recits complets des apparitions de la vierge Marie a Lourdes

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Récits complets des apparitions de la vierge Marie à Lourdes à Bernadette Soubirous :

 

Première apparition, le Jeudi 11 février 1858 

 

C’était le jeudi gras. Il faisait bien froid. Vers 11 heures, Bernadette Soubirous, sa soeur Marie-Antoinette et une amie, Jeanne Abadie, se dirigèrent vers les bords du Gave du côté de la grotte de Massabielle pour chercher du bois. Pendant que Toinette et Jeanne s’éloignaient de Bernadette, celle-ci avant de passer l’eau glaciale du canal se mit à genoux pour réciter l’Angélus qu’on venait de sonner. Et elle aura le bonheur de voir Celle qu’elle aimait saluer à l’heure de l’Angélus. Laissons parler Bernadette elle-même: "J’avais commencé à ôter mon premier bas, quand tout à coup j’entendis une grande rumeur pareille à un bruit d’orage. Je regardai à droite, à gauche, sur les arbres de la rivière. Rien ne bougeait; je crus m’être trompée. Je continuai à me déchausser, lorsqu’une nouvelle rumeur, semblable à la première, se fit encore entendre. Oh! alors, j’eus peur et me dressai. Je n’avais plus de parole et ne savais que penser, quand, tournant la tête du côté de la Grotte, je vis à une des ouvertures du rocher un buisson, un seul, remuer, comme s’il avait fait grand vent. Presque en même temps il sortit de l’intérieur de la Grotte un nuage couleur d’or, et peu après une Dame jeune et belle, belle surtout, comme Je n’en avais jamais vu, vint se placer à l’entrée de l’ouverture au-dessus du buisson. Aussitôt elle me regarda, me sourit et me fit signe d’avancer, comme si elle avait été ma mère. La peur m’avait passé, mais il me semblait que je ne savais plus où j’étais. Je me frottais les yeux, je les fermais, je les ouvrais, mais la Dame était toujours là, continuant à me sourire et me faisant comprendre que je ne me trompais pas. Sans me rendre compte de ce que je faisais, je pris mon chapelet dans ma poche et me mis à genoux. La Dame m’approuva par un signe de tête et amena elle-même dans ses doigts un chapelet qu’elle, tenait à son bras droit. Lorsque je voulus commencer le chapelet et porter ma main au front, mon bras demeura comme paralysé, et ce n’est qu’après que la Dame se fut signée que je pus faire comme elle. La Dame me laissa prier toute seule; elle faisait bien passer entre ses doigts les grains de son chapelet, mais elle ne parlait pas; et ce n’est qu’à la fin de chaque dizaine qu’elle disait avec moi: Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. Quand j’eus fini de réciter mon chapelet, la Dame me fit signe d’approcher. Mais je n’ai pas osé. Alors elle rentra à l’intérieur de la roche et le nuage disparut avec elle. "La Dame avait l’air d’une jeune fille de seize à dix-sept ans, aux yeux bleus. Elle était vêtue d’une robe blanche, serrée à la ceinture par un ruban bleu glissant le long de la robe. Elle portait sur sa tête un voile blanc, laissant à peine apercevoir ses cheveux, retombant ensuite en arrière jusqu’au dessous de la taille. Ses pieds étaient nus, mais couverts par les derniers plis de la robe sauf à la pointe où brillait sur chacun d’eux une rose jaune, épanouie. Les grains de son chapelet étaient blancs et la chaîne d’or brillante comme les deux roses des pieds. Je n’en ai jamais vu de semblable, ça brillait comme de l’or et bien plus encore."

 

Deuxième apparition: le Dimanche 14 février 1858 

 

C’était le dimanche de la Quinquagésime et des Quarante-Heures. Voici Bernadette qui, après la grand-messe, descend avec onze ou douze jeunes filles à la Grotte, emportant une bouteille d’eau bénite au cas où l’apparition serait celle d’un mauvais esprit. Elles s’agenouillent et récitent le chapelet. Bientôt la voyante s’écrie avec émotion: "Elle y est! Elle y est! La voilà!" Et Bernadette de se lever, de jeter avec hâte de l’eau bénite dans la direction du rosier en disant: "Si vous venez de la part de Dieu, approchez…" Le beau sourire de l’Apparition tranquillise totalement l’âme de Bernadette qui se tourne vers ses compagnes en disant: "Elle ne s’en fâche pas, au contraire, elle approuve de la tête et sourit vers nous toutes. Plus je lui en jette, plus elle sourit." Et au nom sacré de Dieu le visage de Marie s’illumina merveilleusement. A ce nom Elle s’inclina à plusieurs reprises. A ce nom Elle s’avança jusque sur le bord du rocher. Et devant l’Apparition qui resplendit d’une beauté céleste et qui est si près d’elle, Bernadette se prosterne et dit instinctivement ses Ave Maria en récitant le chapelet. Et bientôt elle ne voit que Marie. Elle est dans l’extase qui durera une heure. "Elle semblait un ange", dit Jeanne Abadie qui était parmi les jeunes filles, "nous la croyions morte, nous la regardions et nous pleurions toutes". Et un autre témoin, Antoine Nicolau, dira: "Bernadette était à genoux, blême, les yeux très ouverts, fixés vers la niche, les mains jointes, le chapelet entre les doigts; les larmes coulaient des deux yeux; elle souriait et avait un visage plus beau que tous ceux que j’ai vus."

 

Troisième apparition: le Jeudi 18 février 1858 

 

Après avoir assisté à la messe, Bernadette descend à la Grotte vers 7 heures. Elle est accompagnée de Mme Millet et de Mlle Peyret. Elle a le bonheur de voir la Dame pendant environ une heure. Mais c’est la première fois qu’elle entendra la voix de l’Immaculée. "Va demander à la Dame ce qu’elle veut et qu’elle le mette par écrit", avait dit Antoinette Peyret à Bernadette, en lui donnant un papier, une plume et de l’encre. Bernadette obéit. La Dame va dire en effet ce qu’Elle veut. Elle a souri et répondu: "Ce que j’ai à vous dire, il n’est pas besoin que je le mette par écrit." Après s’être recueillie, l’Apparition demanda: "Voulez-vous avoir la bonté de venir ici pendant quinze jours?" Bernadette n’en reviendra pas de cette politesse de la Dame à l’égard de la pauvre fille qu’elle était. Elle nous raconte: "Elle m’a dit: vous. Elle m’a dit d’avoir la bonté de venir! " Aussi la réponse de Bernadette fut-elle prompte, joyeuse et confiante: "Eh! oui, Madame, je vous le promets… si mes parents le permettent." Et cette promesse de Bernadette lui vaut la promesse merveilleuse de Marie: "Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre." A l’adresse de nous tous la Dame ajoute cette invitation si discrète: "Je désire y voir du monde. " Et Bernadette pourrait nous dire ce qu’elle disait à Antoinette Peyret: "Elle te regarde en ce moment."

 

Quatrième apparition: le Vendredi 19 février 1858 – 2e jour de la quinzaine :

 

Après la messe, vers 7 heures, nous voyons Bernadette, sa maman, sa tante Bernarde Castérot, Mme Millet et quelques autres femmes à la Grotte. Bernadette fait son beau signe de croix, qu’elle a vu faire à la Dame, et récite son chapelet. Les témoins la voient dès le troisième Ave "ravie" pendant environ une demi-heure. Ils admirent "les ondées de joie" qui passent sur sa face, "les sourires qui illuminent son visage". La mère voyant sa fille transfigurée s’écrie: "Oh! mon Dieu, je vous en conjure, ne me l’enlevez pas." "Oh! qu’elle est belle!", entend-on dire. Et qu’a dit Marie ? Cela semble être si peu et pourtant c’est si important dans la formation d’une âme. "Elle m’a remerciée d’être venue." La Reine et Mère qui dit "merci"! "Elle m’a, dit que plus tard elle aurait des révélations à me faire." Il fallait préparer Bernadette à une plus grande intimité. Tandis que les hommes ne constatent que bien tard l’importance de ce qui vient d’en haut, l’enfer le devine bien plus tôt. Bernadette révélera ceci: "Pendant que je priais, des voix m’ont appelée, on aurait dit mille personnes en colère. C’était horrible. La voix la plus forte a crié: "Sauve-toi! Sauve-toi!" Mais la Dame a regardé vers le Gave en fronçant les sourcils et

les voix se sont évanouies."

Cinquième apparition: le Samedi 20 février 1858 – 3e jour de la quinzaine :

 

Avec sa mère, sa tante Basile, Bernadette descend tout de suite après la messe vers la Grotte. Il y a cette fois une trentaine de témoins. "Le matin de la cinquième apparition, Bernadette arriva à Massabielle vers 6 heures 30. Elle ne dans le silence fut ni étonnée ni émue d’y trouver la foule qui l’y attendait. Elle se présenta avec le même air que si elle eût été simple spectatrice et elle alla s’agenouiller à sa place ordinaire. Sans faire attention aux yeux fixés sur elle, elle prit naturellement son chapelet et se mit à prier."

"Le visage de la voyante, disaient des témoins, devient tout à coup si clair, si transfiguré, si éclatant, si imprégné de rayons divins que ce reflet merveilleux que nous apercevons nous donne la pleine assurance du centre lumineux que nous n’apercevons pas." On voyait ce jour-là Bernadette comme bouleversée tantôt de joie, tantôt de crainte; son corps comme mû et attiré en avant, vers en haut; ses mains jointes, levées, tendues; son visage tout bleu et émacié; ses yeux agrandis remplis de larmes qui coulaient sur le visage, des larmes tout autres que celles que nous versons, des larmes venant d’une douleur pure. Quelle grâce dans les gestes, dans les inclinations de tête, dans ses saluts, dans ses sourires, dans ses regards! Ce n’était plus la fille de Louise Soubirous, mais la fille d’une mère céleste! Bernadette après ces quarante minutes d’extase, rentrant avec sa mère terrestre lui confia que la Dame "eut la bonté de lui apprendre mot à mot une prière pour elle toute seule", prière qu’elle récitera fidèlement chaque jour de sa vie sans la faire jamais connaître.

 

Sixième apparition: le Dimanche 21 février 1858 – 4e jour de la quinzaine

 

En ce premier dimanche de Carême 1858, vers 6 heures du matin, les abords de la Grotte se remplissent de centaines de témoins. Parmi eux se trouve un médecin. Le Dr Dozous, qui observe de près l’état de Bernadette pendant une demi-heure d’extase, ne peut détecter aucune "surexcitation nerveuse". Ce médecin nous raconte: "Bernadette, après que j’eus abandonné son bras, s’avança un peu vers le haut de la Grotte; bientôt, je vis son visage, qui jusque-là avait offert l’expression de la béatitude la plus parfaite, s’attrister; deux larmes tombèrent de ses yeux et roulèrent sur ses joues. Ces changements survenus dans sa physionomie pendant cette station me surprirent. Je lui demandai, quand elle eut terminé ses prières et que l’être mystérieux eut disparu, ce qui s’était passé en elle durant cette longue station; elle me répondit: "La Dame, en me quittant un instant de son regard, le dirigea au loin par-dessus ma tête; ensuite le reportant sur moi, qui lui avais demandé ce qui l’attristait, elle me dit: Priez pour les pauvres pécheurs, pour le monde si agité. Je fus bien vite rassurée par l’expression de bonté et de sérénité que je pus revoir sur son visage, et aussitôt elle disparut." Voilà la grande intention de Marie en ce premier dimanche de Carême: prier et faire prier pour les pécheurs. Mais il faudra aussi souffrir. Ce même jour Bernadette doit comparaître devant deux autorités civiles et subir leurs interrogatoires. La journée finit dans une grande souffrance, le père défend à Bernadette d’aller dorénavant à la Grotte.

 

Pas d’apparition : le Lundi 22 février 1858 – 5e jour de la quinzaine

 

Vers 8 heures 30, Bernadette est attirée à la Grotte. Elle récite son chapelet devant de nombreuses personnes, elle prie longuement, mais elle se relève en confessant n’avoir rien vu. Elle rentre toute désolée, en pleurs. Elle explique à ses parents "qu’une barrière invisible l’empêchait de passer" devant le chemin allant à la Grotte et qu’une force irrésistible l’avait emmenée à la Grotte. Croyant avoir déplu à la Dame, Bernadette ne cessera de pleurer toute la soirée, appuyée contre le lit. Devant cette sincère et poignante douleur le père leva sa défense. Ainsi en n’apparaissant pas la Vierge très prudente a obtenu de merveilleux effets: la souffrance très pure de Bernadette pour rendre fécondes ses Apparitions, la levée de la défense paternelle, soulignant ainsi le respect dû aux ordres parentaux.

 

Septième apparition: le Mardi 23 février 1858 – 6e jour de la quinzaine

 

Malgré la déception du 22 février 150 à 200 personnes se rendent à la Grotte déjà vers 6 heures. Beaucoup y attendent Bernadette en priant à genoux. Il y a quelques messieurs ne croyant pas encore à la réalité des apparitions. Ils explorent la Grotte, son intérieur, ses alentours, mais ils ne découvrent rien de suspect. Parmi eux le médecin M. Dozous et M. Estrade, témoin fidèle et historien des événements de Lourdes. Bernadette arrive accompagnée de sa mère et de ses tantes Bernarde et Basile. Elle entre en extase dès les premiers Ave et y reste pendant une heure. Pour pré- munir Bernadette qui sera de plus en plus en butte aux contradictions des uns, et, ce qui était bien plus dangereux pour elle, à l’adoration des autres, la Dame la laisse entrer dans son intimité. Elle lui confie en ce jour trois secrets. Cette intimité rivera Bernadette étroitement à Elle, la séparera des autres, lui apprendra à rester fidèle à sa mission. Trois ans après ce jour Bernadette pourra dire: "La Dame m’a défendu de les dire à personne: j’ai été fidèle jusqu’à présent." Elle le fut jusqu’au bout. Elle a emporté ses secrets dans l’éternité.

 

Huitième apparition: le Mercredi 24 février 1858 – 7e jour de la quinzaine

 

"La voyante, nous dit M. Estrade, peu de temps après être entrée en extase, s’était mise à écouter du côté du rocher, puis, comme quelqu’un qui apprend une douloureuse nouvelle, elle avait laissé tomber ses bras, et des larmes abondantes coulaient sur se joues. Dans une attitude humiliée, elle avait gravi à genoux la pente qui précédait la niche en collant à chaque pas ses lèvres contre terre." D’après les témoignages il faut conclure que la Dame s’est montrée d’abord sur l’églantier comme d’ordinaire, qu’Elle a disparu ensuite, que la voyante l’a recherchée "sous la voûte de la Grotte" et qu’elle l’a retrouvée. C’est alors qu’elle se retourne vers la foule de 400 à 500 personnes. Son visage est en pleurs. La voix étranglée de sanglots Bernadette doit passer à la foule le message de l’Immaculée: "Pénitence, Pénitence, Pénitence!"

 

Neuvième apparition: le Jeudi 25 février 1858 – 8e jour de la quinzaine

 

L’Immaculée en ce jour du 25 février a voulu que Bernadette s’humilie profondément. Elle lui a donné des ordres apparemment incompréhensibles et déraisonnables. Cette humilité et cette obéissance feront jaillir ce que le monde appelle volontiers la Source Miraculeuse de Lourdes. La foule de 400 personnes voit Bernadette s’avancer sur ses genoux jusqu’au fond de la Grotte, puis redescendre sur la pente, se diriger vers la rive du Gave, s’arrêter subitement, revenir dans la Grotte, et là comme écouter quelqu’un dont elle semble ne pas comprendre les ordres. On la voit ensuite gratter la terre, boire d’une eau trouble qui en sort, s’en laver pour montrer en public une figure toute barbouillée de boue. On la voit enfin manger de l’herbe. Tandis que Bernadette voit sourire la Dame, la foule pense que la voyante n’est qu’une déséquilibrée, une folle. Bernadette a expliqué elle-même plus tard cette scène qui avait déçu tout le monde: "Pendant que j’étais en prière, la Dame m’a dit d’une manière amicale, mais en même temps sérieuse: Allez boire à la fontaine et vous y laver: Comme je ne savais pas où était cette fontaine et que je croyais que cela n’y faisait rien, je me suis dirigée vers le Gave. La Dame m’a rappelée et m’a fait signe du doigt de me rendre sous la Grotte à gauche; j’ai obéi, mais je ne voyais pas d’eau. Ne sachant où en prendre j’ai gratté la terre et il en est arrivé. Je l’ai laissée s’éclaircir un peu, puis j’ai bu et je me suis lavée." Interrogée pourquoi elle avait mangé de l’herbe, Bernadette répondit: "La Dame m’y a poussée par un mouvement intérieur." Il semble que Bernadette pendant cette vision de trois quarts d ‘heure n’a pas eu de transfiguration.

 

Pas d’apparition: le Vendredi 26 février 1858 – 9e jour de la quinzaine

Bernadette a affirmé plus tard qu’elle avait été privée de l’Apparition deux fois au cours de la quinzaine, un lundi et un vendredi, donc le lundi 22 et le vendredi 26 février. Pourquoi la Vierge n’a-t-elle pas paru? Elle veut, semble-t-il, attirer l’attention de la foule vers cette source qui va devenir le témoignage permanent de son Apparition, le signe de sa présence comme médiatrice de grâces. Et les larmes que Bernadette a versées tout le long du chemin de la Grotte jusqu’au Cachot féconderont ces eaux.

 

Dixième apparition: le Samedi 27 février 1858 – 10e jour de la quinzaine

 

Une "masse compacte" de 800 à 900 personnes attend Bernadette qui arrive vers 6 heures et demie à la Grotte. Pendant un quart d’heure Bernadette marche sur les genoux et baise la terre à plusieurs reprises. "La Dame m’avait dit: Allez baiser la terre par pénitence pour les pécheurs. " La Sainte Vierge aurait ajouté: "…si cela ne doit pas vous coûter trop de répugnance ni de fatigue." Par deux fois Bernadette commande par geste à la foule d’en faire autant. La deuxième fois celle-ci obéit. Depuis ce jour le sol et la pierre sacrée de Massabielle se couvrent des baisers du monde. Ce jour-là encore la Dame donne à la voyante ce message: "Allez dire aux prêtres de faire bâtir ici une chapelle. "

 

Onzième apparition: le Dimanche 28 février 1858 – 11e jour de la quinzaine

 

En dépit d’une pluie fine et constante, d’un froid terrible, un ou deux milliers de personnes se trouvent à la Grotte dès les premières heures. Bernadette arrive à 7 heures. Lorsqu’elle se met à genoux, récite son chapelet et baise la terre, un souffle puissant semble passer sur l’assistance. Tous les spectateurs s’agenouillent ou s’efforcent de le faire, ils prient et ceux qui le peuvent baisent la terre avec Bernadette. La Dame fait à Bernadette quelques communications intimes dont personne n’a jamais rien su, des communications qui devaient préparer et fortifier Bernadette en face des tribulations à venir. Déjà ce même dimanche, après la grand-messe, Bernadette devra subir l’interrogatoire du juge d’instruction Rives. Il la menacera même de prison.

 

Douzième apparition: le Lundi 1er mars – 12e jour de la quinzaine

 

Pour la première fois le père de Bernadette l’accompagne à la Grotte, où 2600 personnes l’attendent de bonne heure. Elles éprouveront le bonheur de vivre pendant trois quarts d’heure en présence de cette Apparition céleste dont la beauté se reflète sur le visage de Bernadette. En ce jour, la Dame a donné à Bernadette et à toute la foule une leçon inoubliable: celle d’aimer son chapelet, si pauvre soit-il, et de le porter toujours avec soi. La voyante s’étant servie du chapelet d’une autre personne, la Dame lui demanda: "Qu’est devenu votre chapelet?" Bernadette tira le sien de sa poche et le montra à la Dame. Et la Vierge en souriant ajouta: "Servez-vous de celui-là. "

 

Treizième apparition Mardi 2 mars – 13e jour de la quinzaine

 

Ce matin, à l’heure ordinaire, Bernadette n’a qu’une brève vision de la Dame. Environ 3000 personnes ont le bonheur d’y assister. La Dame avait renouvelé son message du 27 février: "Vous irez dire aux prêtres de faire bâtir ici une chapelle." Elle aurait ajouté cette fois: "au plus court, quand même elle serait toute petite, et d’y venir en procession." Bernadette, une ou deux fois déjà fort mal reçue par M. le Curé, trouvera le courage d’aller le trouver deux fois ce même jour, le matin et le soir. Elle fait cette démarche pénible parce qu’elle aime la Dame. A celui qui aime tout est possible. Celui qui aime, dira Bernadette, fait tout sans peine ou bien sa peine, il l’aime.

 

Quatorzième apparition: le Mercredi 3 mars 1858 – 14e jour de la quinzaine

 

D’après le commissaire de police, 4000 personnes attendent ce matin la voyante qui arriva vers 6 heures 45. Bernadette prie longuement. Mais elle se relève, les yeux pleins de larmes, et s’écrie: "Elle ne m’a pas apparu." Mais dans la matinée elle entend un appel intérieur de la Dame. Elle retourne à la Grotte et cette fois elle voit la Dame qui lui dit: "Vous ne m’avez pas vue ce matin, parce qu’il y avait des personnes venues ici pour voir la contenance que vous auriez en ma présence, et qui n’en étaient pas dignes; car ayant passé la nuit à la Grotte, elles l’ont déshonorée." La grande peine qu’en a ressentie Bernadette était comme une expiation. Quel témoignage! La Vierge voit tout dans la Lumière de Dieu. Et Bernadette va dire à M. le Curé: "La Dame a souri quand je lui ai dit que vous demandiez un miracle. Quand je lui ai dit de faire fleurir le rosier, elle a souri de nouveau; mais elle tient à sa chapelle."

 

Quinzième apparition: le Jeudi 4 mars 1858 – dernier jour de la quinzaine

 

Bernadette descend à la Grotte après la messe, un peu après 7 heures. 20000 personnes assistent au ravissement qui dure une heure et qui commence au troisième Ave de la seconde dizaine. La Dame se montre d’abord dans l’excavation de droite. Bernadette sourit et pleure tour à tour. Puis la voyante doit monter sous le rocher où elle parle longuement avec la Dame en pleurant. La Dame lui ouvre certes tantôt les heureux secrets du ciel, tantôt les tristes secrets du monde pécheur.

Mais il fallait une déception pour faire mûrir les âmes dans la foi. La Dame ne s’est pas nommée, le rosier n’a pas fleuri devant la foule, la Dame ne s’est pas montrée aux pèlerins. Des centaines et des milliers de personnes iront visiter la Grotte les jours suivants, inaugurant ainsi le pèlerinage de Lourdes. Tous aimeraient savoir enfin le nom de Celle qui est apparue ici, où se faisaient déjà de si grands miracles de guérisons. Des aveugles voient, des paralysés marchent, des mourants se relèvent…

 

Seizième apparition: le Jeudi 25 mars 1858 – en la fête de l’Annonciation

 

La Dame va s’annoncer. La veille de l’Annonciation Bernadette entend l’appel de la Vierge. Oh! douce voix! Cette sainte nuit de l’Incarnation sera une sainte nuit pour Bernadette, une nuit entrecoupée d’Ave Maria. Dès la pointe de l’aube, peu après 5 heures, elle voudrait courir à la Grotte, mais une crise d’asthme l’empêche de courir. Oh! bonté de la Vierge! En descendant vers la Grotte, Bernadette voit la niche déjà illuminée! La Dame l’attend. Une prévenance à n’y pas croire. Bernadette ne voit que Marie, mais pas la foule qui se presse aux abords de la Grotte. Mais laissons Bernadette raconter: "Quand je fus devant elle, je lui ai demandé pardon d’arriver ainsi en retard. Toujours bonne pour moi, elle me fit signe de la tête que je n’avais pas besoin de m’excuser. Alors, je lui exprimai, comme je pus, toutes mes affections, tous mes respects et le bonheur que j’avais de la retrouver. Après l’avoir entretenue de tout ce qui me vint au coeur, je pris mon chapelet. Pendant que j’étais en prière, la pensée de lui demander son nom s’imposa à mon esprit avec une persistance qui me faisait oublier toutes les autres pensées; je craignais de me rendre importune en réitérant une demande toujours demeurée sans réponse, et cependant quelque chose m’obligeait à parler. Enfin, d’un mouvement que je ne pus contenir, les paroles sortirent de mes lèvres et je priai la Dame: "Madame, voulez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes?" Comme à mes précédentes questions la Dame inclina la tête, sourit, mais ne répondit pas. Je ne sais pourquoi, ce matin-là, je me sentis plus courageuse et je revins à lui demander la grâce de me faire connaître son nom. Elle renouvela son sourire et sa gracieuse salutation et continua de se taire. Alors une troisième fois, les mains jointes, et tout en me déclarant indigne de la faveur que je réclamais, je recommençai ma prière. La Dame se tenait debout au-dessus du rosier. A ma troisième demande, elle prit un air grave et parut s’humilier. Puis elle joignit les mains, les porta à son coeur et regarda le ciel. Enfin, les séparant lentement, comme dans la médaille miraculeuse, et se penchant vers moi, elle me dit, la voix très douce:

"Qué soy era Immaculada Councepciou."

"Je suis l’Immaculée Conception."

Mais Marie ne s’en va pas sans exprimer encore son grand désir: "Je désire une chapelle ici." Il faut que là où a été l’Immaculée il y ait un autel où Jésus, son Fils, puisse descendre, car la Vierge ne vient que pour donner Jésus. Bernadette n’a pas compris ce que voulait dire cette expression "Immaculée Conception". Mais M. le Curé le saura bien. Aussi va-t-elle tout de suite chez lui en répétant sans cesse la parole de la Dame. C’est ainsi que la Vierge s’est révélée d’abord au prêtre par l’intermédiaire de Bernadette. Et la grande nouvelle que c’est l’Immaculée, vraiment Elle, qui a visité la terre, va se répandre partout, par Lourdes, les villages voisins, par la France et le monde entier. Et c’était partout comme la joie de la Visitation.

 

Dix-septième apparition: le Mercredi 7 avril 1858

 

Quelle joie pascale pour Bernadette de revoir la "Dame", le mercredi de l’octave de Pâques, de revoir Celle qu’elle connaît maintenant, la Mère du Christ ressuscité! La Vierge l’avait appelée déjà dans la soirée du 6 avril. La rumeur s’étant répandue que la voyante descendrait à la Grotte, 1200 personnes l’attendaient lorsqu’elle arriva vers 6 heures. Elles voient le ravissement de Bernadette pendant trois quarts d’heure. C’est ce jour-là, croit-on, que le Dr Dozous a pu constater pendant un quart d’heure "le miracle du cierge". La flamme du cierge ne produisait aucune brûlure sur la chair de Bernadette qui participait pour ainsi dire pendant l’extase à l’impassibilité d’un corps glorieux.

 

Dix-huitième apparition: le Vendredi 16 juillet 1858 en la fête de Notre-Dame duMont-Carmel

 

Les adieux sur cette terre. L’appel de la Vierge surprend Bernadette en prière à l’église paroissiale, vers le soir. Comme la Grotte a été barricadée par ordre des Autorités, Bernadette se rend avec sa tante Lucile et quelques amies sur la rive droite du Gave dans la prairie de la Ribère, en face de la Grotte. Toutes s’agenouillent et prient. Après quelques instants Bernadette s’écrie: "Oui, oui, la voilà! La voilà! Elle nous sourit et nous salue par-dessus les barrières." La Vierge dans la niche illuminée considère longtemps Bernadette en souriant, incline la tête et disparaît, laissant son enfant dans une douce paix. La Vierge s’est montrée "au lieu ordinaire, sans rien me dire… Jamais je ne l’ai vue aussi belle." Elle L’a revue, le jour de sa mort, le 16 avril 1879 et elle La voit à jamais. Et nous aussi, nous irons La voir un jour.

 

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