sacrement de l’Eucharistie

sacrement de l’EucharistieRetour à l’Accueil ( Rosaire-de-Marie

Retour à l’Accueil ( Rosaire-de-Marie.fr)

L’Imitation de Jésus Christ

De Thomas A Kempis

Traduction de l’Abbé Félicité de Lamennais

 

( En noir , les paroles de Jésus , en bleu les paroles du disciple )

Livre 4 :

Livre quatrième – Du sacrement de l’Eucharistie p. 100

Exhortation à la sainte communion

1.Avec quel respect il faut recevoir Jésus

2.Combien Dieu manifeste à l’homme sa bonté et son amour dans le Sacrement de

l’Eucharistie

3.Qu’il est utile de communier souvent

4.Que Dieu répand des grâces abondantes en ceux qui communient dignement

5.De l’excellence du Sacrement de l’Autel, et de la dignité du Sacerdoce

6.Prière du chrétien avant la Communion

7.De l’examen de conscience, et de la résolution de se corriger

8.De l’oblation de Jésus-Christ sur la Croix et de la résignation de soi-même

9.Que nous devons nous offrir à Dieu avec tout ce qui est à nous, et prier pour tous

10.Qu’on ne doit pas facilement s’éloigner de la sainte Communion

11.Que le Corps de Jésus-Christ et l’Ecriture sainte sont très nécessaires à l’âme fidèle

12.Qu’on doit se préparer avec un grand soin à la sainte Communion

13.Que le fidèle doit désirer de tout son coeur de s’unir à Jésus-Christ dans la Communion

14.Du désir ardent que quelques âmes saintes ont de recevoir le Corps de Jésus-Christ

15.Que la grâce de la dévotion s’acquiert par l’humilité et l’abnégation de soi-même

16.Qu’il faut dans la Communion, exposer ses besoins à Jésus-Christ, et lui demander sa

grâce

17.Du désir ardent de recevoir Jésus-Christ

18.Qu’on ne doit pas chercher à pénétrer le mystère de l’Eucharistie, mais qu’il faut

soumettre ses sens à la foi.

 

 

Livre quatrième –

Du sacrement de l’Eucharistie

Exhortation à la sainte communion

 

 

 

 

Voix de Jésus-Christ

Venez à moi, vous tous qui êtes épuisés de travail, et qui êtes chargés, et je vous soulagerai.

Le pain que je donnerai c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde.

Prenez et mangez, ceci est mon corps qui sera livré pour vous.

Faites ceci en mémoire de moi.

Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et moi en lui.

Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.

 

 1. Avec quel respect il faut recevoir Jésus

Voix du disciple

  1. Le fidèle: Ce sont là vos paroles, ô Jésus ! vérité éternelle ! quoiqu’elles n’aient pas été dites dans le même temps et qu’elles ne soient pas écrites dans le même lieu.

    Et puisqu’elles viennent de vous et qu’elles sont véritables, je dois les recevoir toutes avec une foi pleine de reconnaissance.

    Elles sont de vous car c’est vous qui les avez dites; mais elles sont aussi à moi parce que vous les avez dites pour mon salut.

    Je les reçois avec joie de votre bouche, afin qu’elles se gravent profondément dans mon coeur.

    Ces paroles pleines de tant de bonté, de tendresse et d’amour, m’animent; mais la pensée de mes crimes m’effraye et ma conscience impure m’éloigne d’un mystère si saint.

    La douceur de vos paroles m’attire, mais le poids de mes péchés me retient.
  2. Vous m’ordonnez d’aller à vous avec confiance, si je veux avoir part avec vous, et de me nourrir du pain de l’immortalité, si je veux obtenir la vie et la gloire éternelle.

    Venez, dites-vous, venez à moi, vous tous qui souffrez et qui êtes oppressés, et je vous ranimerai

    Ô douce et aimable parole à l’oreille d’un pécheur ! vous invitez, Seigneur mon Dieu, le pauvre et l’indigent à la participation de votre corps sacré.

    Mais qui suis-je, Seigneur, pour oser m’approcher de vous ?

    Voilà que les cieux ne peuvent vous contenir, et vous dites: Venez tous à moi
  3. D’où vient cette miséricordieuse condescendance, une si tendre invitation ?

    Comment oserai-je aller à vous, moi qui ne sens en moi-même aucun bien qui puisse me donner quelque confiance ?

    Comment vous recevrai-je en ma maison, moi qui ai si souvent outragé votre bonté ?

    Les anges et les archanges vous adorent en tremblant, les saints et les justes sont saisis de frayeur; et vous dites: Venez tous à moi !

    Si ce n’était vous qui le dites, Seigneur, qui pourrait le croire ?

    Et si vous n’ordonniez vous-même d’approcher de vous, qui en aurait l’audace ?
  4. Noé, cet homme juste, travailla cent ans à construire l’arche, pour se sauver avec peu de personnes; et moi, comment pourrai-je en une heure me préparer à recevoir dignement le Créateur du monde ?

    Moïse, le plus grand de vos serviteurs, pour qui vous étiez comme un ami, fit une arche de bois incorruptible, qu’il revêtit d’un or très pur, afin d’y déposer les tables de la loi; et moi, vile créature, j’oserais recevoir si facilement le fondateur de la loi et l’auteur de la vie !

    Salomon, le plus sage des rois d’Israël, employa sept ans à élever un temple magnifique à la gloire de votre nom; il célébra pendant huit jours la fête de sa dédicace; il offrit mille hosties pacifiques et, au son des trompettes, au milieu des cris de joie, il plaça solennellement l’arche d’alliance dans le lieu qui lui était préparé.

    Et moi, misérable que je suis et le plus pauvre des hommes, comment vous introduirai-je dans ma maison, moi qui sais à peine employer pieusement une demi-heure ? Et plût à Dieu que j’eusse une seule fois employé dignement un moindre temps encore !
  5. Ô mon Dieu ! que n’ont point fait ces saints hommes pour vous plaire, et combien, hélas ! ce que je fais est peu ! combien est court le temps que je consacre à me préparer à la communion !

    Rarement suis-je bien recueilli, plus rarement suis-je libre de toute distraction.

    Et certes, en votre divine et salutaire présence, nulle pensée profane ne devrait s’offrir à mon esprit, nulle créature ne devrait l’occuper, car ce n’est pas un ange, mais le Seigneur des anges que je dois recevoir en moi.
  6. Quelle distance infinie, d’ailleurs, entre l’arche d’alliance avec ce qu’elle renfermait, et votre corps très pur avec ses ineffables vertus; entre les sacrifices à venir, et la véritable hostie de votre corps, accomplissement de tous les anciens sacrifices !
  7. Pourquoi donc ne suis-je pas plus enflammé en votre adorable présence ?

    Pourquoi n’ai-je pas soin de me mieux préparer à la participation de vos saints mystères, lorsque ces antiques patriarches et ces saints prophètes, ces rois et ces princes avec tout leur peuple, ont montré tant de zèle pour le culte divin ?
  8. David, ce roi si pieux, fit éclater ses transports par des danses religieuses devant l’arche, se souvenant des bienfaits que Dieu avait répandus sur ses pères; il fit faire divers instruments de musique, il composa des psaumes que le peuple chantait avec allégresse, selon ce qu’il avait ordonné, et, animé de l’Esprit-Saint, souvent il chantait lui-même sur sa harpe; il apprit aux enfants d’Israël à louer Dieu de tout leur coeur et à unir chaque jour leurs voix pour le célébrer et le bénir.

    Si la vue de l’arche d’alliance inspirait tant de ferveur, tant de zèle pour les louanges de Dieu, quel respect, quel amour ne doit pas m’inspirer, et à tout le peuple chrétien, la présence de votre Sacrement, ô Jésus ! et la réception de votre corps adorable !
  9. Plusieurs courent en divers lieux pour visiter les reliques des saints; ils écoutent avidement le récit de leurs actions; ils admirent les vastes temples bâtis en leur honneur, et baisent leurs os sacrés, enveloppés dans l’or et la soie.

    Et voilà que vous-même, ô mon Dieu ! vous êtes ici présent devant moi sur l’autel, vous le Saint des saints, le Créateur des hommes, le Roi des anges.

    Souvent c’est la curiosité, le désir de voir des choses nouvelles, qui fait entreprendre ces pèlerinages; et de là vient que, guidé par ce motif frivole, sans véritable contrition, on en tire peu de fruit pour la réforme des moeurs.

    Mais ici, dans le sacrement de l’autel, vous êtes présent tout entier, ô Christ Jésus ! vrai Dieu et vrai homme, et toutes les fois qu’on vous reçoit dignement et avec ferveur, on recueille en abondance les fruits du salut éternel.

    Ce n’est pas la légèreté, ni la curiosité, ni l’attrait des sens, qui conduit à ce banquet sacré; mais une foi ferme, une vive espérance, une charité sincère.
  10. Ô Dieu Créateur invisible du monde ! que vous êtes admirable dans ce que vous faites pour nous ! avec quelle bonté, quelle tendresse vous veillez sur vos élus, vous donnant vous-même à eux pour nourriture dans votre Sacrement !

    C’est là ce qui surpasse toute intelligence, ce qui, plus qu’aucune autre chose, attire à vous les coeurs pieux et enflamme leur amour.

    Car vos vrais fidèles, occupés toute leur vie de se corriger, puisent dans la fréquente réception de cet auguste sacrement une merveilleuse ferveur et un zèle ardent pour la vertu.
  11. Ô grâce admirable et cachée du sacrement, connue des seuls fidèles serviteurs de Jésus-Christ ! car les serviteurs infidèles, asservis au péché, ne peuvent en ressentir l’influence.

    La grâce de l’Esprit-Saint est donnée dans ce sacrement; il répare les forces de l’âme et lui rend la beauté première, que le péché avait effacée.

    Telle est quelquefois la puissance de cette grâce et la ferveur qu’elle inspire, que non seulement l’esprit, mais le corps languissant en reçoit une vigueur nouvelle.
  12. Et c’est pourquoi nous devons déplorer avec amertume la tiédeur et la négligence qui affaiblissent en nous le désir de recevoir Jésus-Christ, unique espérance des élus et leur seul mérite.

    Car c’est lui qui nous sanctifie et qui nous a rachetés; il est la consolation de ceux qui voyagent sur la terre et l’éternelle félicité des saints.

    Combien donc ne doit-on pas gémir de ce que plusieurs montrent tant d’indifférence pour ce sacré mystère, qui est la joie du ciel et le salut du monde !

    Ô aveuglement, ô dureté du coeur humain ! d’être si peu touché de ce don ineffable, qu’il semble perdre de son prix à mesure qu’on en use davantage !
  13. Si cet adorable sacrement ne s’accomplissait qu’en un seul lieu et qu’un seul prêtre dans le monde entier consacrât l’hostie sainte, avec quelle ardeur les hommes n’accourraient-ils pas en ce lieu, vers ce prêtre unique, pour voir célébrer les saints mystères !

    Mais il y a plusieurs prêtres, et le Christ est offert en plusieurs lieux, afin que la miséricorde et l’amour de Dieu pour l’homme éclatent d’autant plus, que la sainte communion est plus répandue dans le monde.

    Je vous rends grâce, ô Jésus, pasteur éternel, qui dans notre exil et notre indigence, daignez nous nourrir de votre corps et de votre sang précieux, et nous inviter de votre propre bouche à la participation des ces sacrés mystères, disant: Venez à moi, vous tous qui portez votre fardeau avec travail, et je vous soulagerai

2. Combien Dieu manifeste à l’homme sa bonté et son amour dans le Sacrement de l’Eucharistie

Voix du disciple

  1. Plein de confiance en votre bonté et votre grande miséricorde, je m’approche de vous, Seigneur; malade, je viens à mon Sauveur; consumé de faim et de soif, je viens à la source de la vie; pauvre, je viens au Roi du ciel; esclave, je viens à mon Maître; créature, je viens à celui qui m’a fait; désolé, je viens à mon tendre consolateur.

    Mais qu’y a-t-il en ce misérable qui vous porte à venir à lui ? que suis-je pour que vous vous donniez vous-même à moi ?

    Comment un pécheur osera-t-il paraître devant vous ? et comment daignerez-vous venir vers ce pécheur ?

    Vous connaissez votre serviteur et vous savez qu’il n’y a en lui aucun bien qui mérite cette grâce.

    Je confesse donc ma bassesse, je reconnais votre bonté, je bénis votre miséricorde, et je vous rends grâce à cause de votre immense charité.

    Car c’est pour vous-même et non pour mes mérites que vous en usez de la sorte, afin que je connaisse mieux votre tendresse et que, embrasé d’un plus grand amour, j’apprenne à m’humilier plus parfaitement, à votre exemple.

    Et puisqu’il vous plaît ainsi et que vous l’avez ainsi ordonné, je reçois avec joie la grâce que vous daignez me faire; et puisse mon iniquité n’y pas mettre obstacle !
  2. Ô tendre et bon Jésus ! quel respect, quelles louanges perpétuelles ne vous devons-nous pas pour la réception de votre sacré Corps, si élevé au-dessus de tout ce que peut exprimer le langage de l’homme !

    Mais que penserai-je en le recevant, en m’approchant de mon Seigneur, que je ne puis révérer autant que je le dois, et que cependant je désire ardemment recevoir ?

    Quelle pensée meilleure et plus salutaire que de m’abaisser profondément devant vous et d’exalter votre bonté infinie pour moi !

    Je vous bénis, mon Dieu, et je veux vous louer éternellement. Je me méprise et me confonds devant vous dans l’abîme de mon abjection.
  3. Vous êtes le Saint des saints, et moi le rebut des pécheurs.

    Vous vous inclinez vers moi, qui ne suis pas digne de lever les yeux sur vous.

    Vous venez à moi, vous voulez être avec moi, vous m’invitez à votre table. Vous voulez me donner à manger un aliment céleste, le pain des Anges, qui n’est autre que vous-même, ô pain vivant ! qui êtes descendu du ciel, et qui donnez la vie au monde
  4. Voilà la source de l’amour et le triomphe de votre miséricorde. Que ne vous doit-on pas d’actions de grâces et de louanges pour ce bienfait !

    Ô salutaire dessein que celui que vous conçûtes d’instituer votre Sacrement ! ô doux et délicieux banquet, où vous vous donnâtes vous-même pour nourriture !

    Que vos oeuvres sont admirables, Seigneur ! que votre puissance est grande ! que votre vérité est ineffable !

    Vous avez dit et tout a été fait, et rien n’a été fait que ce que vous avez ordonné.
  5. Chose merveilleuse, que nul homme ne saurait comprendre mais que tous doivent croire, que vous, Seigneur mon Dieu, vrai Dieu et vrai homme, vous soyez contenu tout entier sous la moindre partie des espèces du pain et du vin, et que sans être consumé, vous soyez mangé par celui qui vous reçoit.

    Souverain maître de l’univers, vous qui, n’ayant besoin de personne, avez cependant voulu habiter en nous par votre Sacrement, conservez sans tache mon âme et mon corps afin que je puisse plus souvent célébrer vos saints mystères avec la joie d’une conscience pure, et recevoir pour mon salut éternel ce que vous avez institué principalement pour votre gloire, et pour perpétuer à jamais le souvenir de votre amour.
  6. Réjouis-toi, mon âme, et rends grâce à Dieu d’un don si magnifique, d’une si ravissante consolation, qu’il t’a laissée dans cette vallée de larmes.

    Car toutes les fois qu’on célèbre ce mystère et qu’on reçoit le corps de Jésus-Christ, l’on consomme soi-même l’oeuvre de sa rédemption et on participe à tous les mérites du Christ.

    Car la charité de Jésus-Christ ne s’affaiblit jamais, et jamais sa propitiation infinie ne s’épuise.

    Vous devez donc toujours vous disposer à cette action sainte par un renouvellement d’esprit, et méditer attentivement à ce grand mystère de salut.

    Lorsque vous célébrez le divin sacrifice ou que vous y assistez, il doit vous paraître aussi grand, aussi nouveau, aussi digne d’amour que si ce jour-là même, Jésus-Christ descendant pour la première fois dans le sein de la Vierge, se faisait homme, ou que suspendu à la croix, il souffrît et mourût pour le salut des hommes.

3. Qu’il est utile de communier souvent

Voix du disciple

  1. Je viens à vous, Seigneur, pour jouir de votre don et goûter la joie du banquet sacré, que dans votre tendresse vous avez, mon Dieu, préparé pour le pauvre

    En vous est tout ce que je puis, tout ce que je dois désirer; vous êtes mon salut et ma rédemption, mon espérance et ma force, mon bonheur et ma gloire.

    Réjouissez donc aujourd’hui l’âme de votre serviteur, parce que j’ai élevé mon âme vers vous, Seigneur Jésus.

    Je désire maintenant vous recevoir avec un respect plein d’amour; je désire que vous entriez dans ma maison pour mériter d’être béni de vous comme Zachée, et d’être compté parmi les enfants d’Abraham.

    Votre corps, voilà l’objet auquel mon âme aspire; mon coeur brûle d’être uni à vous.
  2. Donnez-vous à moi, et ce don me suffit; car sans vous, rien ne me console.

    Je ne puis être sans vous et je ne saurais vivre si vous ne venez à moi.

    Il faut donc que je m’approche de vous souvent et que je vous reçoive comme le soutien de ma vie, de peur que privé de cette céleste nourriture, je ne tombe de défaillance dans le chemin.

    C’est ainsi, miséricordieux Jésus, que prêchant aux peuples et les guérissant de diverses langueurs, vous dites un jour: je ne veux pas les renvoyer à jeun dans leurs maisons, de peur que les forces ne leur manquent en route

    Daignez donc en user de la même manière avec moi, vous qui avez voulu demeurer dans votre Sacrement pour la consolation des fidèles.

    Car vous êtes le doux aliment de l’âme; et celui qui vous mange dignement aura part à l’héritage de la gloire éternelle.

    Combien il m’est nécessaire, à moi qui tombe et pèche si souvent, qui me laisse aller si vite à la tiédeur, au découragement, de me renouveler, de me purifier, de me ranimer, par des prières et des confessions fréquentes, et par la réception de votre corps sacré ! de peur que m’en abstenant trop longtemps, je n’abandonne mes résolutions.
  3. Car les penchants de l’homme l’inclinent au mal dès l’enfance; et s’il n’est soutenu par ce remède divin, il s’enfonce de plus en plus.

    La sainte Communion retire du mal et fortifie dans le bien.

    Si donc je suis maintenant si souvent négligent et tiède quand je communie ou que je célèbre le saint Sacrifice, que serais-je si je renonçais à cet aliment salutaire et si je me privais de ce secours puissant ?

    Ainsi, quoique je ne sois pas tous les jours assez bien disposé pour célébrer les divins mystères, j’aurai soin cependant d’en approcher aux temps convenables et de participer à une grâce si grande.

    Car c’est la principale consolation de l’âme fidèle tandis qu’elle voyage loin de vous dans un corps mortel, de se souvenir souvent de son Dieu et de recevoir son bien-aimé dans un coeur embrasé d’amour.
  4. Ô prodige de votre tendresse pour nous ! Vous, Seigneur mon Dieu, qui donnez l’être et la vie à tous les esprits, vous daignez venir à une pauvre âme misérable et, avec votre divinité et votre humanité toute entière, rassasier sa faim.

    Ô heureuse, mille fois heureuse l’âme qui peut vous recevoir dignement, vous son Seigneur et son Dieu, et goûter avec plénitude la joie de votre présence !

    Oh ! qu’il est grand le Seigneur qu’elle reçoit ! qu’il est aimable l’hôte qu’elle possède ! que le compagnon, l’ami qui se donne à elle, est doux et fidèle ! que l’époux qu’elle embrasse est beau ! qu’il est noble et digne d’être aimé par-dessus tout ce qu’on peut aimer, et tout ce qu’il y a de désirable !

    Que le ciel et la terre, dans leur parure magnifique, se taisent devant vous, ô mon bien-aimé ! car tout ce qu’on admire de beau en eux, ils le tiennent de vous, dont la sagesse n’a point de bornes, et jamais ils n’approcheront de votre beauté souveraine.

4. Que Dieu répand des grâces abondantes en ceux qui communient dignement

Voix du disciple

  1. Seigneur mon Dieu, prévenez votre serviteur de vos plus douces bénédictions, afin que je puisse approcher dignement et avec ferveur de votre auguste Sacrement.

    Rappelez mon coeur à vous; réveillez-moi du profond assoupissement où je languis. Visitez-moi pour me sauver, pour que je goûte intérieurement la douceur qui est cachée en abondance dans ce sacrement comme dans sa source.

    Faites briller aussi votre lumière à mes yeux afin qu’ils discernent un si grand mystère, et fortifiez ma foi pour le croire inébranlablement.

    Car c’est l’oeuvre de votre amour et non de la puissance humaine, c’est votre institution sacrée et non une invention de l’homme.

    Nul ne peut concevoir par lui-même des merveilles au-dessus de la pénétration des anges mêmes.

    Que pourrai-je donc, moi, pécheur indigne, moi, cendre et poussière, découvrir et comprendre d’un mystère si haut ?
  2. Seigneur, dans la simplicité de mon coeur, avec une foi ferme et sincère et sur le commandement que vous m’en avez fait, je m’approche de vous plein de confiance et de respect; et je crois sans hésiter que vous êtes ici présent dans ce Sacrement, et comme Dieu et comme homme.

    Vous voulez donc que je vous reçoive et que je m’unisse à vous dans la charité ?

    C’est pourquoi j’implore votre clémence, et je vous demande en ce moment une grâce particulière, afin qu’embrasé d’amour, je me fonde et m’écoule tout entier en vous, et que je ne désire plus aucune autre consolation.

    Car cet adorable Sacrement est le salut de l’âme et du corps, le remède de toute langueur spirituelle. Il guérit les vices, réprime les passions, dissipe les tentations ou les affaiblit, augmente la grâce, accroît la vertu, affermit la foi, fortifie l’espérance, enflamme et dilate l’amour.
  3. Quels biens sans nombre n’avez-vous pas accordés et n’accordez-vous pas encore chaque jour, dans ce Sacrement, à ceux que vous aimez et qui le reçoivent avec ferveur, ô mon Dieu, unique appui de mon âme, réparateur de l’infirmité humaine, source de toute consolation intérieure !

    Car vous les consolez avec abondance en leurs tribulations diverses; vous les relevez de leur abattement par l’espérance de votre protection; vous les ranimez intérieurement et les éclairez par une grâce nouvelle; de sorte que ceux qui se sentaient pleins de trouble et de tiédeur avant la communion se trouvent tout changés après s’être nourris de cette viande et de ce breuvage céleste.

    Vous en usez ainsi avec vos élus afin qu’ils reconnaissent clairement et par une manifeste expérience, toute la faiblesse qui leur est propre et tout ce qu’ils reçoivent de votre grâce et de votre bonté.

    Car d’eux-mêmes, froids, durs, sans goût pour la piété, par vous ils deviennent pieux, zélés, fervents.

    Qui, en effet, s’approchant humblement de la fontaine de suavité, n’en remporte pas un peu de douceur ? ou qui, en se tenant près d’un grand feu, n’en reçoit pas quelque chaleur ?

    Vous êtes, mon Dieu, cette fontaine toujours pleine et surabondante, ce feu toujours ardent et qui ne s’éteint jamais.
  4. Si donc il ne m’est pas permis de puiser à la plénitude de la source et de m’y désaltérer parfaitement, j’approcherai cependant ma bouche de l’ouverture par où s’écoulent les eaux célestes afin d’en recueillir au moins une petite goutte pour apaiser ma soif, et ne pas tomber dans une entière sécheresse.

    Et si je ne puis encore être tout céleste et tout de feu comme les Chérubins et les Séraphins, je m’efforcerai pourtant de m’animer à la piété et de préparer mon coeur, afin qu’en participant avec humilité à ce sacrement de vie, je reçoive au moins quelque légère étincelle de ce feu divin.

    Bon Jésus, Sauveur très saint, suppléez vous-même par votre bonté et votre grâce à ce qui me manque, vous qui avez daigné appeler à vous tous les hommes en disant: Venez à moi, vous tous qui êtes accablés de travail et de douleur, et je vous soulagerai
  5. Je travaille à la sueur de mon front, mon coeur est brisé de douleur, le poids de mes péchés m’accable, les tentations m’agitent, une foule de passions mauvaises m’enveloppent et me pressent, et il n’y a personne qui me secoure, qui me délivre, qui me sauve, si ce n’est vous, Seigneur mon Dieu, mon Sauveur, entre les mains de qui je me remets, et tout ce qui est à moi, afin que vous me protégiez et me conduisiez à la vie éternelle.

    Recevez-moi pour l’honneur et la gloire de votre nom, vous qui m’avez préparé votre corps et votre sang pour nourriture et pour breuvage.

    "Faites, Seigneur mon Dieu, mon Sauveur, que ma ferveur et mon amour croissent d’autant plus que je participe plus souvent à ce divin mystère."

5. De l’excellence du Sacrement de l’Autel, et de la dignité du Sacerdoce

Voix du Bien-Aimé

  1. Quand vous auriez la pureté des anges et la sainteté de Jean-Baptiste, vous ne seriez pas digne de recevoir ni même de toucher ce sacrement.

    Car ce ne sont pas les mérites de l’homme qui lui donnent le droit de consacrer et de toucher le corps de Jésus-Christ et de se nourrir du pain des anges.

    Ô mystère ineffable ! ô sublime dignité des prêtres, auxquels est donné ce qui n’a point été accordé aux anges !

    Car les prêtres validement ordonnés dans l’Eglise ont seuls le pouvoir de célébrer et de consacrer le corps de Jésus-Christ.

    Le prêtre est le ministre de Dieu; il use de la parole de Dieu selon le commandement et l’institution de Dieu; mais Dieu, à la volonté de qui tout est soumis, à qui tout obéit lorsqu’il commande, est le principal auteur du miracle qui s’accomplit sur l’autel, et c’est lui qui l’opère invisiblement.
  2. Vous devez donc, dans cet auguste sacrement, croire plus à la toute-puissance de Dieu qu’à vos propres sens et à ce qui paraît aux yeux, et vous ne sauriez dès lors approcher de l’autel avec assez de respect et de crainte.

    Pensez à ce que vous êtes et considérez quel est Celui dont vous avez été fait le ministre par l’imposition des mains de l’évêque.

    Vous avez été fait prêtre, et consacré pour célébrer les saints mystères; maintenant soyez fidèle à offrir à Dieu le sacrifice avec ferveur, au temps convenable, et que toute votre conduite soit irrépréhensible.

    Votre fardeau n’est pas plus léger; vous êtes lié au contraire par des obligations plus étroites, et obligé à une plus grande sainteté.

    Un prêtre doit être orné de toutes les vertus et donner aux autres l’exemple d’une vie pure.

    Ses moeurs ne doivent point ressembler à celles du peuple: il ne doit pas marcher dans les voies communes; mais il doit vivre comme les anges dans le ciel ou comme les hommes parfaits sur la terre.
  3. Le prêtre, revêtu des habits sacrés, tient la place de Jésus-Christ afin d’offrir à Dieu d’humbles supplications pour lui-même et pour tout le peuple.

    Il porte devant et derrière lui le signe de la croix du Sauveur afin que le souvenir de sa passion lui soit toujours présent.

    Il porte devant lui la croix sur la chasuble afin de considérer attentivement les traces de Jésus-Christ et de s’animer à les suivre.

    Il porte la croix derrière lui afin d’apprendre à souffrir avec douceur pour Dieu tout ce que les hommes peuvent lui faire de mal.

    Il porte la croix devant lui afin de pleurer ses propres péchés; derrière lui afin que, par une tendre compassion, il pleure aussi les péchés des autres; et se souvenant qu’il est établi médiateur entre Dieu et le pécheur, il ne se lasse point d’offrir des prières et des sacrifices, jusqu’à ce qu’il ait obtenu grâce et miséricorde.

    Quand le prêtre célèbre, il honore Dieu, il réjouit les anges, il édifie l’Eglise, il procure des secours aux vivants, du repos aux morts, et se rend lui-même participant de tous les biens.

6. Prière du chrétien avant la Communion

Voix du disciple

  1. Seigneur, lorsque je considère votre grandeur et ma bassesse, je suis saisi de frayeur et je me confonds en moi-même.

    Car, si je ne m’approche de vous, je fuis la vie; et si je m’en approche indignement, j’irrite votre colère.

    Que ferai-je donc, mon Dieu, mon protecteur, mon conseil dans tous mes besoins ?
  2. Montrez-moi la voie droite, enseignez-moi quelque court exercice pour me disposer à la sainte communion.

    Car il m’est important de savoir avec quelle ferveur et avec quel respect je dois préparer mon coeur, pour recevoir avec fruit votre Sacrement, ou pour vous offrir ce grand et divin sacrifice.

7. De l’examen de conscience, et de la résolution de se corriger

Voix du Bien-Aimé

  1. Sur toutes choses, il faut que le prêtre qui se dispose à célébrer les saints mystères, à toucher et à recevoir le corps de Jésus-Christ, s’approche de ce sacrement avec une profonde humilité de coeur, un respect suppliant, une pleine foi et une pieuse intention d’honorer Dieu.

    Examinez avec soin votre conscience et autant que vous le pourrez, purifiez-la par une contrition véritable et par une humble confession; de sorte que, délivré du poids de vos fautes, exempt de troubles et de remords, vous puissiez librement venir à moi.

    Ayez une vive douleur de tous vos péchés en général; déplorez en particulier ceux que vous commettez chaque jour; et si le temps vous le permet, confessez à Dieu dans le secret du coeur toutes les misères qui sont le fruit de vos passions.
  2. Affligez-vous et gémissez d’être encore sous l’empire de la chair et du monde;

    Si peu occupé de mourir à vos inclinations; si agité par les mouvements de la concupiscence;

    Si peu exact à veiller sur vos sens; si souvent séduit par de vains fantômes;

    Si enclin à vous répandre au-dehors; si négligent à rentrer en vous-même;

    Si porté au rire et à la dissipation; si dur quand vous devriez verser des larmes de componction;

    Si prompt à vous livrer au relâchement et à la mollesse; si lent à embrasser une vie austère et fervente;

    Si curieux de nouvelles et de ce qui attire les regards par sa beauté; si plein de répugnance pour ce qui abaisse et humilie;

    Si avide de beaucoup savoir; si avare pour donner, si ardent à retenir;

    Si inconsidéré dans vos discours; si impuissant à vous taire;

    Si déréglé dans vos moeurs; si indiscret dans vos actions;

    Si intempérant dans le manger et le boire; si sourd à la parole de Dieu;

    Si convoiteux de repos; si ennemi du travail;

    Si éveillé pour des récits frivoles; si appesanti par le sommeil durant les veilles saintes, si pressé d’en voir la fin, si peu attentif en y assistant;

    Si dissipé en récitant l’office divin, si tiède en célébrant, si aride dans la Communion;

    Si aisément distrait; si rarement bien recueilli;

    Si tôt ému de colère; si prompt à blesser les autres;

    Si enclin à juger le mal; si sévère à le reprendre;

    Si enivré de joie dans la prospérité; si abattu dans l’adversité;

    Si fécond en bonnes résolutions, et si stérile en bonnes oeuvres.
  3. Après avoir confessé et déploré avec une grande douleur et un vif sentiment de votre faiblesse ces défauts et tous les autres qui peuvent être en vous, formez un ferme propos de vous corriger et d’avancer dans la vertu. Offrez-vous ensuite avec une pleine résignation et sans aucune réserve sur l’autel de votre coeur, comme un holocauste perpétuel; en l’honneur de mon nom, m’abandonnant entièrement le soin de votre corps et de votre âme, afin d’obtenir ainsi la grâce de célébrer dignement le saint Sacrifice et de recevoir avec fruit le Sacrement de mon corps.
  4. Car il n’est point d’oblation plus méritoire ni de satisfaction plus grande pour les péchés, que de s’offrir soi-même sincèrement à Dieu en lui offrant, à la messe et dans la communion, le Corps de Jésus-Christ.

    Si l’homme fait ce qui est en lui et s’il a un vrai repentir toutes les fois qu’il s’approche de moi pour demander grâce et miséricorde: j’en jure par moi-même, dit le Seigneur, je ne me souviendrai plus de ses péchés, et ils lui seront tous pardonnés; car je ne veux point la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive

8. De l’oblation de Jésus-Christ sur la Croix et de la résignation de soi-même

Voix du Bien-Aimé

  1. Comme je me suis offert volontairement pour vos péchés à mon Père, les bras étendus sur la Croix et le corps nu, ne réservant rien et m’immolant tout entier pour apaiser Dieu, ainsi vous devez tous les jours, dans le sacrifice de la Messe, vous offrir à moi comme une hostie pure et sainte, du plus profond de votre coeur et de toutes les puissances de votre âme.

    Que demandé-je de vous sinon que vous vous abandonniez à moi sans réserve ?

    Tout ce que vous me donnez hors de vous ne m’est rien, parce que c’est vous que je veux et non pas vos dons.
  2. Comme tout le reste ne vous suffirait pas sans moi, ainsi aucun de vos dons ne peut me plaire si vous ne vous donnez vous-même.

    Offrez-vous à moi, donnez-vous à Dieu tout entier, et votre oblation me sera agréable.

    Je me suis offert tout entier pour vous à mon Père, je vous ai donné tout mon Corps et tout mon Sang pour nourriture, afin d’être tout à vous et que vous fussiez à jamais tout à moi.

    Mais si vous demeurez en vous-même, si vous ne vous abandonnez pas sans réserve à ma volonté, votre oblation n’est pas entière et nous ne serons pas unis parfaitement.

    L’oblation volontaire de vous-même entre les mains de Dieu doit donc précéder toutes vos oeuvres si vous voulez acquérir la grâce de la liberté.

    S’il en est si peu qui soient éclairés de ma lumière et qui jouissent de la liberté intérieure, c’est qu’ils ne savent pas se renoncer entièrement eux-mêmes.

    Je l’ai dit et ma parole est immuable: Si quelqu’un ne renonce pas à tout, il ne peut être mon disciple. Si donc vous voulez être mon disciple, offrez-vous à moi avec toutes vos affections.

9. Que nous devons nous offrir à Dieu avec tout ce qui est à nous, et prier pour tous

Voix du disciple

  1. Seigneur, à qui tout appartient dans le ciel et sur la terre, je veux aussi me donner à vous par une oblation volontaire; je veux être à vous pour toujours.

    Dans la simplicité de mon coeur, je m’offre à vous aujourd’hui, mon Dieu, pour vous servir à jamais, pour vous obéir, pour m’immoler sans cesse à votre gloire.

    Recevez-moi avec l’oblation sainte de votre précieux corps que je vous offre aujourd’hui en présence des anges qui assistent invisiblement à ce sacrifice, et faites qu’il porte des fruits de salut pour moi et pour tout votre peuple.
  2. Toutes les fautes et tous les crimes que j’ai commis devant vous et devant vos saints anges depuis le jour où j’ai pu commencer à pécher jusqu’à ce moment, je vous les offre, Seigneur, sur votre autel de propitiation pour que vous les consumiez par le feu de votre amour, que vous effaciez toutes les taches dont ils ont souillé ma conscience, et qu’après l’avoir purifiée vous me rendiez votre grâce que mes péchés m’avaient fait perdre, me les pardonnant tous pleinement et me recevant, dans votre miséricorde, au baiser de paix.
  3. Que puis-je faire pour expier mes péchés, que de les confesser humblement, avec une amère douleur, et d’implorer sans cesse votre clémence ?

    Je vous en conjure, exaucez-moi, soyez-moi propice quand je me présente devant vous, mon Dieu.

    J’ai une vive horreur de tous mes péchés et je suis résolu à ne plus les commettre. Ils m’affligent profondément et toute ma vie je ne cesserai de m’en affliger, prêt à faire pénitence et à satisfaire pour eux selon mon pouvoir.

    Pardonnez-les-moi, Seigneur, pardonnez-les-moi pour la gloire de votre saint nom. Sauvez mon âme, que vous avez rachetée au prix de votre sang.

    Voilà que je m’abandonne à votre miséricorde, je me remets entre vos mains; traitez-moi selon votre bonté et non selon ma malice et mon iniquité.
  4. Je vous offre aussi tout ce qu’il y a de bien en moi, quelque faible, quelque imparfait qu’il soit, afin que l’épurant, le sanctifiant, le perfectionnant sans cesse, vous le rendiez plus digne de vous, plus agréable à vos yeux, et que vous me conduisiez à une heureuse fin, moi le plus inutile, le plus languissant et le dernier des hommes.
  5. Je vous offre encore tous ces pieux désirs des âmes fidèles, les besoins de mes parents, de mes amis, de mes frères, de mes soeurs, de tous ceux qui me sont chers, de ceux qui m’ont fait, ou à d’autres, quelque bien pour l’amour de vous; de ceux qui ont demandé ou désiré que j’offrisse des prières et le saint Sacrifice pour eux et pour les leurs, soit qu’ils vivent encore en la chair, soit que le temps ait fini pour eux.

    Que tous sentent le secours de votre grâce, la puissance de vos consolations; protégez-les dans les périls, délivrez-les de leurs peines, et qu’affranchis de tous les maux, ils vous rendent, pleins de joie, d’éclatantes actions de grâces.
  6. Je vous offre enfin des supplications et l’hostie de paix, principalement pour ceux qui m’ont offensé en quelque chose, qui m’ont attristé, qui m’ont blâmé, qui m’ont fait quelque tort ou quelque peine; et pour tous ceux aussi que j’ai moi-même affligés, troublés, blessés, scandalisés, le sachant ou sans le savoir, afin que vous nous pardonniez à tous nos péchés et nos offenses mutuelles.

    Ôtez de nos coeurs, ô mon Dieu ! le soupçon, l’aigreur, la colère, tout ce qui divise, tout ce qui peut altérer la charité et diminuer l’amour fraternel..

    Ayez pitié, Seigneur, ayez pitié de ces pauvres qui implorent votre grâce, votre miséricorde; et faites que nous soyons dignes de jouir ici-bas de vos dons et d’arriver à l’éternelle vie. Ainsi-soit-il

10. Qu’on ne doit pas facilement s’éloigner de la sainte Communion

Voix du Bien-Aimé

  1. Il faut recourir souvent à la source de la grâce et de la divine miséricorde, à la source de toute bonté et de toute pureté, afin que vous puissiez être guéri de vos passions et de vos vices, et que, plus fort, plus vigilant, vous ne soyez ni vaincu par les attaques du démon, ni surpris par ses artifices.

    L’ennemi des hommes, sachant quel est le fruit de la sainte communion et combien est grand le remède qu’y trouvent les âmes pieuses et fidèles, s’efforce en toute occasion et par tous les moyens de les en éloigner autant qu’il peut.
  2. Aussi est-ce au moment où ils s’y disposent que quelques-uns éprouvent les plus vives attaques de Satan.

    Cet esprit de malice, comme il est écrit au livre de Job, vient parmi les enfants de Dieu pour les troubler par les ruses ordinaires de sa haine, cherchant à leur inspirer des craintes excessives et de pénibles perplexités, pour affaiblir leur amour, ébranler leur foi, afin qu’ils renoncent à communier, ou qu’ils ne communient qu’avec tiédeur.

    Mais il ne faut pas s’inquiéter de ses artifices et de ses suggestions, quelques honteuses, quelques horribles qu’elles soient, mais les rejeter toutes sur lui.

    Il faut se rire avec mépris de cet esprit misérable et n’abandonner jamais la sainte communion à cause de ses attaques et des mouvements qu’il excite en nous.
  3. Souvent aussi l’on s’en éloigne par un désir trop vif de la ferveur sensible et parce qu’on a conçu de l’inquiétude sur sa confessions.

    Agissez selon le conseil des personnes prudentes et bannissez de votre coeur l’anxiété et les scrupules, parce qu’ils détruisent la piété et sont un obstacle à la grâce de Dieu.

    Ne vous privez point de la sainte communion dès que vous éprouverez quelque trouble ou une légère peine de conscience; mais confessez-vous au plus tôt et pardonnez sincèrement aux autres les offenses que vous avez reçues d’eux.

    Que si vous avez vous-même offensé quelqu’un, demandez-lui humblement pardon, et Dieu aussi vous pardonnera.
  4. Que sert de tarder à se confesser et de différer la sainte communion ?

    Purifiez-vous promptement, hâtez-vous de rejeter le venin et de recourir au remède; vous vous en trouverez mieux que de différer longtemps.

    Si vous différez aujourd’hui pour une raison, peut-être s’en présentera-t-il demain une plus forte; et vous pourriez ainsi être sans cesse détourné de la communion, et sans cesse vous y sentir moins disposé.

    Ne perdez pas un moment, secouez votre langueur, déchargez-vous de ce qui vous pèse; car à quoi revient-il de vivre toujours dans l’anxiété, toujours dans le trouble, et d’être éloigne chaque jour par de nouveaux obstacles de la Table sainte ?

    Rien, au contraire, ne nuit davantage que de s’abstenir longtemps de communier; car d’ordinaire l’âme tombe par là dans un profond assoupissement.

    Ô douleur ! il se rencontre des chrétiens si tièdes et si lâches qu’ils saisissent avec joie tous les prétextes pour différer à se confesser, et dès lors aussi à communier, afin de n’être pas obligés de veiller avec plus de soin sur eux-mêmes.
  5. Hélas ! qu’ils ont peu de piété, peu d’amour, ceux qui se privent si aisément de la sainte communion !

    Qu’il est heureux, au contraire, et agréable à Dieu, celui qui vit de telle sorte et qui conserve sa conscience si pure, qu’il serait préparé à communier tous les jours et communierait en effet, s’il lui était permis et qu’il pût le faire sans singularité !

    Si quelqu’un s’en abstient quelquefois par humilité ou pour une cause légitime, on doit louer son respect.

    Mais si sa ferveur s’est refroidie, il doit se ranimer et faire tout ce qu’il peut: et Dieu secondera ses désirs, à cause de la droiture de sa volonté qu’il considère principalement.
  6. Que si des motifs légitimes l’empêchent d’approcher de la sainte Table, il conservera toujours l’intention et le saint désir de communier, et ainsi il ne sera pas entièrement privé du fruit du Sacrement.

    Quoique tout fidèle doive, à certains jours et au temps fixé, recevoir avec un tendre respect le Corps du Sauveur dans son Sacrement, et rechercher en cela plutôt la gloire de Dieu que sa propre consolation, cependant il peut aussi communier en esprit tous les jours, à toute heure, avec beaucoup de fruit.

    Car il communie de cette manière et se nourrit invisiblement de Jésus-Christ toutes les fois qu’il médite avec piété les mystères de son Incarnation et de sa Passion, et qu’il s’enflamme de son amour.
  7. Celui qui ne se prépare à la Communion qu’aux approches des fêtes et quand la coutume l’y oblige, sera souvent mal préparé.

    Heureux celui qui s’offre au Seigneur en holocauste toutes les fois qu’il célèbre le sacrifice ou qu’il communie !

    Ne soyez, en célébrant les saints mystères, ni trop lent ni trop prompt; mais conformez-vous à l’usage ordinaire et régulier de ceux avec qui vous vivez.

    Il ne faut point fatiguer les autres ni leur causer d’ennui, mais suivre l’ordre commun établi par vos pères, et consulter plutôt l’utilité de tous que votre attrait et votre piété particulière.

11. Que le Corps de Jésus-Christ et l’Ecriture sainte sont très nécessaires à l’âme fidèle

Voix du disciple

  1. Seigneur Jésus, quelles délices inondent l’âme fidèle admise à votre Table, où on ne lui présente d’autre aliment que vous-même, son unique bien-aimé, le plus cher de tous ses désirs !

    Oh ! qu’il me serait doux de répandre en votre présence des pleurs d’amour et d’arroser vos pieds de mes larmes comme Madeleine !

    Mais où est cette tendre piété et cette abondante effusion de larmes saintes ?

    Certes, en votre présence et celle des saints anges, tout mon coeur devrait s’embraser et se fondre de joie.

    Car vous m’êtes véritablement présent dans votre Sacrement, quoique caché sous des apparences étrangères.
  2. Mes yeux ne pourraient supporter l’éclat de votre divine lumière, et le monde entier s’évanouirait devant la splendeur de votre gloire.

    C’est donc pour ménager ma faiblesse que vous vous cachez sous les voiles du Sacrement.

    Je possède réellement et j’adore Celui que les anges adorent dans le ciel; mais je ne le vois encore que par la foi, tandis qu’ils le voient tel qu’il est et sans voile.

    Il faut que je me contente de ce flambeau de la vraie foi et que je marche à sa lumière jusqu’à ce que luise l’aurore du jour éternel et que les ombres des figures déclinent

    Mais quand ce qui est parfait sera venu, l’usage des Sacrements cessera, parce que les bienheureux, dans la gloire céleste, n’ont plus besoin de secours.

    Ils se réjouissent sans fin dans la présence de Dieu et contemplent la gloire face à face; pénétrés de sa lumière et comme plongés dans l’abîme de sa divinité, ils goûtent le verbe de Dieu fait chair, tel qu’il était au commencement et tel qu’il sera durant toute l’éternité.
  3. Qu’au souvenir de ces merveilles, tout me soit un pesant ennui, même les consolations spirituelles; car tandis que je ne verrai point le Seigneur mon Dieu dans l’éclat de sa gloire, tout ce que je vois, tout ce que j’entends en ce monde ne m’est rien.

    Vous m’êtes témoin, Seigneur, que je ne trouve nulle part de consolation, de repos en nulle créature; je ne puis en trouver qu’en vous seul, mon Dieu, que je désire contempler éternellement.

    Mais cela ne peut être tant que je vivrai dans ce corps mortel.

    Il faut donc que je me prépare à une grande patience et que je soumette à votre volonté tous mes désirs.

    Car vos saints, Seigneur, qui, ravis d’allégresse, règnent maintenant avec vous dans le ciel, ont aussi, pendant qu’ils vivaient, attendu avec une grande foi et une grande patience l’avènement de votre gloire.

    Je crois ce qu’ils ont cru; ce qu’ils ont espéré, je l’espère; j’ai la confiance de parvenir, aidé de votre grâce, là où ils sont parvenus.

    Jusque-là je marcherai dans la foi, fortifié par leurs exemples.

    J’aurai aussi les livres saints pour me consoler et m’instruire, et par-dessus tout, votre sacré Corps pour remède et pour refuge.
  4. Car je sens que deux choses me sont ici-bas souverainement nécessaires, et que sans elles je ne pourrais porter le poids de cette misérable vie.

    Enfermé dans la prison de mon corps, j’ai besoin d’aliments et de lumière.

    C’est pourquoi vous avez donné à ce pauvre infirme votre chair sacrée pour être la nourriture de son âme et de son corps, et votre parole pour luire comme une lampe devant ses pas

    Je ne pourrais vivre sans ces deux choses, car la parole de Dieu est la lumière de l’âme et votre Sacrement le pain de la vie.

    On peut encore les regarder comme deux tables placées dans les trésors de l’Eglise.

    L’une est la table de l’autel sacré, sur lequel repose un pain sanctifié, c’est-à-dire le Corps précieux de Jésus-Christ.

    L’autre est la table de la loi divine qui contient la doctrine sainte, qui enseigne la vraie foi, qui soulève le voile du sanctuaire et nous conduit avec sûreté jusque dans le Saint des saints.

    Je vous rends grâces, Seigneur Jésus, lumière de l’éternelle lumière, de nous avoir donné par le ministère des prophètes, des apôtres et des autres docteurs, cette table de la doctrine sainte.
  5. Je vous rends grâces, ô Créateur et Rédempteur des hommes, de ce qu’afin de manifester votre amour au monde, vous avez préparé un grand festin où vous nous offrez pour nourriture non l’agneau figuratif, mais votre très saint Corps et votre Sang.

    Dans ce sacré banquet, que partagent avec nous les anges, mais dont ils goûtent plus vivement la douceur, vous comblez de joie tous les fidèles et vous les enivrez du calice du salut qui contient tous les délices du ciel.
  6. Oh ! qu’elles sont grandes, qu’elles sont glorieuses les fonctions des prêtres, à qui il a été donné de consacrer le Dieu de majesté par des paroles saintes, de le bénir de leurs lèvres, de le tenir entre leurs mains, de le recevoir dans leur bouche et de le distribuer aux autres hommes !

    Oh ! qu’elles doivent être innocentes les mains du prêtre, que sa bouche doit être pure, son corps saint, et son âme exempte des plus légères taches, pour recevoir si souvent l’auteur de la pureté !

    Il ne doit sortir rien que de saint, rien que d’honnête, rien que d’utile, de la bouche du prêtre qui participe si fréquemment au Sacrement de Jésus-Christ.
  7. Qu’ils soient simples et chastes les yeux qui contemplent habituellement le Corps de Jésus-Christ.

    Qu’elles soient pures et élevées au ciel les mains qui touchent sans cesse le Créateur du ciel et de la terre.

    C’est aux prêtres surtout qu’il est dit dans la Loi: Soyez saints, parce que je suis saint, moi le Seigneur votre Dieu
  8. Que votre grâce nous aide, ô Dieu tout-puissant ! nous qui avons été revêtus du sacerdoce, afin que nous puissions vous servir dignement, avec une vraie piété et une conscience pure.

    Et si nous ne pouvons vivre dans une innocence aussi parfaite que nous le devrions, accordez-nous du moins de pleurer sincèrement nos fautes et de former en esprit d’humilité la ferme résolution de vous servir désormais avec plus de ferveur.

12. Qu’on doit se préparer avec un grand soin à la sainte Communion

Voix du Bien-Aimé

  1. Je suis l’ami de la pureté et c’est de moi que vient toute sainteté.

    Je cherche un coeur pur, et là est le lieu de mon repos.

    Préparez-moi un grand cénacle et je célébrerai chez vous la Pâque avec mes disciples

    Si vous voulez que je vienne à vous et que je demeure en vous, purifiez-vous du vieux levain et nettoyez la maison de votre coeur. Bannissez-en les pensées du siècle et le tumulte des vices.

    Comme le passereau qui gémit sous un toit solitaire, rappelez-vous vos péchés dans l’amertume de votre âme.

    Car un ami prépare toujours à son ami le lieu le meilleur et le plus beau; et c’est ainsi qu’il lui fait connaître avec quelle affection il le reçoit.
  2. Sachez cependant que vous ne pouvez, quels que soient vos propres efforts, vous préparer dignement, quand vous y emploieriez une année entière sans vous occuper d’autre chose.

    Mais c’est par ma grâce et ma seule bonté qu’il vous est permis d’approcher de ma table, comme un mendiant invité au festin du riche, et qui n’a, pour reconnaître ce bienfait, que d’humbles actions de grâces.

    Faites ce qui est en vous, et faites-le avec un grand soin. Recevez, non pour suivre la coutume ou pour remplir un devoir rigoureux, mais avec crainte, avec respect, avec amour, le corps du Seigneur bien-aimé, de votre Dieu, qui daigne venir à vous.

    C’est moi qui vous appelle, qui vous commande de venir; je suppléerai à ce qui vous manque; venez, et recevez-moi.
  3. Lorsque je vous accorde le don de la ferveur, remerciez-en votre Dieu; car ce n’est pas que vous en soyez digne, mais parce que j’ai eu pitié de vous.

    Si vous vous sentez, au contraire, aride, priez avec instance, gémissez et ne cessez point de frapper à la porte, jusqu’à ce que vous obteniez quelque miette de ma table, ou une goutte des eaux salutaires de la grâce.

    Vous avez besoin de moi et je n’ai pas besoin de vous. Vous ne venez pas à moi pour me sanctifier, mais c’est moi qui viens à vous pour vous rendre meilleur et plus saint.

    Vous venez pour que je vous sanctifie et pour vous unir à moi, pour recevoir une grâce nouvelle et vous enflammer d’une nouvelle ardeur d’avancer dans la vertu.

    Ne négligez point cette grâce; mais préparez votre coeur avec un soin extrême et recevez-y votre bien-aimé.
  4. Mais il ne faut pas seulement vous exciter à la ferveur avant la communion, il faut encore travailler à vous y conserver après; et la vigilance qui la doit suivre n’est pas moins nécessaire que la préparation qui la précède; car cette vigilance est elle-même la meilleure préparation pour obtenir une grâce plus grande.

    Rien au contraire n’écarte davantage des dispositions où l’on doit être pour communier que de se trop répandre au-dehors en sortant de la Table sainte.

    Parlez peu, retirez-vous en un lieu secret et jouissez de votre Dieu.

    Car vous possédez Celui que le monde entier ne peut vous ravir.

    Je suis Celui à qui vous vous devez donner sans réserve; de sorte que, dégagé de toute inquiétude, vous ne viviez plus en vous, mais en moi.

13. Que le fidèle doit désirer de tout son coeur de s’unir à Jésus-Christ dans la Communion

Voix du disciple

  1. Qui me donnera, Seigneur, de vous trouver seul et de vous ouvrir tout mon coeur, et de jouir de vous comme mon âme le désire; de sorte que je ne sois plus pour personne un objet de mépris, et qu’étranger à toute créature, vous me parliez seul, et moi à vous, comme un ami parle à son ami et s’assied avec lui à la même table ?

    Ce que je demande, ce que je désire, c’est d’être uni tout entier à vous, que mon coeur se détache de toutes les choses créées et que, par la sainte communion et la fréquente célébration des divins mystères, j’apprenne à goûter les choses du ciel et de l’éternité.

    Ah ! Seigneur mon Dieu, quand, m’oubliant tout à fait moi-même, serai-je parfaitement uni à vous et absorbé en vous ?

    Que je sois en vous, et vous en moi; et que cette union soit inaltérable !
  2. Vous êtes vraiment mon bien-aimé, choisi entre mille, en qui mon âme se complaît et veut demeurer à jamais.

    Vous êtes le Roi pacifique; en vous est la paix souveraine et le vrai repos; hors de vous il n’y a que travail, douleurs, misère infinie.

    Vous êtes vraiment un Dieu caché. Vous vous éloignez des impies; mais vous aimez à converser avec les humbles et les simples

    "Oh ! que votre tendresse est touchante, Seigneur; vous qui, pour montrer à vos enfants tout votre amour, daignez les rassasier d’un pain délicieux qui descend du ciel !"

    Certes, nul autre peuple, quelque grand qu’il soit, n’a des dieux qui s’approchent de lui, comme vous, ô mon Dieu ! Vous vous rendez présent à tous vos fidèles, vous donnant vous-même à eux chaque jour pour être leur nourriture et pour qu’ils jouissent de vous, afin de les consoler et d’élever leur coeur vers le ciel.
  3. Quel est le peuple, en effet, comparable au peuple chrétien ? quelle est, sous le ciel, la créature aussi chérie que l’âme fervente en qui Dieu daigne entrer pour la nourrir de sa chair glorieuse ?

    Ô faveur ineffable ! ô condescendance merveilleuse ! ô amour infini, qui n’a été montré qu’à l’homme !

    Mais que rendrai-je au Seigneur pour cette grâce, pour cette immense charité ?

    Je ne puis rien offrir à Dieu qui lui soit plus agréable que de lui donner mon coeur sans réserve et de m’unir intimement à lui.

    Alors mes entrailles tressailliront de joie lorsque mon âme sera parfaitement unie à Dieu.

    Alors il me dira: Si vous voulez être avec moi, je veux être avec vous. Et je lui répondrai: Daignez demeurer avec moi, Seigneur: je désire ardemment d’être avec vous. Tout mon désir et que mon coeur vous soit uni.

14. Du désir ardent que quelques âmes saintes ont de recevoir le Corps de Jésus-Christ

Voix du disciple

  1. Combien est grande, ô mon Dieu ! l’abondance de douceur que vous avez réservée à ceux qui vous craignent !

    Quand je viens à considérer avec quel désir et quel amour quelques âmes fidèles s’approchent, Seigneur, de votre Sacrement, alors je me confonds souvent en moi-même et je rougis de me présenter à votre autel et à la table sacrée de la Communion avec tant de froideur et de sécheresse; d’y porter un coeur si aride, si tiède, et de ne point ressentir cet attrait puissant, cette ardeur qu’éprouvent quelques-uns de vos serviteurs qui, en se disposant à vous recevoir, ne sauraient retenir leurs larmes tant le désir qui les presse est grand et leur émotion profonde !

    Ils ont soif de vous, ô mon Dieu ! qui êtes la source d’eau vive, et leur coeur et leur bouche s’ouvrent également pour s’y désaltérer. Rien ne peut rassasier ni tempérer leur faim que votre sacré Corps, qu’ils reçoivent avec une sainte avidité et les transports d’une joie ineffable.
  2. Oh ! que cette ardente foi est une preuve sensible de votre présence dans le Sacrement !

    Car ils reconnaissent véritablement le Seigneur dans la fraction du pain, ceux dont le coeur est tout brûlant lorsque Jésus est avec eux

    Qu’une affection si tendre, un amour si vif est souvent loin de moi !

    Soyez-moi propice, ô bon Jésus, plein de douceur et de miséricorde ! Ayez pitié d’un pauvre mendiant et faites que j’éprouve au moins quelquefois, dans la sainte Communion, quelques mouvements de cet amour qui embrase tout le coeur, afin que ma foi s’affermisse, que mon espérance en votre bonté s’accroisse et qu’enflammé par cette manne céleste, jamais la charité ne s’éteigne en moi.
  3. Dieu de bonté, vous êtes tout-puissant pour m’accorder la grâce que j’implore, pour me remplir de l’esprit de ferveur et me visiter dans votre clémence, quand le jour choisi par vous sera venu.

    Car, encore que je ne brûle pas de la même ardeur que ces âmes pieuses, cependant, par votre grâce, j’aspire à leur ressembler, désirant et demandant d’être compté parmi ceux qui ont pour vous un si vif amour, et d’entrer dans leur société sainte.

15. Que la grâce de la dévotion s’acquiert par l’humilité et l’abnégation de soi-même

Voix du Bien-Aimé

  1. Il faut désirer ardemment la grâce de la ferveur, ne vous lasser jamais de la demander, l’attendre patiemment et avec confiance, la recevoir avec gratitude, la conserver avec humilité, concourir avec zèle à son opération, et, jusqu’à ce que Dieu vienne à vous, ne vous point inquiéter en quel temps et de quelle manière il lui plaira de vous visiter.

    Vous devez surtout vous humilier lorsque vous ne sentez en vous que peu ou point de ferveur; mais ne vous laissez point trop abattre et ne vous affligez point avec excès.

    Souvent Dieu donne en un moment ce qu’il a longtemps refusé; il accorde quelquefois à la fin de la prière ce qu’il a différé de donner au commencement.
  2. Si la grâce était toujours donnée aussitôt qu’on la désire, ce serait une tentation pour la faiblesse de l’homme.

    C’est pourquoi l’on doit attendre la grâce de la ferveur avec une confiance ferme et une humble patience.

    Lorsqu’elle vous est cependant refusée ou ôtée secrètement, ne l’imputez qu’à vous-même et à vos péchés.

    C’est souvent peu de chose qui arrête ou qui affaiblit la grâce, si pourtant l’on peut appeler peu de chose et si l’on ne doit pas plutôt compter pour beaucoup ce qui nous prive d’un si grand bien.

    Mais quel que soit cet obstacle, si vous le surmontez parfaitement, vous obtiendrez ce que vous demandez.
  3. Car dès que vous vous serez donné à Dieu de tout votre coeur, et que, cessant d’errer d’objets en objets au gré de vos désirs, vous vous serez remis entièrement entre ses mains, vous trouverez la paix dans cette union, parce que rien ne vous sera doux que ce qui peut lui plaire.

    Quiconque élèvera donc son intention vers Dieu avec un coeur simple et se dégagera de tout amour et de toute aversion déréglée des créatures, sera propre à recevoir la grâce et digne du don de la ferveur.

    Car Dieu répand sa bénédiction où il trouve des vases vides; et plus un homme renonce parfaitement aux choses d’ici-bas, plus il se méprise et meurt à lui-même, plus la grâce vient à lui promptement, plus elle remplit son coeur, et l’affranchit et l’élève.
  4. Alors, ravi d’étonnement, il verra ce qu’il n’avait point vu, et il sera dans l’abondance, et son coeur se dilatera, parce que le Seigneur est avec lui, et qu’il s’est lui-même remis sans réserve et pour toujours entre ses mains.

    C’est ainsi que sera béni l’homme qui cherche Dieu de tout son coeur, et qui n’a pas reçu son âme en vain

    Ce disciple fidèle, en recevant la sainte Eucharistie, mérite d’obtenir la grâce d’une union plus grande avec le Seigneur, parce qu’il ne considère point ce qui lui est doux, ce qui le console, mais, au-dessus de toute douceur et de toute consolation, l’honneur et la gloire de Dieu.

16. Qu’il faut dans la Communion, exposer ses besoins à Jésus-Christ, et lui demander sa grâce

Voix du disciple

  1. Seigneur, plein de tendresse et de bonté, que je désire recevoir en ce moment avec un pieux respect, vous connaissez mon infirmité et mes pressants besoins; vous savez en combien de maux et de vices je suis plongé, quelles sont mes peines, mes tentations, mes troubles et mes souillures.

    Je viens à vous chercher le remède pour obtenir un peu de soulagement et de consolation.

    Je parle à Celui qui sait tout, qui voit tout ce qu’il y a de plus secret en moi, et qui seul peut me secourir et me consoler parfaitement.

    Vous savez quels biens me sont principalement nécessaires et combien je suis pauvre en vertu.
  2. Voilà que je suis devant vous, pauvre et nu, demandant votre grâce, implorant votre miséricorde.

    Rassasiez ce mendiant affamé, réchauffez ma froideur du feu de votre amour, éclairez mes ténèbres par la lumière de votre présence.

    Changez pour moi toutes les choses de la terre en amertume; faites que tout ce qui m’est dur et pénible fortifie ma patience; que je méprise et que j’oublie tout ce qui est créé, tout ce qui passe.

    Elevez mon coeur à vous dans le ciel et ne me laissez pas errer sur la terre.

    Que, de ce moment et à jamais, rien ne me soit doux que vous seul, parce que vous êtes ma nourriture, mon breuvage, mon amour, ma joie, ma douceur, et tout mon bien.
  3. Oh ! que ne puis-je, embrasé par votre présence, être transformé en vous, de sorte que je devienne un même esprit avec vous par la grâce d’une union intime et par l’effusion d’un ardent amour !

    Ne souffrez pas que je m’éloigne de vous sans m’être rassasié et désaltéré; mais usez envers moi de la même miséricorde dont vous avez souvent usé avec vos saints, d’une manière si merveilleuse.

    Qui pourrait s’étonner qu’en m’approchant de vous je fusse entièrement consumé par votre ardeur, puisque vous êtes un feu qui brûle toujours et ne s’éteint jamais, un amour qui purifie les coeurs et qui éclaire l’intelligence !

17. Du désir ardent de recevoir Jésus-Christ

Voix du disciple

  1. Seigneur, je désire vous recevoir avec un pieux et ardent amour, avec toute la tendresse et l’affection de mon coeur, comme vous ont désiré dans la communion tant de saints et de fidèles qui vous étaient si chers à cause de leur vie pure et de leur fervente piété.

    Ô mon Dieu ! Amour éternel, mon unique bien, ma félicité toujours durable, je désire vous recevoir avec toute la ferveur, tout le respect qu’ait jamais pu ressentir aucun de vos saints.
  2. Et quoique je sois indigne d’éprouver ces admirables sentiments d’amour, je vous offre cependant toute l’affection de mon coeur, comme si j’étais animé seul de ces désirs enflammés qui vous sont si agréables.

    Tout ce que peut concevoir et désirer une âme pieuse, je vous le présente, je vous l’offre, avec un respect profond et une vive ardeur.

    Je ne veux rien me réserver mais je veux vous offrir sans réserve le sacrifice de moi-même et de tout ce qui est à moi.

    Seigneur mon Dieu, mon Créateur et mon Rédempteur, je désire vous recevoir aujourd’hui avec autant de ferveur et de respect, avec autant de zèle pour votre gloire, avec autant de reconnaissance, de sainteté, d’amour, de foi, d’espérance et de pureté, que vous désira et vous reçut votre sainte Mère, la glorieuse Vierge Marie, lorsque l’ange lui annonçant le mystère de l’Incarnation, elle répondit avec une pieuse humilité: Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole
  3. Et de même que votre bienheureux précurseur, le plus grand des saints, Jean-Baptiste, lorsqu’il était encore dans le sein de sa mère, tressaillit de joie en votre présence, par un mouvement du Saint-Esprit, et que, vous voyant ensuite converser avec les hommes, il disait avec un tendre amour et en s’humiliant profondément: L’ami de l’époux qui est près de lui et qui l’écoute, est ravi d’allégresse, parce qu’il entend la voix de l’époux, ainsi je voudrais être embrasé des plus saints, des plus ardents désirs, et m’offrir à vous de toute l’affection de mon coeur.

    C’est pourquoi je vous offre tous les transports d’amour et de joie, les extases, les ravissements, les révélations, les visions célestes de toutes les âmes saintes, avec les hommages que vous rendent et vous rendront à jamais toutes les créatures dans le ciel et sur la terre; je vous les offre ainsi que leurs vertus, pour moi et pour tous ceux qui se sont recommandés à mes prières, afin qu’ils célèbrent dignement vos louanges et vous glorifient éternellement.
  4. Seigneur mon Dieu, recevez mes voeux, et le désir qui m’anime de vous louer, de vous bénir avec l’amour immense, infini, dû à votre ineffable grandeur. Voilà ce que je vous offre, et ce que je voudrais vous offrir chaque jour et à chaque moment, et je prie et je conjure de tout mon coeur tous les esprits célestes et tous vos fidèles serviteurs de s’unir à moi pour vous louer et pour vous rendre de dignes actions de grâces.
  5. Que tous les peuples, toutes les tribus, toutes les langues vous bénissent et célèbrent dans des transports de joie et d’amour la douceur et la sainteté de votre nom.

    Que tous ceux qui offrent avec révérence et avec piété les divins mystères, et qui les reçoivent avec une pleine foi, trouvent en vous grâce et miséricorde, et qu’ils prient avec instance pour moi, pauvre pécheur.

    Et lorsque, après s’être unis à vous selon leurs pieux désirs, ils se retirent de la Table sainte, rassasiés et consolés merveilleusement, qu’ils daignent se souvenir de moi, qui languis dans l’indigence.

18. Qu’on ne doit pas chercher à pénétrer le mystère de l’Eucharistie, mais qu’il faut soumettre ses sens à la Foi.

Voix du Bien-Aimé

  1. Gardez-vous du désir curieux et inutile de sonder ce profond mystère, si vous ne voulez pas vous plonger dans un abîme de doutes.

    Celui qui scrute la majesté sera accablé par la gloire

    Dieu peut faire plus que l’homme ne peut comprendre

    On ne défend pas une humble et pieuse recherche de la vérité, pourvu qu’on soit toujours prêt à se laisser instruire et qu’on s’attache fidèlement à la sainte doctrine des Pères.
  2. Heureuse la simplicité qui laisse le sentier des questions difficiles, pour marcher dans la voie droite et sûre des commandements de Dieu.

    Plusieurs ont perdu la piété en voulant approfondir ce qui est impénétrable.

    Ce qu’on demande de vous, c’est la foi et une vie pure, et non une intelligence qui pénètre la profondeur des mystères de Dieu.

    Si vous ne comprenez pas ce qui est au-dessous de vous, comment comprendrez-vous ce qui est au-dessus ?

    Soumettez-vous humblement à Dieu, captivez votre raison sous le joug de la foi, et vous recevrez la lumière de la science selon qu’il vous sera utile ou nécessaire.
  3. Plusieurs sont violemment tentés sur la foi à ce Sacrement; mais il faut l’imputer moins à eux qu’à l’ennemi.

    Ne vous troublez point, ne disputez point avec vos pensées, ne répondez point aux doutes que le démon vous suggère; mais croyez à la parole de Dieu, croyez à ses saints et à ses prophètes, et l’esprit de malice s’enfuira loin de vous.

    Il est souvent très utile à un serviteur de Dieu d’être éprouvé ainsi.

    Car le démon ne tente point les infidèles et les pécheurs, qui sont à lui déjà; mais il attaque et tourmente de diverses manières les âmes pieuses et fidèles.
  4. Allez donc avec une foi simple et inébranlable, et recevez le Sacrement avec un humble respect, vous reposant sur la toute-puissance de Dieu de ce que vous ne pourrez comprendre.

    Dieu ne trompe point; mais celui qui se croit trop lui-même est souvent trompé.

    Dieu s’approche des simples, il se révèle aux humbles, il donne l’intelligence aux petits et il cache sa grâce aux curieux et aux superbes.

    La raison de l’homme est faible et il se trompe aisément; mais la vraie foi ne peut être trompée.
  5. La raison et toutes les recherches naturelles doivent suivre la foi et non la précéder ni la combattre.

    Car la foi et l’amour s’élèvent par-dessus tout, et opèrent d’une manière inconnue dans le très saint et très auguste Sacrement.

    Dieu, éternel, immense, infiniment puissant, fait dans le ciel et sur la terre des choses grandes, incompréhensibles, et nul ne saurait pénétrer ses merveilles.

    Si les oeuvres de Dieu étaient telles que la raison de l’homme pût aisément les comprendre, elles cesseraient d’être merveilleuses et ne pourraient être appelées ineffables.
Retour en haut