La Transfiguration

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Quatrieme mystere lumineux du Rosaire ( chapelet ) :

 

La Transfigurationde Jesus Christ :

 

Transfiguration

Transfiguration de Jesus Christ

 

 

1-  d’après les visions et paroles de Jésus données à Maria Valtorta dans  « l’Evangile tel qu’il m’a été révélé » :

2 –  puis d’après les visions de Anne Catherine Emmerich , cliquez ici pour y accéder

 

Qui parmi les hommes n’a jamais vu, au moins une fois, une aube sereine de mars ? S’il s’en trouve quelqu’un, c’est un grand infortuné car il ignore une des grâces les plus belles de la nature, quand elle se réveille au printemps, redevenue vierge, petite fille, comme elle devait l’être au premier jour.

248> C’est une grâce pure dans tout ce qu’elle présente, depuis les herbes nouvelles où brille la rosée, jusqu’aux fleurettes qui s’ouvrent comme des enfants qui naissent, jusqu’au premier sourire de la lumière du jour, jusqu’aux oiseaux qui s’éveillent dans un frôlement d’ailes et qui disent leur premier « cip ? » interrogateur qui prélude à tous leurs discours mélodieux de la journée, jusqu’à l’odeur même de l’air qui a perdu pendant la nuit, par l’action de la rosée et l’absence de l’homme, toute souillure de poussière, de fumée et d’exhalaisons de corps humains. C’est dans cette grâce que cheminent Jésus, les apôtres et les disciples. Avec eux se trouve aussi Simon d’Alphée. Ils vont vers le sud-est, franchissant les collines qui forment une couronne autour de Nazareth, ils passent un torrent et traversent une plaine étroite entre les collines de Nazareth et des montagnes vers l’est. Ces montagnes sont précédées du cône à moitié coupé du Thabor qui me rappelle étrangement en son sommet la coiffure de nos carabiniers vue de profil.

Ils le rejoignent. Jésus s’arrête et dit :  « Que Pierre, Jean et Jacques de Zébédée viennent avec Moi sur la montagne. Vous autres disséminez-vous à la base en vous séparant sur les routes qui la côtoient et prêchez le Seigneur. Vers le soir, je veux être de nouveau à Nazareth. Ne vous éloignez donc pas. La paix soit avec vous. » Et s’adressant aux trois qu’il a appelés, il dit : « Allons. » Et il commence la montée sans plus se retourner en arrière et d’un pas si rapide que Pierre a du mal à le suivre.

A un arrêt Pierre, rouge et en sueur, Lui demande hors d’haleine : « Mais où allons-nous ? Il n’y a pas de maisons sur la montagne. Au sommet, il y a cette vieille forteresse. Veux-tu aller prêcher là ! »

« J’aurais pris l’autre versant, mais tu vois que je lui tourne le dos. Nous n’irons pas à la forteresse et ceux qui y sont ne nous verront même pas. Je vais m’unir à mon Père et je vous ai voulu avec Moi, parce que je vous aime. Allons, vite ! »

« Oh mon Seigneur Ne pourrions-nous marcher un peu plus doucement et parler de ce que nous avons entendu et vu hier et qui nous a tenus éveillés toute la nuit pour en parler ? »

Aux rendez-vous de Dieu il faut toujours se rendre rapidement. Allons, Simon Pierre ! Là-haut, je vous ferai reposer. » Et il reprend la montée…

(Jésus dit : « Joignez ici la Transfiguration que tu as eue le 5 Août 1944, mais sans la dictée qui lui est jointe. Après avoir fini de copier la Transfiguration de l’an dernier, P.M. copiera ce que je te montre maintenant. »)

249> Je suis avec mon Jésus sur une haute montagne. Avec Jésus, il y a Pierre, Jacques et Jean. Ils montent encore plus haut et le regard se porte vers des horizons ouverts dont une belle et tranquille journée permet de voir nettement les détails jusque dans les lointains.

La montagne ne fait pas partie d’un ensemble montagneux comme celui de la Judée, elle s’élève isolée et, par rapport à l’endroit où nous nous trouvons, elle a l’orient en face, le nord à gauche, le sud à droite et en arrière à l’ouest la cime qui dépasse encore de quelques centaines de pas.

Elle est très élevée et l’œil peut découvrir un large horizon. Le lac de Génésareth semble un morceau de ciel descendu pour s’encadrer dans la verdure, une turquoise ovale enserrée dans des émeraudes de différentes teintes, un miroir qui tremble et se ride sous un vent léger et sur lequel glissent, avec l’agilité des mouettes, les barques aux voiles tendues, légèrement penchées vers l’onde azurine, vraiment avec la grâce du vol d’un alcyon qui survole l’eau à la recherche d’une proie. Puis, voilà que de l’immense turquoise sort une veine, d’un bleu plus pâle là où la grève est plus large, et plus sombre là où les rives se rapprochent et où l’eau est plus profonde et plus sombre à cause de l’ombre qu’y projettent les arbres qui croissent vigoureux près du fleuve qui les nourrit de sa fraîcheur. Le Jourdain semble un coup de pinceau presque rectiligne dans la verdure de la plaine. Des petits villages sont disséminés à travers la plaine des deux côtés du fleuve. Quelques-uns sont tout juste une poignée de maisons, d’autres sont plus vastes, avec déjà des airs de villes. Les grand-routes sont des lignes jaunâtres dans la verdure. Mais ici, du côté de la montagne, la plaine est beaucoup mieux cultivée et plus fertile, très belle. On y voit les diverses cultures avec leurs différentes couleurs riant au beau soleil qui descend du ciel serein. Ce doit être le printemps, peut-être mars, si je tiens compte de la latitude de la Palestine, car je vois les blés déjà grands, mais encore verts, qui ondulent comme une mer glauque, et je vois les panaches des plus précoces parmi les arbres à fruits qui étendent des nuées blanches et rosées sur cette petite mer végétale, puis les prés tout en fleurs avec le foin qui a déjà poussé, dans lesquelles brebis qui paissent semblent des tas de neige amoncelée un peu partout sur la verdure.

250> Tout à côté de la montagne, sur des collines qui en forment la base, des collines basses et de peu d’étendue, se trouvent deux petites villes, l’une vers le sud et l’autre vers le nord. La plaine très fertile s’étend particulièrement et avec plus d’ampleur vers le sud.

Jésus, après un court arrêt à l’ombre d’un bouquet d’arbres, qu’il a certainement accordé par pitié pour Pierre qui dans les montées fatigue visiblement, reprend l’ascension. Il va presque sur la cime, là où se trouve un plateau herbeux que limite un demi-cercle d’arbres du côté de la côte.

« Reposez-vous, amis, je vais là-bas pour prier » et il montre de la main un énorme rocher, un rocher qui affleure de la montagne et qui se trouve par conséquent non vers la côte mais vers l’intérieur, vers le sommet.

Jésus s’agenouille sur l’herbe et appuie sa tête et ses mains au rocher, dans la pose qu’il aura aussi dans sa prière au Gethsémani. Le soleil ne le frappe pas, car la cime Lui donne de l’ombre. Mais le reste de l’emplacement couvert d’herbe est tout égayé par le soleil jusqu’à la limite de l’ombre du bouquet d’arbres sous lequel se sont assis les apôtres.

Pierre enlève ses sandales, en secoue la poussière et les petits cailloux et il reste ainsi, déchaussé, ses pieds fatigués dans l’herbe fraîche, presque allongé, la tête sur une touffe d’herbe qui dépasse et lui sert d’oreiller.

Jacques l’imite, mais pour être plus à l’aise, il cherche un tronc d’arbre pour s’y appuyer le dos couvert de son manteau.

Jean reste assis et observe le Maître. Mais le calme de l’endroit, le petit vent frais, le silence et la fatigue viennent aussi à bout de lui, et sa tête tombe sur la poitrine et les paupières sur ses yeux. Aucun des trois ne dort profondément, mais ils sont sous le coup de cette somnolence estivale qui les étourdit.

Ils sont éveillés par une clarté si vive qu’elle fait évanouir celle du soleil et qui se propage et pénètre jusque sous la verdure des buissons et des arbres sous lesquels ils se sont installés.

Ils ouvrent leurs yeux étonnés et ils voient Jésus transfiguré. Il est maintenant tel que je le vois dans les visions du Paradis, naturellement sans les Plaies et sans la bannière de la Croix, mais la majesté du visage et du corps est pareille, pareille en est la clarté et pareil le vêtement qui est passé d’un rouge foncé à un tissu immatériel de diamant et de perles qui est son vêtement au Ciel. Son visage est un soleil qui émet une lumière sidérale, mais très intense, et ses yeux de saphir y rayonnent. Il semble encore plus grand, comme si sa gloire avait augmenté sa taille. 251> Je ne saurais dire si la clarté, qui rend phosphorescent même le plateau, provient toute entière de Lui ou bien si à sa clarté propre se mélange toute celle qu’a concentrée sur son Seigneur toute la lumière qui existe dans l’Univers et dans les Cieux. Je sais que c’est quelque chose d’indescriptible.

Jésus est maintenant debout, je dirais même qu’il est au-dessus de la terre car entre Lui et la verdure du pré il y a une sorte de vapeur lumineuse, un espace fait uniquement de lumière et sur lequel il semble qu’il se dresse. Mais elle est si vive que je pourrais me tromper et l’impossibilité de voir le vert de l’herbe sous les pieds de Jésus pourrait venir de cette lumière intense qui vibre et produit des ondes, comme on le voit parfois dans les incendies. Des ondes, ici, d’une couleur blanche incandescente. Jésus reste le visage levé vers le ciel et il sourit à une vision qui le transporte.

Les apôtres en ont presque peur, et ils l’appellent, car il ne leur semble plus que ce soit leur Maître tant il est transfiguré. « Maître ! Maître ! » appellent-ils doucement mais d’une voix angoissée.

Lui n’entend pas.

« Il est en extase, dit Pierre tout tremblant. Que peut-il bien voir ? »

Les trois se sont levés. Ils voudraient s’approcher de Jésus, mais ils ne l’osent pas.

La lumière augmente encore avec deux flammes qui descendent du ciel et se placent aux côtés de Jésus. Quand elles sont arrêtées sur le plateau, leur voile s’ouvre et il en sort deux personnages majestueux et lumineux. L’un est plus âgé, au regard perçant et sévère et avec une longue barbe séparée en deux. De son front partent des cornes de lumière qui m’indiquent que c’est Moïse. L’autre est plus jeune, amaigri, barbu et poilu, à peu près comme le Baptiste auquel je dirais qu’il ressemble pour la taille, la maigreur, la conformation et la sévérité. Alors que la lumière de Moïse est d’une blancheur éclatante comme celle de Jésus, surtout pour les rayons du front, celle qui émane d’Élie ressemble à la flamme vive du soleil.

Les deux Prophètes prennent une attitude respectueuse devant leur Dieu Incarné et bien que Jésus leur parle familièrement ils n’abandonnent pas leur attitude respectueuse. Je ne comprends pas un mot de ce qu’ils disent.

Les trois apôtres tombent à genoux, tremblants, le visage dans les mains. Ils voudraient regarder, mais ils ont peur. Finalement Pierre parle : « Maître, Maître! Écoute-moi ». Jésus tourne les yeux en souriant vers son Pierre qui s’enhardit et dit : 252> « C’est beau d’être ici avec Toi, Moïse et Élie… Si tu veux, nous faisons trois tentes pour Toi, pour Moïse et pour Élie, et nous nous tiendrons ici pour vous servir… »

Jésus le regarde encore et il sourit plus vivement. Il regarde aussi Jacques et Jean, d’un regard qui les embrasse avec amour. Moïse aussi et Élie regardent fixement les trois. Leurs yeux étincellent. Ce doit être comme des rayons qui pénètrent les cœurs.

Les apôtres n’osent pas dire autre chose. Effrayés, ils se taisent. Ils semblent un peu ivres et comme stupéfaits. Mais quand un voile qui n’est pas un nuage ni du brouillard, qui n’est pas un rayon, enveloppe et sépare les Trois glorieux derrière un écran encore plus brillant que celui qui les entourait déjà et les cache à la vue des trois, une Voix puissante et harmonieuse vibre et remplit d’elle-même tout l’espace, les trois tombent le visage contre l’herbe.

« Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, en qui Je me suis complu. Écoutez-le. »

Pierre, en se jetant à plat ventre, s’écrie : « Miséricorde pour moi, pécheur ! C’est la Gloire de Dieu qui descend ! » Jacques ne souffle mot. Jean murmure avec un soupir, comme s’il allait s’évanouir : « Le Seigneur parle ! »

Personne n’ose relever la tête, même quand le silence est redevenu absolu. Ils ne voient donc pas non plus le retour de la lumière à son état naturel de lumière solaire pour montrer Jésus resté seul et redevenu le Jésus habituel dans son vêtement rouge. Il marche vers eux en souriant, il les secoue, les touche et les appelle par leurs noms.

« Levez-vous ! C’est Moi. Ne craignez pas » dit-il, car les trois n’osent pas lever le visage et invoquent la miséricorde de Dieu sur leurs péchés, craignant que ce soit l’Ange de Dieu qui veut les montrer au Très-Haut.

« Levez-vous, donc. Je vous le commande » répète Jésus avec autorité. Eux lèvent le visage et ils voient Jésus qui sourit.

« Oh ! Maître, mon Dieu ! » s’écrie Pierre. « Comment ferons-nous pour vivre auprès de Toi, maintenant que nous avons vu ta Gloire ? Comment ferons-nous pour vivre parmi les hommes et nous, hommes pécheurs, maintenant que nous avons entendu la Voix de Dieu ? »

Vous devrez vivre auprès de Moi et voir ma gloire jusqu’à la fin. Soyez-en dignes car le temps est proche. 253> Obéissez au Père qui est le mien et le vôtre. Retournons maintenant parmi les hommes, parce que je suis venu pour rester parmi eux et les amener à Dieu. Allons. Soyez saints en souvenir de cette heure, soyez forts et fidèles. Vous aurez part à ma gloire la plus complète. Mais ne parlez pas maintenant de ce que vous avez vu, à personne, pas même à vos compagnons. Quand le Fils de l’homme sera ressuscité d’entre les morts, et retourné dans la gloire de son Père, alors vous parlerez. Parce qu’alors il faudra croire pour avoir part à mon Royaume. »

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La Transfigurationde Jesus Christ :

( d’apres les visions de Anne Catherine Emmerich )

 

Ce matin, de bonne heure, Jésus, avec quelques disciples, partit de l’hôtellerie d’Adadremmon et fit environ trois lieues à l’est pour aller à Kisloth-Thabor, qui est située au pied du Thabor, du côté du midi.

Les disciples qu’il avait envoyés prêcher la veille vinrent les uns après les autres le rejoindre sur le chemin. A Kisloth, une troupe nombreuse de voyageurs venant de Jérusalem se rassembla autour de Jésus. Il les enseigna et guérit quelques malades. Dans l’après-midi, vers deux ou trois heures, il envoya les disciples à droite et à gauche dans les endroits situés autour du Thabor, pour y enseigner et y guérir. Lui-même retint près de lui Pierre, Jean et Jacques, et gravit la montagne avec eux.

Il monta par un sentier qui faisait plusieurs détours sur le flanc du Thabor. Ils auraient pu arriver plus vite : mais ils firent environ deux heures de marche, parce que Jésus s’arrêta souvent avec eux à des endroits et à des grottes où des prophètes avaient séjourné, leur donna divers éclaircissements et pria avec eux. Ils n’avaient pas emporté de quoi manger : Jésus le leur avait défendu, leur disant qu’ils seraient abondamment rassasiés. Sur le sommet de la montagne, d’où l’on a une vue très belle et très étendue, il y avait un emplacement spacieux entouré d’un terrassement couvert de gazon et d’arbres touffus. Le sol était couvert de fleurs et d’herbes odoriférantes. Il y avait un réservoir caché dans le rocher, et en tirant une cheville on en faisait jaillir une eau très limpide et très fraîche. Les apôtres lavèrent les pieds de Jésus et les leurs, et se rafraîchirent. Jésus se rendit avec eux dans un enfoncement situé devant un rocher, et où s’ouvrait l’entrée d’une grotte semblable à un portail : elle ressemblait à la grotte de l’agonie, au jardin des Oliviers : il y avait un caveau où l’on pouvait descendre.

Jésus continua à leur donner des enseignements ; il leur parla, entre autres choses, de la prière qui se fait à genoux, et leur dit qu’ils devaient maintenant prier avec ferveur, les mains élevées. Il leur enseigna aussi l’oraison Dominicale, en y entremêlant quelques pas. sages des Psaumes. Ils firent cette prière agenouillés et rangés en demi cercle. Jésus s’agenouilla vis-à-vis d’eux, appuyé contre un rocher qui sortait de terre, et il leur fit à diverses reprises une instruction admirable, pleine de profondeur et de suavité, laquelle traitait de la création et de la Rédemption. Je l’ai entendue, mais je suis si malade et si oppressée, que je n’en puis rien reproduire. Jésus parla avec une tendresse
et une chaleur extraordinaires, et les disciples étaient comme enivrés de ses paroles.

Il avait dit en commençant qu’il voulait leur montrer qui il était, qu’ils allaient le voir glorifié, afin que leur foi ne fût pas ébranlée lorsqu’ils le verraient outragé, maltraité, défiguré et livré à la mort. Le soleil était couché et le jour baissait, mais ils ne s’en aperçurent pas, tant ils étaient captivés par ce qu’il y avait de surhumain dans son langage et dans toute sa personne. Jésus devint de plus en plus lumineux, et je vis apparaître autour de lui des esprits célestes. Pierre aussi les vit, car il interrompit Jésus et lui dit :  » Maître, que veut dire ceci « ? Jésus lui répondit :  » Ils viennent me servir « ! Mais Pierre, dans son enthousiasme, étendit les mains en avant et s’écria :  » Maître, nous voici! nous voulons vous servir en toutes choses « . Je ne me souviens plus de la réponse de Jésus. Mais il continua à enseigner : or, avec ces apparitions d’anges autour de Jésus, des courants successifs d’odeurs suaves se répandirent dans l’air, et les disciples sentirent en eux comme un rassasiement extraordinaire et un enivrement céleste. Cependant le Seigneur devenait de plus en plus lumineux, et il était pour ainsi dire diaphane. Le cercle dans lequel ils se trouvaient était tellement éclairé au milieu des ténèbres de la nuit, qu’on pouvait distinguer aussi bien qu’au grand jour les moindres brins d’herbe de la prairie. Comme cette lumière allait toujours croissant, les disciples, sous l’empire du ravissement intérieur qu’ils éprouvaient, se voilèrent la tête et se prosternèrent à terre où ils restèrent immobiles.

Il était environ minuit lorsque je vis dans son plus grand éclat cette manifestation de la gloire divine. Je vis descendre du ciel une voie lumineuse le long de laquelle je vis se succéder des anges de l’apparence la plus diverse. Quelques-uns étaient petits et se montraient tout entiers, d’autres ne montraient que leurs visages qui se détachaient dans la lumière ; plusieurs apparaissaient revêtus d’habits sacerdotaux, d’autres ressemblaient à des guerriers. Tous avaient un caractère particulier qui les distinguait. Avec eux venaient, sous des formes diverses, la consolation, la force, la joie et la lumière : ils étaient continuellement en action et en mouvement.

Les choses se passaient ainsi vers minuit. Les apôtres étaient prosternés sur leurs faces, plutôt ravis en extase que dormants ; alors je vis trois formes lumineuses paraître près de Jésus dans la lumière. Je ne les vis qu’au moment où elles entrèrent dans la sphère lumineuse. Elles parurent venir d’une façon toute naturelle, comme quelqu’un qui passe d’un endroit plongé dans les ténèbres dans un endroit éclairé. Deux d’entre elles paraissaient plus distinctement et ressemblaient davantage à des corps : elles adressaient la parole à Jésus, et s’entretenaient avec lui ; c’étaient Moïse et Elie. La troisième ne parlait pas, elle était plus légère et plus incorporelle ; c’était Malachie. En ce moment un accès de toux me réveilla.

J’entendis Moïse et Elie saluer Jésus, et celui-ci s’entretenir avec eux de la Rédemption des hommes par sa Passion. Leur rencontre me parut quelque chose de parfaitement simple et naturel, car déjà je m’étais accoutumée à la lumière dont ils brillaient. Moïse et Elie ne parurent pas sous la forme de vieillards décrépits comme lorsqu’ils avaient quitté la terre, ils étaient dans toute la fleur de la jeunesse. Moïse, plus grand, plus imposant et plus majestueux qu’elle, avait sur le front comme deux excroissances :

Il était revêtu d’une longue robe. On reconnaissait en lui un homme d’une grande énergie et un législateur sévère, mais avec un caractère frappant de pureté, de droiture et de simplicité. Il dit à Jésus combien il se réjouissait de le voir, lui qui l’avait tiré d’Egypte ainsi que son peuple, et qui maintenant encore voulait le racheter. Il rappela plusieurs figures prophétiques de son temps, et dit des choses pleines d’un sens très profond sur l’agneau pascal et sur l’Agneau de Dieu. Elle avait une tout autre apparence ; il y avait en lui quelque chose de plus gracieux, de plus aimable et de plus doux. Mais tous deux avaient un aspect très différent de celui que présentait l’apparition de Malachie : on pouvait voir en eux, dans leurs figures et dans tout leur extérieur, quelque chose d’humain et qui rappelait une vie antérieure : on reconnaissait même dans leurs visages des traits de famille. Malachie faisait une tout autre impression : il avait quelque chose de surhumain comme un esprit angélique : c’était comme une pure force, comme une mission sous forme sensible. (La Soeur s’efforce d’exprimer cette pensée en d’autres termes qu’il est impossible de reproduire à cause de leur obscurité, à laquelle ne contribue pas peu le dialecte bas allemand dont elle se sert.) il y avait chez lui quelque chose de plus impassible et de plus immatériel que chez les autres.

Or Jésus leur racontait tout ce qu’il avait eu à souffrir jusqu’alors et tout ce qui l’attendait encore. Il leur raconta toute sa passion point par point : Elie et Moise témoignèrent à plusieurs reprises combien ils en étaient touchés et réjouis : ils ne parlaient que pour compatir à ses peines, pour le consoler, pour lui exprimer leur vénération, pour louer et glorifier Dieu.

Ils rappelèrent souvent les figures prophétiques qui se rapportaient à ce que Jésus disait, et ils louaient Dieu d’avoir Pris son peuple en pitié de toute éternité. Quant à Malachie, il gardait le silence.
Cependant les disciples se réveillèrent et levèrent la tête ; ils contemplèrent longtemps la gloire du Seigneur, et ils virent Moïse et Elie. Je ne sais pas s’ils virent Malachie : toutefois je suis portée a croire que Pierre le vit, à cause de la question qu’il avait adressée antérieurement touchant les anges. Lorsque Jésus, décrivant sa Passion, en vint au moment où il devait être élevé en croix, il étendit les bras comme pour dire : c’est ainsi que le Fils de l’homme sera élevé : sa face était tournée vers le midi. Alors il fut comme pénétré tout entier par la lumière, son vêtement devint d’une blancheur éclatante avec un léger reflet bleuâtre, et je le vis élevé au- dessus de terre ainsi que les prophètes et même que les trois apôtres.

Cependant les prophètes se séparèrent de Jésus et disparurent dans l’obscurité, Elie et Moïse au levant, Malachie au couchant. Et Pierre, tout hors de lui, s’écria dans un transport de joie :  » Maître, il fait bon ici, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie  » ! Il ne lui fallait pas d’autre paradis, plongé comme il l’était dans d’ineffables délices : et par ce nom de tentes, il entendait des lieux de repos dans la gloire, des demeures de bienheureux. Il parla ainsi dans le délire de la joie et dans un état de ravissement extatique, sans savoir ce qu’il disait.

Ce fut quand ils revinrent à l’état de veille ordinaire que je vis une nuée blanche et lumineuse venir sur eux, comme la rosée du matin s’étend sur les prairies. Je vis alors le ciel ouvert au dessus de Jésus et une représentation de la très sainte Trinité, telle que je la vois souvent, où Dieu le Père apparaît sous la forme d’un vieillard semblable à un Pontife suprême, ayant à ses pieds d’innombrables troupes d’anges et de figures célestes rangées par hiérarchies : un torrent de lumière se répandit sur Jésus, et une voix semblable au doux murmure d’un souffle léger se fit entendre au-dessus des apôtres :  » C’est mon Fils bien-aimé en lequel je me complais ! Ecoutez-le « ! Alors les apôtres furent saisis de crainte : ils se prosternèrent la face contre terre : ils reprirent conscience d’eux-mêmes pour la première fois : le souvenir du glorieux spectacle dont ils avaient été les témoins leur fit sentir profondément leur faiblesse et leur misère, et ils tremblèrent devant Jésus, auquel son Père céleste avait rendu en leur présence cet éclatant témoignage.

Alors Jésus alla à eux, les toucha et leur dit :  » Levez-vous et, ne craignez point « ! Les apôtres se levèrent et virent Jésus seul. Il était environ trois heures du matin ; l’on voyait le ciel blanchir à l’approche de l’aube du jour, et des nuées chargées de rosée planaient sur la contrée au-dessous d’eux. Ils étaient très intimidés et très pensifs. Jésus s’entretint avec eux, leur dit qu’il leur avait fait voir la transfiguration du Fils de l’homme pour fortifier leur foi, afin qu’ils ne fussent pas ébranlés lorsqu’ils le verraient livré pour les péchés du monde entre les mains des méchants, afin qu’ils ne se scandalisassent pas de ses abaissements dont ils devaient aussi être les témoins, et afin qu’ils pussent alors fortifier les faibles. Il rappela aussi la foi de Pierre, à qui Dieu avait fait connaître tout cela antérieurement, et parla du rocher sur lequel il bâtirait son Eglise. Alors ils prièrent encore et descendirent au lever de l’aurore par la pente nord-ouest de la montagne.

En descendant, Jésus leur donna encore divers enseignements touchant ce qu’ils avaient vu, et il leur dit qu’ils ne devaient parler de cette vision à personne jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité d’entre les morts. Cet ordre les fit beaucoup réfléchir : ils étaient, du reste, fort émus et plus respectueux qu’auparavant : depuis qu’ils avaient entendu la voix qui disait :  »  Ecoutez-le « ! ils éprouvaient des inquiétudes et des remords en pensant à leurs doutes et à leur incrédulité passée. Mais en descendant la montagne, à mesure que la lumière du jour, se répandant sur la terre, les ramenait à leurs impressions accoutumées, ils se firent part les uns aux autres de la surprise où les avait jetés ces paroles :  »  Jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts « ! Cependant ils n’osaient pas encore interroger Jésus à ce sujet.

(9 avril.) Jésus n’était pas encore arrivé au pied de la montagne que déjà l’on venait à sa rencontre avec un grand nombre de malades qu’il guérit et consola Tous furent saisis, à sa vue, d’une crainte respectueuse, car il y avait en lui quelque chose d’extraordinaire, de surnaturel et de lumineux. Un peu plus bas, une foule nombreuse, dans laquelle il y avait quelques scribes, était rassemblée autour de ses disciples, qu’il avait envoyés, la veille, dans le pays d’alentour. Cette troupe qui revenait de la fête, s’était trouvée avec les disciples dans l’endroit où ils avaient passé la nuit et les avait accompagnés jusqu’ici pour y attendre Jésus. Ces gens étaient en pourparler avec les disciples, mais lorsqu’ils virent Jésus, ils coururent au devant de lui, le saluèrent et furent frappés d’étonnement en le voyant, car le reflet de sa transfiguration était encore sur lui. Les disciples en outre soupçonnèrent à la contenance des trois apôtres, lesquels suivaient Jésus d’un air plus pensif et plus timide que de coutume, qu’il avait dû se passer entre eux quelque chose d’extraordinaire.

 

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