c’est déjà une voix qui vibre dans la petite pièce et où on sent vibrer son âme, Je ne comprends pas les paroles, c’est certainement de l’hébreu. Mais comme elle répète fréquemment : « Jéhovah » je comprends qu’il s’agit de quelque chant sacré, peut-être un psaume. Peut-être Marie se rappelle les cantiques du Temple et ce doit être un doux souvenir car elle pose sur son sein les mains qui tiennent le fil et le fuseau et elle lève la tête en l’appuyant en arrière sur le mur; son visage brille de vives couleurs et ses yeux, perdus dans je ne sais quelle douce pensée, sont rendus plus luisants par des pleurs retenus mais qui les font paraître plus grands. Et pourtant ses yeux rient, sourient à une pensé qu’ils suivent et l’abstraient de ce qui l’entoure. Le visage de Marie émerge du vêtement blanc et très simple, rosé et encadré par les tresses qu’elle porte comme une couronne autour de la tête. On dirait une belle fleur

image Le chant se change en une prière : « Seigneur, Dieu Très-Haut, ne tarde pas d’envoyer ton Serviteur pour apporter la paix sur la terre. Suscite le temps favorable et la vierge pure et féconde pour l’avènement de ton Christ. Père, Père Saint, accorde à ta servante d’offrir sa vie dans ce but. Accorde-moi de mourir après avoir vu ta Lumière et ta Justice sur la terre et d’avoir vu, accomplie, la Rédemption. O Père Saint envoie à la terre ce qui a fait soupirer les Prophètes. Envoie à ta servante le Rédempteur. Qu’à l’heure où se terminera ma journée s’ouvre pour moi ta demeure parce que ses portes auront déjà été ouvertes par ton Christ, pour tous ceux qui ont espéré en Toi. Viens, viens, ô Esprit du Seigneur.

100> Viens vers tes fidèles qui t’attendent. Viens, Prince de la Paix !… » Marie reste ainsi hors d’elle-même…

image Le rideau remue plus fort, comme si quelqu’un, par derrière faisait un courant d’air ou le secouait pour l’écarter. Et une lumière blanche de perle, associée à l’argent pur, rend plus clairs les murs légèrement jaunes, plus vives les couleurs des étoffes, plus spirituel le visage levé de Marie. Dans la lumière, et sans que la tenture soit écartée sur le mystère qui s’accomplit – même elle ne remue plus : elle pend absolument rigide contre les montants, comme si c’était un mur qui isole l’intérieur de l’extérieur – dans cette lumière se prosterne l’Archange.

image Il doit nécessairement prendre un aspect humain. Mais cet aspect transcende l’humain. De quelle chair est formée cette figure très belle et fulgurante ? De quelle substance Dieu l’a-t-elle matérialisée pour la rendre sensible aux sens de la Vierge ? Seul Dieu peut posséder ces substances et s’en servir si parfaitement. C’est un visage, c’est un corps, ce sont des yeux, une bouche, des cheveux et des mains comme les nôtres, mais ce n’est pas notre opaque matière. C’est une lumière qui a pris la couleur de la chair , des yeux, de la chevelure, des lèvres, une lumière qui se meut et sourit et regarde et parle.

image « Salut, Marie, pleine de Grâce, salut ! » La voix est un doux accord comme de perles qui tombent sur un métal précieux.

Marie tressaille et baisse les yeux. Et elle tressaille davantage quand elle voit cette créature de lumière agenouillée à un mètre environ de distance d’elle, les mains croisées sur la poitrine la regardant avec un infini respect.

Marie se dresse debout et se serre contre le mur. Elle devient pâle, puis rouge. Son visage exprime étonnement, effarement. Elle serre inconsciemment les mains sur son sein, en les cachant sous ses longues manches. Elle se courbe presque pour cacher le plus possible son corps. Une attitude de suave pudeur.

« Non. Ne crains pas. Le Seigneur est avec Toi ! Tu es bénie entre toutes les femmes. »

Mais Marie continue à craindre. D’où est venu cet être extraordinaire ? Est-ce un envoyé de Dieu ou du Trompeur ?

« Ne crains pas, Marie ! » répète l’Archange. « Je suis Gabriel, l’Ange de Dieu. Le Seigneur m’a envoyé vers Toi. Ne crains pas parce que tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Et maintenant, tu vas concevoir dans ton sein et enfanteras un Fils et tu Lui donneras comme nom « Jésus ». 101> Il sera grand, On l’appellera le Fils du Très- Haut (et il le sera en réalité) et le Seigneur Dieu Lui donnera le trône de David son père et il régnera éternellement sur la maison de Jacob et son Règne n’aura jamais de fin. Comprends, ô sainte Vierge, aimée du Seigneur, sa Fille bénie, appelée à être la Mère de son Fils, quel Fils tu engendreras. »

« Comment cela peut-il se faire si je ne connais point d’homme ? Est-ce que le Seigneur Dieu n’accueille pas l’offrande de sa servante et ne me veut pas vierge par amour pour Lui ? »

« Non, ce ne sera pas par œuvre d’homme que tu seras Mère, ô Marie. Tu es l’éternelle Vierge, la Sainte de Dieu. L’Esprit Saint descendra sur Toi et la puissance du Très-Haut te couvriras de son ombre. Pour cela, on appellera Saint celui qui naîtra de toi, Saint et Fils de Dieu. Tout est possible au Seigneur notre Dieu. Élisabeth, stérile, a conçu dans sa vieillesse un fils qui sera le Prophète de ton Fils, celui qui Lui préparera le chemin. Le Seigneur lui a enlevé son opprobre et son souvenir restera parmi les peuples uni à ton nom, comme le nom de sa créature à celui de ton Saint, et jusqu’a la fin des siècles les nations vous proclameront bienheureuses pour la grâce du Seigneur venue jusqu’à vous et jusqu’à toi spécialement, venue aux nations par ton intermédiaire. Élisabeth en est à son sixième mois et le poids qu’elle porte fait monter en elle la joie et la fera monter davantage quand elle connaîtra ta propre joie. Rien n’est impossible à Dieu, Marie, pleine de Grâce. Que dois-je dire à mon Seigneur ? Ne te laisse pas troubler par aucune pensée. Le Seigneur veillera sur tes intérêts si tu te fies à Lui. Le monde, le Ciel, l’Éternel attendent ta parole ! »

Marie, croisant à son tour ses mains sur sa poitrine et se courbant en une profonde inclination dit : « Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon sa parole. »

L’Ange étincelle de joie. Il adore, parce que certainement il voit l’Esprit de Dieu s’abaisser sur la Vierge, toute courbée dans son consentement. Puis il disparaît, sans remuer la tenture qu’il laisse tirée sur le Mystère saint.

 

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L’Annonciation de l’Ange Gabriel à la Sainte Vierge Marie :

 

( D’apres les visions de Anne Catherine Emmerich )

Je vis la sainte Vierge peu après son mariage dans la maison de Joseph à Nazareth, où me conduisit mon guide. Joseph était parti avec deux ânes, je pense que c’était pour rapporter quelque chose dont il avait hérité, ou pour prendre les instruments de son métier. Il me sembla encore en route.

Outre la sainte Vierge et deux jeunes femmes de son âge qui avaient été, je crois, ses compagnes au temple, je vis dans la maison sainte Anne avec cette veuve sa parente, qui était à son service, et qui, plus tard, l’accompagna à Bethléhem après la naissance de Jésus. Sainte Anne avait tout remis à neuf dans la maison.

Je vis les quatre femmes aller et venir dans l’intérieur, puis se promener ensemble dans la cour. Vers le soir, je les vis rentrer et prier debout autour d’une petite table ronde, après quoi elles mangèrent des herbes qui avaient été apportées là. Elles se séparèrent ensuite. Sainte Anne alla encore ça et là dans la maison comme une mère de famille occupée de son ménage. Les deux jeunes personnes allèrent dans leurs chambres séparées, et Marie aussi se retira dans la sienne.

La chambre de la sainte Vierge était sur le derrière de la maison, près du foyer. On y montait par trois marches, car le sol de cette partie de la maison était plus élevé que le reste et sur un fond de rocher. Vis-à-vis de la porte, la chambre était ronde, et dans cette partie circulaire qui était séparée par une cloison à hauteur d’homme, se trouvait roulé le lit de la sainte Vierge. Les parois de la chambre étaient revêtues jusqu’à une certaine hauteur d’une espèce de travail de marqueterie fait avec des morceaux de bois de différentes couleurs. Le plafond était formé par quelques solives parallèles, dont les intervalles étaient remplis par un clayonnage orné de figures d’étoiles.

Je fus conduite dans cette chambre par le jeune homme lumineux qui m’accompagne toujours, et je vis ce que je vais raconter aussi bien que peut le faire une misérable personne comme moi.

La sainte Vierge, en entrant, se revêtit, derrière la cloison de son lit, d’une longue robe de laine blanche avec une large ceinture, et se couvrit la tête d’un voile d’un blanc jaunâtre. Pendant ce temps, la servante entra avec une lumière, alluma une lampe à plusieurs bras, qui était suspendue au plafond, et se retira. La sainte Vierge prit alors une petite table basse qui était contre le mur, et la mit au milieu de la chambre. Elle était recouverte d’un tapis rouge et bleu au milieu duquel était brodée une figure ; je ne sais plus si c’était une lettre ou un ornement. Un rouleau de parchemin écrit était sur cette table.

La sainte Vierge, l’ayant dressée entre la place de son lit et la porte, à un endroit où le sol était recouvert d’un tapis, plaça devant un petit coussin rond pour s’y agenouiller ; elle se mit alors à genoux, les deux mains appuyées sur la table. La porte de la chambre était devant elle à droite ; elle tournait le dos à sa couche.

Marie baissa son voile sur son visage et joignit les mains devant sa poitrine, mais sans croiser les doigts. Je la vis prier longtemps ainsi avec ardeur, je visage tourné vers le ciel ; elle invoquait la rédemption, la venue du roi promis au peuple d’Israel, et elle demandait aussi à avoir quelque part à sa mission. Elle resta longtemps à genoux, ravie en extase ; puis elle pencha la tête sur sa poitrine.

Alors, du plafond de la chambre, descendit à sa droite, en ligne un peu oblique, une telle masse de lumière que je fus obligée de me retourner vers la cour où était la porte ; je vis dans cette lumière un jeune homme resplendissant avec des cheveux blonds flottants, descendre devant elle à travers les airs : c’était l’ange Gabriel. Il lui parla, et je vis les paroles sortir de sa bouche comme des lettres de feu ; je les lus et je les entendis. Marie tourna un peu sa tête voilée vers le côté droit. Cependant, dans sa modestie, elle ne regarda pas. L’ange continua à parler. Marie tourna je visage de son côté, comme obéissant à un ordre, souleva un peu son voile, et répondit. L’ange parla encore ; Marie releva tout à fait son voile, regarda l’ange, et prononça les paroles sacrées :  » Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole « .

La sainte Vierge était dans un ravissement profond ; la chambre était pleine de lumière, je ne vis plus la lueur de la lampe qui brûlait ; je ne vis plus le plafond de la chambre. Le ciel parut ouvert ; mes regards suivirent au-dessus de l’ange une voie lumineuse ; je vis à l’extrémité de ce fleuve de lumière une figure de la sainte Trinité : c’était comme un triangle lumineux dont les rayons se pénétraient réciproquement. J’y reconnus ce que l’on ne peut qu’adorer, mais jamais exprimer, Dieu tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint Esprit, et cependant un seul Dieu tout-puissant.

· Quand la sainte Vierge eut dit :  » Qu’il me soit fait selon votre parole « , je vis une apparition ailée du Saint Esprit, qui cependant ne ressemblait pas entièrement à la représentation ordinaire sous forme de colombe. La tête avait quelque chose du visage humain ; la lumière se répandait des deux côtés comme des ailes ; j’en vis partir comme trois courants lumineux vers le côté droit de la Sainte Vierge, où ils se réunirent.

Quand cette lumière pénétra son côté droit, la sainte Vierge devint elle-même lumineuse et comme diaphane : il semblait que ce qu’elle avait d’opaque en elle se retirât devant cette lumière comme la nuit devant le jour. Elle était dans ce moment tellement inondée de lumière que rien en elle ne paraissait plus obscur ni opaque : elle était resplendissante et comme illuminée tout entière.

Je vis après cela l’ange disparaître ; la voie lumineuse dont il était sorti se retira : c’était comme si le ciel aspirait et faisait rentrer en lui ce fleuve de lumière.

Pendant que je voyais toutes ces choses dans la chambre de Marie, j’eus une impression personnelle d’une nature singulière J’étais dans une angoisse continuelle, comme si l’on m’eût dressé des embûches, et je vis un horrible serpent ramper à travers la maison et les degrés jusqu’à la porte près de laquelle j’étais quand la lumière pénétra la sainte Vierge ; le monstre était arrivé à la troisième marche. Ce serpent était à peu près de la longueur d’un enfant ; sa tête était large et plate ; il avait à la hauteur de la poitrine deux courtes pattes membraneuses, armées de griffes semblables à des ailes de chauve-souris, sur lesquelles il se traînait. Il était tacheté de diverses couleurs d’un aspect repoussant, et rappelait le serpent du Paradis, mais avec quelque chose de plus difforme et de plus horrible. Quand l’ange disparut de la chambre de la sainte Vierge, il marcha sur la tête de ce monstre devant la porte, et j’entendis un cri si affreux que j’en frissonnais. Je vis ensuite paraître trois esprits qui frappèrent ce hideux reptile et le chassèrent hors de la maison.

Après la disparition de l’ange, je vis la sainte Vierge dans un profond ravissement et toute recueillie en elle-même ; je vis qu’elle connaissait et adorait l’incarnation du Sauveur en elle, où il était comme un petit corps humain lumineux, complètement formé et pourvu de tous ses membres Ici, à Nazareth, c’est tout autre chose qu’à Jérusalem : à Jérusalem, les femmes doivent rester dans le vestibule, elles ne peuvent pas entrer dans le temple, les prêtres seuls ont accès dans le sanctuaire ; mais à Nazareth, c’est une vierge qui est elle-même le temple, le Saint des saints est en elle, le grand prêtre est en elle, et elle est seule près de lui Combien cela est touchant, merveilleux, et pourtant simple et naturel ! Las paroles de David, dans le psaume 45, sont accomplies :  » Le Très Haut a sanctifié son tabernacle ; Dieu est au milieu de lui, il ne sera pas ébranlé !  »

Il était à peu près minuit quand je vis ce mystère. Au bout de quelque temps, sainte Anne entra chez Marie avec les autres femmes. Un mouvement merveilleux dans la nature les avait éveillées ; une nuée lumineuse avait paru au-dessus de la maison. Quand elles virent la sainte Vierge à genoux au-dessous de la lampe, ravie en extase dans sa prière, elles s’éloignèrent respectueusement.

Au bout de quelque temps, je vis la sainte Vierge se relever et s’approcher de son petit autel, qui était contre le mur ; elle alluma la lampe et pria debout. Des rouleaux écrits étaient devant elle sur un pupitre élevé. Je la vis ensuite se mettre sur sa couche vers le matin.

Alors mon conducteur m’emmena ; mais quand je fus dans le petit vestibule de la maison, je fus prise d’une grande frayeur. Cet affreux serpent était là aux aguets, il se précipita sur moi et voulut se cacher dans les plis de ma robe. J’étais dans une horrible angoisse ; mais mon guide me retira promptement de là, et je vis reparaître les trois esprits qui frappaient de nouveau le monstre. Je crois toujours entendre son effroyable cri, et j’en frissonne encore.

En contemplant cette nuit le mystère de l’Incarnation, je fus encore instruite de plusieurs autres choses. Anne reçut une connaissance intérieure de ce qui s’accomplissait.

Sanctificavit tabernaculum suum Altissimus ; Deus in medio ejus, non commovebitur.

J’appris pourquoi le Rédempteur devait rester neuf mois dans le sein de sa mère et naître enfant, pourquoi il n’avait pas voulu naître homme fait comme notre premier père, se montrer dans toute sa beauté comme Adam sortant des mains du Créateur ; mais je ne puis plus exprimer cela clairement. Ce que j’en comprends encore, c’est qu’il a voulu sanctifier de nouveau la conception et la naissance des hommes, qui avaient été tellement dégradées par le péché originel. Si Marie devint sa mère et s’il ne vint pas plus tôt, c’est qu’elle seule était, ce que jamais créature ne fut avant elle ni après elle, le pur vase de grâce que Dieu avait promis aux hommes, et dans lequel il devait se faire homme, pour payer les dettes de l’humanité au moyen des mérites surabondants de sa Passion. La sainte Vierge était la fleur parfaitement pure de la race humaine, éclose dans la plénitude des temps. Tous les enfants de Dieu parmi les hommes, tous ceux qui, depuis le commencement, avaient travaillé à l’oeuvre de la sanctification, ont contribué à sa venue. Elle était le seul or pur de la terre ; elle seule était la portion pure et sans tache de la chair et du sang de l’humanité tout entière, qui, préparée, épurée, recueillie, consacrée à travers toutes les générations de ses ancêtres, conduite, protégée et fortifiée sous le régime de la loi de Moise, se produisait enfin comme la plénitude de la grâce. Elle était prédestinée dans l’éternité, et elle a paru dans le temps comme mère de l’Eternel.

(Aux jours de fête de la Mère de Jésus, l’Eglise fait ainsi parler la sainte Vierge d’elle-même, par la bouche de la Sagesse divine, dans les Proverbes de Salomon, C. VIII) :

 » Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies : avant qu’il créât aucune chose, j’étais dès lors. J’ai été établie dès l’éternité et dès le commencement, avant que la terre fût créée. Les abîmes n’étaient pas encore, et j’étais déjà conçue ; les fontaines n’étaient pas encore sorties de la terre ; la pesante masse des montagnes ne subsistait pas encore. J’étais enfantée avant les collines. Il n’avait point encore créé la terre, ni les fleuves, ni affermi le monde sur ses pôles. Lorsqu’il préparait les cieux, j’étais présente ; lorsqu’il environnait les abîmes de leurs bornes et qu’il leur prescrivait une loi inviolable ; lorsqu’il affermissait l’air au-dessus de la terre et qu’il mettait en équilibre les eaux des fontaines ; lorsqu’il renfermait la mer dans ses limites et qu’il imposait une loi aux eaux ; lorsqu’il posait les fondements de la terre, j’étais avec lui et je réglais toutes choses avec lui ; j’étais chaque jour dans les délices, me jouant sans cesse devant lui, me jouant dans le monde et trouvant mes délices à être avec les enfants des hommes. Écoutez-moi donc maintenant, mes enfants : heureux ceux qui gardent mes voies. Écoutez mes instructions, soyez sages et ne les rejetez point : heureux celui qui m’écoute, qui veille tous les jours à l’entrée de ma maison et qui se tient à ma porte ; car celui qui m’aura trouvée trouvera la vie, et il puisera le salut dans les trésors de la bonté du Seigneur.  »

La sainte Vierge était âgée d’un peu plus de quatorze ans lors de l’incarnation de Jésus-Christ. Jésus-Christ arriva à l’âge de trente-trois ans et trois fois six semaines. Je dis trois fois six, parce que le chiffre six m’est montré en cet instant même trois fois répété

 

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